L'entrepôt B

Invité

[ Pour qui veut ! Enfin, il vaudrait p'tre mieux que ce soit quelqu'un de l'ADH, mdr. ]

La nuit tombait à peine lorsque la porte de l'entrepôt B coulissa lentement sur le côté avec un bruit de métal rouillé. Aussitôt, une petite silhouette passa l'entrebâillement et referma de suite derrière elle avec un clash sonore. Pas question d'être surprise par des importuns. Ou par la Mort. Elle avait une tâche à accomplir : elle aurait tout le temps de faire joujou avec la Faucheuse après.

Dans cet semi-obscurité, le capuchon de son long manteau cachait entièrement le visage de la silhouette sous un voile d'ombres, ne révélant qu'un menton encadré de mèches auburns et une bouche aux lèvres rosées. En silence, elle s'approcha des imposantes caisses. Elle avait entendu dire qu'un nouveau modèle était disponible dans l'entrepôt B. Nouveau modèle de quoi ? Ca, elle ne le savait pas. Pas encore. Mais même si elle comptait toujours utiliser le semi-automatique de son père comme arme de poing, sa curiosité avait été assez piquée pour que la nuit venue, elle s'y rende sans plus de cérémonie. Une lunette de visée téléscopique plus précise ne serait pas du luxe.

Des doigts fins et longs firent tomber la capuche, dévoilant un visage délicat à demi caché par un masque de velours noir. Lilith, car ce ne pouvait être qu'elle, fit glisser une mèche récalcitrante derrière son oreille et scruta les lieux de son regard opiacé. Personne. Tant mieux. La dernière fois qu'elle avait mis le pied dans un des entrepôts, elle était tombée sur un nouveau pré-pubère complètement surexcité qui n'avait pas eu la décence de se jeter du haut d'un pont. Elle retira son long manteau et le laissa traîner sur le sol de béton poussiéreux. Un peu plus sale, un peu moins... elle n'était pas là pour faire un défilé.

Vêtue d'un pantalon de coton et d'une chemise, tous deux noirs, elle ne prit pas la peine de retirer ses mitaines de cuir lorsqu'elle tira à elle un des draps gris qui recouvraient les nouvelles fournitures d'armes et souleva le couvercle de l'une d'elles de quelques centimètres. A voir la silhouette massive du canon, ce n'était pas ce qu'elle espérait. Ma foi, son ancienne arme tirait toujours aussi bien. Elle lâcha le couvercle qui alla s'écraser contre la caisse bruyamment.

Beaucoup trop pour qu'il s'agisse d'une simple caisse de bois. Aussitôt, elle attrapa son manteau à bout de bras et se glissa derrière la première caisse, la crosse à la main. Personne n’osait s’approcher des chasses gardées de l’ADH. Seulement à les voir, ombres furtives mais bruyantes, se balader dans le coin, personne ne semblait être au courant que les entrepôts faisaient justement partie de ces chasses gardées. Du moins, c’était l’impression de Lilith.

La porte était justement en train de glisser sur ses rails métalliques avec un grincement sinistre.

[ Pas très long, mais bon... j'ai pas encore le perso en main. ]

Le lourd battant coulissa sur son axe en un douloureux crissement métallique, dévoilant une silhouette noire dans l'embrasure de la porte. Un souffle de vent froid s’engouffra dans le hangar, soulevant un léger nuage de poussière grisâtre. L'homme demeura quelques instants immobiles, observant les ténèbres alentours.

Et Camille pénétra dans l’entrepôt, sa natte blanche glissant dans son dos au moindre de ses gestes. Les pas du jeune homme résonnèrent en un écho creux alors que Camille avançait entre les entassements de caisses drapées de blanc, son long manteau noir laissant de larges arabesques dans la poussière.

Sortant sa main de sa poche, une lumière diaphane illumina les ténèbres alors que l'homme pianotait rapidement un numéro sur son portable avant de le porter à son oreille.
Lorsqu'il prit la parole, l'écho de ses mots résonna dans le lointain, déformant le timbre doux de sa voix en un susurrement irritant...

"Je suis sur les lieux Monsieur, comme prévu.
… … …
Bien entendu... "

Tout en parlant, la main de Camille glissa vers sa poche, sortant une cigarette qu'il porta rapidement à ses lèvres.

" … … …
Oui Monsieur, j'ai prit les dispositions nécessaires.
… … …
Oui, comme toujours."

Le ton de Camille oscillait entre l'ennui et l'agacement. Il plongea de nouveau sa main dans les replis de sa veste, sortant un briquet argenté qu'il fit glisser entre ses doigts, illuminant bientôt les ténèbres d'une clarté vacillante, révélant la teinte vermeille de ses yeux vampiriques.
La lumière glissa sur les ténèbres, repoussant les ombres, éclairant légèrement la cachette de la bannie et révélant à la vue du vampire les traces de passage sur le sol poussiéreux ainsi que le drap blanc sur le sol.

Et la lueur s'éteignit, plongeant de nouveau le hangar dans le calme nocturne. Camille aspira vivement sa cigarette, l’extrémité rougeoyante de la braise faisant scintiller son regard vermeil.
La voix dans le combiné poursuivit ses instructions.

" ... ... ...
Non Monsieur, pas de traces d’importuns."

Appuyé contre un tas de caisse, Camille expira en un vaste nuage de fumée, écoutant son interlocuteur d'un air ennuyé.

" ... ... ...
N'ayez craintes Monsieur, il n'y aura pas d'incident.
... ... ...
Bien Monsieur, merci Monsieur le Directeur."

Et Camille raccrocha, laissant tomber le portable dans la poche de sa veste. Il fit quelques pas en direction d'une caisse non drapée, s'y appuyant bientôt pour mieux observer le sigle gravé à sa surface. Le sigle de l'Hinra.
D'un air agacé, Camille souffla droit dessus sa fumée de cigarette...

"Quelle mission..." souffla t'il d'un air maussade en déposant son manteau sur la caisse. Désormais vêtu d'un costume plus digne d'un gentilhomme que d'un gardien chevronné, il fit quelques pas dans le hangar, l'air distrait.

" … et quelle ambiance ! " poursuivit t’il en déambulant entre les caisses, observant les lieux qu’il devrait garder pour la nuit. Il n’appréciait que peu les missions sur le terrain, et il n’aurait pas était contre une paisible nuit à pianoter sur son bureau un quelconque rapport. Ou mieux encore, une douce réception chez une quelconque célébrité du moment, comme agent infiltré peut être, ou bien comme invité. Il se pourléchait d’avance les babines en pensant aux suaves créatures qui devaient gambader en toute innocence dans ce genre de fête … à croquer sans faim …

Mais ce genre de réunion semblait se tenir à des milliers de lieux d’ici, hélas. Et le Directeur lui même, Môssieur Arthus, avait était bien clair sur ses instructions.
Camille sortit une petite fiole reliée de cuir de sa poche intérieure et, avisant une lucarne par laquelle il pouvait apercevoir la lune, il trinqua en son honneur.

"A la tienne, ma vieille ! Que ta nuit soit au moins aussi courte que la mienne ! " dit il avant de boire une longue gorgée, laissant vagabonder ses pensées vers l’astre lunaire.

Invité

L’homme qui entra dans l’entrepôt lui était inconnu. Il ne faisait certainement pas partie de l’ADH : il n’y avait pas de directeur chez eux. Personne n’appelait Sian Spelt comme ça. Aux dernières nouvelles, le seul autre dirigeant actuel était celui de l’Hinra. La seule idée d’avoir affaire avec un de ces humains lui donna des envies froides de meurtres, et sa main se crispa sur la crosse de son automatique.

A son pas conquérant, Lilith eut envie de lui tordre le cou. Et rien ne l’irrita plus que la mention d’importuns. Qui était l’importun ici ? Elle ou lui ? Sûrement pas elle. A tout point de vue. Elle était ici bien avant la naissance des Butterfly, bien avant l’arrivée des colons humains, bien avant les premiers cris de l’Hinra… bien avant toutes ces bêtises.

La lumière du portable donnait aux lieux un air fantomatique et Lilith n’eut donc pas de mal à garder un œil sur lui. Un vampire. Pas un humain. Première erreur : il serait plus difficile à éliminer. Tant pis… de toute manière, abattre un vampire, un homme… quelle différence ? Il faisait sûrement partie de l’Hinra. Son regard opium scruta les environs, cherchant un angle de tir avec calme. Les faiblesses physiques de son sang ne lui permettaient pas de faire des pirouettes à volonté et l’efficacité n’aimait pas toujours le grand spectacle. La créature non plus d’ailleurs : elle préférait loger une balle dans le crâne de sa victime plutôt que de la faire exploser. Déjà parce que c’était plus sûr et en suite, parce que c’était aussi plus élégant.

Deuxième erreur : le drap.
Lilith ne le remarqua que trop tard… Elle jura intérieurement. Si avec ça, il n’avait pas comprit que quelqu’un était passé récemment dans l’entrepôt et que ce quelqu’un avait de fortes chances d’être encore là… c’était qu’il était tout simplement débile. Il ne fallait pas trop compter dessus. Elle sortit aussitôt son arme en silence sans quitter l’intrus des yeux et s’arrangea pour que plusieurs caisses la séparent de l’intrus.

Quelques pas feutrés plus tard, elle se retrouvait dans le dos s’apprêtait à tirer sur l’intrus... lorsqu'elle réalisa que si elle ne demandait qu’à l’abattre d’ici, Sian ne l’entendrait sans doute pas de la même oreille. La Banie eut un soupir mauvais avant de se lever, canon pointé sur le dos de l’importun en costume cravate.

« Qui êtes-vous ? »

Le son de pas furtifs éveilla l'attention de Camille bien avant que Lilith n'ait émit la moindre parole. Secouant légèrement la tête en refermant sa fiole, Camille soupira : la nuit ne serait visiblement pas tranquille. Peste ! L'intrus aurait au moins pu avoir la décence de quitter discrètement les lieux au lieu de se montrer. Maintenant il allait devoir le tuer. Quel calvaire, vraiment.

Enfin, au moins la nuit serait plus agitée qu'une simple nuit de garde ... pensa t'il en se retournant.
Il ne s'agissait pas d'un intrus, mais d’une intruse, réalisa Camille avec un petit sourire. Bah, quelle importance ... une simple humaine. Que pouvait elle espérer face à lui, s'il le souhaitait il pouvait être près d'elle avant même qu'elle ne tire.

Il déclara rapidement:
"Monsieur Galineas. Agent Gouvernemental.
Veuillez lâcher votre arme ainsi que toutes celles actuellement en votre possession. La détention d'arme à feu est prohibée par la loi, vous êtes en état d'arrestation. En cas de non collaboration de votre part vous serez mise hors d'état de nuire. Il n'y aura pas d'autre sommation.
Camille sourit d'un air séduisant
Pardonnez le formalisme de ma requête, la procédure, tout ça ... Et croyez bien que je répugne à ne pouvoir faire preuve de toute la courtoisie qui vous ait du, demoiselle." dit il en s'inclinant légèrement, la fixant de son regard vermeil.