Retour d'une mission d' (égout)tante

[Pardon pour le titre, j'ai pas pu m'en empêcher ]

Mélisandre n'avait pas répondu à l'hybride dans les égouts. Les lèvres pincées, elle l'avait sorti de sa fange et c'est cahin-caha qu'elle l'avait amené jusqu'à l'hôpital. Le pauvre Ezel s'appuyait lourdement sur elle, malgré ses efforts pour l'aider. Il avait eu une soirée mouvementée le petit gérant de musée. Arrivée devant le centre hospitalier, elle soupira :

- "Comme si j'y passais pas assez de mes journées, il faut aussi que j'y passe mes nuits de repos."

Son ton était mi-figue, mi-raisin.

- "Décidément monsieur Verian, vpus allez connaître ce bâtiment comme votre poche à force d'y venir."

Avec un petit sourire moqueur, elle entra dans l'hôpital. Aussitôt, les infirmières se dirigèrent vers elle, inquiètes.

- "Quelque chose ne va pas mademoiselle Verian? Vous avez besoin d'aide?"

- "Oui. Emmenez-le à la douche et mettez le dans un box libre. Je m'occuperais de lui personellement."

Puis, elle se tourna vers Ezel.

- "Allez, monsieur Verian, mon équipe va vous débarbouiller un peu."

Elle sourit et se dirigea vers les vestiaires. Elle aussi avait grand besoin d'une douche. Heureusement, elle gardait toujours des affaires de rechange. C'était plus prudent dans un hôpital. Une fois sa douche prise, elle se rhabilla de frais, mit une blouse propre et attacha ses lourdes boucles encore humides. Enfin, elle se dirigea vers le box où l'attendait Ezel, après avoir demandé à l'infirmière comment cela s'était passé avec le malade... Elle ouvrit le rideau et demanda d'un ton jovial :

- "Alors, comment vous sentez-vous maintenant que vous êtes débarassé de cette pestilence?

Puis, plus sérieusement :

- "Où avez-vous mal?"

[*hausse un sourcil en voyant le titre hautement improbable* ]


Ezel s'était laissé traîner jusqu'à l'hôpital sans émettre la moindre protestation. Sans émettre le moindre son, d'ailleurs, si ce n'est un léger gémissement de douleur de temps à autres. Il avait commencé à boiter assez rapidement, mais toujours sans se plaindre. Il n'avait pas envie de fournir un autre sujet de raillerie à Mélisandre, qui mine de rien trouvait le moyen de rabaisser encore le moral de l'hybride pourtant déjà dans les négatifs de l'échelle de l'amour-propre. Mais le jeune homme ne comprenait que trop bien que la Hll fût en colère contre lui. Personne n'aimait plonger dans les égoûts pour aller repêcher un incapable.

Il ne sembla reprendre conscience de ce qui lui arrivait que lorsque d'autres mains le prirent en charge, celles d'une infirmière étonnamment patiente vu l'heure tardive. Une humaine. Ezel lui adressa un pauvre sourire, comme pour s'excuser de cette épouvantable odeur qu'il véhiculait. Constatant qu'il tremblait de froid, la jeune femme lui répondit avec gentillesse:

"Ne vous inquiétez pas, on va s'occuper de vous."

Après un petit débat lorsqu'elle lui demanda de se déshabiller, Ezel accepta finalement de prendre une douche à condition de se débrouiller tout seul. Décidément de bonne composition, l'infirmière accepta de rester à la porte de la cabine pendant que le jeune homme effectuait la demi-douzaine de shampoings nécessaires à l'élimination de la pestilence qui lui collait à la peau. Bien que délicieusement chaude, l'eau savonneuse ne fut pas un contact des plus agréables pour sa peau malmenée, mais Ezel n'avait guère le choix. Il serra les dents et se hâta d'en finir avec la douche. L'infirmière l'aida à se sécher sans toucher à la brulûre sur son flanc (encore plus abîmé que dans les pensées de l'hybride), puis elle lui confia un pyjama de l'hôpital en lui recommandant d'enfiler seulement un caleçon tant qu'on ne l'avait pas examiné. Docile, Ezel obtempéra et s'assit sur le lit qu'on lui désignait.

Mélisandre ne tarda pas, apparemment d'un peu meilleure humeur à présent qu'elle était propre. Le jeune conservateur l'entendit demander à l'infirmière comment cela s'était passé avec lui, et l'humaine assura avec un léger rire qu'elle en avait vu des moins prudes. Elle ajouta également qu'elle n'avait pas encore fait de pansements au jeune homme, étant donné qu'elle avait cru comprendre que Mélisandre préférerait se charger du patient elle-même. Le docteur Hll écarta le rideau du box, un sourire au bord des lèvres.

"Alors, comment vous sentez-vous maintenant que vous êtes débarassé de cette pestilence?"

Le jeune homme ne répondit pas, détournant la tête d'un air toujours aussi honteux. Il avait été ridicule, et il avait l'impression de l'être encore. Sans compter qu'il n'arrivait pas à se détendre, pratiquement nu alors que la voluptueuse Hll détaillait du regard chaque parcelle de son corps. Lorsqu'elle lui demanda où il avait mal, il ne put s'empêcher de répliquer:

"A votre avis?"

Puis, aussitôt après:

"Oh, excusez-moi, je ne voulais pas..."

Il soupira profondément et se passa une main sur le visage avant d'oser relever la tête pour affronter ce regard vert qui formait un étrange écho de ses propres yeux. Un sourire malheureux passa sur son visage tandis qu'il disait:

"Si je vous réponds un peu partout, vous me croyez?"

A vrai dire, il n'avait pas tort. Si on oubliait son flanc à vif dont la peau humide prenait une teinte blanchâtre peu reluisante, il lui restait encore une entaille à la main gauche et une morsure de rat au mollet droit, les deux plaies étant évidemment dans un état bien avancé d'infection vu le temps qu'elles avaient passées à macérer dans l'eau des égoûts. La jambe d'Ezel, surtout, brûlait d'une couleur rouge qui expliquait largement sa difficulté à marcher droit. Enfin, moins graves mais plus décoratifs, la bosse et l'oeil poché qui lui venaient respectivement du coup de poing de l'Hll et de la rencontre entre sa tête et le mur des souterrains. Bilan pour le moins glorieux de sa petite incursion chez l'ADH...

Le sourire de Mélisandre s'élargit quand le jeune hybride lui répondit un peu rudement.

- "Ah, ben voilà, vous sortez vos griffes. C'est dommage que vous vous trompiez d'ennemi, Ezel."

Elle s'approcha doucement du jeune homme assit sur le lit. Elle examina rapidement chaque parcelle de son corps tout en murmurant d'un ton calme :

- "Allons, détendez-vous. Vous n'êtes pas le premier homme que je vois si peu vêtu et vous ne serez pas le dernier. Je suis au boulot, là."

Elle grimaça devant les plaies ouvertes qui s'étaient infectées. La brûlure n'était pas belle non plus, mais guérirait sans trop de problème. Quand à la bosse et l'oeil poché, il faudrait laisser faire le temps.

- "Je vais chercher ce qu'il faut."

Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle revint rapidement avec un chariot contenant toutes sortes de flacons et matériel médical. D'abord, elle monta une perfusion d'antalgiques pour soulager un peu le jeune homme, ainsi que des antibiotiques à large spectre pour éradiquer toute infection. Tout en piquant Ezel, elle lui expliqua ce qu'elle faisait. Il était intelligent et savoir ce que la hll lui faisait le rassurerait peut-être. Quand cela fut mis en place, elle s'attaqua à la brûlure. Elle la nettoya soigneusement et la recouvra de pansements gras. Puis, elle fit un bandage qui prit tout le torse du jeune homme.

- "Désolée, mais c'est assez étendu et il faut que cela tienne. Plus tard, on ne mettra qu'un simple pansement adhésif."

Puis, elle regarda sa main et la nettoya soigneusement avec des antiseptiques. Elle décida de recoudre la plaie, ce serait plus propre. Puis, elle pansa la main.

Enfin, elle s'attaqua à la morsure de rat. Nouveau protocole de désinfection, nouveau bandage.

- "Je trouve que le style momie vous va très bien, Ezel."

Petite note d'humour pour détendre un peu son patient. Le pauvre, il avait payé cher sa témérité. Elle n'était même plus en colère contre lui.Ses gestes étaient étonnament doux et précis.

- "Pour la bosse, je ne peux que vous donner une vessie de glace. Désolée. Maintenant, si vous voulez bien enfiler le pyjama..."

Elle le lui tendit.

- "Après, j'aimerais savoir pourquoi vous avez voulu jouer les héros ce soir, alors même que vous n'avez aucune compétence martiale... Je dois avouer que je trouve ça très courageux... ou totalement stupide."

Ezel se laissa faire avec une docilité exemplaire, malgré la légère gêne qu'il éprouvait encore. Mélisandre semblait apprécier ses propres plaisanteries, et ce n'étaient pas tant les blagues elles-mêmes que le caractère de plus en plus agréable de la Hll qui aidait le jeune homme à se détendre. Qui plus est, il écoutait attentivement les explications du médecin, effectivement rassuré de savoir ce que c'était que toutes ces subtances qu'elle lui injectait sans sourciller. Lorsqu'elle lui fit ses excuses concernant le bandage sur sa brûlure, il s'empressa de la détromper:

"Oh non, ne vous inquiétez pas: je trouve que ça fait bien soigné, comme ça."

Et comme souvent, il faillit se gifler immédiatement après avoir parlé: on n'avait pas idée de dire des choses aussi stupides et naïves. Il ne fallait pas qu'il s'étonnât de sa réputation de gamin, s'il continuait dans cette voie... A nouveau renfermé, il hocha la tête lorsque Mélisandre lui désigna le pyjama et l'enfila en évitant de son mieux de croiser le regard du médecin. Il se sentait assez humilié comme cela. Mais bon, au moins il n'avait plus mal au côté, et c'était tout juste si sa jambe le tiraillait encore un peu.

"Après, j'aimerais savoir pourquoi vous avez voulu jouer les héros ce soir, alors même que vous n'avez aucune compétence martiale... Je dois avouer que je trouve ça très courageux... ou totalement stupide."

Les yeux baissés, Ezel rajusta sur son épaule ce pyjama trop large pour lui.

"Je... je ne sais pas, je... j'ai pensé que pour une fois, je pourrais... être utile à quelque chose. Je ne pensais pas rester longtemps dans les parages, je revenais du centre-ville et j'ai pensé qu'un petit détour ne changerait pas grand chose. Je... je ne voulais pas me faire remarquer, je ne savais pas que cette grille risquait de céder."

Il frottait nerveusement le bandage qui couvrait sa main gauche. Toujours sans redresser la tête, il marmonna:

"Vous... vous croyez que c'est grave que cette bannie m'ait pris un peu de sang? Elle ne peut rien faire de mal avec, n'est-ce pas?"

Mélisandre observait le jeune homme, dubitative. Il emblait si jeune, alors même qu'ils devaient avoir à peu près le même âge. Il ressemblait à un gamin apeuré qui faisait tout son possible pour se prouver qu'il valait mieux que ça... A moins qu'il ne voulu le prouver à quelqu'un d'autre. Une idée qui fit sourire Mélisandre. Elle ajouta, plutôt finement :

- "Et ne devrions-nous pas imputer ce sursaut de témérité à quelqu'un en particulier? On se conduit comme cela pour deux raisons : se prouver quelque chose ou prouver quelque chose à quelqu'un d'autre... Quelle est cette personne pour laquelle vous avez décidé de jouer les héros?"

La question d'Ezel sur la gravité de prélèvement de sang l'assombrit. Comment savoir ce que la scientifique ferait de ce sang? Pour ce qu'elle en savait, la bannie pouvait l'étudier sans relâche et en tirer un poison qui tuerait les deux espèces. Peut-être y avait-il une particularité, une résistance à certains germes, enfin quelque chose que Shadrileh emploierait à des fins rien moins qu'honorable... cela n'avait rien de réconfortant. Elle soupira et passa sa main blanche dans son opulante chevelure de feu.

- "Sincèrement, je n'en sais rien. Je suis médecin, pas scientifique. Je pourrais certes, prélever de votre sang et le faire analyser afin de concurrencer Shadrileh et de vous avertir de ce que j'apprendrais, mais je ne suis pas certaine d'être aussi douée qu'elle."

Sa main droite triturait machinalement une bague à sa main gauche alors qu'elle réfléchissait.

- "Je ne vous cache pas que cela m'inquiète. Je me demande si on ne devrait pas en référer à nos supérieurs. Cela a peut-être de l'importance, comme cela peut ne pas en avoir."

Elle planta son regard émeraude dans celui d'Ezel.

- "Mais si vous voulez que cela reste entre nous, je ne m'y opposerais pas. Je vous laisse faire votre choix."

Lorsque Mélissandre lui demanda si son sursaut de témérité était dû à quelqu'un en particulier, Ezel devint d'une belle couleur cramoisie qui contredisait totalement le vif mouvement de dénis qu'il fit avec sa tête. Non, bien sûr que non il n'avait cherché à impressionner personne, c'était bon pour un gamin ça, non?... Il renonça néanmoins à se justifier à voix haute, de peur que sa voix trop incertaine ne le trahît pour la énième fois. Et puis la Hll venait de réorienter la conversation sur un sujet nettement moins superficiel.

Ezel avala difficilement sa salive. Il espérait sincèrement que Mélissandre allait lui dire que ce n'était rien, que la bannie ne pourrait rien faire avec ce sang, que c'était son imagination à lui qui s'était emballée, comme d'habitude. Le "je n'en sais rien" du médecin sonna comme un glas aux oreilles du jeune hybride, qui croisa les bras autour de son torse dans le vain espoir de réprimer le tremblement qui remontait le long de sa colonne vertébrale. Pour la deuxième fois en trente secondes, il remit en place le pyjama qui glissait sur son épaule trop chétive.

"Je ne sais pas trop quoi dire... Si on en est là, c'est à cause de mon incompétence, je n'ai que ce que je mérite. J'espérais juste que cela resterait sans conséquence pour les autres..."

Il releva la tête et ses doux yeux verts rencontrèrent les étincelantes émeraudes qu'étaient les iris de Mélissandre.

"Il faut prévenir quelqu'un. Moi, je n'entre pas en ligne de compte."

Sa gorge se noua: pourtant il n'avait pas la moindre envie que Gaia fût au courant de sa bêtise, vraiment pas la moindre envie. Il allait passer un sale quart d'heure quand elle l'apprendrait, mais il ne pouvait pas se permettre de garder cela pour lui. S'il ne sortait rien des études de la bannie, tant mieux. Sinon, il fallait être prêt à prendre des mesures, et cela Ezel en était incapable.

"Par contre, si ça ne vous dérange pas, je... je préférerais attendre un ordre officiel pour que vous examiniez mon sang. Vous comprenez, c'est que c'est assez embarassant pour moi cette histoire de prélevement, j'ai un peu l'impression d'être un rat de laboratoire."

Il soupira et passa ses mains sur son visage.

"Excusez-moi, il est tard... Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous avez fait, et je m'excuse encore de vous avoir entraînée là-dedans. Je crois que je vais rentrer chez moi maintenant."

Il posa les mains de chaque côté de ses cuisses, et avant que Mélissandre ait le temps de dire quoi que ce soit, il descendit du lit. Mauvaise idée, étant donné sa jambe blessée et ses muscles engourdis par les antalgiques...

Mélisandre considérait en silence le gérant du musée. Elle n'aimait pas les faibles... C'était dans son sang. Pourtant, ce jeune homme l'émouvait en même temps qu'il l'agaçait prodigieusement. Il se confondit en excuses avec son air malheureux. Lui ne comptait pas... et pourtant, Mélisandre avait des scrupules à prévenir ses supérieurs à propos de cet incident. Elle ne voulait pas attirer d'ennui au jeune hybride. Il avait fait une erreur et il en avait conscience. Cela suffisait non?

Cependant, il lui fit une requête. Ne pas lui prélever de sang sans l'acord de leur supérieur... Oui, évidemment, cela ne devait pas être agréable d'être considéré comme un rat de laboratoire. Une lueur de compassion passa dans le regard vert de la flamboyante Hll.

Finalement, il décida de prendre congé et se leva, avant que Mélisandre n'ait esquissé un geste. Et evidemment, il tomba lourdement au sol, engourdi par les antalgiques. Elle se précipita auprès de lui et lui tapota doucement les joues pour le réveiller...

- "Monsieur Verian... Ezel..."

Elle soupira :

- "Comment voulez-vous arriver à quelque chose si vous vous montrez aussi inconséquent? Vous ne pouvez pas partir ainsi et je préférerais que vous passier la nuit ici. Dois-je prévenir quelqu'un de votre absence?"

Ce n'était pas de la curiosité. C'était son devoir. En cas d'hospitalisation, il fallait pouvoir prévenir quelqu'un.

Le choc ne fit pas vraiment perdre conscience à Ezel, mais il le secoua plutôt rudement, et il fallut toute la persuasion de Mélisandre pour le ramener à un état plus éveillé. Hagard et un peu perdu, il se laissa faire presque sans réagir lorsque l'Hll le força à se relever, juste assez longtemps pour l'obliger à s'allonger sur le lit. Ezel s'exécuta, une main sur les yeux. Tout tournait autour de lui, et sa migraine revenait déjà à la charge. Oui, ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée que de passer la nuit à l'hôpital. Il se sentait si fatigué... Il avait été stupide de croire qu'il tiendrait assez longtemps pour rentrer au musée. Il cligna des paupières et se secoua un peu lorsqu'il réalisa que Mélisandre lui parlait. Elle dut répéter sa demande deux fois avant qu'il ne la comprenne.

"Ah... euh... En fait oui... si je pouvais téléphoner moi-même... s'il vous plaît..."

Le médecin ne paraissait guère enthousiaste, mais le désir d'Ezel était si sincère et si vif qu'elle finit par abdiquer. La main du jeune homme tremblait un peu lorsqu'il composa le numéro de son appartement sur le vieux combiné en bakélite qu'on lui tendait, et il faillit se tromper deux fois de suite. Il obtint tout de même la tonalité et n'attendit pas deux sonneries avant qu'une voix connue ne pousse un sourire tendre à s'afficher sur son visage. Il était si visiblement soulagé qu'il ne s'en rendit même pas compte.

"Oui, c'est moi... Non non, ça va, je... j'ai juste eu un petit accident... Mais non, un peu cabossé, c'est tout. Je n'ai pas... Au centre hospitalier de l'Eden, mais... non Sérénité, tu ne peux pas, je..."

Il s'interrompit brusquement, l'air stupéfié. Puis il se tourna vers Mélisandre avec un tout petit sourire, comme pour s'excuser de cette nouvelle faiblesse et assurer à l'Hll que ce n'était pas sa faute.

"Je... elle a raccroché, je crois qu'elle va venir ici... Je suis désolé, mais elle ne vous laissera pas la garder à la porte..."

Mélisandre accepta de mauvaise grâce qu'Ezel téléphone lui-même à la personne qu'il voulait. Elle le laissa parler, se contentant de le regarder, un étrange sourire aux lèvres. Bien sûr, elle s'était éloignée pour lui donner un semblant d'intimité, mais son ouïe fine lui permettait de capter les bribes de la conversation. Il téléphonait à une femme... Soeur ou amante? Difficile à dire. Mais quelqu'un auquel il tenait et qui tenait à lui.

Il la regarda de son petit air coupable et se justifia. Mélisandre soupira en récupérant le téléphone.

- "On est dans un hôpital ici, pas dans un hôtel! On ne peut pas rentrer et sortir quand bon nous semble! Il y a des horaires de visite et ils sont désormais terminés!"

A nouveau de mauvaise humaine, elle se rapprocha d'Ezel.

- "Comment ça, elle ne restera pas à la porte? Il y a une sécurité dans cet hôpital vous savez?"

Elle se passa une main sur son visage las.

- "Oh et puis, zut, j'en ai assez de discuter avec vous. Qu'elle rentre si elle veut, je m'en balance!"

Soudain, elle darda ses prunelles émeraudes sur l'hybride.

- "Mais, je dois savoir qui c'est et avoir ses coordonées. C'est à mettre dans votre dossier de soins, c'est la loi! C'est de la paperasse et ça m'embête plus qu'autre chose, mais je n'ai pas le choix. Et vous non plus..."

Bref bonjour quasiment inaudible à la receptionniste

"Je cherche un jeune hybr...heu....homme, un jeune homme c'est bien ça. Plutôt mince, brun avec de beaux yeux verts..."

Réalisant qu'elle n'en savait pas plus, elle se tut, désemparée...

"Suivez l'odeur..."

Sérénité haussa un sourcil d'un air encore plus désemparé, puis soupira avant d'en effet sentir une odeur plutôt désagréable qui provenait du couloir le plus proche..

"Heu...merci...je suppose.."

Nouvelle course dans le couloir, pour finir par déboucher dans une salle, à peine plus gracieusement qu'elle ne l'avait fait dans la salle de projection du musée. Rapide coup d'oeil. Ezel localisé. Dans un état plutôt...disons pas un état proche de la santé parfaite.

"Bon sang, Ezel!! Mais qu'est-ce qui t'es encore arrivé? C'est quoi toutes ces plaies, et ces bandages? Oh mon Dieu mais où es-tu allé te fourrer..."

[i]Sérénité remarqua alors le visage du jeune homme se teinter de honte et elle comprit qu'elle l'avait bléssé...Il était déjà champion dans la mésestime de soi et elle ne l'aidait pas en le traitant comme un enfant...Elle calma sa respiration sacadée et adoucit sa voix. Elle se rapprocha du lit et s'assit au bord pour déposer un baiser sur le front du jeune homme.

"Pardonne-moi...mais...j'étais vraiment inquiète quand tu m'as appelé...Je ne savais pas quoi faire...j'ai eu peur qu'il te soit arrivé malheur...pardon..."

C'est alors qu'elle remarqua la présence d'une femme dans l'ombre de la pièce.

"C'est vous la responsable de l'état dans lequel il se trouve..."

Légère rage dans la voix, malgré les efforts de Sérénité pour la camoufler..

Ezel eut un imperceptible mouvement de recul lorsque Mélisandre pesta contre son manque de persuasion et qu'elle lui demanda vivement qui était cette personne qui envahissait son sanctuaire médical. Sur la défensive, le jeune hybride bégaya:

"Elle... Elle vit avec moi depuis peu, même adresse: combles du musée de Leidenstal. Son nom, c'est Sérénité Wolf."

Il se détourna un peu tandis que Mélisandre allait lentement chercher le formulaire approprié à l'autre bout de la pièce. Ezel sentait son incandescent regard vert peser sur lui et il se mordit la lèvre. Il était facile de savoir ce qui avait interpellé le médecin: il n'y avait pas trente-six personnes qui s'appelaient Wolf dans la cité, alors autant préciser les choses d'entrée de jeu.

"C'est la fille adoptive de Constance Wolf. Elle... elle est comme moi. Je veux dire, à moitié Hll, à moitié humaine. Mais elle tient un peu plus de votre race, c'est pour ça que je ne pense pas que vous parviendrez pas à la retenir à l'entrée."

Heureusement pour lui Mélisandre n'avait l'air particulièrement curieuse de sa vie privée, ce dont il lui fut immensément reconnaissant. Déjà que lui-même n'était pas sûr des sentiments qu'il éprouvait pour Sérénité, alors de là à se justifier devant une femme qu'il connaissait si peu... Ezel garda donc les yeux baissés, tripotant ses draps d'un air absent tout en aidant de temps à autres le médecin qui remplissait son dossier médical. Il était épuisé, mais maintenant qu'il savait que Séni devait venir il tenait à rester éveillé.

Dix minutes, montre en main, avant qu'un bruit de course lui fasse lever la tête vers l'entrée. Un sourire timide pointa sur ses lèvres, balayé dès qu'il vit l'expression de la tornade qui déboula dans la chambre. Une chance qu'il y fût le seul malade...

"Séni..."

"Bon sang, Ezel!! Mais qu'est-ce qui t'es encore arrivé? C'est quoi toutes ces plaies, et ces bandages? Oh mon Dieu mais où es-tu allé te fourrer..."

Re-mouvement de recul, qui lui valut une fugitive grimace de douleur lorsqu'il s'appuya par mégarde sur sa main entaillée. Il entrouvrit les lèvres pour se justifier, mais aucun mot ne vint. Figé dans un silence absolu, désagréablement surpris par l'éclat furieux qu'avaient pris les yeux vairons de l'actuellement mal nommée Sérénité, il sentit le sang lui monter au visage et raviver la douleur de son oeil poché. Oui, qu'est-ce qu'il lui était encore arrivé, là était tout le problème... On a pas idée de jouer les héros lorsqu'on ne sait même pas flanquer un coup de poing à quelqu'un.

Visiblement sensible à l'air dépité de la momie qui lui servait de compagnon, Sérénité fit l'effort de s'adoucir. Ses excuses furent accueillies avec un petit sourire, qui resta cependant bien triste. Ezel repensa alors à la remarque que lui avait faite Mélisandre au sujet du désir d'en mettre plein la vue à quelqu'un en particulier, et il rosit de plus belle.

"C'est vous la responsable de l'état dans lequel il se trouve..."

"Hein? Oh non, non, attends! Ce... c'est le docteur, c'est elle qui m'a..."

Il fut interrompu par un brusque éternuement, qui tirailla violemment son flanc brûlé. Parfait, un rhume maintenant...

"Je suis passé à travers une grille d'égoût rouillée, c'est elle qui est venue me chercher et qui m'a soigné. Pour les coups, en fait... je... j'ai croisé un Hll un peu énervé. Il m'a vu tombé et n'a pas vraiment apprécié mon côté "mélange"... Tu vois, ce n'est pas si grave que ça."

Léger coup d'oeil à Mélisandre: pas la peine de parler de la bannie à Sérénité, il préférait attendre un peu que la situation se décante avant de jeter à nouveau de l'huile sur le feu.

Mélisandre trahit un mouvement de surprise quand ezel annonça que sa correspondante était Sérénité Wolf... Wolf? Alors qu'un soupçon venait s'inisnuer dans l'esprit de la hll, le jeune homme vint le confirmer. La fille adoptive de Constance Wolf. Et ben dis donc... Il ne faisait pas les choses à moitié!

- "Vous voulez dire que vous fricottez avec la fille adoptive de la chef de Cercle? Vous aimez vivre dangereusement Mr Verian. Je me demande si il n'y aurait pas une pathologie psy derrière ce besoin de risquer sa vie..."

Mi serieuse-mi amusée, elle lui offrit un petit sourire en coin, avant d'aller remplir ses dossiers. Sa remarque ne demandait pas de réponses. Quelques minutes plus atrd, survint une jeune fille qui déboula en trombes dans la chambre du jeune homme. La hll regarda avec un sourire cynique ces retrouvailles attendrissantes. Sérénité faisait la leçon à Ezel avant de s'excuser. Comme c'était mignon! Mélisandre pensait avec amertume et ironie à ce couple improbable. Elle avaiut apprit depuis longtemps que l'amour ne servait à rien sinon à enchaîner quelqu'un à soi. C'était bien pour cela qu'elle se gardait bien de mêler le sexe aux sentiments.

Finalement, la jeune hybride la prit à partie et fut vite raisonnée par Ezel. Un sourire froid ourla les jolies lèvres pulpeuses de la flamboyante rousse.

- "Je vous demanderais de baisser d'un ton Mademoiselle Wolf et de vous calmer un peu, vous allez me l'achever."

Elle pencha la tête, une étincelle de malice dans son regard émeraude.

- "Oui, je suis responbable de son état actuel si vous parlez des bandages et autres choses de ce genre."

Ezel avait délibérément omis qu'il avait traîné un peu trop près de l'ADH et qu'une banie lui avait pris du sang. Ce n'était pas à Mélisandre de rectifier la chose.

- "Bon et maintenant, je vais vous laisser à vos charmantes retrouvailles. Vous devez avoir pleins de choses à vous dire. Je vous donne une demie heure mademoiselle Wolf. Après, je vous prierais de partir et de laisser monsieur Verian se reposer. Il en a besoin. SI vous avez besoin de quelque chose, sonnez, une infirmière viendra."

Elle leur fit un petit signe de tête avant de s'éclipser.

Sérénité serra les dents. Pas la peine de s'énerver pour une pauvresse qui se la jouait femme fatale. De toute façon, elle n'aurait pas eu le temps de riposter, le médecin s'était rapidement éclipsé après son petit laïus. La jeune hybride détestait ses gens incapables de céder le dernier mot. Et pour cause...Elle en faisait partie. Calmant ses nerfs à force de longues et profondes inspirations, elle se tourna vers Ezel. Son regard avait recouvré toute sa douceur.

"Me faire des frayeurs pareilles...Franchement, si c'est pour attirer l'attention, c'est vraiment pas malin. Elle a raison, l'autre rousse...On dirait que tu cherches systématiquemes les ennuis... Ezel, combien de fois devrais-je te le répéter. Tu n'as pas besoin d'essayer de changer ce que tu es. C'est comme ça que j't'aime. Je sais bien que tu te sens seul et parfois misérable, mais c'est le lot des gens exceptionnels!"

La jeune fille lui sourit bravement, retenant ses larmes. Elle avait eu si peur de le perdre...Elle avait enfin trouver un peu de bonheur dans sa vie, et elle ne permettrait pas qu'on le lui retire...A aucun prix. Elle se pencha pour déposer un baiser sur le front d'Ezel. Puis ne retenant pas ses envies, elle continua vers la bouche. Une fois les lèvres du jeune homme entre les siennes, le baiser se fit plus profond, et plus passionné...

Ezel subit sans broncher le ton involontairement moralisateur de Sérénité. Il évita simplement de la regarder dans les yeux afin de ne pas lui dévoiler sa totale incompréhension. Impossible pour lui de s'y retrouver: lorsqu'il se comportait instinctivement et qu'il fuyait ou restait en dehors des affaires importantes, on le considérait comme un lâche et un trouillard. Mais lorsqu'il prenait enfin la décision de risquer quelque chose et d'agir un peu, on le traitait comme un petit garçon en le sermonnant et en lui expliquant qu'il ne fallait pas qu'il se fourre dans des situations pareilles. Mais était-ce sa faute s'il ne savait pas se battre et qu'il ne parvenait pas à apprendre? Etait-ce sa faute si l'idée de tuer quelqu'un, même pour se défendre, le rendait malade? Et voilà où il en était: à l'hôpital, après s'être rendu bien ridicule, à écouter les reproches de cette adorable hybride avec qui il partageait sa vie depuis si peu de temps.

Sérénité posa une main sur son visage pour l'obliger à la regarder tandis qu'elle achevait sa tirade, avec un sourire si tendre qu'il parvint à chasser un peu de la morosité d'Ezel. Elle était plus jeune que lui, et c'était elle qui le rassurait... Le jeune homme se rendit alors compte qu'elle avait les larmes aux yeux, et il glissa gentiment:

"D'accord, je m'excuse, je ferai attention la prochaine fois c'est promis. Je ne voulais pas t'inquiéter..."

Visiblement assez satisfaite par cette réponse, Sérénité s'avança un peu sur le lit pour l'embrasser sur le front, lui tirant un sourire désolé. Sourire bien vite balayé par un autre baiser, bien moins chaste que le précédent. Ezel sursauta légèrement et leva instinctivement une main pour un petit peu retenir la jeune fille, mais la chaleur qui lui sembla soudain se répandre dans l'ensemble de son corps l'arrêta. Ses doigts allèrent docilement se poser sur la nuque de Sérénité et ses yeux se fermèrent tandis qu'il la laissait l'embrasser de manière plus intime, en répondant à son baiser d'une manière aussi timide qu'inexpérimentée. Puis Ezel prit un peu d'assurance, et il osa chercher à goûter plus précisément aux lèvres et à la bouche de sa compagne, tout en se détendant et en se laissant repousser sur les oreillers... enfin, à peu près sur les oreillers...

"Att... AÏEUH!"

Il venait de rater son appui et s'était brutalement étalé en travers du lit, réveillant la brûlure sur son flanc. Une fugitive grimace de douleur passa sur son visage, mais il ne tarda pas à l'en chasser en voyant l'expression de Sérénité qu'il avait entraînée dans sa chute. Il émit un petit rire emprunt de douceur avant de caresser d'une main ce visage délicat penché au-dessus de lui.

"Ca va, ne t'inquiète pas... Excuse-moi, je gâche toujours tout."

Sérénité réprima un sourire. Elle ne voulait pas risquer de vexer encore Ezel, mais sa maladroitesse était tout simplement touchante, bien que tout aussi affolante par moments...Elle se releva évitant tant que sa position le lui permettait de toucher le jeune hybride de peur de réveiller une de ses blessures chèrement acquises. Elle l'aida néanmoins à se relever et le soutint délicatement lorsqu'il se recoucha, avec maints soupirs de douleurs en prime!

"Ca ne fait rien, ne t'inquiète pas..."

Elle alla s'asseoir sur un des fauteuils présents dans les coins de la chambre. Elle n'aimait pas particulièrement l'idée qu'Ezel restât dans cet hôpital. Parce que malgré son côté neutre elle ne pouvait pas oublier qu'elle se trouvait au sein du QG des ennemis directs de Constance, et qu'elle avait entendu plus d'un secret concernant cet endroit et ses membres. Alors sa méfiance était mise à rude épreuve. Maintenant qu'elle y pensait elle trouvait cela troublant qu'on l'ait laissé entrer si facilement. Par ici, on ne devait pas être étranger à son lien avec la Commandante en chef des Tueurs... C'est donc peu rassurée qu'elle s'adressa de nouveau à Ezel:

"Dis-moi...Si tu ne te sens pas trop faible on pourrait peut-être rentrer, non? Je n'aime pas trop cet endroit, il me donne froid dans le dos..."

Sérénité posa un regard tranchant sur le médécin qui venait de faire son entrée intrusive dans leur conversation. Elle n'aimait pas cet endroit, mais elle aimait encore moins cette femme et ses airs supérieurs. Elle avait beau être consciente que c'était elle qui avait soigné Ezel, celà ne lui conférait pas pour autant le droit de lui manquer de respect ainsi. Elle se leva pour faire face à la créature. Elle se tenait suffisament près pour distinguer les prunelles vertes briller de défi et d'arrogance.

"Je vous remercie pour tous vos égards, mais je ne compte pas passer la nuit ici, sauf si Ezel me le demandait. Je vous prierai donc de vous mêler de ce qui vous regarde. Et à l'avenir, je vous saurai gré de bien vouloir faire l'effort de lever votre poignet si gracile et d'en actionner les muscles pour toquer aux portes fermées derrière lesquelles se déroulent des conversations privées. Cela étant dit, je ne m'attendais pas à de la politesse venant d'individus tels que vous..."

Sérénité s'éloigna de l'hll en lui tournant négligemment le dos. Elle alla s'appuyer sur le rebord de la fenêtre avant de poursuivre, l'air dans le vague mais sachant pertinement que le médecin l'entendait:

"Que c'est dommage...Je pensais pourtant que venant d'une personne réputée intelligente, je n'aurais pas à subir les préjugés que me causent mon nom et son affiliation..."

Déjà en temps normal, Ezel aurait eu du mal à s'interposer entre les deux jeunes femmes, aussi naturellement autoritaires et sûres d'elles qu'il était timide. Mais là, allongé dans un lit d'hôpital avec des bandages sur la moitié du corps et encore shooté aux anesthésiques, c'était peu dire qu'il avait une sacrée longueur de retard sur la conversation. Lui-même n'était pas contre le fait de passer la nuit à l'hôpital. Après tout il n'aspirait qu'à dormir, et peu lui importait l'endroit; au moins là, il était déjà en pyjama et allongé entre des draps propres. Mais pour Sérénité, il aurait fait l'effort de rentrer au musée, si elle refusait vraiment de rester au QG de l'Eden.

Cependant, les deux femmes avaient commencé leur âcre discussion avant qu'il n'ait l'occasion d'exposer son point de vue, et il avait à présent toute la peine du monde à leur rappeler sa présence. D'abord par quelques discrets "s'il vous plaît?", puis par de plus implorants "je vous en prie, non...", il s'efforça d'attirer leur attention sur le fait qu'il se sentait très mal et qu'elles ne l'aidaient pas à aller mieux en persiflant au pied de son lit. Puis, la migraine aidant, il trouva la motivation pour crier plus fort qu'elles:

"EH! CA SUFFIT!"

Le silence se fit, et Ezel sentit le sang lui monter au visage. Une main sur la tempe, il bredouilla d'un air confus:

"Excusez-moi, je... c'est juste que j'ai très mal à la tête, alors si vous pouviez parler un peu moins fort..."

Il ponctua sa demande d'un angélique sourire d'excuse, avant de s'adresser plus particulièrement à Sérénité:

"Tu es certaine de ne pas vouloir passer la nuit ici?"

Dans sa question, on devinait aisément son malaise: il n'avait pas spcialement envie de quitter son lit, mais il n'osait pas non plus dire ouvertement non à Sérénité. Cruel dilemme de ceux qui savent ce qu'ils veulent mais n'ont pas le caractère qui leur permettrait de le réclamer.