Deus Ex Machina

Une pluie diluvienne balayait les rues de la ville vidées de toute population à cette heure tardive. Sous les multiples gouttelettes s'écrasant bruyamment sur chaque parcelle de la ville, la vieille église avait des allures lugubres et froide, renforcées encore par le vent qui s'engouffrait sous les vêtements et dans les yeux, gelant chaires et os. Narquoise, les vieilles gargouilles usées par les ans et les éléments semblaient se moquer des derniers passants courant sous les trombes d'eau. Du haut de leurs immortelles postures, elles semblaient observer le monde, témoignant encore du passé de ce monde, dénonçant ces temps où leur temple fut violé et piller.

Droit dans son chaud manteau désormais trempé, Camille observait depuis un moment les vieilles ruines. De larges sillons dégoulinaient de ses cheveux, longeant son nez et ses lèvres, glissant dans son cou et sur sa poitrine. Il avait froid. Mais depuis quelques décennies, il avait de toute façon toujours froid, quoi qu'il y fasse.

Ces pierres plus vieilles encore que lui même rebutaient les créatures paraissait il. Et Camille se demandait s'il devait lui aussi se sentir concerné par ces ruines. Au fond de lui même, il se sentait toujours humain ... alors pourquoi devrais il respecter ce lieu plus qu'un autre ?

Lassé de sentir la fraîcheur gluante des gouttes contre sa peau, le jeune Galineas se décida à pénétrer au sein de l'église. A l'intérieur peut être comprendrait il quelque chose de crucial ? Ou peut être pas ... au moins il serait à l'abri.

En quelques as rapides, il atteint la porte massive qu'il franchi rapidement.

Une autre créature avait décidé d'investir les lieux semblait il. Un Hll, d'après de sa démarche. Et pas au mieux de sa forme, loin s'en faut. Fatigue et errance se lisent sur son visage, ainsi que la violence d'un combat. Surtout par les traces de sang épars sur ses mains et ses vêtements. Un vampire ne saurait ignorer des traces de sangs.

Hésitant entre méfiance indifférente et l'intérêt curieux face à cet être qui lui rappelait quelque chose, sans qu'il ne parvienne à se rappeler ni date, ni lieu, Camille s'arrêta quelques instants, jaugeant sans réellement y penser le hll.
Il s'avança de nouveau dans l'allée centrale. Le lieu n'était pas hanté par le silence qu'il attendait, de ci de là des fissures dans le plafond laissaient perler des gouttes, lesquelles s'écrasaient bruyamment dans de vastes flaques d'eau. Ces simples bruits auraient presque meublée le silence de l'endroit s’ils n’étaient pas si irritants, se contentant juste d'ajouter un facteur désagréable à l'odeur et aux souvenirs peu avouable que renfermaient les lieux.

Pas réellement altruiste de nature, Camille interpella tout de même l'occupant des lieux de sa voix mielleuse, bientôt percutée en écho déformé dans la vaste salle.

"D'où viens ce sang monsieur, êtes vous blessé ?"

A peine le temps de refaire face à la porte que déjà se présentait à lui un être détrempé. Le regard las et orné de cernes, Shyra scruta le nouveau venu sans sourciller. Il avait piètre allure dans ses vêtements imbibés, mais il ne dégageait aucune odeur. Etait-ce dû à la pluie battante ou à sa fatigue ... Shyra n'aurait su le dire. Aussi prit-il la concupiscence de l'intru avec méfiance. Il se savait absolument pas en état de se défendre si l'autre s'avérait de ces maudits Tueurs. Il s'appuya difficilement contre un banc avec une grimace de douleur. Chacune de ses articulations le faisait souffrir, ses tissus cicatriciels étaient encore trop frais et tiraient à chaque mouvement. Il planta ses prunelles émeraudes à la maluice éteinte dans ceux de son vis à vis.

" - C'est que vous êtes perspicace, dîtes-moi..."

Il se morigéra de suite de ce sarcasme, ne pouvant aller contre sa nature.

" - Ne vous inquiétez pas, la majorité de ce sang n'est pas à moi et son propriétaire n'est plus à même d'en réclamer l'appartenance."

Il s'amusa lui-même de son trait d'esprit et un maigre sourire tira ses traits fatigués.

Les yeux de Camille se plissèrent légèrement.

" Et je devrais ne pas m'en inquiéter ?"

Le Hll était vraiment à bout de force, s'en était à se demander comment il était parvenu à se relever malgré sa faiblesse actuelle. Camille avança vers Shyra calmement, montrant volontairement son absence d'agressivité. S'il s'était trouvé lui même en une telle situation, il est probable qu'il n'aurait accordé sa confiance à personne, le simple fait de vivre en ce monde étant un motif suffisant pour avoir toute une meute d'ennemi qui n'hésiteraient pas à vous ôter la vie.

" Vous ne devez pas rester là, des Tueurs pourraient vous tomber dessus, vous ne vous en relèveriez pas."

Camille hésitait sur la démarche à suivre. Le Hll pouvait parfaitement être un meurtrier recherché, tout comme il pouvait être un innocent ayant surpris un quelconque trafic et s'étant fait tabassé par la suite. Devait il l'aider ou le laisser moisir ici ?
Et qu'avait il à y gagner ou a y perdre ? Le potentiel conflit du Hll ne le concernant en rien. De plus le Hll aurait très bien pu figurer sur son menu du jour si les circonstances avaient étaient différentes ...

Vu l'état dans lequel était le Hll, il n'y aurait de toute façon aucun plaisir à le vider du reste de son sang pour le moment, et sa précédente contemplation de l'église et de ce qu'elle représentait pour lui était de toute façon compromise par la présence de la créature. Au pire, il devrait rentrer d'ici peu au siège de l'Hinra, alors seul ou non. Et au mieux ...
... au mieux, il ne savait pas encore. Au mieux il attraperait un repris de justice ? Ou quelqu'un qui lui serait redevable.
Il détestait l'idée que quelqu'un puisse lui être redevable.

Camille soupira profondément, par lassitude peut être. Ou peut être en prévision de la scène qui allait suivre. Il empoigna le bras de Shyra, le jugeant de toute façon trop faible pour réagir dangereusement à ce contact.

" Venez avec moi." dit il simplement, n'ayant pas envie de faire de long discours. Il ne voulait pas non plus encore savoir qui était l'homme. Quel intéret pour l'instant, si le Hll était mourrant le temps de l'explication pourrait lui être fatal. Et s'il possédait encore assez de vie pour s'expliquer, pour quelle raison lui dirait il la vérité, autant éviter les mensonges.

Une légère odeur de sang précéda Camille auprès de shyra. Une odeur si ténue qu'un nez normal n'aurait su la déceler. Mais elle n'échappa pas au Hll qui releva légèrement les babines en un sourire cruel. L'autre n'était pas des Tueurs, ces maudits humains élitistes. Il sentait la mort comme lui, mais pas la mort de la proie sur le prédateur. Juste la mort trompeuse des vampires. Quand celui-ci lui prit le bras, sa réaction ne se fit pas attendre. En un geste plus lent que d'habitude, rouillé de courbatures et de fatigue, il plaça sa main libre, griffes sorties, sous la glotte de l'importun.

" - Je suis le mieux placé ici pour savoir que mon état ne me permet qu'une défense réduite. Seulement il faudrait déjà que ces bâtards d'humains me sachent ici, de retour en ville. "

Un sourire narquois se dessina sur ses traits fatigués. Au fond de ses yeux ternes se remit à briller une légère étincelle d'orgueil.

" - Je n'ai nul besoin de ton aide, vampire."

Il avait laché ce dernier mot avec dédain. Il tourna lentement la tête et planta son regard dans celui de Camille.

" - Mon corps a peut être l'air usé jusqu'à la corde mais ne te méprends pas quant à mes réflexes, ils resteront plus rapides que les tiens ..."

Sur ce dernier point, peut être se fanfaronnait-il, mais il continua sans sourciller.

" - ... alors si tu tiens à ce sang qui t'es si précieux, et si tu ne veux pas qu'il s'ajoute à la collection que je porte sur moi, retire ta main immédiatement."

Ses traits durs se radoucirent un instant et il lâcha d'une voix plus faible.

" - Je n'ai rien contre toi pour le moment alors il me serait presque désagréable d'avoir à te tuer... en ces lieux surtout."

Dire ça, venant de lui surtout, était preuve de sa grande faiblesse actuelle mais encore fallait-il le connaître pour le savoir.

Et voilà. Comme Camille s'y attendait, le Hll conservait toute sa hargne orgueilleuse. Mêlée d'ironie de surcroît. Camille ne bougea pas, resserrant son étreinte pour finalement la relâcher en levant les yeux au ciel. S'il voulait jauger la vitalité de l'homme, c'était chose faite, et celui ci était encore loin d'être mourrant.

"En ces lieux surtout ? Peuh, qu'est se que ces vieilles pierres peuvent représenter pour vous, un abri tout au plus, et encore. Ou alors vous êtes un fou sentimentaliste." dit il en faisant rouler sa main, signe que les paroles du Hll n'étaient visiblement que du vent à ses yeux.

" Et plus fou encore si ce lieu a vraiment une importance pour vous. Si c'était vrai c'est là le premier endroit que je ferais surveiller si j'était votre ennemi."

Nonchalamment Camille contourna le Hll et vint s'asseoir à quelques rangées de lui. A moitié allongé sur le banc, observant le plafond, le vampire poursuivi ses paroles.

" Ainsi vos ennemis vous poursuivent personnellement ? Dans ce cas vous n'avez effectivement pas besoin de mon aide, d'autant plus qu'elle ne vous ai pas acquise. Il faudrait être fou et sentimentaliste pour se lancer dans une querelle dont je ne sais rien." dit il tranquillement, accentuant légèrement les derniers termes.

"En fait je comptait seulement vous amener à un endroit sûr, or de la zone d'influence des Tueurs. Je suppose que c'est ce que j'aimerais si j'était dans votre situation."

Camille tourna la tête vers Shyra, l'observant à travers ses yeux dépourvus d'iris. Et Galineas sembla réfléchir quelques instants, avant qu'un sourire narquois ne s'affiche sur ses lèvres, fendant son visage d'une mimique inquiétante ...

" Dites, par simple curiosité, vous leur avait fait quoi pour qu'ils vous haïssent à ce point ?"

Shyra éclata d'un rire aussi rauque que bref, à la limite de l'aboiement. Il fit mine d'essuyer une larme inexistante sur sa joue crasseuse.

" - Mais c'est justement parce que c'est bien le dernier endroit dans lequel ils me chercheront qu'il m'est cher, pauvre sot."

Sa voix sonnait usée mais ironique malgré tout, pleine de ces sarcasmes que l'épuisement fait naître. Il tira une cigarette de son paquet et lutta quelques instants avec le vent pour l'allumer dans les courants d'air. Une première bouffée à la limite de l'extase. Il la garda plus que de raison en l'exhalant lentement par le nez en fines volutes éparses, les yeux clos comme pour mieux la savourer.

" - Il n'est qu'un seul endroit réellement sûr pour moi en ce moment et c'est près de mon chef. Mais même lui ne sait rien du fait que je sois toujours vivant, aussi étendue puisse-être son influence."

Il fixait Camille dans le vide, comme s'il ne le voyait pas réellement. Légèrement plus terne que d'habitude, il avait le regard absent mais scrutateur comme ces vieux aveuglés par la cataracte. Son visage perdit toute expression à la question du vampire. Et s'il l'avait pu voir à travers la crasse, le vampire aurait vu que Shyra venait de blêmir. Des souvenirs avec lesquels il venait de régler ses comptes, remontaient trop frais à sa mémoire. Si c'était possible, son regard se serait fait plus distant encore. C'est d'une voix blanche, dépourvue de toute émotion qu'il répondit.

" - La curiosité a coûté la vie à de nombreuses créatures ces derniers jours. Êtes-vous prêt à risquer votre vie pour quelque mauvais penchant de votre intrusive personne ? "

Il dévoila ses petits crocs luisants de salive et des gencives exsangues en un sourire dérangeant.

" - Ce ne sont pas mes ennemis qui sont à l'origine de mon état. Enfin si, d'une certaine manière. Mais pas ceux auxquels vous pensez. Ceux-là n'ont besoin que de savoir ma nature pour me haïr et je dois avouer que je leur rends bien. "

Comme s'il s'éveillait de quelque réverie, Shyra secoua la tête et aspira une bouffée âcre de tabac. Son regard se replanta dans celui du vampire avec un soupçon d'acuité en plus. Comme pour mieux éluder la question, Shyra demanda avec un intérêt tout feint.

" - Et qu'est-ce qui vous pousse, vous, à venir vous réfugier ici ? Ne me dites pas que ce sont ces quelques giboulées au dehors ? "

"La curiosité, ou plutôt une introspection toute personnelle. Enfin, le genre de question que tous se posent, je vous épargne volontier les détails saugrenus." répondit Camille, observant son interlocuteur d'un air interréssé.

Etrange personnage, Camille se demandait dans quel guêpier le Hll avait pu se fourrer pour arriver finalement dans cette église. Les maigres informations qu'il semait au grès de la conversation, que se soit volontaire ou non, avaient quelque chose d'irritant. Le personnage en lui même avait quelque chose d'irritant de toute façon, mais ce qu'il disait augmentait constamment l'intérêt du vampire pour quelque chose dont il n'avait au départ rien à faire, et voilà que Shyra parlais d'un ennemi autre que les Tueurs. L'ADH ? Alors il avait du leur faire bien du tort pour que l'ADH s'en prenne à une créature. L'EDEN, sûrement pas, ils sont bien trop mous et trop prudent pour s'attaquer à quiconque. L'Hinra n'hésiterait certes pas à ce genre de procédé, mais ne laisserait sûrement pas la proie s'échapper. Qui ... ?

Et ce "qui" désignait autant l'ennemi que le Hll ... qui diable pouvait il être, et qui était ce chef dont il parlais. S'il s'agissait du chef de l'Hinra, Camille en aurait sans doute était informé, encore que ...

Sortant un téléphone portable de sa poche intérieur, Camille le tendit à son interlocuteur :
"Hé bien, tu n'as qu'à l'appeler, ton chef. S'il est si puissant, il viendra te chercher rapidement."

Sans un regard pour son interlocuteur, Shyra se saisit du téléphone. Il le tint un instant du bout des doigts comme s'il en examinait la propreté avant de l'ouvrir. Il pianota rapidement le numéro du Dragon Rouge, loin des yeux du vampire. Il porta l'appareil à son oreille et attendit patiemment les tonalités. Quand enfin son suppléant décrocha, il dit d'une voix froide, rapide, lui coupant même la parole avant que celui-ci ne puisse exprimer le nom du bar.

" - J'ai un message à transmettre au boss. Dis-lui simplement que l'Ombre est de retour en ville et qu'il compte bientôt reprendre la place qui est la sienne. "

Sans attendre l'assentiment de son pair, il coupa l'appel. Refermant tranquillement le téléphone, il l'observa d'un yeux nouveau. Il était si léger, si fragile, tellement plein d'informations dont une compromettante pour lui. Il lança négligemment le portable en l'air et d'un geste détaché, le découpa en quatre morceaux en l'accueillant avec ses griffes. Il repéra sans mal la puce qui avait sauté de l'habitacle détruit. Son talon s'écrasa dessus et il s'escrima à la rendre la moins utilisable possible. Enfin, il reporta un regard légèrement amusé sur son vis à vis.

" - Merci bien, vampire. Il est désormais prévenu."

Un sourire étrangement détaché se dessina sur ses traits fatigués.

"Ho, la belle précaution que voilà. Au moins ainsi vous êtes certain que je ne connaîtrais pas le numéro que vous venez de composer, il me sera donc impossible de localiser le destinataire de votre appel et de me rendre par la suite sur les lieux accompagné d'une armée ayant pour ordre l'élimination pure et simple de toute forme de vie." exprima ironiquement Camille, amer et sarcastique alors que le Hll s'ingénié à détruire plus encore chaque morceau relativement intact de la puce.

En plus le vampire n'avait pratiquement rien appris de cette conversation hormis une chose, le Hll était loin d'être un pion quelconque au sein de son groupe pour être certain qu'un appel si bref et sans forme de reconnaissance soit pris au sérieux par son interlocuteur. Ou alors il connaissait suffisamment ledit interlocuteur pour que celui ci le reconnaisse à coup sûr.

"Et quel sens des priorités, monsieur. Vous venez de prévenir votre chef certes, et ce dernier est désormais certain que vous avez survécu, mais ne connaît en rien votre situation présente, ce qui en fait vous ramène presque au point de départ. A moins que cet endroit soit le point de rendez vous officiel des fuyards au sein de votre groupe ? Ha !" poursuivit Camille.

En réalité, Camille aurait sans aucun doute pu empêcher le Hll de détruire le combiné désormais en pièce, et il le savait. Mais le combiné n’avait pas réellement d’importance à ses yeux, il ne savait pas même s’il devait prendre son interlocuteur pour un allier ou un adversaire potentiel, tant au point de vue personnel que professionnel. Et puis le charisme du Hll attirait Camille, sans qu’il su définir pourquoi. Un excès d’orgueil, un cynisme irritant, une trop grande confiance en lui. Mais la lassitude commençait déjà à pointer son nez.

"Que comptez vous faire maintenant ? Attendre que votre chef ou un de ses servant vous retrouve ici ?" demanda le vampire, observant chaque mouvement de Shyra.

" - Mon chef n'a rien à savoir de mon état. "

Cette phrase avait été lâchée de façon sèche. Shyra éparpilla vaguement les débris plastiques sur le dallage suranné en continuant son propos de façon plus sereine.

" - Je suis certes diminué mais pas encore impotent pour autant. Jusqu'à preuve du contraire , mes jambes m'ont soutenu et sauront encore le faire jusqu'à un lieu où on saura me rendre un état de santé décent."

Il se leva du banc comme pour donner plus de poids à ses assertions, cachant malgré tout difficilement les élancements douloureux de son être. Un éclair de douleur lui vrilla le crâne alors qu'il tirait un peu plus sur des muscles affamés et engourdis de trop d'efforts. Il se dirigea lentement vers la porte, feignant une nonchalance pourtant absente de ses claudications. L'orgueil étant plus fort que tout, il dit sans même se tourner vers le vampire.

" - Je crains désormais de devoir vous laisser. J'ai encore du chemin à faire et je préfère profiter de la pluie pour me cacher aux yeux des Tueurs. N'oubliez pas, jeune vampire, qu'il n'y a que ce que l'on a sous le nez qu'on à tendance à ne prendre en compte."

Il ne s'était pas arrêté en parlant et il était maintenant dans l'encadrement de la porte à double battants, observant le déluge glacé qui pilonnait la chaussée. Il tira autour de lui les lambeaux de son manteau avant de s'enfoncer sous la pluie.

"N'oubliez pas jeune vampire et blablabla" la morale maintenant ... que d'orgueil et d'esbroufe. Le Hll s'apprêtait à disparaître sous la pluie battante, sans doute pour cacher sa morne carcasse dans un endroit ou un autre, souhaitant de prouver au monde qu'il pouvait se débrouiller seul. Tant pis pour lui sans doute.

Le vampire lui emboîta néanmoins le pas, peu désireux désormais de se retrouver sans compagnie dans ce lieu par trop délabré et larmoyant pour lui. « Le Symbole de la vie avant l'arrivée des Humains » ... tout au plus un vestige d'un passé n'existant plus que dans certains livres barbants. A peine digne d'intérêt pour finir, tout du moins à ses yeux.

Camille remonta rapidement l’allée centrale, observant une dernière fois les vitraux des murs, les sculptures des colonnes, les flaques d’eaux et les quelques morceaux de moisissures qui commençaient à envahir les lieux … quel somptueux spectacle. Croisant le Hll à la sortie de l'église, Camille le dépassa rapidement.

"Je vous aurait bien donné mon numéro de portable en cas de besoin, mais j'ai bien peur que cela ne soit plus guère utile à l'heure qu'il est." dit il sarcastique à nouveau, avant de faire quelques pas sous la pluie. Se retournant une dernière fois, il observa Shyra. Il n’avait absolument pas pitié de lui, un être de cette sorte n’en méritant pas. Par contre il aurait était dommage de ne pas réitérer l’offre, quand bien même ne serait elle pas suivi d’une réaction positive.

"Si vous souhaitez un lieu où vos ennemis, quels qu'ils soient, ne puissent vous atteindre, vous feriez mieux de me suivre. Je vous garantis sur mon honneur qu'il ne pourra rien vous arriver entre nos murs. Sinon adieu, taciturne Hll, puisse la mort ne pas vous conduire trop rapidement à votre dernière demeure. Et bien le bonsoir à votre chef."

Le rideau de pluie empêchait de voir à plus d'un mètre devant soi. Aussi Shyra ne prit-il pas la peine de chercher à dévisager le vampire. Il ne voyait qu'une vague ombre désormais, chose tout de même peu banale pour un Hll. La voix de Camille passait tout juste au dessus du vacarme des gouttes. Aussi ne prit-il pas la peine de se fabriquer un quelconque masque pour accompagner ses paroles.

" - Je crois qu'un adieu est plus de rigueur que toutes vos belles paroles. "

Il n'avait pas haussé le ton pour passer outre les désagréments sonores de l'averse. Tout juste une voix blanche, exempte de tout sentiment, de toute fierté, une voix lasse.

" - Vos murs sonnent pour moi, beaucoup plus inquiétants que la mort que vous ne me souhaitez pas prochaine. Je ne sais de quelle organisation vous faites parti. Les Tueurs, ce serait totalement illogique et loin des préceptes sacrosaints de la putain de Wolf. Idem pour les ADH. L'Eden peut être vu votre erreintante bonté... ou l'Hinra, qui sait. Mais quelle que soit cette organisation, je n'ai aucunement besoin de son aide et encore moins de son gite, tenez-vous le pour dit une bonne fois pour toute. "

Il s'éloigna, retrouvant une légère vigueur dans son accès de fierté mal placé, frolant la silhouette voûtée du vampire. Il ne l'avait pas dépassé de quelques pas qu'il se retourna, un léger sourire sur les lèvres, sachant petinnement que celui-ci n'échaperait pas à Camille.

" - Quant à ce qui est des salutations à offrir à mon chef, au nom de qui dois-je signer ces politesses ? "

"Monsieur Galineas, bien que je suis certain lui être totalement inconnu. Et notre hospitalité n'aurait pas était totalement gratuite, et j’admets que cette "ombre" a éveillé quelque peu mon intérêt. Adieu donc pour cette fois."

Sans plus attendre, Camille se tourna vers les rues trempées de la ville. Comme tout les vampires il détestait l'eau, ses vêtements trempés le lui rappelaient en collant de façon désagréable à sa peau froide. Ils étaient proche du centre ville, et heureusement. En quelques minutes à peine il serait arrivé au siège de l'Hinra vers lequel il se presserait rapidement. Mais avant il souhait débusquer quelque proie potentiellement digeste, et il souriait d'avance à l'idée de quelques litres de sang coulant dans sa gorge.

Bien sûr il pourrait aussi suivre et observer les faits et gestes du Hll. Bien sûr. Mais il n'aimait vraiment pas la pluie, et suivre quelqu'un sous une telle tempête s'avèrerait vite désagréable. Il pouvait toujours voir quelle direction prendrait le Hll, tout en réfléchissant à l'endroit où se tenait en ce moment la future cible qu'il choisirait. Un café sans doute, encore qu'un membre des Tueurs lui ferait presque plaisir.