Contemplation

Ambroise avait décidé pour une fois de ne pas rentrer dans sa demeure directement après cette chasse fructueuse...Pas la meilleure qu'il avait eu, mais suffisante pour étancher sa soif. Il se terrait de moins en moins depuis quelques temps, bien que la notion de durée fut différente pour un vampire que pour un humain. Et soudain, en arrivant sur cette place, son ivresse, dûe au sang avidemment absorbé, s'apaisa. Ambroise avait tout à coup changé intérieurement, il était maintenant calme, quiet, rêveur et sensible au charme du lieu. La fontaine faisait entendre son doux murmure et reflétait l'éclat du ciel nocturne. Il repensa alors à des vers d'un artiste dont il n'était plus sûr du nom, chantonnant dans un murmure la mélodie, certain que personne ne l'entendrait car il ne voyait personne...bien qu'il n'ait pas regardé attentivement et qu'un observateur discret ait pu lui échapper. Sa voix était toujours aussi sublime, mais bien peu pouvaient dire l'avoir entendu chanter, ne serait-ce que faiblement.

"Douce lune, chère amie, vous êtes une compagne charmante
Et en m'eclairant de vos lueurs caressantes
Vous me permettez de mieux rendre hommage
A votre beauté que je célèbre sur ce rivage

Le lac vous reflète en maints éclats chatoyants
Tandis que je vous offre simplement mon chant
Vous contant chacun à notre manière
Combien nous apprécions votre lumière

Lune, compagne ravissante
Toujours fidèle et patiente
Vous me faîtes l'honneur de m'écouter
Tandis que retentissent mes sanglots désespérés

Vous êtes seule à connaître ma misère
Tandis que résonnent mes plaintes amères
Bienfaisante pluie qui les plantes nourrit
Et décharge mon coeur allangui..."

Il s'arrêta, pensif, observant la fontaine qui éclairait faiblement les alentours et renvoyant la lumière, semblable à un feux d'artifice doux et cristallin, jaillissant en milles étincelles. Ambroise avait été attristé par ces vers, l'Art ayant presque infailliblement le don de trouver le chemin qui menait à son âme et à son coeur, car il en avait, contrairement à ce que l'on aurait pu penser. Son regard était devenu lointain tandis que des émotions confuses qu'il n'arrivait à définir l'envahissaient, écho d'un passé qu'il refoulait généralement. Ses yeux se perdaient dans la contemplation des éclats fugitifs de l'eau et dans la faible musique qu'elle produisait.

En ce soir où la Lune était ronde et où l'air était frais et vivifiant, toute la ville s'était plongée dans une léthargie. Plus que durant les autres passages obscurs.
Les humains, pauvres créatures éffrayées et craintives se cachaient derrière de lourds volets de bois vernis, caractéristique du centre de la ville de Leidenstal.
En cette nuit particulière, où aucun forme de vie n'était présente dans les rues, Sïan était sortit.
Laissant sa veste au Dragon Rouge, simplement vetu d'une chemise noire et d'un jean dans les même teintes.
Il n'était pas triste, non, le Boucher s'interdisait toute tristesse, lui qui n'était qu'une créature assoiffée d'horreur qui ne demandait qu'a sortit dents et griffes pour les passer aux travers de chairs fragiles et terriblement mortelles.
Rien de tout ça, mais il ressentait une certaine mélancolie si on avait pu en juger, il regrettait amèrement la période où il n'était qu'un jeune homme que l'on avait pas encore forcé a grandir trop vite, par des crimes odieux. Quand cette race n'était pas encore arrivée, même si, il avait toujours vécu sous le joug humain.
Ce soir il était plus Sïan que Le Boucher, la seconde entité atroce qui lui collait à la peau. Si il avait pu disparaitre, ce jeter dans un des lacs qui bordait la ville, il l'aurait fait.
Alors que le doux crépittement de l'eau dans la fontaine millénaire arrivait dèjà à son oreille, il fut sortit de ses révèries par un chant masculin.
Les hlls étaient très sensibles à l'art musical et Sïan ne faisait pas exeption.
Il se recula quelque peu contre un mur, s'avança doucement espérant apercevoir la créature qui laissait échapper telle mélopée.
Le regard du hll restait de glace comme à son habitude, furieusement vert, cependant tout ses sens était rivé sur la créature qui chantait. Il avança discrètement dans la place, le plus silencieusement du monde. Sans aucune intention autre que de voir de plus près, ne cherchant au aucun cas à l'arreter, d'ailleur celui çi ne semblait pas l'avoir remarquer.
Malheureusement, bientot le vampire cessa son chant et le vent se ré-engoufra dans la place, emplissant les lieux de son sifflement strident.
Un applaudissement net se détacha dans le silence, geste quelque peu déplacé mais Sïan n'était pas le tact incarné, n'agissant qu'un coup sur coup.
Et le vampire, de par la beautée de sa chanson et de son chant méritait quelques rustres claquements de mains, malhabile et perturbateurs.
Il était resté appuyé sur le même mur depuis tout à l'heure, dos contre la froide brique fixant le vampire de son regard vert brulant l'obscuritée

"-Très beau"

Se contenta t'il de dire. Sachant pertinament qu'il était grossier de juger une oeuvre, même en la complimentant, qui ne lui était pas adressée

Alors qu'il se laissait aller à ses émotions, il entendit un bruit, comme un applaudisement, mais qu'il percevait de loin, comme étouffé, car si son enveloppe physique était présente, lui-même ne l'était pas réellement entièrement. Soudain, une voix s'éleva, adressant un compliment à l'oeuvre, à moins que ce ne soit à son interprétation, ou peut-être les deux... Il se retourna et vit un jeune homme fin, adossé à un mur, fort beau trouvait Ambroise. Il ne paraisait pas surpris que quelqu'un soit présent, semblant toujours un peu ailleurs. Il le considéra quelques instants, songeur, avant de prendre la parole, sa voix résonnant toujours aussi faiblement, chantante, la moindre de ses paroles semblant être une musique.

"Je trouvais ce chant adapté à l'endroit...Mais je ne savais pas avoir un public. A qui ai-je l'honneur?"

Il regardait cet être étrange dans les yeux, et remarqua qu'il était un hors-la-loi, mais ne montra pas qu'il s'en était rendu compte. Il attendait patiemment sa réponse, semblant toujours un peu pensif, son comportement ne changeant pas car il avait affaire à une créature. Son attitude n'aurait sûrement pas été la même face à un humain! Ainsi il était toujours plongé dans le spleen qui l'avait pris lorsqu'il avait chantonné cette ballade. D'ailleurs il avait toujours un doute sur le nom de l'artiste qui l'avait créée. Son regard gris, voilé en cet instant, paraissait fort doux, et pouvait tromper sur sa personne, bien que personne ne sache à quoi s'attendre avec lui. Ambroise conservait toujours son envellope de mystères, mais pour une fois il ne paraissait pas froid, simplement dans la lune, comme s'il l'avait rejointe en lui murmurant cette ode. Pourtant il restait attentif à ce que pourait dire son interlocuteur, ne faisant que baigner dans une atmosphère irréelle.

Après s'être laissé aller aux applaudissement, Sïan avait croisés les bras sur son torses, fixant le vampire un lèger sourire aux lèvres.
D'ailleur hésitait-il sur la race de la créature en face de lui. Hll ou vampire, Butterfly subtilement déguisé? Il ne pouvait en aucun appartenir à la faible race ou aux Banie, ne possédant pas les ailes de la race créatrice.
Toujours adossé au mur dans un posture affichant une franche nonchalance, il fixa durement Ambroise tandis que celui çi lui répondait. La voix du chanteur était envoutante, calme et agréable. Sïan décroisa les bras tandis qu'il plaçait ses mains dans les poches arrières de son jean noir. Camouflant ainsi la sinistre cicatrice qui lui barrait la main.
Il hésita quelques secondes avant de répondre, dans ce nouveau monde, confier son nom à un inconnu, aussi bon chanteur soit-il, pouvait être dangereux. Si la créature était de l'Hinra, cela pouvait poser problème.
Quoique comme toujours, il s'en sortirait, sortant ses griffes glaçées comme le métal.
Baissant la tète quelques instants, des méches de cheveux jaïs retombant sur son visage pâle il finit par répondre:

"-Il est vrai que l'endroit se laisse à raconter de sombres histoires. Quand à votre public, il est ce soir composé d'un humble hll répondant au nom de Sïan Spelt"

Il se referma intèrieurement, la créature connaissait-elle son nom? Quoique peu importe, ce soir il n'y aurait pas de violence, aucunes goutes vermeilles ne viendrais à tacher le sol tendre de la place.
La fontaine laissait encore à répandre des blafard éclats bleutés sur les batiment qui cernait l'endroit. Le Boucher percevait même qu'un de ces éclats se reflétait sur le mur ,qui lui servait d'appuie, non loin de lui. Brisant une nouvelle fois le silence de sa voix froide, celle de ceux qui ont du grandir trop vite et trop durement, il reprit

"-Mais n'est t'il pas coutume de connaitre le nom de l'auteur avant celui du public? "

Le vampire en fâce ce lui semblait absent, comme emporté par l'astre lunaire qui magnifiait la nuit de sa lueur blanche.
Son regard grisâtre semblait pourtant attentif aux gestes et aux paroles de Sïan.
Sïan haussa les épaules avant de baisser son visage vers le sol, fixant ses chaussures noires. Geste bien indolent durant une conversation

Ambroise ne réagit pas tout de suite au nom de son interlocuteur, comme si sa voix résonnait dans son esprit, lointaine. C'est seulement quelques instants plus tard qu'il sembla "se réveiller" en quelque sorte, un éclair, une lueur d'intérêt apparaissant fugitivement dans son regard. Ainsi il se trouvait face au chef de son clan...*intéressant...* pensa-t-il, les yeux légèrement baissé, semblant regarder par delà le paysage qui l'entourait avant de se reporter sur Sïan. Il avait bien fait de s'attarder un peu en ville, le hasard lui permettant ainsi une rencontre qu'il espérait fortuite. Enfin il répondit à la remarque que lui faisait l'hll.

"Ah...c'est possible...mais je ne suis que l'interprète. Je me nomme Ambroise de Lusignan"

Sa voix semblait elle aussi un peu lointaine, absente, égale et sans nuance, comme s'il pensait à peine à ce qu'il disait, mais toujours aussi suave que d'habitude, puisqu'elle était naturellement ainsi, sauf quand il criait...ce qui était loin d'être le cas présentamment. Il ne savait pas si ce nom évoquerait quelque chose pour l'hll, qui devait être loin de connaître tous les membres de son clan, et pour ses oeuvres, il était plutôt connu sous le surnom du poète maudit. Peut-être n'était-il pas artiste, mais il en avait l'âme, une âme et un coeur à plusieurs reprises brisés. Et il méritait bien son surnom, déjà en référence aux poètes romantiques tel que Baudelaire, surnommé les poètes maudits car incompris, rejetés, seuls...et ensuite à cause de son passé. Ce passé qui le poursuivait, le hantait. Il avait bien tenté de le fuir à un moment, tenté d'y échapper, mais avait finalement compris qu'il y a des choses que l'on ne peut vaincre. Mais ce n'est pas pour cela qu'il avait trouvé la paix, bien au contraire...

Ambroise avait remarqué le regard dur et la voix froide du jeune homme, mais cela ne semblait pas le gêner. Il avait l'habitude de noter le moindre détail généralement, après il en prenait compte ou non selon l'humeur du moment...Il ne doutait pas que son interlocuteur devait avoir eu un passé pour le moins intéressant, puisque le passé est entre autre cause de ce que l'on devient. Mais il se doutait que l'hll ne se révélait pas à la première personne venue, puisqu'il hésitait à faire savoir même son nom. mais c'était compréhensible puisqu'il n'était rien moins que le chef de l'ADH. Il ne devait vraiment pas avoir une vie de tout repos, mais mieux vaut une vie passionante que morne et fade. D'ailleurs, le fait qu'il se soit présenté signifiait pour Ambroise que Sïan lui accordait une part de confiance, aussi minime soit-elle, et il en était honoré.

Sïan secoua élégament la tète, le prénom d'Ambroise ne lui disait rien. Pourtant le physique du vampire ne lui était pas inconnu. Peut être l'avait t'il dèjà croiser quelque part, au Dragon Rouge. Quoiqu'il douta fortement qu'un être si rafiné puisse aller pèrdre sa voix dans le lieu sinistre qu'était le bar.

"-Nous sommes nous dèjà croisé?..J'ai l'impression de vous connaitre"

Voix froide de nouveau mais qui avait baissé dans sa sonoritée, comme si Sïan ne désirait pas couvrir de sa voix désagréable, le son presque chanté qu'eméttait Ambroise.
Même si le vampire près de la fontaine, n'avais jusque là prononcer que quelques mots mis à part ce chant mélodieux. Chant qui avait attiré Sïan, bien évidement. La conversation était agréable, et tellement reposante.
Le Boucher se sentait calme, il ne prit même pas la peine de, comme à son habitude, surveiller si il n'y avait pas un de ses pisteurs dans le coin.
Il était souvent suivis, ne serais que par les badauds insconscients qui l'avaient reconnu, les membres de l'Eden curieux ou par des tueurs de toute poigne espérant ramener son corps froid à leur chef.
Sombre trophé, Sïan était de toute façon, il le savait, comdamné à mourir prématurement. Pour avoir établis ses pensées au grand jour, pour résister un envahissement horrible.
Il regardait Ambroise toujours aussi froidement, son regard ayant vu trop de terreur pour refléter autre que de l'indiffèrence morbide pour son environnement.

"-Ambroise ...Ambroise de Lusignan.. Vous descendez d'une grande famille?"

Il avait posé 2 questions à la suite, sans même laissez le temps à son interlocuteur de répondre. peu importe, Ambroise était intriguant et le chef de l'adh souhaitait en savoir plus sur lui. Même si cela le faisait passer pour un rustre curieux, ce qu'il était peut-être finalement

Ambroise sourit faiblement, amusé par l'intérêt que lui portait l'hll, et bien qu'intrigué par la première question de Sïan, ne se souvenant pas avoir déjà croisé son chef, il ne le montra pas. Il ne faisait pas un geste, comme toujours très droit, ses vêtements semblant trop grand pour lui et presque prêt à glisser pour dévoiler ses épaules et ses bras blancs et tellement maigres. Il était très attentif aux moindres propos qu'il pouvait capter, surtout quand ils venaient de son chef. Il le regarda dans les yeux, semblant de nouveau un tant soit peu présent dans ce monde, avant de répondre aux deux questions de son interlocuteur, prenant comme toujours son temps pour parler.

"Je ne me souviens pas vous avoir déjà vu, mais il se peut que je n'ai pas échappé à votre regard. Ou peut-être me connaissez-vous à cause de mes oeuvres, bien que généralement on me connaisse sous le nom du Poète Maudit dans ce cas. Enfin, pour finir de vous répondre, oui, je descend d'une grande famille, appartenant à l'aristocratie depuis des temps immémoriaux, nos racines se perdant au fond des âges."

Il sembla de nouveau lointain à ces derniers mots. Oui, ses ancêtres remontaient si loin dans le passé que certains avaient vécu à des périodes inconnues pour le commun des mortels, et qu'il ne connaissait pas non plus, n'ayant pas fait de recherche à leur sujet dans les archives familiales ou l'arbre généalogique, ce dernier étant immense. Famille étrange, autour de laquelle planait bien des mystères et des secrets, et surtout une légende qu'il ne fallait surtout pas dévoiler, du moins pas tant que l'on n'avait une confiance aveugle en la personne. Pourtant cela faisait longtemps que personne n'avait été touché par le phénomène léguée par leur plus ancienne ancêtre...
Il planait aussi autour de Sïan bien des mystères, et pourtant Ambroise ne cherchait pas à les éclaircir. Il était certain que son interlocuteur évincerait toutes ses questions et ne dévoilerait rien de lui à un vampire rencontré il y a quelques instants. Il aurait été ravi d'en savoir plus, mais il n'était pas encore temps d'interroger l'hll. Cela viendrait peut-être plus tard...