Elles courent, les petites souris...

Plouf plouf plouf, font les pieds des espions qui se sauvent dans l'énorme tuyauterie souterraine. 3 hommes, terrorisés. Ils sont pris en chasse, ils ne sont pas seuls. Ils étaient 4 il y a 5 minutes. 5, 10 minutes plus tôt. Maintenant les rescapés courent pour sauver leur peau. Inquiet, le dernier tourne la tête et sonde la noirceur, le coeur battant et le visage défiguré par une grimace de pure effroi.
- Dépèche toi Klaus, vocifère d'une voix grave le second à l'intention du retardataire.
Pendant ce temps, le troisième n'attend pas son reste, cours à toutes jambes vers l'endroit où devrait se trouver la sortie... L'issue vers l'extérieur, et vers une illusion de sécurité.

Le premier tourne la tête vers son compagnon, l'air confu, les yeux affreusement vitreux. Que se passe t-il ?.. Le temps d'une seconde, le temps s'arrête, les deux hommes présents le sentent, tel une vague puissante de néant avant la fin. Un son métallique vient alors fendre l'air, et dans un éclair vert jade, la tête de Klaus éclate, ne laissant qu'une mâchoire inférieure et des oreilles encadrant un sanglant geyser. La carcasse s'écroule lourdement dans la fine épaisseur de liquide, alors que le second homme, stupéfait et surpris par la giclée d'hémoglobine qui vient d'échouer sur son visage, dégaine aussitôt son revolver.

Celui là est coriace, pesant près de 230 livres de chair et de muscle, et il en a vue d'autres des écatombes. Le coeur battant, la rage au poing (ainsi qu'un revolver d'une taille considérable), le gros Sven regarde avec des yeux ronds le fond du conduit. Pas de temps pour cligner des yeux, la chose à laquelle il a affaire est rapide... trop rapide ! L'adrénaline éveille les sens de l'homme, le rend alerte à tout mouvement, à tout bruit, à toute éventualité, alors qu'il pointe son arme vers la pénombre. Ce fesant, il recule de quelques pas, s'éloignant instinctivement du cadavre qui flotte doucement dans sa direction. Un petit regard vers son ancien compagnon, regard de crainte, car il ne veut pas subir le même sort, il ne veut pas mourir de cette manière, sans pouvoir se défendre... Vite il relève les yeux, s'accroupi un peu pour compliquer la tâche au tireur. Et là, il l'apperçoit. Il voit la silhouette de ce connard qui a buté 3 de ses compagnons.

L'homme fronce ses gros sourcils broussailleux, plisse les yeux pour voir les détails de cet être qui les a traqué depuis leur départ du quartier général de l'ADH. Tout ce qu'il distingue, c'est un être mince, maigrelet, aux cheveux clair et en bataille... ça, et un sourire maniaque, sadique, dément. Les yeux de Sven s'ouvrent d'un coup, son visage empreint d'une totale surprise. Il a vu venir le coup. Il l'a vu venir, mais une fraction de seconde trop tard. Voilà que dans une futile tentative de survie le grand gaillard recule, et sous le choc du projectile qui atteint sa main, il titube et tombe cul d'abord dans l'eau. Cela prend quelques secondes avant qu'il ne réalise vraiment, et qu'il se mette à crier de douleur et de tourment ; sa main est totalement explosée, il n'en reste qu'un morceau de petit doigt carbonisé, l'arme ayant éclaté dans sa paume, se répendant un peu partout autour de lui.

Le meurtrier avance, bientôt Sven peut voir clairement son sourire de malade et ses étranges cheveux rouges. Au passage, il note que l'homme semble jeune ; à peine une vingtaine d'années, et qu'il est affublé de maquillages... Mais à quel genre d'assassion détraqué a t-il affaire ?! Sven se redresse rapidement, tant bien que mal, plissant les yeux pour retenir ses larmes. Le barbu grimace, montre les dents et dégaine un large couteau de chasse dentelé, décidé à se battre jusqu'au bout. Devant lui, l'homme étrange conserve la même expression illuminée, regardant d'un air amusé et décontracté sa future victime... Sven avance dans l'eau, se demandant pourquoi l'autre ne l'a pas encore achevé, et s'il sagit bel et bien d'un homme qu'il a devant lui... En effet, le chasseur passa doucement sa langue contre ses dents d'en haut et fit une moue amusée des plus féminines... Son poignet flancha dans un mouvement qui n'avait rien de viril, délaissant l'énorme flingue à ion qu'il tenait.

*Peut être ai-je une chance* Se dit Sven, qui approchait prudement de son adversaire. Il avait l'air fragile quand même, ce type. En fait, pensa l'espion, il devait être bien stupide de délaisser ses talents de tir pour s'attaquer en corps à corps à un homme costaud comme lui, même dénué d'une main. Néanmoins, Sven le sentait, quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire. L'assassin rangea son arme, se replaça quelques mèches tombantes et attendit que l'autre arrive avant de faire quoi que ce soit. Maintenant, Sven était à porté de bras. Il regarda bien sa cible et donna un bon coup de couteau. Nonchalament, l'assassin esquiva. Enragé et surpris (à nouveau), Sven enchaîna les coups de lame vers son assaillant, sans succès ; Son adversaire était rapide comme l'éclair, se jouait de lui comme un chat avec une souris. et c'est là que l'espion compris pourquoi il ne l'avait pas tué plus tôt...

Un mouvement rapide, un son de lame, de chair qui se déchire, et voilà que le bras de l'homme tombe à l'eau. Sven hurle de plus belle, ne sachant que faire maintenant qu'il n'avait plus de mains, ne se préoccupant pas des détails comme "comment m'as t-il sectionné le bras sans arme ?" ou "que se passera t-il ensuite ?". S'abandonnant à la terreur, à la douleur et au désespoir, Sven hurla, hurla si fort que son autre comparse l'entendit parfaitement à l'autre bout du tunnel, l'écho d'une mort prochaine... Alors que Sven se tortillait au sol en gémissant, le meurtrier était prit d'une poussée de larme, laissant son souffle soulever à grand coup sa maigre poitrine, le visage maintenant marqué d'un sentiment de douleur... d'exstase... de pure jouissance.....

Et Franx courait, et courait encore, halletant, possédé par la peur de mourir, par le remord d'avoir laisser ses amis à ce si triste sort, et d'être en ce moment si couard... Il était presque rendu, il en était sur. Ce mince espoir redonna de l'énergie au coureur, qui redoubla d'effort. Les hurlements de douleurs au loin avaient cessés, mais continuaient néanmoins à tordre atrocement ses boyaux. Ils étaient morts maintenant, il en était certain. Il devait survivre ! Il ne voulait pas mourir lui aussi ! Franx courait tellement dans le noir qu'il passait proche tomber à chaque détour. Il ne fallait pas... son coeur ne le supporterait pas. Enfin, il arriva à sa destination. Néanmoins, quelle fût sa surprise et sa détresse de voir que dans sa hâte, il avait emprunté le mauvais chemin ; la route était bloquée, la seule issue était une échelle située à plus de 4 mètres au dessus de lui.
- NON !!! NON !!! PUTAIN NON !!! brailla le pauvre espion.
Après la colère, incapable d'accepter les répercutions de sa malchance, Franx se mit à pleurer.

Après quelques instants à geindre recroquevillé près de la grille, Franx reprit un peu son calme. Son traqueur s'était peu être perdu lui aussi !.. Et puis il ne résistait surement pas aux balles de blaster laser... S'essuyant les larmes du revers de ses manches et se damnant d'avoir fait tant de bruit, Franx se prépara à affronter l'assassin de ses compagnons. Alerte au moindre bruit, dos à la grille, Franx espérait seulement que l'autre ne le prendrait pas dans le dos en lui tirant une salve de son canon.

Silence... trop longtemps le silence...
Et enfin, l'homme apparait, l'air penaud, loufoque avec ses cheveux rouges et son maquillage. Dans ses mains, la tête arrachée de Sven. Franx est paralysé de stupeur, essaye de pointer son arme mais y est incapable alors qu'approche l'assassin. Ce dernier ne montre pas le moindre air menaçant. Juste une expression de compassion horriblement déroutante pour le pauvre espion, qui se remet à brailler alors que sa main ne veut cesser de trembler, ne lui laissant pas le droit de menacer ou d'abattre son ennemi. Plouf... la tête tombe dans l'eau. Le chasseur de l'ADH regarde dans les yeux sa victime, ne fesant pas un pas de plus. Un tic nerveux parcours l'arcade sourcilière de Franx, il lève avec misère son arme et vise tant bien que mal. Alors qu'il tire, sa cible s'esquive sans misère et d'un ample mouvement de bras lui déchire la main en lamelles. Les morceaux de fusils tombent à l'eau, l'espion prend sa main ensanglantée en lâchant un petit cri d'effroi.

Toujours sans émotion, l'assassion hors-la-loi range les lames de ses avant bras et recule de quelques pas, prenant une moue peinée. Franx regarde et, les yeux huileux, lève la main devant lui dans un mouvement de détresse.
- Non non ne me tuez pas !!!
BANG !!! Un coup de chevrotine défigure et met fin au calvaire de ce qui semble être un espion de l'EDEN. Le corps ensanglanté adossé à la grille s'écroule lentement, on ne pourrait même plus le reconnaître. Cassiel range sa shotgun tronquée dans son manteau et regarde le cadavre. Soudain, dans le silence et la noirceur, il se met à pleurer lui aussi.

- Je.. je leur est fait tellement mal.. Je.. Je ne suis pas mauvais !.. Je ne suis pas une mauvaise personne pour autant, non ?! Pourquoi... pourquoi tant de violence !!!
Et il se prit le visage dans ses mains fines pour pleurer à chaudes larmes, émettant quelques bruits de tristesse des plus pitoyables et exubérant...

Le sang se répandait dans l'eau boueuse des égouts. Un filet du liquide rouge se dissipait dans la rigole alors que les lampes semblaient s'éteindre peu à peu. L'ombre engloutissait tout, il s'approchait peu à peu, il était attiré, comme une abeille s'approchant du pollen pour faire son miel, il voulait cueillir la vin des cieux pour s'approprier leur grâce. A chaque goutte il s'approchait de son jardin, les roses blanches devenaient cramoisie, reprenaient leur beauté d'antan. Des pas, lourds, précis, comme calculés résonnaient comme la mécanique d'une horloge, comme le battement d'un coeur. La poussière se soulevait du sol alors que la noirceur de ses pensées englobait toute lumière, rien ne restait, il caractérisait le néant. Un silence, pesant, était brisé toutes les trois seconds, bah cette même impulsion, lente. On ne distinguait plus rien. Les espions s'étaient séparés en deux groupes de 5 personnes, essayant ainsi de limiter les pertes.

Malheureusement, le premier groupe tomba sur le couloir des geôles. Ce couloir est appelé ainsi car la silhouette démoniaque y rôde souvent, et lorsque l'on emprunte ce passage, on entre dans sa prison d'ébène. Toute notion du temps disparaissait, les lieux déjà sombre disparaissait, comme si les humains devenaient aveugles. On pouvait entre des cliquetis dans l'eau, les jambes qui tremblaient des espions pris de cécité agitant le liquide trouble. Que ce passait il? Ils tiraient tous, mais c'est comme si aucun bruit ne résonnait, seule les cartouches tombant au sol éclataient dans un bruit métallique. Plus rien. Chaque torche se rallumait peu à peu, et il était assis, sur le coté, avec cinq hommes tous droits, dos à lui. Immobiles, pourquoi? Ils étaient devenus déments? Non, ils avaient perdus la tête, au sens propre. Chacun tomba à son tour tels des dominos, pour ensuite flotter et s'écouler dans les égouts. Il ne s'était passé qu'une petite minute, qui avait semblé durer une éternité. Tenant son épée des deux mains, Blake fixait droit devant lui, comme à l'affût. Il ne disait rien, et scrutait le mur. A chaque homme tué, il gagnait une clef pour la porte aux milliers de serrures du paradis.

Où était-il passé. Ange. L'homme qui était autrefois en tombé devant lui d'admiration et de stupeur. Ce jour là, il avait assassiné à lui seul une dizaine d'homme de ses mains, exploit plutôt exceptionnel. Mais il restait encore une vingtaine d'homme, et sans rien, il n'arriverait à rien. Mais une ombre géante apparut, formée d'une silhouette d'homme, et de quatre ailes énormes, grandissant, recouvrant chaque humain, les aveuglant. Morts, ils l'étaient tous. Avant que Cassiel n'ait pu s'en rendre compte, quelque chose les avait coupés. Une créature marchait vers lui, avec la prestance d'un prince mais le regard d'un assassin, et ses lorsque que ses bras s'immobilisèrent qu'il put apercevoir une arme à la lame étrange, devenant brumeuse dans les mouvements. L'homme se contenta de se baisser vers le jeune homme, et de lui souffler dans l'oreille.

" On ne joue pas avec les morts. Ce sont des clefs vers le royaume des Anges. "

Voila quelque temps que cet Ange était à ses cotés, recherchant les clefs comme lui, lui offrant chaque sacrifice, avec bonheur. Mais malgré ses grand talents, il ne pouvait s'empêcher de jouir du sang, de rire de la faux du diable arrachant les âmes des cadavres répugnants. Parfois, il devait châtier cet Ange, mais le plus souvent, il le félicitait, comme un père et son fils. Il n'était pas égoïste, et il avait promis à Cassiel de l'emmener avec lui, où qu'il irait. Un jour, il lui présenterait même sa ...

Un cri retentis. Encore une migraine, le vampire était à genoux. A chaque fois qu'il pensait à elle, sa tête lui faisait mal, mais cela ne durait que deux ou trois secondes. Il se releva, le regard caché par ses cheveux. Rangeant son épée, il s'approcha des deux charognes n'ayant pas été emportées par l'eau, et arracha chaque membre, comme on casse une poupée. Le sang tachait sa veste, son visage, ses mains. Il attrapa les mains, et arracha un à un les ongles, alignant à chaque pulsion:

" Elle est. Elle n'est plus. Elle sera. Elle est. Elle n'est plus. Elle sera. Elle est. Elle n'est plus. Elle sera. Elle est. Elle n'est plus. Elle sera. Elle est. Elle n'est plus. Elle sera. "

Après la troisième main, il avait finis sur "elle sera". Cela l'avait calmé, et dans son délire, il se disait que tout était juste, il allait la retrouver, il pourrait à nouveau chasser pour elle, la protéger, survivre pour elle, vivre avec elle. A présent, il marchait à une cadence saccadée, à la recherche de l'Ange. Il avait entendu un vacarme fou, et avait deviné qu'il avait encore joué avec ses proies. Suivant l'odeur du sang, il arriva près d'une impasse, ou bout de laquelle il entendait des gémissements.

- Je.. je leur est fait tellement mal.. Je.. Je ne suis pas mauvais !.. Je ne suis pas une mauvaise personne pour autant, non ?! Pourquoi... pourquoi tant de violence !!!

Il pleurait, il se faisait peur. Une main se posa sur son épaule alors qu'il ne s'en était pas rendu compte, et alors qu'il tourna la tête, une gifle retentit dans les égouts. Le silence s'imposa de lui même, plus de larme, plus de respiration, le simple bruit de l'eau qui cour. Comme sa mère l'avait fait un siècle plus tôt, August ferma les yeux, et avec un petit sourire, il attrapa le jeune HLL dans ses bras. Et comme au premier jour de leur rencontre, il chuchota:

" On ne joue pas avec les morts. Ce sont des clefs vers le royaume des Anges. Tu es un de ses anges, tu as perdu tes ailes. La violence n'est qu'une étape. Je t'avais fait promettre d'être rapide. En étant sadique, tu nous éloigne de notre but, comprends tu? Tuer, n'est rien. Mais si tu as la conviction d'être une mauvaise personne, tu en es une. "

Il s'arrêta, et desserra son étreinte. Malgré ses doux propos, son regard était grave, et son ombre ondulait derrière lui comme tel un serpent pris d'impatience. Après quelques secondes, il annonça clairement:

" C'est ce qu'elle aurait dit, mon Ange. "

Cassiel braillait, braillait de plus belle à s'en déchirer les poumons. Pourquoi pourquoi ?! Sans cesse, cette question se répétait, martelait son pauvre crâne. Et alors, quelque chose de fantastique se produit. Une main se posa sur l'épaule de l'Ange, et calma aussitôt sa peur. Cassiel retourna son visage, ses yeux étaient plein d'eau et ses mains pleines de sang. Son regard... était celui d'un fil qui retrouve son père, son protecteur...

La gifle fut spectaculaire, Cass tomba violemment dans l'eau malsaine des égoûts et se remit alors à pleurer en silence, se tenant le joue douloureuse. Le silence... Le vampire debout, l'ange à ses pieds, gémissant comme une fillette. Il avait vraiment très mal, très très mal...

Et dans toute son infinie compassion, dans toute sa sagesse obscure, August vint récupérer le coeur de Cassiel. Il le releva, le prit dans ses bras, alors que Cass évitait de regarder son supérieur, honteux de sa propre bétise. Il était si faible... Si pitoyable... Mais tellement sécurisé par cette étreinte. Son maître avait droit de faire ce qu'il voulait de lui. S'il l'avait frappé, il avait une bonne raison. Il en avait le pouvoir, il en avait le droit. Cassiel posa son visage défiguré par des grimaces pleurnichardes, écoutant les douces paroles de son mentor...

- On ne joue pas avec les morts. Ce sont des clefs vers le royaume des Anges. Tu es un de ses anges, tu as perdu tes ailes. La violence n'est qu'une étape. Je t'avais fait promettre d'être rapide. En étant sadique, tu nous éloigne de notre but, comprends tu? Tuer, n'est rien. Mais si tu as la conviction d'être une mauvaise personne, tu en es une.

Cassiel cessa de pleurer, il regardait maintenant August en face, posait ses yeux d'enfant désolé dans ceux, sévère, du père qu'il n'avait jamais eu. Replaçant ses cheveux, fesant une moue défaite et triste, il ne compris pas très bien les paroles que Black August dit par la suite.

- C'est ce qu'elle aurait dit, mon Ange.
Elle... qui était-elle, se demanda l'ange. Elle, ça devait être la déesse ! La déesse dont tous ces HLL parlaient... Ce ne pouvait qu'être cela. Ainsi, l'assassin prit quelques secondes pour réfléchir, puis dit d'un ton rassuré, illuminé et exstatique ;
- Je suis une bonne personne ! Je le sais ! Je récolte les clés du paradis ! Je vais récupérer mes ailes !!! Et je vais te suivre, parce que tu es... si sage... ho merci de me faire voir la lumière, je comprend mieux maintenant...

Cassiel avait le regard vite, dans le néant. Cette claque l'avait vraiment égaré dans ses pensées. Mais au moins, maintenant, il arborait une expression de relative sérénité, et restait béa devant son divin compagnon. Un autre silence... Cassiel avait les yeux dans le vide, puis soudain il émit un petit rire gamin, avant de regarder à nouveau son maître.

- Je tuerai pour toi August... Je tuerai pour toi.. et je t'ouvrirai les portes du paradis. Je te le promets je te le promets, crois moi, je serai à la hauteur, tu seras fier de moi, et je te donnerai des ailes. Protège moi August, ne me laisse pas surtout... Je ne veux pas être seul..

Et Cassiel se blottit doucement contre son maître, dans le confort de son être glorieux. Dans un soupir, l'ange finit sur ces quelques mots ;
- Que dois-je faire maintenant mon seigneur ? Où dois-je aller pour récolter les clés du ciel ?..

L'Ange semblait trouver du réconfort dans ses bras. Malgré la douleur, il restait silencieux et admiratif, alors que le vampire restait froid. Les clefs du Paradis, voila une tâche divine dont eux deux ne pouvaient se détourner. Il avait toujours baigné dans le sang pour Elle, et il continuerai jusqu'à son repos promis par l'organisation sainte : l'ADH. Comme les croisades vers Jérusalem, il continuerait de pourfendre les humains dans son absolu égoïsme et dans sa folie étrange. Son compagnon était perplexe face à lui et semblait réfléchir, cela se voyait à sa moue.

August avait beau avoir eu une éducation respectable pendant son enfance, il était devenu sauvage, puis, la mort de sa moitié avait provoqué chez lui un retour au berceau, il était devenu extrêmement calculateur, silencieux, et froid comme un enfant surdoué, à la recherche de sa mère par les plus vils procédés. Et son ami était comme un puissant gamin ayant besoin d'un leader pour lui aussi retrouver ses plumes blanches d'antan qui couvraient les ailes de son dos.

- Je suis une bonne personne ! Je le sais ! Je récolte les clés du paradis ! Je vais récupérer mes ailes !!! Et je vais te suivre, parce que tu es... si sage... ho merci de me faire voir la lumière, je comprend mieux maintenant...

La lumière. Il n'y avait bien que l'Ange pour voir de la lumière chez cet homme funeste, dont l'ombre vivante rendait l'apparence plus noire que la nuit profonde. Un guide, ce démon était un guide, menant les êtres perdus dans l'apocalypse vers un sanctuaire céleste. Sa disparition aurait signifié la dissipation de tout espoir de survie. Dans l'ADH, son autorité s'était imposée d'elle même, après tout, ce vampire n'avait rien de spécial, sauf si il était pris de migraine. A ce moment là, ses 128 ans de vie dans le froid, la faim, la douleur, jaillissaient pour faire de lui un train vers l'enfer. Sage, ce mot lui allait comme un gant. Une sagesse obscure, ses décisions étaient les bonnes, aux yeux de tout enfant perdu.

- Une bonne personne.

Il avait chuchoté cela tel un écho, avec une note d'interrogation. Il se demandait pourquoi il bloquait sur ces mots. Après mûres réflexions, il ne parvint à rien. Sûrement un vieux souvenir s'étant éparpillé dans ses songes. Il lâcha Cassiel, et observa les égouts derrière lui. Un silence profond, et la même odeur de sang. Il n'y avait plus d'intrus, il en était certain. Il regarda alors le Hors-La-Loi de face, et l'observa attentivement. Un pressentiment.

- Je tuerai pour toi August... Je tuerai pour toi.. et je t'ouvrirai les portes du paradis. Je te le promets je te le promets, crois moi, je serai à la hauteur, tu seras fier de moi, et je te donnerai des ailes. Protège moi August, ne me laisse pas surtout... Je ne veux pas être seul..

Seul. Non, il ne le laisserait jamais seul, car il le savait, cet Ange était un présent des cieux, et malgré ses coups, il n'aimait pas à le frapper. Encore moins, que quelqu'un d'autre le frappe. Dans ce cas là, soit il punissait la personne avec vitesse et efficacité, soit il laissait Cassiel jouer avec la "nourriture". S'il savait, August était déjà fier de lui. Jusqu'à présent, c'était le seul être dont il n'éprouvait pas l'envie d'ôter la vie. Cassiel se blottit contre lui avec douceur, cherchant quelconque réconfort, et demanda sur une voix douce ce qu'ils devaient faire à présent.

- Peut-être que s'aventurer au Dragon Rouge serait une bonne idée. Cela fait un moment que je n'ai pas croisé de nos compagnons, à force de chasser en ta compagnie. Là bas, on pourrait trouver des informations précises, ou des missions. Autant être serviable tout en suivant nos principes.

- Peut-être que s'aventurer au Dragon Rouge serait une bonne idée. Cela fait un moment que je n'ai pas croisé de nos compagnons, à force de chasser en ta compagnie. Là bas, on pourrait trouver des informations précises, ou des missions. Autant être serviable tout en suivant nos principes.

- Oui maître...
L'ange embrassa doucement la main de son guide... la même main qui l'avait frappé avec force. Cassiel sourit, sa peur et son angoisse étaient passées. Maintenant, il était près à suivre son mentor pour trouver de nouvelles clés, de nouveaux chemins, ouvrir de nouvelles portes. Docile comme un chien de poche, le Pur suivit les dires d'August et commença à se diriger vers le Dragon rouge en remontant les égouts.

Il porta un regard compatissant envers la tête qui flottait dans l'eau malpropre, puis marcha penaud, serein, un petit sourire perdu dans son visage.

Cassiel marchait tranquillement, sans dire un mot, seulement heureux du déroulement de sa vie, arpentant ces tunnels qu'il connaissait si bien. Des éffluves fétides remontaient partout, mais son nez ne les percevais pas, car ce sens s'était attrophié au cours des années. Il avait l'air d'une grande poupée, sans plus. Une grande poupée animée au sourire froid et psychotique. Grande poupée qui voyait, entendait, mais ne sentait rien. Grande poupée si facilement manipulable, au coeur de chiffons.

Tout en arpentant les conduits du souterrain, Cass s'amusait à imaginer des formes dans les murs et dans l'eau crasseuse des égouts. Il regardait les rats et se demandait bien s'il pouvait jouer avec eux... Juste jouer. Ils étaient si drôle, ces bestioles, ramper sur le bord pour ne pas couler. Se sauvant des deux individus comme de la peste... Cassiel aurait bien poursuivi l'un de ces animaux, mais pas devant Black August... Il voulait avoir l'air stoïque, l'air de quelqu'un qui sait se contenir. Il voulait qu'il soit fier ! Qu'il se dise "il est fort, il sait faire preuve de contrôle !".

À la place de courir bêtement après les pauvres rongeurs, le meurtrier les pointa du doigt en jetant un air extatique à son maître qui le flanquait. "Regarde ces jolies bestioles !" pensait Cassiel. "Regarde comme elles sont drôles et fragiles ". "Des rats !!!" Et tout en marchant, Cassiel se permit de danser... Des chants jouant dans sa tête, il se laissa fermer les yeux et se laissait emporter par la musique, avançant dans des gracieux pas de danse frénétiques et fluides. Les bras battant l'air, fesant des vagues dans le vide, les cheveux rouges flamboyant... Tout ça pour la folie d'un meurtrier ivre d'amour...

La parade glorieuse et terrible précédant le monstre, précédant le maître, celui qu'il fallait respecter, la main de la mort, l'ombre noire, le pur seigneur guide des âmes perdues.
Attention attention, voici la parade du vertueux. Il annonce l'arrivé du sombre, respectez le et il vous donnera des ailes. Désobéissez et il vous arrachera le coeur ! Regardez regardez comme l'Ange se donne corps et âme ! Regardez...

Et personne ne vit, car personne n'était là. Personne n'entendait la musique. Mais Cassiel s'en fichait. Le symbole y était. Il croyait à la porte des anges, il croyait en son destin, et il savait que sa faim de lumière et son amour le mèneraient jusqu'au paradis éternel... Le calme revint lorsque Cassiel rouvrit les yeux, le coeur en feu, son regard fou et diaboliquement euphorique tombant directement sur la porte menant à l'extérieur des égouts...