Une mission délicate (1e partie)

Cela faisait déjà deux jours que Beldan et Gangrel s'étaient mis en quête de Fennel. Le Butterfly avait une vague idée des endroits qu'elle fréquentait, mais encore fallait-il y être en même temps que sa cadette. Ces deux jours ne l'avaient pas dissuadé d'abandonner le projet de Gangrel, bien au contraire. Il y avait longuement réfléchit et il était de plus en plus persuadé que cela était une bonne idée qui valait le coup d'être tentée.

Il jeta un coup d'oeil à Gangrel. Les deux Butterflys s'étaient rapprochés durant ces deux jours de recherche et il se sentait mieux qu'il ne l'avait été depuis bien des années. Le mot "famille" prenait réellement un sens et il considérait désormait Maeva comme sa soeur de sang et plus seulement d'infortune.

Il avisa alors le musée et entama un visage serré pour aller se poser en douceur et avec grâce dans le petit parc derrière. Il faisait nuit. Encore. Après tout, la nuit était le moment le plus propice pour les rencontres entre créatures pourchassées non? Mais s'il s'était posé là, ce n'était pas par hasard. Il avait senti la présence d'un autre Butterfly. Et ce Butterfly n'était autre que Fennel.

Il replia donc ses ailes immenses dans son dos, avant de jeter un regard à Gangrel et d'esquisser un petit sourire rassurant. Sa soeur avait sans doute senti le Butterfly F aussi. Maintenant, restait à savoir si Fennel viendrait à leur rencontre... Si elle venait, cela laisserait déjà augurer un dialogue plus facile. Dans le cas contraire...

Beldan aimait bien la jeune fille, c'était d'ailleurs lui qui lui avait donné son nom. Il espérait juste qu'elle l'appréciait aussi. Il pensait que oui, mais étant donné la fragilité psychologique de Fennel, il ne pouvait être sûr de rien...


[Bon ben, Gangrel, Fennel, à vous mes chéries ]

Comme beaucoup d'autres nuits, la Butterfly F avait volé jusqu'au petit parc derrière le musée. D'ailleurs une fois qu'on y était il ne paraissait pas si petit que ça... Les gérants du musée y prenait apparemment grand soin. Fennel était assise dans l'herbe, sa douce main de pianiste accomplie effleurant la rocaille qui ornait une sorte de bassin tandis qu'elle admirait le reflet de la pleine lune sur la surface lisse de l'eau. Le regard dans le vague, elle semblait si fragile et perdue...

Une sorte de sifflement vint troubler le lourd silence nocturne. Deux personnes s'approchaient, et part la voie des airs... Qui pouvaient-ils bien être, sinon d'autres Butterfly ? Ces frères et soeurs n'entendaient jamais parler d'elle, et Fennel se fichait totalement de ce qu'ils pouvaient devenir. A part peut-être Beldan... Le seul être envers qui elle éprouvait quelque chose. Il lui avait donné son prénom : Fennel. Elle aimait beaucoup ce nom... Mais peut-être que si c'était quelqu'un d'autre qui lui avait donné l'aimerai-elle moins...

Elle se leva avec grâce, comme chacun de ses mouvements d'ailleurs. Elle fit quelques pas, se rapprochant des nouveaux venus... Elle les reconnaissaient.

- Bonsoir Beldan...

Quel était le nom de l'autre ? Mmh... Ah oui, elle s'en rappellait maintenant... Gangrel était sa petite soeur. La Benjamine des Butterfly... Il lui semblait bien avoir entendu un de ses aînés l'appeller Maeva.

- ..., bonsoir Maeva.

"Bon... Bonsoir Fennel."

Pauvre Gangrel. Elle qui avait pourtant tout en tête ne savait plus par quoi commencer. En fait, une vague d'angoisse même tenta de s'emparer d'elle quand elle vit Beldan s'écarter assez pour qu'elle ne soit plus trop en retrait. Mais après tout, c'était à elle de jouer, non? Pour une fois elle réalisa que sans l'aide de son frère, sans doute n'aurait-elle finalement rien tenté. Trop faible, trop lâche, une honte pour les Butterfly.

Elle baissa les yeux, hésitant sur les premiers mots à dire. Une conversation peine souvent à débuter, c'est bien là la part la plus difficile, surtout pour quelqu'un comme Maeva. Mais finalement, elle se décida à relever la tête, offrant tant bien que mal un petit sourire qui se voulait doux et chaleureux.

"Oui, j'aurais voulu te parler d'un projet que j'ai en tête, mais..."

Elle dévia les yeux sur Beldan, avant de revenir sur Fennel. Elle ne l'avait pas vu depuis des années, tout comme la plupart des autres Butterfly d'abord, et aussi surprenant que ça puisse paraître, elle en venait à se demander comment sa soeur avait bien pu vivre ce temps de solitude.

"Avant je voudrais savoir si la vie que tu mène te convient, si tu te sent bien dans ce monde."

Sans doute cela pouvait-il paraître un peu bête, mais avant d'aller plus avant, la petite Maeve préférait tâter le terrain, pour savoir quel discour serait le plus adapté à la situation.

Oui elle en était sûre et certaine maintenant. C'était bien Beldan et Maeva... Curieux qu'ils soient venus jusqu'ici. Pour lui parler ? Simplement lui parler ? Non ils avaient quelques chose en tête c'était sûr... Elle s'approcha davantage d'un pas assuré malgré son handicap. Elle sentait par une sorte de sixième sens l'angoisse de Maeva. De toute façon, sixième sens ou pas, cela se lisait dans sa voix tremblante et male assurée. Tient... Pourquoi lui demandait-elle si tout allait bien pour elle ? Et pourquoi avait-elle l'impression que Bendal était là pour la protéger ? La protéger de qui ? D'elle ? Toutes ces questions tournoyait dans son esprit. Quant à celle de Gangrel... Etait-elle vraiment heureuse, seule dans son manoir vide où seul le piano pouvait lui rendre le sourire...? Non bien sûr. La solitude devenait plus lourde de jour en jour... Pour une fois, son masque d'adolescente inscouciante tomba le temps de quelques secondes.

- Pourquoi ne me sentirais-je pas bien ? Il est vrai que ces tueurs sont exaspérants, je ne leurs est rien fait... Mais mis-à-part ça...

*...et la solitude...*

- ...tout va bien pour moi.

Il lui avait bien semblé percevoir quelque chose sur les traits de sa soeur, comme une expression contraire aux mots qu'elle laissait échapper ensuite. Comment être heureux dan ces circonstances? Oh, certains devaient bien y arriver, mais plus elle regardait Fennel, plus elle doutait de cet état de fait. Elle tourna très légèrement son regard vers Beldan qui parlait à son tour. Avait-il aussi perçu comme une contradiction?

De toute évidence oui, et mieux que Maeva elle-même. Si il n'y avait que les Tueurs... Mais être toujours seul finissait peut-être par pousser à les apprécier? Eux qui venait mettre un peu de mouvement dans la banalité de la solitude. Même si c'était aussi lassant que malsain. Mais elle doutait que Fennel soit de ceux-ci, aussi surprenant que cela aurait pu paraître, Gangrel se refusait à chercher du mal dans les pensées de sa soeur, depuis ce vague changement d'expression en réponse à sa question.

"Il y aura toujours des Tueurs pour nous pourchasser, et des créatures pour nous détester."

Peu importe l'espèce, qui pouvait décemment aimer les butterfly's? Entre les humains piégés dans ce monde qui ne rêvent que de les supprimer, entre les créautes natives d'Adhénor qui ont vu leur existence malmenée, il n'y avait donc rien ni personne qui puisse vouloir les aider, à part eux-même.

"Fennel... Si nous partions loin d'ici? Tenter de trouver un monde sans humain pour nous faire souffrir? Qu'en penserais-tu?"

Entre-temps, elle était revenue fixer sa soeur. Même si elle se doutait qu'un regard ait une quelconque impact étant donné sa cécité, elle ne cachait en rien sa propre peine, même si cela pouvait être considéré comme une faiblesse.

[Exscusez mon retard, j'étais en vacance !! En fait j'y suis toujours mais je reviens bientôt et je suis actuellement devant un ordi portable ^^]

Elle sentait le regard de Beldan dans le sien. Bah... Après tout c'était possible, elle était une butterfly est le fait qu'elle n'avais jamais remarqué qu'elle pouvait sentir quand quelqu'un la regardait dans les yeux s'expliquait par le fait que personne d'autre ne s'y était jamais risqué. Ses yeux dorés ne voyaient pas, mais son âme : si.

Maeva parlait... Que disait-elle ? Un nouveau monde ?! De toute façon, l'idée qu'il existait une possibilité qu'elle soit heureuse un jour lui paraissait tellement impossible...

- Les humains nous ont bien suivis jusqu'ici... Ils pourront toujours recommencer. En supposant bien sûr que l'on trouve cet autre monde, vide, à l'âge d'or...

Bien sûr, Beldan et Gangrel y avait certainement pensé. Mais dans ce cas, pourquoi lui proposaient-ils cela quand même ?

- D'autant plus que je doute qu'être seule avec mes aînés et ma petite soeur me rende heureuse...

Elle ne pouvait en être sûre mais elle supposait bien qu'elle n'était simplement que la première sur la liste des personnes à convaincre... Et son aîné et sa petite soeur ne l'avait sans doute pas remarqué, mais le fait qu'elle dise les considérer comme ses frères et soeurs était une sorte de compliment venant d'elle. Car c'était elle ne le pensait pas vraiment bien sûr... Elle avait disons "mentit pour leur faire plaisir". Ainsi ils auraient l'impression que l'affaire avait bon espoir d'être gagnée... Mais au fond, certainement souhaitait-elle qu'ils la convainc réellement...

Gangrel ne savait pas vraiment si il fallait prendre les mots de sa soeur comme un compliment ou une insulte. Elle préféra simplement s'abstenir, trouvant au moins positif le fait d'être au moins considérée comme étant d'une quelconque famille, aussi étrange qu'elle puisse être. Elle avait entrouvert les lèvres pour répliqué, mais Beldan fut plus rapide et elle préféra lui laisser pleinement le choix de ce qu'il allait dire, même si sur certains points elle n'était pas particulièrement d'accord. Se faire craindre dans un autre monde... Cela finirait par le rendre pareil à celui-ci sur le long terme. La peur n'apportait que l'incompréhension et le sang, rien de plus.

Mais là toujours elle ne dit rien, se contentant de baisser les yeux un court instant avant de les relever sur Fennel comme pour chercher une variation, un petit quelque chose. Elle ne s'était pas détournée, elle ne leur avait pas rit au nez, en sommes, malgré ses propres mots, elle était disposée à écouter et donc à se faire peut-être convaincre?

"Fennel, sincérement... Qu'est-ce qui est pire? Rester seule dans un lieu abandonné en se demandant si la prochaine personne qui s'approche n'est pas là pour te tuer? Ou essayer de trouver un endroit différent en compagnie des seuls êtres de ce monde qui puissent encore comprendre ne serait-ce qu'un dixième de ton existence?"

Elle préférait ne pas prétendre la connaître, ça aurait été mentir et Gangrel n'y tenait pas. Mais si il y avait une chose commune à tous les Butterfly's, ce devait bien être cette solitude où il faut tuer pour ne pas mourir, où la simple sampathie parait interdite.

Gangrel était la plus convaincante. Simple, sincère... Elle était franche. Et la franchise est l'art de penser ce que l'ont dit, et non de dire ce que l'on pense... Beldan lui, était un véritable acteur. Son ammabilité n'était qu'un masque... Du moins était-ce l'impression qu'il donnait à Fennel à présent.

- Tu as sûrement raison Maeva. Mais il y a la possibilité que tout recommence dans cet autre monde... Dans ce cas, ouvrirons-nous de nouveaux portails indéfiniment ? Fuirons-nous toute notre vie ? A supposer encore qu'il existe d'autre monde... Avant de venir faire le tour des Butterfly dans l'espoir de convaincre, avez-vous la certitude de ce que vous avancez ?

Elle les regarda tour dans à tour dans les yeux, de son regard aveugle... Elle ne les voyait pas, mais elle les devinaient.

Gangrel ne savait à vrai dire plus par quel bout exprimer son opinion. Toutes les questions, aussi pertinentes qu'elles étaient possédaient toute une réponse identique: de toute manière, comment savoir sans avoir essayé? Ses yeux inquiets allaient de l'un à l'autre, surprise de voir sonf rère ainsi s'emporter. Etait-il aussiconvaincu qu'elle-même à présent? Elle en avait douté, enfin douté de sa certitude, l'imaginant plus hésitant que convaincu, mais sans doute pas moins désireux d'essayer. Mais le débat n'était pas fini, et plus que tout, Maeve ne désirait en aucun cas que le ton monte, même dans la passion, de crainte peut-être que les perceptiond e chacun ne transforme cela en une forme d'agression. Elle reprit de sa voix douce, un peu tremblante par la timidité sans doute.

"Beldan a raison... Peu importe ce qui se passera après, nous pouvons au moins essayer, ce sera toujours mieux que de rester dans l'ignorance."

Elle se reporta simplement sur Fennel, n'ayant malheureusement pas grand chose à apporter à sa dernière question. Certains? Comment l'être? Rien n'est sûr dans ce monde, pas plus que dans le monde des humains. La seule chose évidente, c'est que tôt ou tard, ils finiront pas disparaître ou par sombrer tous, perdus dans un monde qui ne veut pas d'eux.

"Comment avoir une quelconque certitude? Toi-même es-tu certaine d'être encore en vie demain? Sais-tu si cette existence ne t'aura pas rendue folle d'ici quelques années? Et comment pourrions-nous savoir si c'est le paradis ou l'enfer qui nous attend derrière un autre portail? Nous ne pourrons jamais rien savoir, à moins de chercher une réponse, tu ne crois pas?"

Elle baissa ensuite les yeux, un peu embarrassée, mais au moins elle avait dit ce qu'elle pensait, la suite appartiendrait à Fennel.

Complétement perturbée, Gangrel avait baissé les yeux, son visage prenant une teinte un peu plus pâle. Elle n'avait pas pensé au risque qu'ils pourraient faire courir pour un autre monde si les humains les suivaient, mais en même temps... Un étrange mélange de colère et d'incertiture lui firent serrer les poings. Elle releva les yeux sur Fennel qui s'était rapprochée de Beldan. Non, elle ne voulait pas? Ou si mais elle préférait s'amuser à contrer? Si cela ne l'avait pas du tout intéressée, elle serait probablement déjà partie.

"J'ai au moins la décence de laisser le choix à mes semblables... Vous, jamais vous ne m'avez laisser choisir. J'ai dû accepter votre fuite, l'entrée dans ce monde, et les années de terreur qui s'en sont suivies."

Tout était infuste, mais plus encore, elle en venait à ressentir ce sentiment horrible qu'elle s'était juré de ne jamais suivre. La frustration, la haine, tout ce qui pouvait faire de n'importe qu'el être un simple monstre. Ainsi espérer la paix et tenter d'agir pour elle était le rêve des imbéciles? Gangrel releva la tête sans pour autant regsrder ni son frère qui pourtant l'aidait, ni sa soeur dont elle s'épuisait à discerner les réelles pensées.

"Si cela ne t'intéresse pas, chère soeur, soit. Si toi tu ne veux pas, cette discussion n'a pas de raison d'être ni avec toi, ni avec le reste de ce que je n'ose même plus considérer comme une famille."

Il y avait presque de la méchanceté dans ses mots, mais aussi subitement qu'elle les avait lâchés, elle s'était plaqué ses petites mains sur la bouche. Elle avait trop parlé cette fois, et aussi étrange que cela puisse paraître, même si ça lui avait fait du bien d'émettre un semblant de critique, elle s'en voulait. Affolée de ses propres mots, elle recula de quelques pas.

Ils marquaient un point de plus... Et Maeva avait enfin exprimé le fond de sa pensée, perdant patience. C'était cela qui avait achevé de la convaincre. De toute façon, elle n'en pouvait plus de cette vie éternellement monotone... Pourquoi avait-elle suivi ses frères et soeurs jusqu'ici ? Sans vraiment comprendre pourquoi, elle se sentait...changée.

- Suis-je incluée dans le "vous" ? Cela me vexerais... On ne m'a pas laissé le choix non plus. Personne ne nous l'a jamais laissé. Seule cette nouvelle vie à l'écart de tout nous a laissé choisir...

Elle sentait le regard de Beldan. Pourquoi fallait-il qu'elle soit aveugle ? Elle aurait tant voulu contempler le monde au lieu de le deviner ! Peut-être qu'au fond c'était pour ça qu'elle ne voulait pas partir... Elle devinait de la beauté dans ce jardin, et elle espérait tant la voir un jour...!
Une larme roula sur sa joue, et elle baissa la tête. Elle n'était plus une Butterfly intraitable, froide, distante, mais tout simplement Fennel. L'espace d'un instant.

- Je veux bien venir avec vous, essayer de convaincre les autres...