Le gardien du musée

Cela faisait bien longtemps qu'Ambroise n'était venu au musée, et il avait décidé d'y revenir après que certains souvenirs se réveillent et lui rappellent les bons moments qu'il avait pu y passer. Ces instants heureux étaient si rares qu'Ambroise faisait parfois tout pour les retrouver, et il décida donc de revenir dans ce lieu d'Art et de culture, car s'il n'y trouvait la joie, il pourrait du moins certainement y trouver de quoi ravir ses yeux. Il ignora comme toujours les regards qu'on lui lançait, certains curieux, d'autres noirs ou emplis de peur. Il sourit légèrement en voyant l'entrée du musée se dresser devant lui, toujours aussi belle et lui rappellant la première fois qu'il était venu visiter l'endroit. Et après un court instant de contemplation, il dépassa le perron et entra dans le musée.

Il vit un panneau faisant de la publicité pour une exposition sur les hlls, ce qui l'intrigua, mais il était venu ici pour revoir les lieux de ses souvenirs et non pour une exposition...De plus il doutait fortement que celle-ci fut flatteuse pour les créatures concernées, et il n'avait envie de voir ceux qu'il soutenait dénigrés, bafoués et humiliés. Il paya l'entrée du musée et refit le chemin tel qu'il l'avait fait la première fois avec sa bien-aimée, morte à présent. Les lieux n'avaient pas beaucoup changés, et il contemplait avec émotion les tableaux et objets qu'ils avaient admirés avec son amour. Pourtant nul n'aurait pu discerner derrière ces yeux entièrement gris et ce regard froid et dur une quelconque trace d'amour ou de mélancolie. Ambroise paraissait distant, créature dont seul le corps errait encore en ce monde.

Mais, tandis qu'il continuait son périple et sa quête des images du passé, il tomba sur une image qu'il était loin de s'attendre à trouver. Ses yeux se fixèrent sur la photo qui le représentait, et lentement le vampire se baissa et la ramassa, le moindre de ses gestes emplis de grâce et de délicatesse. Il se releva, et détachant sa vue de sa représentation, la porta sur la salle qui lui faisait face. Un film y était projeté, mais ce qui se passait sur l'écran l'intéressa bien moins que les contours de l'être éclairés par la lumière blafarde des projecteurs. Il s'approcha doucement et, oh surprise, trouva un dossier à son nom, non loins de la personne qui l'intriguait, sa curiosité d'autant plus grande maintenant. Il ne connaissait pas trop les clans, et ne savait qui pourrait bien s'intéresser à lui et pourquoi. Mais il ne pensait pas que ce fut pour lui faire du bien. une fois le dossier receuilli, il l'ouvrit, et fut satisfait et rassuré de voir que l'on n'avait aucune information à son sujet. Il continua son chemin vers le jeune homme endormi, et une fois en face de lui l'examina. Un être frêle au visage d'ange, qui paraissait innocent et enfant endormi ainsi, mais c'était néanmoins un humain, et ceux-ci étaient cruels, stupides, lâches, une race inférieure. Le vampire ne savait s'il avait plus envie de mordre dans le cou de l'étranger à cause de sa nette exposition, ou à cause de la nature de son propriétaire.

Il déposa le dossier et la photo de lui sur un siège voisin, et lentement, tout doucement, il se rapprocha encore plus et prit appui sur le dossier du fauteil contre lequel était endormi le jeune homme avec sa main droite, à moitié penché sur lui, son visage si près de celui de l'humain qu'il aurait pu le mordre dans la seconde. Mais malgré la tentation, presque irrésistible qu'il ressentait, il avait aussi un désir immense de s'amuser, de jouer, et c'est pourquoi il caressa avec tendresse le visage de Ezel de sa main gauche tout en lui murmurant de sa voix suave et caressante:

"Bonsoir bel enfant...Il est l'heure de se réveiller..."

Il fixait Ezel d'un regard intense, mais ils ne cachaient pas une certaine lueur malsaine, un sourire angélique fixé sur ses lèvres bien que ses intentions fussent loin de l'être, mais il voulait se divertir et jouait donc la comédie, chose assez habituelle pour lui qui était souvent hypocrite. Pourtant la pièce ne pourrait se dérouler qu'au lever de rideau, c'est à dire au réveil du jeune homme.

La pluie avait surprit Sérénité et le premier endroit potable ou s'abriter qu'elle avait croisé sur sa route était le Musée national...Elle grimpa les marche du perron quatre à quatre pour duir la pluie ets'appuya contre une des manifique colones de pierre de l'édifice. Elle souleva sa capuche et son regard se posa alors par inadvertance sur un panneau annonçant une exposition sur les HLL.

* Peut-être que ça m'aidera à comprendre qui je suis...*

Elle pénétra à l'intérieur du vaste hall, intimidée par le sol de marbre et les dorures du plafond, paya l'entré grâce aux quelques pièce qui traînaient au fond de sa poche et s'avança parmi les visiteurs. Elle vérifia comme à son habitude que son oeil vert était bien camouflé et s'arrêta tout d'abord pour lire un panneau énumérant l'historique d' Adhénor. Puis elle continua tranquilement sa promenade jusqu'à une vitrine ou s'ammassait la foule, telle un essain de mouches attirées par la viande. Elle joua des coudes pour satisfaire sa curiosité et, enfin arrivée devant l'objet exposé, resta pétrifier d'horreur:

"Mais...Qu'est-ce que....ce...non...non, c'est pas possible"

Elle s'ecarta avec fureur de la vitrine s'attirant les foudres d'un vieil homme et se mit à regarder autour d'elle avec attention. ce ne fut alors que chair sanguinolente et monstrer déchiquetés qui s'offrirent à sa vue...Ici, un enfant éventré, là une femme à demie-morte, le corps recouvert d'aiguilles,et encore ici et là des lambeaux de corps, des crânes, des yeux. Des yeux...verts...

" Des Créatures..." murmura Sérénité...

Un homme se tourna vers elle et posa sa main sur l'épaule de la jeune fille:

"Bien sûr que ce sont des Créatures, qui d'autre pourrait êtr aussi laid, quel être représenterait mieux l'horreur et la pourriture? cette exposition est fantastique, merveilleuse de toute beauté!!!Je tiens à porter un toast en l'honneur de L'Hinra!!

Et tous les gens présents à ce bal de l'horreur levèrent leurs mains et crièrent leur reconnaissance envers l'Hinra

Sérénité se dégagea violemment de l'emprise de son interlocuteur et n'en pouvant plus hurla comme une furie:

"LES SEULS MONSTRES ICI C'EST VOUS!!!!"

Elle s'enfuit en courant, les larmes coulant sur ses joues et eut encore le temps d'entendre une bourgeoise proférer:

"les jeunes d'aujourd'hui n'ont ni goût ni tenue, cela est encore du à la mauvaise influence des Créatures...."

Sérénité, s'enfuie dans les couloirs du musées et se mit à courir, à courir pour effacer ses images...

(argh ! ma puce, arrete de courir partout comme ça sans laisser de temps aux autres ! si tu savais le temps que j'ai mis pour te retrouver ! j'ai cherché dans toute la ville !)


Quand soudain, au tourant d'un couloir du musée, elle percuta quelqu'un et se retrouva dans ses bras.
Constance, car c'était elle, la serra fort contre elle malgrè l'humidité de ses vétements. Ayant couru sous la pluie, son kimono n'était plus du tout correctement ajusté et il ruisselait littéralement.
Lorsque la piste l'avait menée au musée, elle avait craint le pire, le thème actuel était particulièrement vil et méprisable, elle avait peine à croire qu'on pouvait exhiber ainsi de telles horeurs en les appelant "oeuvres d'art". Elle aurait bien tout passé au lance flammes mais la présence d'une véritable richesse culturelle dans le musée permanant avait retenu sa main.
Cependant, à présent que Sérénité avait pu voir les abominations du musée, elle était plus proche que jamais de brûler le tout.
Elle laissa échapper un grognement de frustration puis se concentra sur les problèmes plus importants qui s'étalaient devant elle. A savoir une adolescente en pleurs completement affolée qui continuait à se débattre.
Constance utilisa sa grande force pour entraver sa fille sans la blesser et l'attira une fois de plus contre elle.

"Chut, tout va bien, je suis là... Tu n'as rien à craindre. Personne ne te fera de mal.... Je ne laisserait personne... Tu peux te reposer..."

Tout en parlant sans cesse à voix basse, psalmodiant ces paroles de réconfort comme une litanie, elle caressait la nuque et le dos de la jeune fille, essayant de la calmer comme on calmerait un jeune animal effrayé.

(l'ambiance est vraiment gaie par ici...)

Une silhouette de plus, un visage à la mine concentrée en trop.
Elle n'aurait pas pu louper les affiches annonçant une exposition sur les HLL..Bien sûr,sans parler des quelques collègues qui lui avaient conseillé en ricanant-ricanement qui s'est vite arrêté avec quelques dents de moins- d'aller en apprendre un peu plus sur son espèce de "sauvages"...Dieu que l'ignorance pouvait être pénible...
Et si elle était venue, ce n'était guère pour s'informer mais plus pour constater de quelle manière un olibrius avait t'il trouvé bon de disposer ses pièces pour susciter l'intérêt des visiteurs...Si il s'agissait d'un humain il faudrait s'attendre à quelque chose d'assez...Apêtissant, elle ne doutait plus de la créativité de ces cloportes en matière de boucherie lorsqu'il s'agissait de cauchemars comme les créatures...
Et ce qu'elle vit dans la vitrine principale ne lui arracha qu'un haussement de sourcil nonchalant.
Vraiment n'importe quoi...Ce n'était même pas artistique et il ne s'agissait que de corps médicaux gaspillés...A ce propos il faudrait qu'elle songe sérieusement à se mettre à la recherche de cobayes pouvant tenir plus de deux heures vivant sous un bistouri...Le dernier l'avait bien déçue...
La résistance se perd.
L'oeil toujours fixé avec désinterêt sur cet affligeant spectacle, les autres visiteurs présents purent entendre une voix morne à la musicalité discrète murmurer :

"Il en faut...Peuuu pour être heureux, vraiment trop peu.."

Parole inspirée de la mine réjouie de certains humains, enfin ravis d'avoir sous leurs yeux ces ignominies en position de silence.
Pitoyable....Aussi ne prit-elle même pas la peine de prendre des notes.Elle se retourna l'air condescendant jetant des regards écrasant sur l'assistance avant de rebrousser chemin.
C'est alors qu'une furie lancée à vive allure la percuta ce qui ne l'empêcha pas de poursuivre sa course telle une âme damnée tentant d'échapper à sa sentence.
La vitesse de la jeune fille la surprit sans plus.
les mains sur la nuque, elle s'étira tel un paresseux félin avant de se mettre à la recherche du gardien...Elle avait deux mots à dire au créateur de cette ridicule exposition..Et il n'allait pas apprécier mais c'était bien le cadet de ses soucis, sans avoir plus d'atomes crochus que ça avec sa race elle n'avait pas apprécié la scène.

D'abord soulagée de se sentir en sécurité dans les bras de celle qui l'avait sauvé plus d'une fois elle se souvint soudain de la décision qu'elle avait prise quelques heures auparavant. Elle se dégagea violement, trop violement pour une jeune fille normale, de l'étreinte de Constance et fit quelques pas en arrière. Son teint était livide et elle devait lutter pour ne pas se mettre à tout détruire autour d'elle. C'était la première fois qu'elle ressentait cette rage, ce besoin de violence. Elle se surprit à penser que ses origines étaient sûrement en train de faire valoir leurs droits sur Sérénité, mais elle secoua la tête pour se débarasser de telles pensées et fit face à sa mère.

"qu'est-ce que tu fis là?"

Elle avait dit cela d'un ton sec, qui ne lui ressemblait pas.

" Alors je ne peux pas faire trois pas dehors!!!!Tout de suite tu accours comme si ma vie en dépendait!! Mais de quel droit agis-tu ainsi, y en marre, occupe-toi de tes problèmes!!!

Elle baissa les yeux puis redressa la tête avec aplomb.

"Oh mais j'imagine que tu es venue admirer ces magnifiques oeuvres d'art...tu dois trouver ça splendide, hein, ça te plaît n'est-ce pas??

Elle pleurait tout en parlant, et les sanglots l'empechèrent bientôt de continuer son discours accusateur... Elle tomba à genoux, désespérée et seule.

La situation était plutôt typique...du moins au départ, car l'inconnu se dégagea bien plus prestement que n'aurait pu s'y attendre Ambroise, mais celui-ci ne laissa pas apparaître sa surprise, il montrait un calme, une confiance, une assurance immense, et il ne devait pas laisser penser à l'humain qu'il pouvait avoir un quelconque avantage. Il resta à sa place, continant d'examiner tranquillement Ezel. Cette rencontre semblait pouvoir devenir fort divertissante, et ce n'était pas pour déplaire au soi-disant descendant de Mélusine. Il écouta l'étranger lui parler, tremblant et craintif, presque terrorisé apparemment par sa vision. Ezel jeta d'ailleurs quelques regards vers la porte, mais sembla découragé en voyant la distance à parcourir, ce qui fit légèrement rire Ambroise, un rire qui étrangement était très doux, ainsi que son attitude. Il s'approcha de nouveau de sa potentielle proie, une démarche fluide et gracieuse, barrant le chemin qui aurait permis au gardien de s'enfuir.Soudain retentit une voix, et face au trouble de son interlocuteur, Ambroise opposa un regard terriblement froid et si perçant que l'on aurait pu croire qu'il cherchait à lire en Ezel, le fixant dans les yeux. Et pour enlever tout espoir de fuite, il lui ordonna d'une voix autoritaire et n'admettant aucune désobéissance:

"Ne répondez pas, c'est inutile!"
il se rapprocha encore du jeune homme et reprit sur un ton doucereux
"Oubliez que vous êtes gardien...Et passez plutôt un moment en ma compagnie. Je suis certain que vous ne le regretterez pas... ceux qui peuvent se vanter d'avoir pu discuter avec moi sont si rares que vous ne refuserez pas un tel privilège..."

Ambroise pensait qu'en soulignant le fait qu'il soit pratiquement inaccessible, cela convaincrait le jeune homme qu'il avait peut-être en cet instant une possibilité rare de pouvoir parler au vampire, ce qui était pour l'instant exact. Mais selon le déroulement de cette entrevue, il se pourrait que ces occasions se fassent plus fréquentes. Ce ne serait pas la première fois qu'Ambroise jouerait longtemps avec une proie. Il avait même une fois failli se lier d'amitié avec l'une d'elles, mais elle était finalement morte sous ses crocs après l'avoir trahi. Enfin il n'était question que de jouer pour le moment, qui aurait pu dire comment se terminerait cette soudaine et surprenante rencontre...?

Constance fut presque choquée quand Sérénité s'écarta d'elle aussi violement avant de lui jeter au visage des mots si durs. Elle ne put que bafouiller un "Mais..." ébahit avant de sombrer dans le mutisme tant sa surprise était grande et tant les parole de sa fille lui avaient glacée le sang.
La lueur de violence à peine contenue qui brillait soudainement dans les si jolis yeux de Sérénité était ce qui fit le plus mal à Constance.
Elle regarda sa fille tomber à genoux après une dernière attaque verbale aussi désespérée qu'injuste. Elle avait pour la seconde fois de sa courte vie, une forte envie de pleurer.
Pourtant elle prit une inspiration tremblante et s'approcha à nouveau de Sérénité puis s'agenouilla auprès d'elle en réajustant un pan de son kimono qui se défaisait encore.
Elle essaya de faire taire la colère qui la tenait... une colère dirigée contre le monde entier, elle comprise, pour tout ce qu'il infligeait à sa pauvre petite fille.

"Ma chérie, je ne veux que ton bien, je t'aime plus que tout, tu le sais bien. Viens avec moi, rentrons à la maison. En sécurité... qu'est ce que tu voudrais manger ? On pourra parler si tu veux. J'essaie juste de faire tout ce que je peux pour que personne ne te fasse de mal, je ne sais peut être pas bien m'y prendre mais, s'il te plait ma puce, ne me fait plus peur comme ça, c'est trop douloureux... Tu veux bien qu'on rentre, j'ai un parapluie..."

Tout en parlant elle s'était lentement rapprochée jusqu'à presque froler la jeune fille, puis elle posa doucement une main sur les épaules de Sérénité, toujours en pleurs....

Ezel se mordit la lèvre en voyant Ambroise lui couper toute retraite: c'était tout lui, ça. Il aurait dû courir immédiatement, tenter le tout pour le tout. Il se savait rapide, il avait une chance de s'en sortir, même si elle était mince. Mais il avait hésité, et maintenant c'était trop tard. Même le plus rapide des Hll ne pouvait pas passer devant un vampire sans se faire prendre.

Les pas de la femme qui cherchait le gardien s'approchaient de la porte de la salle. Ezel fut tenter d'appeler, mais un regard glacial d'Ambroise le fit taire. Le jeune homme vit une silhouette marcher dans le couloir sans s'arrêter devant la discrète salle de projection et une violente bouffée de désespoir lui permit de passer outre les yeux du vampire pour entrouvrir les lèvres...

"Ne répondez pas, c'est inutile!"

Ezel tressaillit violemment et fit un pas en arrière. La voix d'Ambroise était étonnemment ferme et autoritaire pour appartenir à son corps tout en finesse. Les pas de la femme s'éloignèrent et Ezel renonça en baissant la tête. Le voyant plus coopératif, le vampire recommença à lui parler, d'une voix cette fois caressante. Très mal à l'aise, le jeune homme recula instinctivement lorsqu'Ambroise s'approcha de lui. Mais la créature ne s'arrêta évidemment pas pour si peu, et bientôt Ezel se retrouva complètement acculé: dans son dos le mur de la salle, de chaque côté une rangée de chaises qu'il n'arriverait jamais à enjamber plus vite qu'Ambroise. Et devant lui, le vampire qui lui interdisait l'allée. Ezel déglutit et se força à maîtriser sa voix:

"Je... je ne sais pas pourquoi vous êtes ici, mais laissez-moi vous assurer que... si c'est le dossier qui vous dérange, je... je n'ai aucunement l'intention de vous nuire. Je ne fais que ce qu'on m'a dit de faire."

Il marqua une pause. Attentif, Ambroise venait de ralentir son approche, pour le plus grand soulagement d'Ezel qui reprit:

"On m'a dit que vous étiez... assez discret, et ce que vous venez de me dire me le confirme. Enfin, je veux dire, si vous n'aimez pas parler..."

*Il a dit que pratiquement personne ne peut raconter une conversation avec lui parce qu'il tue tous ceux qu'il croise, abruti!*

Le jeune homme se mordit à nouveau la lèvre, presque jusqu'au sang: à peine avait-il décidé de s'engager pour l'avenir d'Adhénor que cela le mettait déjà en danger de mort. Mais Ambroise n'avait pas l'air d'un fou dangereux qui le tuerait sur une impulsion subite, et de toute façon, au point où il en était, Ezel ne risquait plus grand chose. Autant y aller franchement.

"Mais puisque vous êtes là et que vous m'avez plus ou moins fait la proposition vous-même... vous vexeriez-vous si je vous posais quelques questions?"

*Et si je vous demandais de me laisser vivre après?*

Sérénité tressaillit sous les caresses de sa mère et les paroles qu'elles prononcèrent lui parurent si incongrues dans un moment pareil qu'elle sentit comme une étrangère. Elle ne se reconnaissait plus. Tous ses repères s'effondraient les uns après les autres et elle murmura froidement:

" Ne t'avise plus jamais de me toucher..."

Ce n'était qu'un souffle mais elle était consciente que grâce à son ouïe surdeveloppée, Constance l'entendrait.

* Cette femme ne sait rien de moi... Elle chérit l'être qui représente ce qu'elle hait le plus au monde, je suis une injure pour elle mais elle ne le sait pas, elle ne peut pas me comprendre...*

Sérénité se redressa lentement, se défaisant ainsi de l'étreinte de Constance. Elle passa alors la mèche de cheveux qui couvrait son oeil vert derrière son oreille et prononca très distinctement:

" Tu n'es pas ma mère!"

Puis elle se mit à courir, plus vite qu'elle ne l'avait jamais fait, courir loin de ce passé qui l'hantait, et vite pour ne pas voir ce présent qui l'entourait. Elle courut cependant sans perdre haleine; pour finalement empreinter une petite porte et se retrouver dans une pièce sombre. Il n'y avait qu'un simple rectangle lumineux sur lequel défilait des images et elle comprit qu'elle se trouvait derrière un écran de projection. De l'autre côté, elle entendait des hommes discuter mais elle préféra attendre avant de les aborder. Elle bloqua la porte qu'elle venait d'empreinter avec un balai trouvé dans un coin. ça n'arrêterait pas Constance mais Sérénité se sentait plus rassurée ainsi. Puis elle s'assit, la tete dans les genoux, espérant; espérant que quelqu'un lui viendrait en aide pour la faire sortir d'ici.

Sérénité avait encore fui le contact de Constance avec violance mais cette fois les paroles de la jeune fille avaient blessé la Tueuse au plus profond de son être.
Elle laissa retomber sa main tendue, accusant le coup. Ses yeux restèrent grands ouverts mais ne semblaient rien voir pendant de longues secondes alors que résonnaient encore les mots qui avaient fait manquer un batement à son coeur :

" Ne t'avise plus jamais de me toucher...Tu n'es pas ma mère!"

Sa poitrine était comme un étau qui s'était reserré sur ses poumons et elle éprouvait des difficultés à respirer. Une vague nausée se faisait même sentir. Elle essuya d'un doigt tremblant une unique larme sur sa joue.
Ses traits se durcirent alors, ses lèvres ne dessinant plus qu'un fin trait horizontal, ses yeux se rétrécirent et étincelaient de colère.

Un mot franchit le seuil de ses lèvres : "Idiote."

Elle se releva, se dépliant littéralement, serra le poing gauche et, du haut de ses 2m13, le lança dans la colonne monumentale de style néoclassique qui agrémentait le couloir du musée.
Du sang et des éclats de marbre volèrent. Ignorant aussi bien la douleur que l'impact impressionnant qu'elle laissait dans la colonne, elle avança dans le couloir avec la ferme intention de rappeler à sa fille (car telle était la façon dont elle la considérait et rien ne pourrait changer ça) certains détails des bonnes manières qu'elle avait visiblement oublié.
Derrière elle un bloc de pierre de plusieurs kilos tomba au sol, mis en miettes par le coup. Elle s'en moquait : la pierre ne guérissait pas, son poing à elle si.

Après quelques minutes de recherches elle se retrouva devant une porte close marquée "Entretient, Personnel uniquement". Tournant la poignée, elle s'aperçut que quelque chose bloquait la porte.
Pourtant Constance savait que Sérénité était là, derrière cette porte. Sans faire dans la dentelle, elle arracha la porte de ses gonds et entra dans le réduit plongé dans la pénombre en déclarant :

"Sérénité Wolf, nous allons renter tout de suite à la maison pour avoir une longue conversation... Ensuite tu seras privée de dessert jusqu'à la fin de tes jours...."

Sérénité trembla en entendant les pas de Constance se rapprocher de sa cachette. Elle avait réveiller la colère de sa mère mais elle était intimement convaincue qu'elle n'avait rien à craindre, elle sentait naître en elle une force insoupçonnée, une rage surpuissante qui ne demandait qu'à éclore. Lorsque la porte vola en éclats Sérénité ne cilla pas. Elle se contenta de rester prostrée, se souvenant des longues cavalcades dans les bidonvilles ou elle tentait d'échapper aux HLL la persécutant.

*L'adversaire est plus fort, mais la méthose reste la même.*

Elle attendit que sa mère eut finit de lui parler, puis elle se leva, comme si elle s'apprêtait à demander pardon, mais au lieu de ça elle prononca d'un ton qu'in ne lui connaissait pas:

"Et bien si ça t'amuse tant de jouer au chat et à la souris, attrape-moi..."

Elle eut à peine terminer sa phrase qu'elle sauta et transperca l'écran. Elle roula à terre, faisant valsé plusieurs chaises, mais se redressa sans encombres. Elle sentait le sans de hors-le-loi couler en elle et s'était comme un renaissance qui s'offrait à elle. Mais Constance ne se laisserait pas distancer, elle avisa alors les deux étranger, dont l'un deux ne semblait pas dans une meilleure posture qu'elle. L'ancienne Sérénité n'aurait jamais osé aborder des étrangers mais il en allait désormais de sa vie. Elle les interpella sans ménagements:

"Pardonnez-moi cette intrusion brutale, mais j'ai besoin d'aide!!!"

Elle ne croyait pas que la bonté était suffisament répandue pour qu'ils acceptent de lui donner un coup de main, mais espérer était une des choses qu'elle savai le mieux faire, en dehors de tirer à l'arc mais eux non plus ne semblaient pas très répandus par ici...

(HRP: Ezel et Ambroise, je suis vraiment désolée de vous empêcher de continuer à discuter, mais je voyais pas trop d'autres alternatives...Enfin si vraiment ça vous dérange, j'éditerai ^^)

(moi tu ne me déranges pas, il va juste falloir qu'Ambroise s'adapte... mais je compte sur lui, il y arrivera ^^)

Ezel attendait depuis un long moment une réponse d'Ambroise. Le vampire le fixait toujours, semblant peser le pour et le contre. Il prenait son temps, comme le lui permettait sa position clairement supérieure. Le jeune humain n'était pas idiot, il sentait bien que son interlocuteur jouait au chat et la souris avec lui, mais que pouvait-il y faire? A part espérer, pas grand chose.

Ezel crut entendre une porte claquer non loin de lui, mais il ne tourna pas la tête. Il n'osait pas quitter Ambroise du regard, de peur de lui offrir une nouvelle fois la vision tentante de sa gorge exposée. Mais les cris et le vacarme effroyable qui s'élevèrent soudain derrière l'écran vainquirent sa prudence et son regard vint se fixer sur l'extrémité de la salle, qui baignait maintenant dans une lueur laiteuse: quelqu'un avait ouvert la porte de service qui accédait au...

Une silhouette roulée en boule passa à travers l'écran dans un tragique bruit de déchirement qui fit grimacer Ezel - déjà que le musée était en manque de subventions... Mais le saccage disparut de l'esprit du jeune homme lorsque la fautive (car c'était une fille) se redressa au milieu des premiers rangs ravagés. Au milieu d'une avalanche de cheveux blonds, Ezel vit quelque chose qui le secoua au plus profondément de lui-même. Un oeil brun. Un oeil vert. Vert étincelant. Vert Hll.

*Une hybride... c'est une hybride...*

"Pardonnez-moi cette intrusion brutale, mais j'ai besoin d'aide!!!"

Le cerveau d'Ezel fonctionnait au ralentit. Il esquissa un geste vers la jeune fille, mais un furieux regard gris le fit revenir à sa position initiale: c'était Ambroise qui dirigeait la conversation, c'était Ambroise qui allait décider de l'interrompre ou non. Ezel essaya de lire sur le visage du vampire s'il était contrarié par cette interruption, mais la créature gardait son impénétrable neutralité. Seul ses yeux brûlaient. Tremblant, Ezel trouva néanmoins le courage de murmurer:

"Ne lui faites pas de mal..."

[H.J : désolée aussi de vous déranger donc pour la peine je ferai patienter mon perso même si c'ets pas son fort]

Le pas presque serein, le regard alerte, la jeune femme à l'air si confiant continuait à rouspéter écartant sans ménagement de son passage tout visiteur imprudent.
Elle avait toujours apprécié la compagnie des oeuvres culturelles, la fréquentation des musées car même si -comme à cette occasion- on risquait d'y trouver des aberrations, les objets historiques contribuaient à l'enrichissement des connaissances personnelles.
Et elle avait tant soif de connaissance, à un tel point que des erreurs comme celle que venait de commettre le répugnant créateur de cette exposition, lui étaient impardonnables.

Après de longues minutes à déambuler sans trouver de têtard à lunettes sur qui passer ses nerfs, elle se figea brusquement, lâcha un bruyant soupir d'exaspération avant de tirer vers elle dans un coin une chaise malencontreusement occupée pour y poser son auguste postérieur avec un air des plus dissuasifs.
Jambes croisées, elle remua la cheville en se rendant compte que porter à longueur de journée des talons démesurés n'était pas forcément ce qu'il y avait de mieux à faire pour les muscles, elle sentit avec une irritation grandissante les manches de son holster sur sa peau grandissante.

Elle attendrait, même si l'attente risquait d'orienter sa sourde colère sur le gardien, elle attendrait.
Rien ne pressait elle n'avait aucun projet en retard au centre de l'eden, et elle avait un délai illimité dans l'exécution de ses expériences car son supérieur avait compris que la meilleure façon de tirer le maximum d'un scientifique impliqué était ude lui laisser une bonne marge de liberté.Puisqu'en général ils se concentraient sur un objectif à la fois, la tenacité aidant, ils arrivaient toujours à satisfaire la hiérarchie.

Mais la patience ne faisait pas partie de ses qualités.

Sérénité n'avait pas vraiment eu le temps de regarder en direction des inconnus qu'elle avait interpellé tant la présence si proche et la fureur de Constance l'angoissaient. Même les hordes de hll la poursuivant dans son enfance ne lui faisait pas autant d'effet. Elle comprit alors à quel point sa mère adoptive l'avait toujours terrifiée et elle se demanda si elle l'avait vraiment aimée ou si elle s'était contenté de le croire pour ne surtout pas blesser la Tueuse...

Elle ne savait pas quoi faire... Constance ne semblait pas avoir comme intention de l'attaquer. C'était là l'atout de Sérénité; elle n'était pas seule et Constance n'oserait sans doute pas la blesser dans cet endroit, à la vue de tous,... Mais elle n'était pas sortie d'affaire pour autant...C'est alors qu'elle entendit une voix faible prononcer:

"Ne lui faites pas de mal.."

Avec beaucoup d'hésitation elle tourna le dos à l'écran déchiqueté et posa son regard sur l'homme qui avait parlé. Tout de suite une seule chose, une seule et unique chose la frappa:
Des yeux verts, du même vert que le sien. Des yeux de Hll, oui mais pas n'importe lesquels. Elle connaissait ce regard si bienveillant, si dénué de rage et de méchanceté, un regard si tendre. Elle se sentait irrésistiblement attiré par ces yeux, comme envoutée, et elle se souvint:

...les yeux de mon rêve...

Elle était si interloquée que pour un peu, elle se serait mise à pleurer. Toute sa rage s'était envolée, elle se sentait pareille à une boule de guimauve. Mais très vite elle se rapella que sa situation actuelle n'était pas des plus agréables, alors elle tenta tant bien que mal de regarder ailleurs et cette fois elle vit le vampire...

*Oh, oh on dirait bien que ce jeune homme n'est pas mieux lotti que moi*

"excusez-moi, mais j'ai vraiment besoin de quelqu'un...elle me poursuit, je vous en prie...

Elle se tourna vers les yeux verts, s'approcha et prit la main du jeune homme:

"ne m'abandonnez pas..."

Le jeune homme semblait reprendre confiance au fur et à mesure que les mots franchissaient ses lèvres. Tant mieux, il était fort déplaisant de tenir une conversation avec quelqu'un qui bégayait. Heureusement, Ezel semblait capable d'aligner correctement les mots. Ambroise s'apprêtait à répondre à son interlocuteur de cette même voix envoûtante que d'habitude, ayant retrouvé sa délicatesse avec l'éloignement de la jeune femme qui appellait le gardien que l'arrivée innoportune d'une jeune fille le tira de ses pensées. Il l'étudia tout d'abord un certain temps avant de réagir quand elle s'approcha d'Ezel au point de lui prendre la main. Comment osait-elle toucher à sa proie, à son jouet! Comment cette petite gamine s'octroyait le droit de le déranger, lui, Ambroise! C'était inadmissible, et le vampire gifla la jeune fille de toute sa force, bien qu'étant resté très droit, fier et sûr de lui, seul ses yeux emplis de rage montrant son énervement et son mépris dans son visage impassible.

"pauvre petite idiote, tu croyais obtenir de l'aide de notre part...Pour échapper à quoi? à une mère aimante qui t'aurait soi-disant privé de dessert jusqu'à la fin de tes jours... Tu croyais que nous ne l'aurions pas entendu avec la finesse dont elle a fait preuve à son entrée... Tu n'es qu'une gamine écervelée, va voir ta maman et retourne à ta misérable existence de petite larve répugnante chouchoutée dans son cocon!"

Son ton était écoeurant: une voix mielleuse, si suave, si douce, si caressante, mêlée à ces propos cyniques et acerbes...Pourtant ça ne l'empêchait pas de s'aimer et s'admirer plus que tout_mis à part l'Art, bien évidemment. Il reporta son regard vers Ezel et lui répondit avec la même voix mais sur un ton faussement désolé:

"Oh, comme je suis navré...aurais-je fait mal à cette repoussante petite poupée sans cervelle?"

il arbora suite à ces paroles un sourire et un regard pervers et vicieux, une lueur malsaine faisant briller ses yeux et leur donnant un éclat étrange qui aurait pu le faire passer pour dément. Mais il ne supportait pas les enfants mal élevés surtout quand il s'avérait qu'ils interrompaient une conversation et qu'ils se trouvaient être des petites filles auxquelles la beauté et le charisme faisait grand défaut. Si encore l'intruse avait fait preuve d'une once d'intelligence ou avait montré une quelconque marque d'un cerveau apparemment absent, il aurait pu l'accepter et jouer avec deux individus à la fois, mais il était persuadé que si l'on tappait sur le crâne de Sérénité, on entendrait un écho et le son se répercuter sur les parois de la boîte cranienne de celle-ci. Il était donc un peu agacé, voire énervé et espérait que l'insignifiante humaine partirait au plus vite si elle ne se montrait d'aucune utilité ou n'éveillait en lui la moindre curiosité ou envie de jeu. Il était d'ailleurs déplorable que l'étrangère fit part de sang hll, c'était une insulte à cette race puissante dont Sïan était le digne représentant, un être qu'Ambroise adorerait connaître plus intimement...

Ezel avait eu de quoi sursauter un certain nombre de fois depuis son réveil, mais de voir la jeune fille s'approcher de lui fut certainement ce qui le stupéfia le plus. Elle n'avait aucune raison de faire cela, elle ne le connaissait même pas, elle... Il sentit les doigts de l'inconnue se refermer autour de sa main, avec une force qu'on sentait contenue pour ne pas blesser. Ezel déglutit et eut un vague sourire: ainsi, la confiance existait encore dans ce monde de...

La gifle d'Ambroise partit tellement vite qu'Ezel ne la vit même pas. Il sentit le déplacement d'air provoqué par le coup ébouriffer ses cheveux, puis il entendit le cri de Sérénité. Elle le lâcha et tituba en arrière, une main sur la joue. Bouche-bée, Ezel ne put qu'écarquiller les yeux vers Ambroise, qui se mit aussitôt à laminer sans la moindre concession la détresse de la jeune fille. Le gardien ne reconnaissait plus le vampire si suave et posé qui lui parlait encore quelques secondes auparavant. Ambroise s'était fait mauvais, méprisant. Ses insultes sifflaient comme des coups de fouets pour s'abattre sans pitié sur Sérénité. Ahuri, Ezel en oublia de réfléchir et s'exclama:

"Mais vous êtes complètement fou! Elle cherchait juste..."

Le vampire tourna son regard vers lui et Ezel baissa d'un ton.

" ... de l'aide..."

"Oh, comme je suis navré...aurais-je fait mal à cette repoussante petite poupée sans cervelle?"

La manière dont Ambroise sourit pour ponctuer sa phrase fit reculer Ezel jusque contre le plâtre du mur. Il avait traité le vampire de fou sans vraiment peser ses propos, mais finalement, il n'avait pas tort: ce rictus mielleux, ce regard n'appartenaient pas à un individu sain d'esprit.

Ce fut seulement à cet instant qu'Ezel comprit qu'Ambroise aurait pu le tuer (voire pire...) n'importe quand, sur un simple coup de tête. Il n'était rien pour la créature, peut-être un simple jouet qu'on regrette un peu lorsqu'on l'a cassé, avant de s'en chercher un autre.

"Vous n'aviez pas à faire ça."

Il marqua une pause, comme étonné de ses propres pulsions suicidaires.

"Si elle se sent en danger, alors il est normal que nous..."

Il s'interrompit brusquement: un mouvement avait attiré son attention sur sa gauche, et il tourna la tête vers l'écran agonisant pour découvrir à travers le trou de la toile une fière silhouette féminine. Elle foudroyait Ambroise du regard, et Ezel gémit: les yeux de cette femme étaient tout aussi fous que ceux du vampire...

La silhouette de Constance apparaissait dans le trou béant de l'écran de projection. Elle était éclairée par le projecteur toujours en marche si bien que des ombres et des formes jouaient sur son corps et la faisaient ressembler plus à une apparition qu'à une personne réelle. Elle se figea un instant devant la scène qui se déroulait sous ses yeux... tout d'abord par le spectacle de Sérénité qui la fuyait comme si elle était le mal en personne, et ce fut un coup suplémentaire infligé à son coeur. Ensuite à la vue d'une Créature Impie osant porter la main sur sa fille.
Dans son état actuel, jamais elle n'aurait accordé un seul coup d'oeil à ces Hérétiques vu ses préoccupations immédiates... Mais le blasphème était cette fois trop grave pour rester impuni. L'affront dépassait les bornes du supportable, non seulement le geste portait atteinte à la Sainte humanité mais en plus l'Impur avait osé toucher Sérénité. Elle ne pouvait pas laisser passer un tel acte, elle se l'était juré. Jamais plus. Par la Vraie Foi, elle laverait la souillure dans le sang des Damnés.
Ses yeux étincelèrent de rage à l'état pur. Ils se fixèrent sur le vampire, car seule cette engeance était capable d'un tel sacrilège. Ses muscles se tendirent, alors qu'elle se préparait à abattre la Créature.
Elle déclara d'une voix sourde sans lâcher des yeux Ambroise :

"Sérénité, nous parlerons de tout ça plus tard. Emmène cet homme et cache-toi. TOUT DE SUITE."

Sans même vérifier que ses paroles avaient eu l'effet escompté, elle enchaîna :

"A présent, vampire, pour ton impudence, tu vas être châtié."

Sa voix portait tout le dégoût que lui inspirait les Créatures de l'enfer et le mépris qui en découlait frappa le vampire comme une vague presque physique.

Si Ambroise ne parut pas destabilisé outre mesure par l'irruption soudaine de cette Walkyrie folle de rage, Ezel en ressentit une horreur qui n'était en rien comparable avec celle que lui inspirait le vampire. Bien sûr la créature lui faisait peur, bien sûr il craignait de mourir par les crocs dissimulés sous ces lèvres délicates. Mais la terreur qui noyait les entrailles d'Ezel à la vue de la mère de Sérénité était autrement plus insidieuse et injustifiée - du moins en apparence. La peur d'un petit garçon dont on a massacré les parents.

*Une Tueuse, par tous les Dieux c'est une Tueuse! Non, pas ça, je vous en prie pas ça...*

Il entendit la voix de Constance, comme très lointaine, ordonner à sa fille de l'emmener à l'écart, lui. La tueuse n'avait apparemment pas noté la nature hybride du jeune homme, mais cela ne le soulageait pas pour autant. Le regard d'Ezel partit à la dérive dans la salle de plus en plus en désordre, passa sur le dossier de l'EDEN éparpillé au sol... surveiller les créatures pour mieux les protéger... mettre fin à la haine... Le jeune homme s'extirpa de son mieux de sa gangue d'horreur et il cria d'une voix tremblante vers Constance:

"Arrêtez! Vous... vous n'avez pas le droit de vous battre ici, vous n'avez pas le droit de vie ou de mort sur..."

Ambroise vit arriver la mère avec un certain amusement....finalement la situation était assez divertissante. La mère était aussi pitoyable que la fille, bien qu'un peu différente. Ambroise lui adressa un sourire, sournois. Il la trouvait vraiment comique, assez pittoresque, une espèce de brute qui s'avançait, forte de sa haine et de ses maigres connaissance et croyances ridicules. Mais ce n'était pas une géante arriérée qui déferait le vampire qu'il était. Il fut surpris de voir Ezel intervenir contre Constance, mais après tout ce n'était pas si étonnant vu qu'il appartenait sûrement à l'EDEN et qu'il luttait donc pour des idéaux de paix. Néanmoins ce n'était pas le cas du membre de l'ADH qui comptait bien se divertir au dépens de Constance et de sa fille, le gardien se révélant un peu trop intéressant pour n'être qu'un simple jouet. Ambroise prit encore une fois la parole après son sourire charmant à la chef des Tueurs, son timbre sublime résonnant de nouveau dans l'espace et cherchant à charmer et captiver les personnes présentes. il avait par contre dû hausser légèrement le ton, supposant qu'il fallait que ses paroles soient dîtes avec plus de force pour réussir à pénétrer jusqu'au cerveau de Constance, apparemment aussi inexistant que chez Sérénité, et cela ne paraissait pas facile de réussir à les faire passer outre les os du crâne de la tueuse qui ornait la carcasse insipide qu'elle exposait au monde. Une chose étonnerait toujours le vampire : les Tueurs paraissaient toujours plus abrutis les uns que les autres, mais ce devait être lié à leur clan et leur environnement ou peut-être qu'ils se transmettaient leurs tares les uns aux autres puisque lui-même du temps où il était humain ne faisait pas preuve du néant intellectuel qui caractérisait les deux femmes présentes dans la pièce.

"Oh, vous êtes sa mère...Quelle surprise, votre enfant vous faisait passer pour une sorte de chose immonde et terrifiante qui la poursuivait, et venait quémander notre aide...Mais je comprend mieux pourquoi maintenant...Et c'est pourquoi je viens de changer d'avis et je vais la lui apporter..."

Le mal semblait émaner d'Ambroise, celui-ci attrapant Sérénité et, malgré son dégoût et son mépris, la tenant devant lui et la serrant fortement dans ses bras, ceux-ci tel un étau qui refusait de se désserer. Son sadisme était plus fort que sa répugnance en cet instant, voulant faire naître la souffrance dans le coeur de la tueuse, et de plus il se doutait que Constance n'oserait attaquer si sa fille était à sa merci et qu'il y avait un risque pour qu'elle lui fasse du mal.

"Finalement, votre fille sait éveiller un certain appétit, et puis je n'ai encore jamais goûté au sang d'un hybride...je me demande quelle saveur il peut avoir..."

Le vampire adressa alors un grand sourire à Constance, dévoilant ses crocs tandis qu'il la fixait après avoir posé un instant ses yeux sur le cou de sa prisonnière pour illustrer ses propos, tout son regard n'exprimant que le vice. Il ajouta, reprenant les propos d'Ezel:

"Et comme le dit si bien ce jeune homme, vous n'êtes rien pour vous octroyer ainsi le droit de vie ou de mort, donc cessez immédiatement vos agissements et tout se passera beaucoup mieux que si vous continuez dans la voie de la bêtise et de la bestialité, bien que ce doivent être ce qui vous caractérise le plus..."

Constance avait connu la rage et la haine et les avait laissés la submerger et l'emplir. Puis comme la marée, ces torents malfaisants avaient reflué et là où ils étaient passés, ils ne laissaient plus que le néant et le calme du vide infini. Elle s'enfonçait dans l'état de sérénité qui assurait que l'absolution donnée sera salutaire aussi bien pour l'Humanité que pour l'âme damnée de la créature infernale qui lui faisait face. Elle n'entendait plus qu'une longue litanie glorieuse sur l'accomplissement de la destinée humaine. La clarté de sa Mission était si éclatante qu'elle éclairait la Voie pour les siècles des siècles.
Constance chassa de son esprit toute les considérations secondaires. Seuls comptait ses objectifs principaux. Ne plus réfléchir. Laisser l'instinct du prédateur prendre les décisions. Les préceptes des Créateurs défilaient dans son esprit : elle en choisit un adapté à la situation et s'en fit un mantra : Un esprit étroit voit plus précisément.

L'instinct analysa l'attitude de son adversaire en une fraction de seconde : Vampire classique, pas d'imagination, type habituel, égo surdimensionné, psychotique, persuadé d'avoir du style. Autant de faiblesses. Un sous-fifre normal. Ses objectifs étaient clairs : assurer la sécurité de Sérénité avant tout... puis éliminer l'Impur pour le Salut de tous.

Sa respiration était lente et régulière, sa psychée acérée.

Ambroise approcha alors ses crocs de la gorge offerte de Sérénité. Elle laissa passer un instant, mettant ainsi le vampire en confiance. Elle savait qu'il jouerait aussi longtemps que possible. Elle par contre, ne se permettrait pas ce genre de comportement dégradant. La souufrance ne délivrait pas les âmes perdues. Seule la mort le pouvait.

A peine les lèvres du vampire aurent-elles finit de bouger que son corps entra en action. Son esprit analysait les données en temps réel. Elle couvrit l'espace qui la séparait de son adversaire en un éclair et lança la main droite tendue en avant. Celle ci passa au ras de l'épaule de Sérénité et les ongles acérés se plantèrent profondémént dans la peau blafarde de la Créature au niveau du torse, lui faisant lâcher sa prise. Dans le même mouvement elle pivota, attrapant Sérénité et la propulsant littéralement dans les bras du jeune homme aux yeux verts. Puis ses ongles s'arrachèrent de la chair du vampire laissant de grands sillons sanglants sur sa poitrine et le projetant au sol.
Se plaçant alors avec vivacité de façon à toujours rester entre l'Impie et sa fille, elle s'approcha de la créature et lui décocha avec puissance un vif coup de pied dans les côtes qui l'envoya s'écraser dans un mur de plâtre qui s'enfonça sous l'impact...

"NON!"

Ezel avait hurlé lorsque Constance s'était jetée sur Ambroise. Il ne voulait pas... ne voulait pas quoi, au juste? Ce malade mental de vampire avait pris Sérénité en otage, il ne méritait aucune clémence. Et pourtant, Ezel se sentait instinctivement de son côté. Du côté d'une créature qui menaçait de mordre le tendre cou de la malheureuse propriétaire d'yeux vairons contre nature qui auraient pu être ceux d'Ezel si la génétique avait distribué ses cartes différemment... Non, le jeune gardien était du côté opposé à la tueuse, c'était ça qu'il fallait prendre en compte.

Il ne réussit pas à suivre les mouvements de la femme. Sérénité fut projetée vers lui et il eut à peine le temps d'ouvrir les bras avant de recevoir la jeune fille en plein dans l'estomac. Il valdingua artistiquement en arrière pour aller s'étaler de tout son long près de l'entrée. Une violente douleur lui déchira le dos et il cria. Il était tombé sur quelque chose. Sur la pointe d'une chaussure.

*Mais qu'est-ce que...?*

Il renversa la tête en arrière et découvrit avec stupeur une sculpturale Hll qui le toisait, visiblement fort amusé de la situation. Les soyeux cheveux blancs qui encadraient des yeux d'un bleu artificiel évoquèrent quelque chose chez le jeune homme, mais il ne parvint pas à se rappeler quoi...

Le corps d'Ambroise fit un bruit sourd en s'écrasant contre le mur et Ezel eut un autre petit cri.

*Elle va le tuer!*

Il se redressa, prenant enfin conscience que Sérénité était vautrée sur lui, l'air plutôt hébétée. Ezel se mordit la lèvre et l'écarta avec des gestes doux et embarassés ( *pas de pensées malsaines Ezel, pas de pensées malsaines!* ) puis il leva un regard paniqué vers la Hll.

"Vous devez nous aider, ils... ils vont s'entretuer si nous..."

"Je vois qu'on rigole bien par ici, puis je vous demander ce qui se passe et si quelqu'un aurait l'amabilité de me dire qui est le gardien de ce subtil musée faisant office de foire ?"

Ezel s'interrompit, surpris par cette demande.

"Euh, c'est moi, mais..."

Tout s'était enchaîné à une vitesse ahurissante et Sérénité eu a peine le temps de compredre ce qu'il se passait....Elle avait demandé de l'aide, on l'avait giflé puis sa mère était apparu et elle s'était retrouvé prise en otage par ce psychopate aux canines surdimensionnées...Et là, elle se retrouvait bêtement sur...sur quelque chose de plutôt mou et plutôt chaud. Elle leva les yeux sur ce qui avait amorti sa chute et son regard croisa les yeux verts du jeune homme dont elle avait interrompu la conversation. Elle resta interloquée un certain moment puis reprit ses esprits et s'excusa timidement:

"Pardon....je...la pro...la prochaine fois j'essairai d'atterir ailleurs..."

Elle roula sr la droite dégageant le jeune Hll de son poids et elle fit face à la scène qui se jouait devant ses yeux.
Constance avait attaqué avec sa violence habituelle le vampire. Sérénité comprenait que sa mère attaque les Créatures, puisque c'était sa fonction, mais pourquoi la défendait-elle après toutes les horreurs qu'elle lui avait jeté à la figure. Sérénité se sentait étouffée par la honte. Elle s'était cru capable de se débrouiller seule et à peine partie elle se faisait déjà alpaguer par un vampire en manque de divertissement. Elle n'avait pas esquissé un geste pour se défendre et pourtant elle avait appris à se battre comme les apprentis tueurs le faisaient. Mais la rage qui lui avait permis d'échapper à sa mère ne coulait plus en elle, sa rencontre avec le jeune homme l'avait fait disparaître...

*je promets que plus jamais je ne laisserai Constance prendre ma défense et si ce n'est pas elle qui tue ce vampire, c'est moi qui m'en chargerai. *

Elle entendit le jeune hll parler à quelqu'un. Elle reporta son regard vers eux et vit une splendide jeune femme, aux yeux plus que troublant qui assistait avec un amusement certain au combat se livrant plus loin.

"Non, nous ne pouvons pas rester ici..."

Elle chercha le regard de celui qui s'avérait être le gardien du musée et lui dit calmement:

"Savez-vous vous battre? Si ce n'est pas le cas vous n'avez plus rien à faire ici ou alors vous faire tuer. Vous vous trouvez en face de la plus grande Tueuse d'Adhénor et d'un vampire. Notre seule chance et désormais de fuir, je vous en prie, faites moi confiance..."

Sérénité espérait que le jeune homme écouterait ses conseils mais elle était incapable de déchiffrer son regard si énigmatique, néanmoins elle sut tout de suite que ce n'était pas un être violent et qu'il était tout autant, sinon plus, désemparé qu'elle face à la situation.

"Je sais que ce n'est pas le moment mais...je m'appelle Sérénité, les gens disent que rien ne peut me défaire de mon impassibilité et de mon calme, mais je viens de prouver le contraire...."

Elle balaya la salle des yeux et prit un air désolé

Pardonnez-moi pour tout ça....