Une nuit froide, un café.

" ... et si je devais un jour verser une larme, je souhaiterait que se fut en hiver. Parce qu'alors en naîtrait une perle de glace que je pourrait contempler le restant de ma vie en sachant qu'un jour, j'aurais aimé quelqu'un au point de lui offrir mon âme."

"Journal d'un ..."
Galineas

Camille sourit en relisant ces quelques lignes. "Journal d'un ..." était son journal. Lorsqu'il avait commencé à l'écrire il ne savait pas vraiment comment se définir, aussi avait il laissé des points de suspensions au lieu d'un mot qui lui servirait de critère et, peut être, de style de vie. Maintenant il n'avait plus envie de changer ce titre, aussi le laissait il comme à l'origine, griffonné à l'encre noir sur la couverture bleue uni du livre qu'il avait acheté pour l'occasion. Environ 400 pages blanches. Plus de la moitié étaient couverte d'encre désormais. De l'encre bleu, noire, verte ou rouge selon les périodes où selon les crayons qu'il avait à portée au moment où lui venait l'envie d'écrire. Quelques dessins et croquis parsemaient les lignes à l'écriture un peu hésitante de Camille. De temps à autre il ouvrait son journal à n'importe quelle page et s'amusait de ses propres expressions. Pour l'occasion il trouvait sa phrase assez élégante et agréable à relire. Alors il souriait. Il ne savait même plus quand et pourquoi il avait écrit cette phrase. Le journal indiquait seulement "Novembre", se devait donc être un jour semblable à celui d'aujourd'hui.

La nuit commençait à tomber, la température chutait rapidement. Bientôt chaque bouffée d'air serait aussi gelée qu'un glaçon glissant dans la gorge, produisant un nuage blanchâtre à chaque expiration. Il n'y aurait pas de neige ce soir apparemment, juste du brouillard et la fraîcheur glaciale de la nuit. De plus des plaques de verglas ne tarderaient pas à se former ça et là sur la chaussée, rendant certains chemins assez périlleux pour que les quidams les évitent. Ceci avait malgré tout quelques avantage, pour certaines créatures de la nuit en tout cas.

"Créature de la nuit". Camille avait toujours était un noctambule, alors il était habitué au monde de la nuit. Seulement avant, par "monde de la nuit", il pensait aux fêtes mondaines, aux riches banquets donné dans de luxueux palaces. La fraîcheur de l'extérieur n'était présente que lorsqu'il sortait sur les balcons, bientôt rejoint par une jeune fille à qui il prêterait sa veste afin qu'elle ne prenne froid. Galanterie charmeuse et facile de gentilhomme aisé désirant séduire rapidement. Et cela marchait, parfois. Aujourd'hui la situation avait quelque peu changé et les réceptions se faisaient plus rare. Ou alors il n'y était plus convié, ce qui était sans doute plus proche de la vérité.

Vêtu d'une redingote de cuir noir déboutonnée, sa natte de cheveux blond glissant dans son dos sur la surface lisse au grés de ses pas, il avançait lentement en feuilletant son livre, s'arrêtant parfois sous un réverbère. Enfin il leva la tête de ses notes et rangea le livre dans sa poche intérieure. Malgré les gants qu'il avait pris le soin d'emmener, ses doigts commençaient à s'engourdir dans l'atmosphère gelée, c'était assez désagréable pour qu'il stoppe sa lecture.

Il s'avança alors vers un café ouvert de nuit et y entra, la chaleur éveillant immédiatement ses membres en une sensation étrange et agréable. Il alla s'asseoir au bar et commanda un café bien noir pour se réchauffer tant les mains que la gorge. Il n'aimait pas le café pourtant. Enfin, il n'aimait plus depuis quelques années, depuis sa transformation, et c'était d'ailleurs en partie la cause de sa présence dans les rues à une heure si tardive. Une autre raison était qu'il était insomniaque et qu'il en avait assez de tourner en rond dans son bureau.

Il aimait la chasse et le goût du sang, pourtant il répugnait à s'imaginer se nourrir ou chasser. Un reste d'humanité récalcitrante sans doute. Enfin, de toute façon il n'avait pas vraiment le choix. Il ne lui restait plus qu'à faire son choix parmi les personnes présentes dans le bistrot. Ou peut être qu'il irait ailleurs pour la choisir. Les tueurs étaient un peu trop présent en ville la nuit, attendant sans doute que lui ou un des siens partent en chasse. En fait, ils étaient un peu trop présent tout court, de nuit comme de jour. Enfin ...

Le barman ? Une des serveuses ? Peut être le pervers qui ne cessait de leur faire des avances, ou même la demoiselle assez élégante tapie dans un coin et visiblement en proie à l'inspiration que ressentent les écrivains face à une feuille de papier blanche, autrement dit aucune. Mais elle finirait sans doute par écrire un mot, le rayer, et se lancer dans l'écriture d'un début, puis d'une suite, et elle griffonnerait une dizaine de page avant même de s'en apercevoir. C'était souvent comme cela que Camille avait écrit tout du moins. Pour finir, il ne choisirait pas la jeune fille pour sa prochaine gorgée, il l'aimait bien. Le pervers alors ...

Galineas soupira. Il répugnait à se nourrir de sang sali des vices humains, même s'il avait sans doute était jadis l'avatar de ces mêmes vices. Mais c'était une partie de sa vie qui ne remplissait même pas une partie de son journal aujourd'hui, noyé sous les litres d'encre décrivant ses aventures et ses sensations vampiriques. Enfin, il verrait bien.

Il sortit son portable, afin de vérifier s'il avait reçu des messages. Mais bien entendu, se n'était pas le cas. Il commença à siroter son café, il était fort comme il l'avait espéré. D'un geste il en demanda un deuxième.Il aurait bien besoin de cela pour passer la nuit dans ce froid. Après les cafés il déciderait ce qu'il ferait. Il avait bien le temps, la nuit venait à peine de tomber.

C'était une de ces longues journées moroses où l'on décide inopinément de se couper du monde pour s'adonner à une quelconque activité restrictive, suivant le personnage.
Une de ces longues journées éreintantes sans que l'on ne ressente vraiment l'envie d'interrompre la torture avant que le corps lui même n'y oppose son véto.
En ce qui concernait cette grande femme à la longue chevelure d'argent dissimulée dans un imposant haut de forme, ce n'était pas une journée qu'elle regrettait malgré les legers plis qui plissaient son grand front éclairé.
Loin de là puisqu'elle avait passé un nombre d'heures hallucinant enfermée dans une des nombreuses salles de l'Eden destinées aux expériences personnelles, chaque scientifique avait la sienne mais suite à de nombreux incidents de type explosifs on dut élargir les locaux et les suréquiper en protection divers.
Mesure nécessaire mais qui pour le moment ne trouvait pas son utilité concernant Miss Zahara puisque ses recherches actuelles étaient d'ordre biologique.
Que n'aurait-elle pas donné pour disposé d'une éprouvette de sang de Butterfly ? L'étude de leur Adn réservait de belles surprises selon ses conjectures mais encore fallait il en attraper un ce qui n'était pas chose aisé.
Elle s'était alors sentie emportée dans un flux entraînant, laissant ses yeux pointilleux inscrire dans sa mémoire chaque anomalie, chaque modification pouvant améliorer au mieux le code génétique de chaque espèce arrivant à la conclusion que les Banies étaient la meilleure base à partir de laquelle procéder.
Les Hll étaient en soi un dérivé de cette espèce ce qui avait en quelque sorte "alourdi" la pureté du matériel alors que l'Adn des vampires se trouvait sujet à des variations trop imprévues pour pouvoir être manipulé correctement...Il changeait à une fréquence aléatoire combinant le matériel apporté par chaque goutte de sang prélevé ce qui était en soi un phénomène scientifique extraordinaire mais...dangereux.

Au milieu de la nuit, elle avait arrêté ces recherches pour revenir à l'étude de cette nouvelle énergie qu'elle manipulait depuis déjà plusieurs mois avec une grande prudence. Là les mesures de sécurité prenaient toute leur ampleur.
Quelle inconscience me direz vous ? Peut être...Mais à savoir si il s'agissait d'imprudence, de folie ou de dévotion, Gaïa ne craignait pas la mort au cours d'une de ses expériences. Peut être ne croyait elle tout simplement pas que cela arriverait...Malgré les multiples accidents qui marquèrent sur sa peau de marbre de larges meurtrissures parfois infectées.

Après 48 heures sans avoir dormi elle avait fini par aller s'étendre, spectre paresseux dans son moelleux cerceuil, bercée par les douces brises d'un violon oublié jusqu'à ce que l'emprise de Morphée ne se délie quelque peu.
Toute embrumée des affres du sommeil et un peu de l'alcool (traitement de choc au réveil oblige), elle avait un bon bain fumant avant de laisser ses pas la guider au hasard dans Leidenstal, en quête sans doute d'un endroit où laisser ses fantasmes s'exprimer silencieusement...
Une célèbre sonate de piano en tête, elle entra dans un bar étrangement fréquenté, jetant de ça de là quelques regards absents, insensible à l'attention qu'attirait ouvertement son allure.
Haut de forme, sévères lunettes, ensemble sur mesure sous lequel il n'y avait rien d'autre que cet aperçu d'apêtissante poitrine laiteuse ainsi sans doute qu'un sous vêtement de dentelle fine, escarpins à talons démesurés, le tout nimbé de l'aura aveuglante de bijoux en argent à motif de croix, petite provocation aux religieux membres du Cercle...
Le tout, en attirant l'oeil dégageait des impressions diverses et contradictoires.

C'est en faisant claquer bruyamment ces talons meurtriers que la nouvelle venue prit place au bar entre un Hll rustaud, mal fagoté, et un vampire gracilement bâti plus soucieux de l'observation à laquelle il se consacrait que du verre qu'il tenait à la main avec une élégante nonchalance.
Absorbée, la jeune femme n'accorda pas un regard interessé à l'un ou à l'autre alors qu'elle commandait un verre d'Aple, rossignol en pleine jungle.
Aucune réaction ne lui fut tirée lorsque le rustaud de ses avances appuyées, entreprit de lui prendre le bras pour arracher cette attention qu'il n'arrivait pas à gagner.
A se demander si son âme habitait encore ce corps de madone.

Le rustaud se lassa vite de l'indifference glaciale de la demoiselle et parti en rouspetant, debitant un flot de grognement trop bruyant pour être respectueu. mais trop inintelligible pour être compris par les clients du café. Camille sourit, la scene avait quelque chose d'amusant, et la demoiselle n'avait pas grand chose de commun, tant dans sa manière d'agir que dans ses vètements, cela lui donnait un certain charme aux yeux du vampire. Par contre elle venait de faire partir la cible de son futur repas. Camille ne put s'empecher de soupirer en secouant la tête, le sourire toujours sur les lèvres. Nul dans ce café ne méritait de finir ses jours sur un trotoir gelé dans une ruelle quelconque, sans doute retrouvéle lendemain matin par des passants austère. En même temps Galineas c'était lassé des cibles facile et repugnante, une véritable chasse contre une personne plus coriace ne serait pas pour lui déplaire, rien que l'idée lui fouettait le sang.

... la demoiselle peut être ? Peut être. Mais si chasse il y avais un jour, il faudrait qu'elle en sache les règles du jeu, sinon cela n'avait pas d'interet. Et en même temps Camille ne voulait pas vraiment la chasser ou se rassasier de sa chair, il était assez rare de rencontrer quelqu'un d'exeption pour ne pas en faire une victime.

En même temps il ne savait absolument rien d'elle. Elle avait l'air fatiguée, ennuyée, soucieuse. Son manteau et ses vetements laissaient à penser qu'elle ne s'était pas même aperçue du froid exterieur.

Camille termina de boire sa tasse de café, son visage se tordant en une rapide grimace lorsque l'amer nectar effleura sa langue, decidement il n'aimait pas ce gout. Mais c'était préférable au froid. Dans un coin du café, une vieille chaine hifi débitait les paroles d'un animateur d'une quelconque station, entrecoupé de parasites desagréables. Une musique retro empli bientôt l'air de son rythme rapide et brayard. Sur les murs étaient accrochées de vieilles affiches de publicité, certaines provenant de la terre. Quelques ampoules des lampes murales avaient cédaient au temps, et visiblement personne ne se pressait pour aller les réparer. Un café comme on n'en voit dans les vieux films de série b, un café peu connu, et qui ne risquait pas de l'être. Pour un peu Camille n'aurait même pas était surpris que le propriétaire fut un individu peu gracieu qui ne tolérait les non humains que s'ils consommaient suffisement pour rester dans son bistrot.

Camille sentit venir le coup de blues en pensant à tout cela. Il en eut soudain assez de ne communiquer qu'à travers ses textes que personnes ne pouvait lire, ou avec des secrétaires aussi communicative qu'une collection de timbre. Peut être qu'aborder quelqu'un dans un café était le comble du ringard stéréotypé ... surement en fait.

... tant pis.

"Bonsoir demoiselle. Ne craignez rien je ne suis pas de la même trempe que le personnage qui viens de vous aborder en des propos peu élogieu, et je ne suis pas non plus un tordu qui arpenterait les bar chaque nuit afin de trouver proie féminine à son gout. En fait je n'ai pas l'habitude d'aborder qui que se soit, encore moins dans un café qu'ailleur. Mais je voulait vous demander si vous seriez intérréssée par ... hum ... une discussion peut être ?"

Le ton était tendu, malaisé, peut être un peu maladroit même. En fait dés les premiers mots prononcé, Camille avait perdu le court de ses idées. Mais il regardait Gaia sans sciller, attendant de pouvoir croiser réellement son regard.

Le visage obstinément tourné vers les innombrables boissons du bar la belle ne semblait guère attribuer une meilleure attention à ce monde de gueux dans lequel sa magnificence semblait désespérément scintiller...
Jouant distraitement avec un verre dont le contenu semblait dangereusement menacer de maculer de son éthanol les vêtements de la jeune femme, elle crut distinguer un son, plus proche, plus appuyé, mieux orienté que les autres, un son plus harmonieux.
Un son dont le lancer lui était adressé.
Ah ces vampires...Elle se demandait si un jour elle réussirait à répertorier toutes les caractéristiques de prédateur qui les caractérisait...

"Bonsoir demoiselle"

Quelle manière désuète d'accoster une excentrique de sa trempe...L'attaque avec une rare subtilité perça rapidement les défenses embrumées de la Hors la Loi qui laissa s'échapper malgré un léger sourire moqueur qui aurait presque pu laisser entrevoir ses crocs acérés...

Avec une lenteur presque cadavérique, elle tourna machinalement sa tête vers l'opportun le détailla sans gêne aucune afin de noter mentalement chaque parcelle de son visage d'Erudit, ses traits d'une rare finesse, sa corpulence que l'on pouvait aisément qualifier d'androgyne...On pouvait aisément le trouver gracile, presque féminin...Presque.
Sans se départir de ce sourire sardonique qui mettait aisément mal à l'aise toute être pouvant en être la source elle souligna d'une voix pâteuse comme si elle avait déjà trop bu ou venait de se réveiller, enfant éloignée des turpitudes du quotidien :

"Vous ne m'inspirez aucune crainte soyez-en rassuré mon brave...
Cette hésitation avant le mot discussion me laisserait elle entendre que partager autre chose avec moi vous tenterait ?"

Se délectant avec malice de l'expression quelque peu éberluée de son interlocuteur, elle lui laissa le temps de diriger cette réaction absolument impudique en vidant son verre avant de se repositionner un peu plus confortablement sur son siège, clignant un peu plus lentement des yeux sous cette impresion sous jacente que laissait couvrir ce flux chaleureux d'alcool dans son gosier.
Elle ne l'avait jamais vu...Du moins son apparence ne stimulait t'elle pas assez sa caverneuse mémoire... A quel clan appartenait-il ? Adh ? Il n'avait pas l'air assez sauvage ...Hinra ? Peut être bien, à vrai dire elle avait toujours accordé peu d'importance au membre du gouvernement d'Adhénor, ce, à tort elle voulait bien l'admettre même si la teneur de leurs dossiers n'incitait toujours pas la lampe de son subconscient à s'y pencher.
Lascivement, elle se laissa glisser sur le comptoir, joue contre le bois rugueux, sa longue crinière d'argent pur cascadant librement sous le regard silencieux d'un barmaid qui savait qu'il valait mieux ne pas trop l'ouvrir face à cette femme si extrême.
Le tout, sans quitter des yeux cet étrange inconnu qui l'abordait avec tant d'outrecuidance, n'oubliant toujours pas de le gratifier de ce petit sourire aigre-doux qu'il était difficile généralement d'apprécier à sa juste valeur avant de laisser échapper d'une voix assez enfantiner et, de façon plus inquiétante, prometteuse... :

"Je suis toute à vous très cher..."

L'oeil plus alerte, elle attendit une meilleure occasion de cerner le personnage mesurant son degré de dangerosité, de ruse, d'intelligence et sans aucun doute... d'intérêt.

Lassive et somnolante au point d'en paraitre morne, l'esprit de la jeune hll semblait au ralenti, aussi éveillé que celui d'un ivrogne le lendemain d'une cuite, et sans doute aussi conscient. Malgrès tout elle faisait preuve d'un cynisme mordant, comment un vampire aurait il put y être insensible ?

Malgrès cette distance dans ces propos, comme si elle flottait entre réalité et pensée, son apparence féline et vive monopolisait l'attention de Camille. Sa peau aussi pale que la lune sur laquelle cascadait quelques mèches de longs cheveux d'un blanc nacré, ses vètements excentrique ... les regards du vampire glissaient sur sa plastique agréable sans qu'il le veuille vraiment, remarquant quelques parcelles de peau dénudé, son cou et une partie de sa poitrine compréssée, ses joues, son visage, sa nuque tendre ... sa nuque ...

... quelle adorable nuque, la peau blanche laissant deviner une douceur sous les doigts, sous la langue ... le vampire pouvait presque deviner le gout salé de la peau de la jeune hors la loi, sentant le parfum piquant de ses cheveux, le poul réguler et rapide de ses veines ...

Et sensiblement son regard descendit vers ses hanches, sa taille, quelques regards précis devinèrent la fine étoffe des sous vètements attirant de la demoiselle sans pour autant s'y attarder. Et le regard de Camille se braqua dans les yeux de Gaïa. Des yeux à la lueur maligne et crissante brillant d'une teinte saphir trop artificielle pour être réelle, scintillant également d'une fatigue et d'une lassitude trop longue pour qu'elle parvienne à la dissimuler complètement.

" ... mon brave ..." ces mots glissèrent des lèvres de la jeune femme comme une insulte courtoise et mesurée, faisant sourire Camille. Elle ressemblait à une jeune chatte jouant avec une souris qu'elle finirait par achever d'un coup de croc sadique. Maitresse de la situation elle jouissait d'un pouvoir illusoire sur sa faible cible, et elle semblait apprècier cette domination. Par pur plaisir Camille aurait bien passé sa langue sur ses lèvres dévoilant ses crocs, mais il doutait que la demoiselle aprécie réellement cette provovation sans doute trop agressive ... plus tard ...

"Toute à moi ? Ho je suis ravi de vous l'entendre dire, sincèrement, très chère, dit Camille, l'air amusé. Et je suis enchanté de rencontrer pareille créature en ces lieux. Je suppose qu'il me revient le privilège de me présenter, même si cela ne doit pas avoir beaucoup d'importance à vos yeux. On m'appel Camille, le reste n'a pas beaucoup d'importance. Comment dois je vous nommer ? Et je tiens à vous remercier, sang vous ma nuit aurait était veine je croix, et cela me réchauffe le coeur de voir que tout n'est pas mort dans cette artère de notre grande cité." enchaina Camille d'un ton légèrement séducteur, sans pour autant l'être vraiment. Ses yeux scintillaient d'une touche de concupiscence noyé dans la contemplation sincère du visage de Gaïa.

"Sans vouloir vous offenser, vous êtes réelement à croquer. "

L'esprit un peu moins embrumé qu'on ne le croyait, celle qui passait gracieusement pour une ivrogne ne sembla d'aucune manière manifester d'efforts afin de changer l'opinion de prédateur de son interlocuteur...Ce qui ne l'empêcha pas de suivre avec minutie la trajectoire de son regard de fauve.
Non qu'elle en soit gênée puisque la pudeur avait quitté depuis bien longtemps le panel de ses rares qualités, à vrai dire elle s'en délectait silencieusement.
Oh, elle voyait bien le danger se tapir derrière cette fine silhouette androgyne, l'éclat malsain de ces prunelles perçantes, cette intelligence vive qui pouvait être source de pas mal d'ennuis...

Avec autant d'audace que le vampire, elle parcouru la silhouette d'un oeil scrutateur sans aucun scrupule, descendant avec une lenteur délibérée jusqu'à paraître franchement embarrassante...Mais elle aimait être embarrassante, cueillir comme un fruit mûr la gêne dans les yeux voilés de la cible...
Silencieusement, elle vida un nouveau verre avant de se redresser légèrement pour dodeliner de la tête, telle l'adorable enfant qu'elle n'était plus.
Une valse lui revenait à l'esprit, douce et entraînante, transportant de ses notes harmoniques l'once de désespoir qui se terrait au sein de ce corps tout de violence.
Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle se trouvait là, yeux clos, à jouer sur les touches imaginaires d'un piano à queue, ses lèvres muant silencieusement l'accompagnement qui donnerait un caractère plus divin à la mélodie...

La voix de Camille interrompit cette rêverie extatique, le ton hausa chez la jeune femme un sourcil intrigué. Comme il cachait bien son jeu celui là...Comme il s'était soudainement revêtu d'une parure offensive...Il n'aurait manqué que l'évocation de ses crocs aiguisés pour boucler le noeud.
Mais bon entre créatures ils auraient eu l'air bien stupide à se montrer mutuellement les crocs aussi adoptèrent t'ils un semblant de civilité.
Un sourire empli de malice toujours sur ses lèvres gourmandes, elle répondit avec un évident ravissement sans se départir de la nonchalance que lui procurait l'alcool :

"Si je puis vous être d'une quelconque utilité Mylord vous m'en voyez ravie...Je pourrais dire réciproquement que vous ajoutez un intérêt nouveau à cette escapade irraisonnée.
Si j'apporte une 'saveur' à l'artère de cette ville j'espère que vous n'épuiserez les délicats 'vaisseaux' de mon humble personne..."

Tendant gracilement sa longue main dont le gant s'échoua sur le comptoir, elle ajouta sans se demander si l'évocation de son patronyme éveillerait un quelconque souvenir chez lui :

"Gaïa, Gaïa Zahara"

Camille hausse inconsciement un sourcil en entendant le nom de son interlocutrice. La seconde de l'Eden ? Ou avait il mal entendu ... Gaïa Zahara ? Et pourquoi serait elle ainsi sortie de l'arogant batiment de l'EDEN ? ... il avait apperement bien fait de ne pas lui révéler son nom, cela lui éviterait sans doute pas mal d'ennui ... enfin, selon la tournure que prendraient les evenements bien entendu ...
Gaïa Zahara ... interressante soirée pour finir...

"Votre "humble personne" semble animée du sang princier des reines qui firent les legendes d'autrefois, et je suis enchanté par cette rencontre nocturne, charmante demoiselle. Malgré tout oserais je vous demander ce que vous faites en un lieu tel que celui ci par une si fraiche nuit ? D'autant plus que vous semblez erreintée, quelques heures de repos dans un cadre agréable vous feraient sans doute le plus grand bien ... ceci ne me concerne pas vraiment n'est se pas ? Faites attention néanmoins, la nuit comporte nombres de dangers ... "

Alors qu'il parlait, Camille avança doucement son visage de celui de Gaïa, fixant ses yeux sans sciller, jusqu'à ce qu'il arrive à une dizaine de centimètre des traits de la belle, captant sa respiration silencieuse ... percevant presque les battements de son coeur ...
Sa voix se fit plus diffuse, plus douce, légèrement plus sombre ...

"... mais il faudrait être stupide pour s'attaquer à vous et penser avoir une chance de s'en tirer vivant. N'est se pas, Miss Zahara. Si je voulais vous rencontrer de nouveaux, je suppose qu'il me faudrait prendre rendez vous ... dommage ..."

Le dernier mot fut prononcé d'un air gourmand alors qu'il detaillait une nouvelle fois la plastique sensuelle de Gaïa, un sourire carnassier sur le visage, sa langue venant discretement effleurer ses crocs.
Sans réellement eloigner son corp de celui de Gaïa, Camille sorti de sa poche son livre "Journal d'un ..." duquel il arracha une page vierge , repoussant le livre un peu à l'ecard sur le comptoir. Sur la page blanche il griffona un numéro de téléphone, le sien sans doute, puis sembla hesiter, et replia le morceau de papier, le glissant sous le verre de Gaïa.

"Pardonnez ce geste sans doute par trop presomptueu, mais malgré mon ardent désir de gouter plus avant à votre delicieuse compagnie, mon diner du soir ayant fuit à votre approche il me faudra en trouver un autre d'ici peu, aussi je ne tarderait plus je pense."

Chaque détail s'imprima dans un recoin éclairé de sa mémoire ne laissant rien au hasard. C'est dans les plus épaisses volutes de brume que la mémoire se montrait la plus efficace.
Aussi garda t'elle en manche ses plus beaux As en prévision d'un tournant intéressant.

"Ohhh que de flatteries ...Eh bien peut être que comme vous je me trouve en quête de source de vie, de plaisir ou tout simplement d'intérêt.
Si j'avais besoin de repos ça se saurait ne croyez pas que dans ce trou à rat ce soit moi qui ait le plus besoin de me méfier de mon entourage je ne corresponds pas vraiment au profil de la princesse du château isolé qu'il faut sauver au prix de son existence..."

Son regard se voila comme propice à une menace sous jacente en référence de la plupart des conséquences que pouvaient engendrer ses actes que l'on qualifiait le plus souvent d'irrationnels et même de barbares.
Elle sentit le souffle glacé du vampire effleurer sa peau d'albâtre alors qu'elle se rapprochait elle aussi pour parcourir de ses lèvres les lignes soigneusement dessinées de son visage, comme en une ombre de baiser glacé.
Pas le moins du monde troublée, elle reprit sans se départir de son sourire :

"N'ayez aucune crainte à ce propos Lord galineas, pourquoi me montrerais je si agressive envers votre superbe ?"

Savourant son retenue la surprise d'une telle révélation elle se demanda à quel point les habitants d'Adhénor pouvaient sous estimer l'Eden pour ne pas garder en tête les principaux noms des Organisations décisives. Elle en aurait presque ri si la chose ne l'agaçait autant.
D'un mouvement nonchalant, le bout de papier disparut du comptoir alors que la jeune femme s'emparait avec une visible bonne humeur quelque peu éméchée du bras de son interlocuteur, le gardant contre elle. Non il ne se débarrasserait pas d'elle si facilement.

"A toute chose, son degré d'audace, ça me plaît assez de manière générale.
Oh vous n'allez pas me laisser seule, pauvre petite chose égarée en cet endroit malsain et mal famé. Laissez moi donc vous accompagner, ne serait-ce qu'à titre d'observatrice hmm..."

Profitant d'un léger espace de confusion, elle se laissa carrément aller à coller sur les lèvres du vampire un baiser qui ne souffrait nulle protestation, un baiser pas assez consistant pour constituer une promesse puisqu'elle en avait déjà fait une récemment, mais de quoi balayer les hésitations de Camille sans aucun doute.

Surpris plus qu'il ne l'aurait voulut, Camille se figea quelques secondes à l'évocation de son propre nom. Il savait être relativement assez important au sein de l'Hinra puisqu'il en était un des principaux agents nocturnes, et non humain s'il était utile de le souligner, mais il ne s'imaginait pas suffisement interressant pour attirer l'attention de l'Eden, ou d'un quelconque autre parti que les Tueurs. Dans un geste intrigué, son sourcil droit se releva un peu trop haut pour que cela passe inaperçu, un sourire de circonstance s'affichant sur ses lèvres. Et le sourire tiède se tzinta rapidement de franchise, elle était de plus en plus attirante ...

Observatrice hum ... Une observatrice d'un meutre comit dans le besoin et dans un but purement personnel ? Ou observatrice d'un prédateur ? ...

" He bien ..."allait il répondre, mais il fut coupé dans son élan par de douces lèvres qui vinrent se perdre sur les siennes en une carresse des plus suaves, ce qui fit soudainement battre son coeur plus fortement que de coutume. Son poul battait dans ses tempes et un léger vertige lui fit tourner la tête alors que ses yeux s'ouvraient totalement sous l'audace de sa comparse, laquelle le dépassait de loin en se montrant totalement imprévisible. Elle lui fouettait réellement le sang, faisant naitre en lui une envie de chaire tant sous sa langue qu'entre ses bras ...

Un sourire carnassier et concupiscent brilla sur ses lèvres, ses yeux luisant de son envie de sang et de plus encore ... Elle était très douée ... et très belle aussi ...
Elle semblait une tigresse prète à bondir sur sa proie , laquelle n'était autre qu'un loup carnassier, tout deux se léchant les crocs en s'échangeant quelques clins d'oeils agicheur ... et le loup songeait déjà à sauter au coup de la tigresse ...

"Belle nymphe vous semblez aussi affamé qu'une vouivre, et au moins aussi attirante. Si vous m'accompagnez je risque de ne plus souhaiter d'autres proies que vous, comme source de vie, de plaisir, ou tout simplement d'interet ..." dit il sur un ton charmant et ravi, masquant dificilement sa fascination et son interet pour la belle.

Il se leva alors, empognant egalement le bras de Gaia, et se tourna à nouveau vers elle ...

" ... he bien, allons y. La nuit promet d'être pleine de surprise ..."

[Suite "Le Creek's Mansion" --> "Danse Enivrante"

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