Midi, pas un client...

Constance était seule dans la salle (non fumeur) du restaurant. Devant l'absence totale de clients... et ce depuis des semaines, elle s'était laissée tomber sur une chaise et avait posé les pieds sur l'aquarium des poissons tropicaux (importés à grands frais) avant de sortir un livre pour tromper son ennui. Sérénité dormait tranquillement à l'étage comme elle en avait l'habitude et ne se réveillerait probablement pas avant au moins une heure ou deux. Constance sourit en pensant à la fillette : elle était vraiment trop chou.
*Par contre, se dit-elle avec agacement en retournant à des pensées plus terre à terre, les gens d'ici boudent la cuisine japonaise on dirait... pfff ils ne savent pas ce qu'ils ratent...*

Et essentiellement c'était justement ça le problème.
Elle se demanda s'il lui faudrait faire de la publicité au centre ville...
*Le bouche à oreille est une chose merveilleuse mais l'ennui était que la plupart des clients potentiels passant dans les parages ne gardaient pas leurs oreilles suffisemment longtemps pour que cela soit d'une quelconque utilité.
Elle en avait assez de servir des Bikers. Ils n'appréciaient même pas sa cuisine... Elle se dit qu'il allait falloir leur apprendre le respect de la clientelle...*
Ces pensées l'ammenèrent à repenser à sa propre arrivée sur Adhénor, enfin libre de vivre sa vie comme elle l'entendait. Bien sûr il restait toujours ces horribles Créatures de l'enfer qui gangrennaient ce monde et dont il faudrait se débarrasser, mais cela ne la génait pas, c'était sa raison d'être après tout... Et elle aimait rendre service.Elle se souvenait de la nuit où elle avait décidé de prendre les choses en main : quitte à devoir travailler avec le ramassis de truands qui composait le mouvement Tueur à l'époque, autant en avoir le contrôle, ça lui éviterait de devoir supporter des ordres et une hierarchie absurde. Après tout, ses créateurs ne lui avaient-ils pas répétée qu'elle était parfaite, qu'elle était l'oeuvre d'art majeure de l'humanité, que rien ne pouvait se comparer à elle ? Devenir la dominante de cette meute hétéroclite ne devait pas être trop compliqué pour quelqu'un comme elle....

Elle sourit intérieurement en se rappelant sa façon de penser d'alors... si simpliste... et pourtant c'était grâce à ça qu'elle était à présent indépendante et que la Sainte Extermination se déroulait si bien. Elle ne pardonnerait jamais ce que les HLL avaient fait subir à Sérénité. Jamais.
Sa machoire se contracta de rage, puis elle se laissa encore emporter par les souvenirs.

Elle avait suivi ce gang de Tueurs cette nuit là, ils étaient en chasse et paraissaient légèrement plus compétents que les autres. Leur proie était un Vampire qui avait tué plusieurs familles humaines du quartier les semaines précédentes pour une raison inconnue... non que cette raison ait une importance mais Constance aimait savoir ce qui motivait les Créatures de Shaïtan, cela permettait de les traquer plus efficacement. Les Tueurs avaient perdu un des leurs déjà, évicéré par la vampire qui était maintenant assez gravement blessé mais aussi encore plus dangereux. Il fut acculé dans un petit entrepot en bordure du quartier industriel, pris au piège comme il sied à l'engeance qu'il était, cependant il refusait d'admettre la défaite et deux tueurs supplémentaires mordirent la poussière.
Constance aurait volontier continué à juger le niveau du gang mais les laisser mourrir n'avait aucun sens : elle avait besoin d'informations et en plus, ce n'était pas une attitude digne d'une vraie croyante.
Lorsque l'attention du vampire fut détournée par une nouvelle attaque mal coordonnée des tueurs, une rapide succession de hurlements caractéristiques de l'arme de Constance se fit entendre. Quatres balles atteignirent la tête du vampire, lui règlant son compte instantanément dans une gerbe de sang, de fragments d'os et de matière grise. Alors que le Vampire s'écroulait au sol, comprennant enfin qu'il était mort, les Tueurs se retournèrent vers le coin sombre d'où Constance émergeait. Pour eux, les détonnations avaient été si rapides qu'ils n'étaient pas sûrs du nombre exact de balles tirées. De plus, ils s'interrogeaient encore sur la nature de la grande silhouette noire et masquée qui s'avançait vers eux. Ils ne furent qu'à moitié rassurés quand Constance enleva le masque et qu'ils découvrirent que le grand étranger était une belle jeune femme aux yeux étrangement lumineux dans la pénombre.
Un des Tueurs, avec une longue cicatrice qui lui barrait le visage prit la parole : "regardez moi ça.... bouge plus, jette ton arme, ma mignonne, on te fera pas de mal (rire gras) qui t'es ? Encore une de ses sales sang-bleu qui se font peur dans les ghettos, hein ?"
Constance l'ignora et continua d'approcher.
elle déclara : "Qui est le chef ici ?"
Un homme imposant se détacha du groupe :"C'est moi" il fit signe à ses hommes de se mettre en alerte.
"Dorénavant vous m'obéissez. amenez moi au quartier général des Tueurs."
Le leader éclata de rire "butez la." dit-il en faisant un geste de la main. Certains hésitèrent mais trois des Tueurs tirèrent sur Constance avec leurs fusils. Les armes étaient de piètre qualité et en aucun cas ne pouvaient traverser le vetement protecteur de la jeune femme. Cependant, les impacts étant douloureux, elle ne les laissa pas agir bien longtemps. D'un mouvement fluide elle alligna et abattit les trois tireurs sans même donner l'impression d'ajuster son tir. Puis d'une seule longue foulée rapide elle rejoignit le leader et enserra sa gorge de son poing inflexible.
"reconsidères-tu tes paroles ?"
_Plutôt... crever, sal...
Il ne finit pas sa phrase, Constance, le prenant au mot, lui ayant broyé la trachée artère. Sans tourner la tête, elle parla au jeune tueur qui la tenait en joue quelques pas sur sa droite.
"Toi, pourquoi n'as tu pas tiré ?"
Sans cesser de la viser, il répondit d'une voix qui s'éfforçait d'être calme "Je pensais que nous aurions du vous écouter, Madame. Vous avez l'air humaine, Madame."
_Première parole sensée de la journée.... Quel est ton nom ?
_John McLane, Madame.
_John, tu commandes à présent ces hommes. Conduis-moi....

Elle se souvenait du regard ebahi du jeune homme et sourit. Une ombre passa sur son visage lorsqu'elle se remémora la mort attroce qu'il avait connu.... un assassin HLL de L'ADH en maraude... Il avait été torturé pendant des heures si bien que lorsqu'ils l'avait retrouvé, John avait supplié Constance de l'achever. Elle se souvenait encore de ses yeux verts si beaux quand elle avait pressé la détente. Il avait été un second exemplaire ainsi qu'un ami... peut être même le seul...

Un bruit soudain la fit sortir de sa rêverie et elle essuya hativement une hypothétique larme de sa joue pour jeter un oeil vers l'entrée du restaurant....

Ethan avait errer durant une bonne partie de la matinée dans les rues sordides, la journée allait être rude, il ne le savait que trop bien. Il devait rejoindre cette Wolf, leader charismatique du Cercle du Graal, son nouveau groupe. Il se moquait en fait, son seul but était l'extérmination complète et totales de ces infectes et retor créatures, ces monstres, ces bâtards. Elles ne méritaient qu'une mort atroce et langoureuse. C'est sur ces idées que l'homme marchait dans les rues, le soleil était pâle, l'homme vêtu sobrement d'une longue cape qui s'agitait au gré de la légère brise qui berçait presque amoureusement les bidonsville. Sa main d'opâle caressant tendrement un pistolet-mitrailleur sous sa cape. Il devait trouver cette Constance, une femme !

Loin d'être mysogine Ethan trouvait étrange, qu'une femmelle puisse diriger un groupe de ce rang. Il avait passé la nuit à rechercher cette apôtre du cauchemar, cette exécutrice. Quel délice, peut être un piedestal vers la gloire. Si il pouvait travailler en s'amusant... Et au crépuscule il avait finalement glaner une information peu négligable sur elle, restauratrice. Une couverture plutôt originale. Amusant...

Après une bonne heure de marche, dans les rues gangrénées il finit par trouver le restaurant, mais alors qu'il approchait innocament (ou presque) il fut intérpellé, dérangé par l'enseigne du restaurant, Japonais qu'elle curieuse idée, qu'un restaurant chinois mais pourquoi pas, un sourire malsain et enjôleur naquit sur les lèvres rosées d'Ethan, de sa demarche nonchalante, presque maladive il poussa la porte d'Ookami no Uta, et c'est là que le contact visiuel se fit, la femme était imposante. Sans adresser le moindre mot à la gérante de lieux il s'installa à une table et il attendit, son regard furtif se perdant dans le restaurant à l'ambiance nippone, qu'elle pathétique civilisation. Calmement il sortit de son manteau un couteau nacré qu'il possa sur la table. Puis toujours cet air terribelement hautain aux lèvres il demanda d'une voix épurée d'émotions:

" J'aimerai avoir la carte"

Puis il tira d'une autre de ses poches, une boite noire, il en sortit une cigarette qu'il craqua à l'aide d'une allumette. Une fumée acre monta timidement entourant Ethan d'un voile évanescant gris. Il attendait, dévorant du regard le décor; attendre, toujours. Un peu plus, l'osmose malsaine s'installait, le silence était lourd, très lourd.

( J'éspère que cela te convient )

Constance, qui se balançait sur deux pieds de sa chaise dos à l'entrée du restaurant, avait observé l'arrivée du nouveau venu en penchant la tête en arrière. Elle se rendit vite compte que sa posiyion etait un peu incongrue face à un potentiel client et remit les pieds au sol en manquant de peu de renverser l'aquarium. Elle se déplia ensuite de toute sa hauteur avec un grand sourire commercial. Elle était vétue d'un kimono violet qui lui allait, au demeurant, fort bien et portait un très mignon tablier rose... Elle n'aurait pu se faire passer pour une japonaise que dans les rêves d'ivrogne d'un mangaka aveugle....

Alors qu'Ethan demanda la carte en sortant un couteau, elle répondit par une courbette avant de disparaitre dans l'arrière salle pour revenir armée d'un grand livret recouvert de cuir sombre et d'une coupelle soutenant une serviette chaude humide. Elle posa les deux objets devant un Ethan en train de fumer sans vergogne.
Puis elle prit la chaise en face du jeune tueur et s'installa sans s'inquieter de l'avis de son client. Elle l'observa encore un instant sans rien dire avant de déclarer mystérieusement :

"Je suis surprise de voir un client aujourd'hui... c'est rare, peu de gens parviennent à voir ce restaurant... vous devez être quelqu'un d'exceptionnel... seuls les personnes ayant le coeur pur peuvent voir cet établissement..."

Tout en parlant, d'un geste parfaitement naturel et fluide, d'une précision chirurgicale, elle saisit la cigarette d'Ethan entre deux ongles et ainsi l'étegnit avant de se pencher en avant pour ajouter à mi-voix d'un air conspirateur accompagné d'un regard de connivence : "Je suis désolée, mais c'est non-fumeur, ici..."
Elle hocha la tête gravement deux fois.

Par devers elle, elle pensait :*... un tueur... l'odeur du sang... impressionnant... quel malotru...*
Mais son sourire ne laissait rien paraitre...

(huhuhu... moi j'aime beaucoup ^^ )

Ethan ne perdait pas une miette des mouvement de sa future patrone, ses mains habiles jouaient avec la lame en neo carbonne, fruit de la technologie, la femme disparut dans l'arrière salle, pendant ce petit laps de temps, l'homme se débarassa de son lourd manteau qu'il laissa pendre sur la chaise, une fois l'étoffe de cuir, une veste de costume apparut tâché de sang. La faute à pas de chance il arrive que les gerbes de sang soient instables. Puis la restauratrice réaparut quelques minutes après. Ethan se saisit de la carte après avoir déplié son torchon tiède.

Le masque d'opale se fissure lorsque sans prévenir elle prit place en façe de lui. Son regard de braise, trop neutre pour être soutenu longtemps fixant avec une pointe d'intérogation l'étrange manège de la femme. Puis elle prit la parole, amusant.

" Peut être bien, où peut être suis-je juste un pauvre fou arrivé ici par hasard, qu'en pensez vous miss? Mon coeur est loin d'être pur, du moins de certains points de vues. "

Puis le mégot disparut sous la précision de Constance, Ethan eut un nouveau sourire, puis il ouvrit la carte et il commença à la lire doucement. Il ne connaisait rien à la cuisine japonaise, ayant passé la plus grande partie de sa vie à mangé sous intraveneuse. Aussi il haussa les épaules puis répliqua, un sourire en coin, il aimait bien cette femme, pour le moment. Il délaissa la carte pour passer ces mains dans le torchon chaud.

" Que me conseillez vous ? Je dois avouer que je ne connais rien de cette culture qu'est la Japonaise... "

Regard malicieux ou simple réalité ?

A la première réponse de Ethan concernant la possibilité de voir le restaurant, Constance éclata d'un rire cristallin avant de retrouver son sérieux et de confier au jeune homme :

"Je vous le concède, c'est tout à fait possible...Non en réalité vous avez entièrement raison. Pour vous dire la vérité, j'ai menti, il n'y a pas plus banal que ce restaurant. Ceci dit je ne me permettrais pas de juger de la pureté de votre coeur... Seuls nos actes et la manière dont nous appliquons nos convictions à la réalité parlent pour nous."

Ces paroles cryptiques pronnoncées, celle qu'on nommait parfois avec terreur et frisson dans les dédales de la jungle urbaine "the Hound of Darkness" entreprit de détailler les possibilités culinaires qui s'offraient à Ethan d'un air particulièrement enjoué.

"Personnellement je vous conseillerais le menu H .... oui celui avec les sashimis. Ce sont mes préférés et je les réussis très bien. Par contre vous aimeriez peut être plutot avoir un avant goût de différentes spécialité, vu que vous n'êtes pas familier de ce type de cuisine. Je peux vous arranger un plateau comportant différents poissons et arrangements si vous désirez. Des makis et des sushis aussi ?"

Elle leva les yeux au ciel un instant en se tapotant les lèvres d'un doigt et sembla réfléchir. Ethan put voir qu'elle portait des ongles assez longs et vernis de noir (Le mouvement lors de l'épisode de la cigarette était trop vif pour permettre d'observer ce détail). Ses mains étaient longues, fines et élégantes et la paleur de sa peau contrastait avec le rose de ses lèvres . La pointe blanche de ce qui devait bien être une canine apparaissait discretement entre celles ci.

Elle changea de position si brusquement que Ethan aurait pu sursauter. Le fait qu'elle avait tapé avec fracas des deux mains en même temps sur la table n'était pas étranger à l'effet de surprise provoqué. Elle fixa le jeune Tueur avec intensité de ses yeux dorés si dérangeants pendant trois secondes et parla avec conviction :

"Je ne vous ai même pas demandé si vous aimiez le poisson cru ! Qu'en est-il ?"

Au même moment elle sembla appercevoir la tache sur la veste de l'homme. Son regard se détourna vers l'objet de son mécontentement mais Ethan sentait bien que son attention ne se relachait pas. Elle demanda alors également :

"Voulez vous aussi que je lave ceci ? C'est une vilaine tâche que vous avez là, ça ne partira pas facilement... et plus vous attendez, plus il sera difficile de s'en débarrasser. Vous savez, ça ne me dérange pas, je fais justement une lessive... Ma fille n'arrète pas de ramener des taches exactement comme celle là quand elle joue dehors."

Ethan haussa les épaules, il n'avait aucun humour ce qui au fond était mieux pour tout le monde. Mais un sourire timide se déssina au creux du visage ambré du bras-droit. Les paroles cristallines du loup l'amusait, un peu. Il répondit d'une voix amusé. Accompagnant ses paroles d'un léger geste de la main laissant apparaitre. L'inscription "Tombe"

" Qu'elles sont vos motivations, j'imagine que la restauration ne vous sert pas à gagner votre vie. Je crois que vous êtes une passionée. "

Il marqua une pause pour coincer une mèche rebelle derrière son oreille. Son regard de lune crépusculaire fixant avec attention la carte et ses noms japonais. Ridicule. Puis l'étrange femme changa de position brusquement. Ethan resta stoique. Le poisson ? Qu'elle drôle d'idée. Sa voix s'eleva de nouveau.

" Et bien, mon régime est plutôt carnivore. Mais après tout pourquoi pas "

La rétine d'anlayse profonde n'avait rien manqué de détails amusant de la femme, ces ongles, ces crocs. Cette ambition, Wolf ce patronyme lui siait à merveille. Il ne montra rien de ses véritables idées. D'un ton purement, innocent comme le parfait Séraphin qu'il n'était pas. Il remarqua en pointant son bras dévoilant de nouveau le mot "Tombe"

" Vos ongles, c'est du néo-carbonne pas vrai ? Pour la lessive ce n'est pas la peine, je suis du genre maladroit quand je travaille."

Il ferma les yeux comme pour humer les sentiments du loup à son égard. Elle donnait des indices, comme un sablier déversant petit à petit la fatalité. La future collaboration. Ethan décida de lui tendre une perche peut-être la femme s'en saisirait elle. Avait elle cette vivacité d'esprit qui permet à certains élus de diriger le monde, d'éradiquer les créatures dans un parfait génocide.

" Votre fille est une créature, pour le repas choissisez. "

Il ferma de nouveau les yeux, savourant d'avançe la future réponse...

(j'ai pas compris où était l'inscription "tombe"..)

Constance parut surprise des premières paroles de l'homme.

*Pourquoi était-elle restauratrice ? Elle, une passionnée ? Jamais elle ne s'était posée la question en ces termes, pour elle, il s'agissait d'un moyen distrayant d'obtenir de l'argent... C'etait une chose dont on ne lui avait jamais parlé au laboratoire, ça, l'argent... Mais les humains (et les créatures d'ailleurs) y accordaient une importance énorme. C'était amusant de voir que les Créatures maléfiques copiaient le comportement de la Sainte Humanité, ils agissaient de la même manière et pour l'observateur non-averti, seule l'apparence physique les différenciait... Mais ledit observateur ne savait pas que la vraie différence était plus profonde : le destin de l'humanité était glorieux et chaque âme humaine était un joyaux tandis que les Créatures n'étaient que de pales copies envoyées dans le seul but de tourmenter, contaminer et souiller la pureté de l'Homme. Sachant cela, il était impossible de se tromper et la mort des Créatures devenait une évidence si limpide qu'elle avait du mal à accepter l'idée que certains puissent ne pas comprendre... Quoi qu'il en soit, se dit-elle, retournant sur sa première ligne de pensée, elle avait vite compris qu'il serait utile sinon nécessaire d'en amasser une quantité confortable. Ceci dit, elle n'avait jamais eu de mal à en récolter même si peu de gens venait à son restaurant... Elle avait quelques locataires qui payaient sans discuter, et étrangement, les gens se sentaient souvent obligés de lui "faire des cadeaux" comme ils disaient... Pas plus tard que la semaine passée, un homme bien habillé, une grosse légume de l'Hinra à l'odeur, était venu. Il n'avait presque rien mangé mais avait laissé un de ces étonnants "cadeaux" en déclarant qu'il appréciait beaucoup ce qu'elle faisait et qu'il devrait y avoir plus de gens comme elle. Constance avait eu la nette impression qu'il ne faisait pas référence aux Sushis. C'était, avait elle pensé alors, ce qu'on appelait ici la politique, pour autant qu'elle eut été concernée cela signifiait qu'on disait des choses qui voulaient en dire d'autres pour gagner du pouvoir. Les humains ici n'en avait jamais assez, exactement comme avec l'argent. Et on ne lui avait jamais rien dit sur la politique non plus à l'institut de l'H²L, il avait fallu qu'elle apprenne tout toute seule. Exactement comme la cuisine japonaise mais là elle avait eu un professeur : un vieil homme qui avait disparu un jour en annonçant simplement qu'il quittait la ville... Les gens sont vraiment étranges... Pourquoi agissaient-ils ainsi ? Personne ne l'avait prévenue. Et voila qu'elle avait en face d'elle un jeune homme dangereux particulièrement étrange.*

"... as vrai ? Pour la lessive ce n'est pas la peine, je suis du genre maladroit quand je travaille." disait Ethan. Elle n'avait aucune idée de ce dont il avait pu parler entre temps, perdue dans ses considérations fascinantes sur le comportement des sentients. Pourtant pas un instant son attention inconsciente ne s'était relachée, un geste malhencontreux aurait signé l'arret de mort du visiteur avant même qu'il ne s'en rende compte et probablement aussi avant que l'Exécutrice l'ait réalisé.

Elle haussa donc les épaules, espérant que cela passerait pour une réponse neutre ou un désintéret discret pour les précédentes assertions d'Ethan. Son attention revint pourtant se focaliser entièrement sur son interlocuteur lorsqu'il évoqua Sérénité. Ses pupilles s'étirèrent légèrement alors qu'elle fixait Ethan avec une intensité renouvelée.
*De quoi diable parlait-il ?* était la pensée qui dominait son esprit. *aurait-elle réellement manqué une information importante ?*

Elle ne se laissa pas élaborer sur ces hypothèses et lança avec un sourire radieux :
" Dans ce cas je vais vous préparer le plateau spécial, il n'y a pas meilleur moyen pour découvrir la cuisine japonaise... J'y rajouterai des Yakitori." une pause puis se rappelant qu'il ne parlait pas japonais "je veux dire des brochettes... oh ! oui et je vous apporte un apéritif tout de suite !"

Elle disparut quelques secondes dans la cuisine et revint avec deux verres d'une sorte de liquide ambré puis en déposa un devant Ethan, accompagné d'une coupelle d'amuse-guelle.

"C'est de l'Umeshu, de la liqueur de prune, c'est excellant !"
Joignant le geste à la parole, elle porta son verre à ses lèvres délicates et but une gorgée d'alcool avec délectation.

[i]Ethan suivait des yeux le bal étrange de Constance, cette fille était plutôt surprenante par sa gestuelle, son magnétisme déroutant. Plongé dans les affres du souvenir il se souvenait de sa femme, visionnant au hasard quelques brides d'images réinventées. Insatiable sensation que celle du souvenir. Et voilà la cybord qui repartait dans les méandres d'un esprit trop tortueux, au bord du précipice de l'ennui. Jouer au comédien, jouer à l'imbécile (à la créature) l'avait lassé.

Il était tant d'abandonner le lourd manteau des convenances pour parler du but commun, des intêrets senblables aux deux humains. Il se leva. Sans prévenir.Il ne lui fallut que quelques fractions de seconde pour savoir où il avait finalement atterri... Haussant les épaules, l'Anglais s'avança dans la pièce à pas lents, comme pour prendre connaissance d'un territoire à conquérir... Mais son attitude tenait plus de celle du roi déchu, du prince consort d'un royaume oublié, que du suzerain à la posture fière et conquérante.

Une aérienne caresse parcourut le visage aux traits aristocratique, les yeux dont il ne pouvait pas encore deviner la nuance, la nuque orgueilleuse, le maintien royal... Et pourtant d'ici même il pouvait remarquer sur ce faciès angélique des marques de fatigues et de coups, qui pourtant ne réussissait pas à dépareiller l'ensemble... Il dit d'une voix très sérieux, comme la magie qui s'efface au profit du tumulte de la réalité.

" Miss Wolf, je dois vous avouer que je ne suis pas en réaliter venu déguster un repas d'une contrée étrangère. "

Il marqua une pause. Ses mains s'arrêtèrent brutalement. Les fantômes avaient été sortis, Ils rodaient désormais tout autour de lui. L'entourant d'un passé qui n'était plus sien. Rancoeur s'imiscant dans les veines de celui qui désire oublier...

" Le Cercle du Graal, ce nom vous dit quelque chose ? "

Fine question. Il se servit un verre de liqueur de prune qu'il porta à ses lèvres humant la puissance de l'alcool avant d'offrir à ses lèvres la pleine mesure de l'intensité du liquide.

Aucun sourire. Neutralité déconcertante du ton employé, comme désintéressé[/i}

Constance observait le comportement étrange d'Ethan sans en comprendre la moitié. Il était vraiment particulier... ses attitudes ne correspondaient pas à ce qu'on lui avait appris au laboratoir... c'était... intéressant....

Ethan déclara :
" Miss Wolf, je dois vous avouer que je ne suis pas en réaliter venu déguster un repas d'une contrée étrangère. "
_Oh...
Constance, quant à elle semblait déçue...
_Le Cercle du Graal, ce nom vous dit quelque chose ?
*Voila qu'il laissait tomber les apparences et allait droit au but, un changement de tactique surprenant.*

" Bien entendu ! C'est moi qui ai rassemblé cette bande de loubards inefficaces pour en faire une vraie arme, après tout. Pourquoi me posez vous cette question ? Et surtout pourquoi avoir choisi cette formulation ? Vous savez très bien qui je suis, si je ne m'abuse."

Sérénité venait d'arriver devant le restaurant que tenait sa mère adoptive. Elle observa la vieille batisse de brique ou elle vivait avant son kidnapping et repéra la fenêtre de sa chambre. Les volets étaient fermés et cette vision lui brisa le coeur. Pourquoi sa vie n'était-elle qu'un enchaîenment de malheurs? Elle avait tant souffert durant son enfance et vivre avec Constance lui avait apporté un bonheur indescriptible. Mais depuis qu'elle avait été enlevée tout avait changé... Elle n'avait plus eu le droit d'habiter avec au-dessus du petie restaurant et elle n'avait pas revu sa mère depuis que cette dernière l'avait arracher à ses ravisseurs. Encore une fois, elle était abandonnée, livrée à elle-même, emplie de doutes et de questions.

Elle regarda discrètement par la virtine du petit bistrot japonais mais sa mère n'était pas seule. Elle allait y entrer lorsque soudain l'évidence lui apparut.

*je ne suis qu'une source d'ennui pour Constance, et je dois prendre mon envol...Je n'ai plus rien à faire ici, je vais m'éloigner de cet endroit et oublier ce passé miséreux...*

On aurait pu penser que Sérénité fuiyait face à la puissance de sa mère adoptive mais au contraire elle était purement consciente que les confrontations entre elles ne feraient que commencer; désormais... elle regarda une dernière fois sa sauveuse et sourit e murmurant :

" à bientôt...maman!"

Elle baissa la tête un instant, soupira et la redressa prête à faire face à son destin. Et puis maintenant qu'elle était libre, elle avait un tas de choses à faire!!!Faire les boutiques, manger dans des tas de restaurants, visiter des musées, tout ce qui pourrait lui faire oublier qui elle était serait le bienvenu!!!

Dans le restaurant, au milieu d'une conversation avec l'étrange jeune homme, Constance releva soudain la tête, en alerte. Elle avait ressenti quelque chose d'inhabituel....
Intuition "maternelle" ou alors preuve que ses sens étaient bien plus développés qu'elle même le soupçonnait, elle savait que Sérénité était à proximité. Elle agit en conséquence immédiatement.
S'excusant à peine auprès de son seul client, elle le mit presque manu militari à la porte et ferma le restaurant dans la foulée. Elle prit tout juste le temps de jeter son tablier et d'attraper un parapluie. C'est donc en kimono qu'elle sortit en courant dans la rue. Son odorat fut la seule chose qui lui permit de detecter la direction générale qu'avait emprunté sa fille.
Elle soupira en se demandant quelle mouche avait bien pu piquer Sérénité.... Après tout elle l'avait mise en sureté, le QG était le seul endroit parfaitement sûr dans cette ville damnée... même le foyer de Constance, bien que particulièrement protégé, était encore trop vulnérable. Elle ne pouvait pas permettre aux Impurs de faire encore plus de mal à sa pauvre petite fille. Plutot mourir. Depuis le dramatique incident, celle qu'on appelait the hound of darkness avait passé tout son temps libre à hanter les ombres et la nuit pour chercher des informations sur ceux qui avaient enlevé Sérénité. Elle n'en dormait plus. Et voici que la jeune fille se promenait dans les rues sans aucune protection... C'était un cauchemard. L'angoisse tordit l'estomac de la Maitresse du Chapitre. Elle perdit presque la piste qui commençait déjà à s'estomper...