Voulant avoir de la compagnie [pv Ezel]

La légère brise printanière qui s'infiltrait dans les rues de Leidenstal ne parvenait pas à chasser la froideur qui y régnait, pas plus que la lourdeur typique d'un air saturé de haine et de violence. Trop d'êtres vivants, humains ou créatures, avaient expiré sur ces pavés pour qu'on puisse les fouler avec insouciance. Guerre civile en sommeil, guerre des nerfs entre différentes factions armées. Comme dans toutes les guerres, les victimes étaient nombreuses. Et comme dans toutes les guerres, c'était parfois ceux qui étaient morts qui avaient eu le plus de chance.

Ezel était l'une de ces victimes. La tourmente lui avait pris ses parents, elle lui avait volé sa vie avant qu'il ne l'ait commencée, elle l'avait privé des conseils avisé des adultes qui l'auraient aidé à grandir. Il s'était débrouillé seul, et à présent il en payait le prix: trop naïf, trop immature, trop craintif pour se faire sa place dans ce monde sans pitié. Et à présent que même Sérénité lui avait renvoyé son mépris au visage, dans quoi pouvait-il bien trouver de l'espoir?

Alors il sortait, toute la nuit s'il le fallait, et il errait dans les rues. Peut-être espérait-il sourdement qu'un coupe-gorge lui prendrait sa si douloureuse vie, et qu'enfin il trouverait le repos. Il ignorait encore que lorsque cet événement se présenterait sous les traits d'Ambroise, quelques jours plus tard, il le repousserait avec une ferveur sans précédent: Ezel tenait à la vie avc toute la vigueur d'un adolescent de dix-neuf ans, même s'il n'en avait plus conscience. Mais pour l'heure, son esprit n'était encombré que de noires pensées, et ce fut en traînant les pieds qu'il déboucha sur la place de la fontaine, les yeux baissés, perdu dans la contemplation des pavés qu'il foulait.

Douce musique. Oui Lee avait ouvert cette boîte doucement et cette dernière laissait échappait un son léger semblable à une plainte. On pouvait voir aussi une jolie danseuse en tutu rose tournait sur elle-même. Dans cette atmosphérique bien mélancolique lee posa quelque doigts dans l’eau. Cela le rafraîchissait, bien que la température commençait à s’en charger. Lee finit par se caller contre un rebords de la fontaine, la boîte posée à côté de lui. La musique qu’elle libérait commençait à remplir le vide des alentours. Cela la faisait résonnait encore plus. Lee finit par allumer une cigarette. Le rouge de la combustion brillait dans la nuit comme une étoile dans le ciel de couleur sombre.

Doucement il l’a porta à sa bouche. Après quelque bouffée prise avec une lenteur mémorables il finit par rejeté cette fameuse fumée blanche dans les airs. Une petite brise vint porter cette dernière vers l’opposé de lee. Habillé tout de blanc et ses cheveux lâché Lee, n’observa pas les alentour trop occupé sur sa cigarette. C’est pour ça qu’il ne vit pas Ezel arriva près de la fontaine. C’est les bruits de ses pas qui le ramena à la réalité. Une personne était là Mais qui cela pouvait être ne pleine nuit.

Il tourna alors la tête vers Ezel. Il ne l’avait pas encore remarqué. Il regardé ses pieds. Il semblait désemparé et marchait comme un zombie. Lee se demandait comment une créature aussi faible pouvait se promener seul le soir avec toutes les personnes louches qui pouvait traîner le soir. Après tout, il n’avait rien à perdre. Lee se rappela ce qui s’était passé au dragon rouge. La vérité qu’avait dit lee aurait détruit moralement beaucoup d’hommes, surtout quand on est aussi faible que lui. Il attendit qu’il se rapproche de la fontaine avant de dire avec un ton aussi froid que possible.

« Tien voilà une personne que je connais...Comment une créature aussi faible que vous peut oser se promener la nuit ? »

Le jeune hybride avait à peine noté le doux son que produisait le liquide translucide déversé par la fontaine. C'était une belle mélodie pourtant, calme, régulière, apaisante comme l'est toujours l'eau qui s'écoule. Les jets de la vieille sculpture qui ornait le centre du bassin plongeait en tourbillonnant vers le fond de l'étendue froide, illuminés par de légers spots électriques dissimulés à leur base. Ezel redressa fugitivement la tête, et les arcs de lumière se reflétèrent dans ses iris verts pour y ramener un peu de la lumière qui les avait récemment quitté. Puis le regard terne se baissa à nouveau et le conservateur continua son lent chemin sans but à travers la place.

Etait-ce de la musique qui s'échappait de la fontaine? Peut-être, peut-être pas. Quelle importance? Ezel ne l'écoutait pas, persuadé que c'était une hallucination dûe à la fatigue - cela faisait des heures qu'il tournait en rond dans Leidenstal, et il n'avait rien avalé depuis le petit-déjeuner. Sa silhouette déjà très fine s'était amaigrie de manière maladive, et lui qui était toujours tiré à quatre épingles en temps normal s'était habillé avec des chaussettes dépareillées et un pull élimé, qui mettait tristement en valeur son menton mal rasé. Pour ce qui était certainement la première fois de sa vie, Ezel faisait plus que son âge.

La musique faiblit puis reprit au départ, toujours aussi calme et mélancolique. Le jeune homme ralentit légèrement, en se demandant si c'était vraiment son esprit qui lui jouait des tours. Il releva lentement la tête pour observer la fontaine et s'arrêta en face d'elle, à la recherche de ce qui pouvait produire cette intriguante mélodie.

"Tiens voilà une personne que je connais...Comment une créature aussi faible que vous peut oser se promener la nuit ?"

Ezel tressaillit violemment et esquissa un mouvement de recul, sur la défensive: il se croyait seul, et décrouvrir aussi soudainement que ce n'était pas le cas avait de quoi le faire sursauter. Sa surprise un peu craintive ne tarda pas à se transformer en véritable consternation, dès qu'il repéra la silhouette nonchalamment assise près de la fontaine. Un Tueur, et pas n'importe lequel.

Les yeux verts, incrédules, affrontèrent un instant le regard aussi sombre que volontaire qui leur faisait face. Puis les mots que le jeune asiatique avait prononcés devant le Dragon Rouge revinrent à la mémoire d'Ezel, toujours aussi implacables et douloureux. L'hybride se détourna d'un air blessé, désagréablement surpris de constater que malgré les jours qui s'étaient écoulés, ces paroles lui faisaient toujours aussi mal. "Faible créature"... Ezel répliqua sans conviction, d'une voix fatiguée:

"Je me promène si je veux, où je veux et quand je veux... Désolé de troubler votre sacro-sainte tranquilité..."

Il parlait avec un cynisme qui ne lui ressemblait pas du tout. Mais cette apparence maladive ne lui ressemblait pas non plus, de toute manière.

"En plus je vous ai déjà dit que je n'étais pas une créature."

Son regard glissa sur les pavés et s'arrêta sur la boîte à musique qui jouait toujours aux pieds de Lee. Jolie ballerine.

Pauvre petit Ezel qui errer dans les rues de la ville depuis des heures sans but. Lui qui avait pris la musique pour une hallucination. Pourtant ce n’était pas une hallucination. Oui, elle était bine réelle. Elle avait été déclanché par une ombre dans la nuit. Une ombre fine presque faible mais qui pouvait être dévastatrice si on l’énervait. Comme disait le proverbe, il ne fallait pas se fier aux apparences. Cette silhouette c’était Lee. Lee avait espérait pouvoir passer un temps calme pour pouvoir se détendre. Il est vrai que cette musique permettait à lee, de se détendre et de ne penser à rien. Et il tenait bien à ne profiter seul.

Malheureusement, Cette solitude n’allait pas durer. Oui des bruit de pas arrivait jusqu’à lui. Lee tourna doucement la tête. Il remit quelque mèche de cheveux déplaçait par le vent. En effet une légère brise s’était engouffrée dans sa longue chevelure noire. Cette dernière faisait virevolter ses cheveux. LA coiffure au début si parfaite commençait à se défaire lentement mais sûrement. Mais qui était cette silhouette ? Et que venait elle faire ici. Au début lee se disait qu’à cette heure ci cela devait être un vagabond qui voulait trouver un coin pur passer la nuit. Son raisonnement pouvait être appuyé par l’attitude et l’accoutrement de cette silhouette. Elle semblait porter es vêtement assez usée. Elle marchait d’un pas lourd et fatigué. Et elle abordé un menton mal rasé. Quelle surprise de découvrir le visage d’ezel quand cette silhouette passa dans le champ d’éclairage d’une des lampes de la fontaine. Que faisait il là à cette heure et pourquoi avait il l’air aussi débraillé. Après quelques longues minutes de réflexion lee se dit qu’il n’en avait rien à faire et que la seule chose qui le préoccupait était de savoir quand il allait partir. Pour faire remarquer sa présence il lui avait lancé une phrase des plus sanglantes. Ezel remonta la tête, et son expression montrait qu’il n’était pas franchement heureux de le voir. Peut être que les dernières paroles de Lee résonnaient encore dans a tête. Toujours est il que ce dernier répliqua d’une manière assez insolente en précisant qu’il faisait ce qu’il voulait et qu’il était désoler de troubler soin importante tranquillité.

Lee sourit doucement cette remarque. Ezel avait il prit de l’assurance ou voulait il se sucider ? Lee n’eut pas le temps de répondre à cette affirmation puisqu’Ezel lui dit d’un ton assez froid qu’il n’était pas une créature. Il le vit alors baissait les yeux vers la boîte à musique. Il devait regarder la ballerine qui tournait sur elle même. D’un geste brusque il referma la boîte à musique. Le silence se fit de nouveau dans les alentours. Après quelques moments d’inactivité, lee se leva doucement. Il marcha vers ezel d’un pas lent et gracieux. Ses bottes à talons faisaient du bruit qui résonnait dans les abords de la fontaine. Arrivé à un mètres de la personne qui venait de troubler sa tranquillité.

« Vous savez, je m’été dis que la première personne qui troublerait ma paix intérieur, je l’égorgerait…Mais j’ai changé d’avis…Vous semblez avoir pris de l’assurance, ça peut toujours vous servir. »

Il se tut un instant et d’une main assez rapide il caressa sa joue.

« Vous emblez mettre un point d’honneur à préciser que vous n’êtes pas une créature…Alors qu’est ce que vous êtes ? »

Le regard que Ezel posait sur la boîte à musique n'échappa en rien à Lee, qui ne se priva pas pour refermer sans façon le bel objet. Le jeune hybride resta silencieux. D'où un être aussi farouche et agressif que le Tueur pouvait-il tenir ce petit trésor de délicatesse et de poésie, et pourquoi le surveillait-il si jalousement? L'espace d'une seconde, le naïf conservateur avait cru tenir le prétexte d'une conversation qui aurait pu apaiser son ennemi, à défaut d'en faire un allié. Mais il s'était trompé, apparemment. Il se trompait toujours, de toute manière.

Ezel esquissa un pas en arrière lorsque le jeune Tueur se releva, abandonnant temporairement sa précieuse boîte à musique près de la fontaine. L'hybride frémit en le voyant s'approcher, mais il se força à rester au même endroit. Il n'avait pas à s'écarter: la place était publique, non? Immobilisé par un regain de sa fierté défunte, Ezel subit presque sans broncher les doucereuses phrases de l'asiatique. L'égorger, hein?...

"Ce n'est pas une question d'assurance. Vous n'avez pas le droit de me toucher."

Il releva fugitivement la tête, le temps de plonger son regard vert dans les iris sombres qui lui faisaient face. Lee n'avait pas besoin de savoir que la protection de Constance s'effilochait aussi vite que la confiance qui liait Ezel à Sérénité. Pour l'instant, l'ultimatum que la chef du Cercle avait lancé à mots couverts à son ex-futur beau-fils n'était pas encore explicitement arrivé à son terme. Mais le Tueur ne semblait pas s'encombrer de ce genre de pensées, en tout cas pas assez pour retenir la main qui passa soudain sur la joue d'Ezel avec une tendresse empoisonnée. Le jeune hybride tressaillit et cette fois il s'écarta, son visage fatigué fermé par le ressentiment.

"Ne me touchez pas."

Un ordre qui sonnait faux, proclamé par une voix trop lasse pour être convaincante. En vérité, Ezel n'acceptait pas la formule de Lee. "Qu'est-ce que vous êtes?"... Comme si le Tueur parlait d'une chose, d'un être vaguement vivant qui devait s'apparenter à l'animal.

"Vous voulez voir ma carte d'identité, peut-être? Elle porte la mention "humain", comme la vôtre. Oui, ma mère était Hll, et alors? Je ne lui ressemble pas, pas du tout. Je n'ai pas de griffes, pas de muscles surdéveloppés, pas d'impulsivité. Je n'ai que ses yeux et sa rapidité, et encore... Vous ne me croyez pas, hein? Ca vous est tellement insupportable de savoir que je suis quelqu'un comme vous?"

Il s'interrompit l'espace d'une seconde, puis il laissa échapper sans prendre le temps de réfléchir:

"Non, vous avez raison, je ne suis pas comme vous. Je vaux mieux que ça."

C'était stupide, complètement et profondément stupide, en plus d'être cruel: Ezel lui-même ne croyait même pas à ce qu'il disait.