Le gardien du musée

Ambroise était dans une sorte d'état transitoire: il pouvait soit basculer dans la haine, soit sontinuer son jeu et garder la maîtrise de lui-même... Il était en même temps tenté de se jeter sur Constance et de lui faire payer son geste, elle avait osé le toucher alors qu'elle n'était qu'une misérable vermine et il ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain plaisir, surtout lorsque les ongles de la tueuse s'étaient enfoncés dans sa chair, laissant de sanglants sillons contrastant avec sa peau si blanche... Foncer sur la tueuse le mettrait sans doute en péril, mais ne rien faire le mettrait sûrement aussi en danger, surtout que la chef du cercle du Graal semblait bien trop arriérée pour apprécier ses propos. Et pourtant, entrer dans son mode de combat n'était pas ce qu'il y avait de plus intelligent à faire. Il fallait la surprendre...

C'est ce moment que choisit la divine Gaïa pour apparaître, et c'est lui qui fut étonné, mais seulement l'espace d'un instant, ne pouvant se permettre de montrer combien il était sensible au charme de la superbe créature et l'admirer plus en détail, chose fort difficile dans sa posture actuelle, étendu sur le sol, son kimono dévoilant ses jambes maigres. Il commença donc par se redresser, le tissu glissant un peu en haut et dévoilant ses épaules chétives. Beaucoup auraient pu se demander comment un être si malingre et à l'apparence si frêle qu'il passait pour maladif avait pu survivre aux coups de Constance, néanmoins ce n'était qu'apparence trompeuse, sa nature de vampire lui conférant quelques avantages, et pas des moindres, par rapport aux humains. Pourtant la mère de la petite laideronne_bien que cellle-ci n'ait pas hérité, heureusement pour elle, de toute la laideur repoussante de celle qui se disait sa génitrice_ ne semblait pas totalement humaine, ou alors elle avait été tellement modifiée qu'elle n'avait des humains que l'envelloppe. Aux pieds de Gaïa se trouvaient les deux jeunes gens, l'insignifiante gamine tentant de mettre Ezel de son côté...pauvre petite, peut-être espérait-elle le convaincre en usant d'un charme inexistant en elle. Pourtant l'aide du jeune homme pourrait lui être utile, surtout si elle était liée à celle de la seconde de l'EDEN. Mais pour l'instant il ne pouvait compter que sur lui-même, et quelques secondes après le choc et s'être relevé, il dégusta quelques gouttes de son sang, le meilleur qu'il ait bu selon lui avec celui de Carmine, lançant un regard provocant à Constance ainsi qu'un "Humm...délicieux!", et soudain se précipita sur son ennemie, se jetant sur son visage et tentant de lui crever les yeux avec ses ongles, les ongles de vampire étant plus durs que ceux de n'importe qui, surtout lorsqu'ils étaient aussi bien entretenus que les siens. Il ne vérifia pas s'il avait réussi à la rendre aveugle ou à l'éborgner, ayant au moins la consolation et la plaisir d'avoir lacéré cette face répugnante,une certaine jouissance l'ayant envahi lorsqu'il avait senti ses ongles s'enfoncer dans la chair de l'humaine et y laisser des marques qui devaient être profondes, et courut derrière la géante, vif et prêt à la réattaquer, bien qu'il ne s'arrêta qu'à une distance respectueuse, ne voulant recevoir de coups par surprise. De toute façon, s'il n'était plus rapide et plus endurant qu'elle, il l'était du moins autant, puisqu'un humain, même modifié, ne pouvait surpasser les capacités physiques d'un hll...Or ils étaient les seuls dont les sens fussent plus développés que les vampires.

Commandante des Tueurs Nombre de messages : 360 Date d'inscription : 22/08/2005

Une nouvelle venue. Sans perdre le vampire de vue, Constance s'autorisa à évaluer le niveau de danger qu'elle représentait.
La situation n'était pas des meilleures. HLL. Très dangereuse. Cependant elle connaissait ce visage, il était dans les dossiers du Cercle. Membre de l'Eden, elle n'était pas une menace pour Sérénité, l'éxécutrice allait donc pouvoir l'ignorer dans l'immédiat. Elle était confiante en sa capacité à annihiler ces deux engeances démoniaques, même en même temps si besoin était. Mais elle ne pouvait pas se permettre de laisser sa fille courir le moindre risque.
C'est justement cette dernière pensée qui permit au vampire de s'approcher assez pour l'attaquer aux yeux. Le mouvement était rapide mais The Hound était plus rapide encore, elle était un vrai chef-d'oeuvre de bio-ingénieurie... Simplement la comparer aux créatures était un blasphème. Elle évita les dommages les plus sérieux mais les ongles du vampire entaillèrent profondément sa pommette gauche, glissant sur l'os.
La douleur fut aveuglante pourtant elle encaissa le choc et, par un acte de volonté à l'état pur, elle bloqua la sensation. Aucun dommage ne serait irréparable. Elle replongea dans sa transe meurtrière, pour de bon cette fois. La douleur lui avait permis de retrouver l'état d'esprit nécessaire à la mise à mort parfaite en implacable, il lui semblait ressentir autour les âmes des milliers de martyrs humains tombés sous les coups des Impies, ces âmes qui pavaient la route de l'Humanité ; esprits protecteurs morts au nom de la detinée humaine, pour préparer l'avènement de l'ère glorieuse où sa juste lumière éclairerait le chaos des mondes et en bannirait le mal.
Elle se prit à psalmodier l'ode du saint juge que les créateurs lui avaient apprise : dans le sang la voie serait révélée aux fidèles.

D'un seul geste, elle fit glisser un couteau de jet dans sa main et le projeta avec une force effrayante vers le vampire. Elle agissait ainsi
uniquement pour brouiller les cartes sans véritable espoir de toucher un vampire avec un banal jet : s'élançant en avant une nouvelle fois, elle suivit de très près le couteau et s'écrasa contre la créature le frappant à quatre reprises en rapide succession de ses poings, les deux dernières phalanges repliées uniquement. Un coup visait le front de l'Hérétique, un sa gorge exposée, tandis que les deux derniers visaient l'articulation de l'épaule droite et le plexus solaire.
Au dernier coup elle s'arreta net, transmettant toute son énergie à son adversaire au travers du dernier impact, remettant ainsi une distance salutaire entre eux. Ces coups avaient eu pour but d'handicaper le démon, de le mutiler, le préparant ainsi pour le coup de grâce. Le prochain assaut signerait sa mort.

Ezel vit un sourire se graver lentement sur le visage de Gaïa lorsqu'il lui appris son rôle dans le musée, mais cela n'avait pas d'importance. Sérénité. La fille s'appelait Sérénité. Un nom bien étrange pour quelqu'un qui était arrivé en compagnie d'une tueuse tout en passant à travers un écran de cinéma... Mais quelque chose ne fonctionnait pas dans cette histoire: comment une créature si visiblement hybride pouvait-elle être la fille de celle qu'elle avait présentée comme la plus grande tueuse d'Adhénor? Un viol? Existait-il seulement un Hll capable de violenter une machine de guerre comme Constance? Et puis, même si ç'avait été le cas, elle n'avait pas l'air d'être le genre de femme à s'occuper de son bébé par la suite...

"Moi, c'est Ezel."

Il aurait voulu en dire plus, mais le vacarme assourdissant d'une rangée de chaises renversées l'arracha aux yeux vairons de Sérénité. Ambroise venait de traverser la pièce en vol plané pour s'écraser à nouveau contre le mur. Et il riait. Constance, dans un état second, psalmodiait des paroles sans suite tout en s'avançant vers le vampire. Mais les yeux gris d'Ambroise n'étaient pas ceux d'un blessé qui attend le coup de grâce: il allait frapper en retour, quitte à se prendre un coup gravissime. Ezel entendit Sérénité lui demander de fuir avec elle et il se releva brusquement:

"Mais ils vont s'entretuer si nous n'intervenons pas!"

Le visage de Sérénité se ferma. Ezel baissa les yeux en signe d'excuse.

*Suis-je bête... elle s'en fiche que Ambroise meurt. Si c'est bien la fille de la tueuse, les vampires ne doivent pas avoir une bien grande valeur à ses yeux, surtout lorsqu'ils l'ont agressée...*

Alors Ezel se tourna vers la splendide Hll.

"Aidez-nous, je vous en prie. Ils... mais... vous ne seriez pas...?"

Fille de Constance Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 30/08/2005

Sérénité ne s'étonna pas plus que ça de la réponse du jeune homme, elle était un peu désapointée, c'est vrai, mais elle voyait bien qu'il était si bienveillant, que même l'état du vampire l'inquiétait. Sérénité, il était vrai, n'avait aucune compassion pour la Créature. Il n'aurait pas hésité à l'éliminer si Constance n'était pas intervenue, alors ce qui lui arrivait à présent était mérité. Néanmoins, la jeune fille ne pouvait pas oublier qu'elle était elle aussi une Créature.

*Si c'est ce sort que me réserve Constance si je lui avoue qui je suis, je préfère encore me faire persécuter par une bande de hll assoifés de violence et de cruauté...*

Maintenant il s'agissait de savoir comment agir. Elle n'avait nulle part ou aller et les seules personnes qu'elle connaissait désormais sur Adhénor étaient....les protagonistes de cette scène...Il était impossible de repartir avec sa mère et le vampire, s'il ne mourrait pas dans les prochaines minutes, ne serait sûrement pas des plus fréquentables...Il ne restait donc que cette jeune femme et Ezel...

"Bon, et bien puisque vous avez tant envie de rester, restons!"

Sérénité ne pretait pas d'attention particulier au combat. Elle avait déjà assisté à un nombre astronomique des petites "affaires" de sa mère et tout ça ne l'étonnait plus.

"Et bien puisque vous êtes si préoccupé par le sort de votre ami, parce que c'est évidemment un de vos amis, sinon pour quelle raison s'inquiéter pour lui, je vous en prie, allez l'aider. Je suis sûre que Constance serait ravie de tuer un hll. Car c'est bien ce que vous êtes, n'est-ce pas, malgré votre air de chérubin, vous êtes une Créature?"

Sérénité reporta son attention sur la jeune femme qui observait la scène en silence.

*Mmh...je connais ce visage, vraiment elle me dit quelque chose*

Sérénité avait en effet passé le temps enfermé au QG des Tueurs en épluchant les dossiers tenus par sa mère, et il lui semblait bien que cette magnifique femme en faisaient partie...

*Moui...mais quel était son nom déjà...?*

"Et bien puisque vous êtes si préoccupé par le sort de votre ami, parce que c'est évidemment un de vos amis, sinon pour quelle raison s'inquiéter pour lui, je vous en prie, allez l'aider. Je suis sûre que Constance serait ravie de tuer un hll. Car c'est bien ce que vous êtes, n'est-ce pas, malgré votre air de chérubin, vous êtes une Créature?"

Ezel s'étrangla au lieu de finir la phrase qu'il adressait à Gaïa et il se tourna vers Sérénité, le bouche très intelligemment entrouverte. Quelque chose lui fit mal dans cette phrase, sans qu'il parvienne exactement à cerner quoi.

"N...Non, ce n'est pas mon ami! Mais ce n'est pas une raison pour l'assassiner! Et je ne suis pas un..."

C'est à cet instant qu'il comprit ce qui l'avait désagréablement surpris dans les paroles de la jeune fille. Son visage se ferma et il détourna le regard: pendant quelques secondes, il avait eu la naïveté de croire qu'on pourrait ne pas remarquer que ses iris étaient trop verts...

"Je suis un humain, pas un Hll. Et permettez-moi de vous dire que... que je vous trouve relativement mal placée pour faire ce genre de commentaire méprisant sur les créatures."

Ainsi il s'était trompé: Sérénité était bien la fille de sa mère... Comme la grâcieuse spectatrice semblait toujours se demander à quel degré d'effort physique elle allait choisir de s'exposer, Ezel décida de réagir. Il ne pouvait plus fuir maintenant, il était trop impliqué dans cette affaire. Il avait accepté de suivre Ambroise, ce n'était pas pour le laisser se faire tuer. Et puis, qu'est-ce qu'il prouvait que lorsque Constance en aurait finit avec le vampire, elle n'allait pas se retourner contre la Hll spectatrice? Ou contre lui-même?

Ezel s'avança de quelques pas et arracha avec effort le coutelas que la tueuse avait lancé à Ambroise et qui s'était profondément enfoncé dans le mur. De la poussière de plâtre grisâtre recouvrait la lame et la ternissait, comme si elle voulait avoir l'air de ne pas couper... de ne pas pouvoir tuer. Ezel saisit le manche et serra en essayant de faire cesser les tremblements de ses doigts. Sérénité ne sembla pas vouloir l'arrêter. Constance était à un bout de la pièce, Ambroise à l'autre. C'était maintenant où jamais. Ce qu'il aurait dû faire longtemps auparavant, le jour-même de la mort de ses parents. Et au moment où il commençait à courir vers la tueuse, une pensée explosa littéralement dans son esprit:

*ARRETE, TU VAS TE FAIRE TUER!*

Mais de toute façon, c'était déjà trop tard.

Fille de Constance Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 30/08/2005

Sérénité fut profondément bléssée par ce qu'Ezel lui répondit. Mais elle se sentait encore plus triste d'avoir eu l'air de mépriser les Créatures. Mais c'était tellement dur pour elle de trouver sa place, de savoir quoi penser et qui défendre. Elle était en plein dans ses pensées lorsqu'elle vit le jeune homme se lever, empoigner le poignard dont Constance s'était servi et courir vers la tueuse.

*Mais il est complétement dérangé*

Elle hésita un instant , se disant qu'après tout, cette histoire lui importait peu. Mais c'était sa faute si sa mère était en train de se battre et si Ezel s'en trouvait mélé. Et elle aurait aimé qu'on l'aide si elle avait été à sa place.

Elle se releva et couru en direction de Constance. Elle avait agi avec une rapidité implacable.

*comme un véritable hll....*

Elle s'interposa entre Ezel et Constance et hurla:

"je ne méprise pas les Hll puisque j'en suis une moi-même, mais est-ce que tu peux comprendre à quel point c'est difficile pour moi de savoir qui je suis réellement. Toute ma vie les Créatures m'ont persécuté et la seule personne qui m'ai recueilli et la plus grande tueuse de tous les temps. Mais on ne va pas contre sa nature....

Elle baissa la voix et dit à l'intention de sa mère:

"ne croit pas que ça change quoi que ce soit. Je ne fais pas ça pour toi mais pour le sauver...je t'en prie...laisse-moi partir..."

Les larmes lui montaient aux yeux mais elle se retint, et affirma sa position.

"Ezel, toi non plus tu ne sais pas ou es ta place. Tu dis être un humain mais tu crois peut-être que je n'ai pas vu tes yeux, tu crois qu'il suffit de les cacher derrière quelques mèches...on ne peut pas changer sa nature profonde...Si vraiment tu accordais tant d'importance à ton sang hll, si vraiment tu voulais oublier tes origines, tu aurais au moins mis des lentilles..."

Sérénité se sentait fatiguée et elle avait envie de s'en aller mais elle ne partirait pas tant qu'elle ne serait pas sûre que Constance ne la suivrait pas...

Elle trouvait ce spectacle si amusant, si insolite que c'en était presque dérangeant.
Légèrement accroupie au dessus d'Ezel, elle le dévisagea avec bienveillance tandis qu'il lui demandait son aide d'une voix on ne peut plus paniquée.
Il était dépassé par les évenements c'était évident...
Et à la réflexion la jeune femme se dit qu'elle l'avait vu quelque part, très brièvement mais recemment ce qui l'etonna d'autant plus puisqu'elle ne se souvenait pas avec exactitude de son identité.
Les éléments d'un interessant puzzle commençaient à se souder dans son subconscient avec une rapidité deconcertante.
Et la malencontreuse prise de parole de sérénité ne put que lui en confirmer une partie.
Elle savait exactement qui étaient les deux protagonistes de cette rixte et les voir ainsi se sauter dessus lui insuffla un intime sentiment d'euphorie....
Comment avait-elle fait pour ne pas les reconnaître de suite...Cette gigantesque femme à l'ossature si particulière, apparemment humaine bien qu'une odeur mêlée en teinte sa nature : Constance Wolf, dirigeante de cette bande d'illuminés mystiques qu'étaient les Tueurs...
A vrai dire, la HLL ne l'avait jamais rencontré mais elle s'était tant nourrie d'informations à son propos que c'était comme si.
Pour ne pas briser le sérieux de la scène elle se retint à grand peine d'ailleurs d'esquisser une courbette déplacée.
Compte tenu de ses propos la jeune fille qui s'était étalée à ses pieds ne pouvait être que la protégée de l'interessée, Sérénité.
Une sang-mêlée Hll au passé trouble en proie à de vifs ressentiments à l'égard des êtres de sa race, une jeune fille puissante bien que la majorité de ses capacités ne soient pas encore totalement exploitées...
Bah après tout tant qu'elle ne commettait pas d'impairs pourquoi s'en prendre à elle ?

Puis le vampire...Où donc avait-elle vu sa photo ?
A l'ouverture d'un dossier récent, affublé d'ailleurs d'un nom qu'elle avait trouvé délicieux à l'époque...Un nom évocant le nectar des anciens dieux : Ambroise.
Alors elle vit les feuilles disséminées sur le sol et tout lui revint en un éclair.
Que faisait donc une créature aussi raffinée en plein ébat avec la dirigeante des Tueurs ? Quelques minutes auparavant elle avait croisé sérénité en pleine crise de larmes sans vraiment s'en formaliser mais elle aurait sans doute dû le faire.Car il y avait un rapport avec la jeune fille.
Et enfin le gardien du musée qu'elle avait rencontré il y a quelques semaines de cela dans les locaux de l'Eden, elle n'avait guère pris le temps de s'exposer en amabilités avec lui car à l'heure elle était en train de mener d'importantes recherches quant à la manipulation d'une énergie combinée, un impair lui avait alors brûlé violemment le bras et elle ne s'était pas trouvée d'humeur bavarde...Mais le Curriculum Vitae de l'individu lui avait paru prometteur.
S'appuyant de ces soudaines réminiscences elle répondit calmement à Ezel un doux sourire aux lèvres

"Monsieur Verian, si vous me donnez une raison valable et rationelle d'intervenir j'y réfléchirai ...j'espère tout de même que la créature qu vous suivez ne disparaîtra pas par votre faute ce serait vraiment...Compromettant, ce qui serait réciproque dans le cas inverse car Dieu sait que sans Constance Wolf la vie à Adhénor serait fort ennuyeuse.

Se tournant vers Sérénité l'air toujours aussi radieux elle compléta d'une voix musicale

"Oui je suis...Mais à vrai dire à l'origine j'avais mieux à faire que de participer à ce spectacle que je trouve fort interessant d'ailleurs sans éveiller les susceptibilités..."

Elle se garda de contredire Ezel au sujet de sa nature de créature, si il avait envie d'y croire ou de tromper quelqu'un pourquoi y mettrait-elle son grain de sel après tout ? Ce n'était pas son affaire.
Bras croisés, son long manteau toujours clos elle contempla silencieusement les deux jeunes gens s'interposer entre l'humanoïde e le vampire...Dramatique à souhait, elle adorait en tout cas, mais elle avait bien conscience qu'il lui faudrait agir si elle ne voulait pas qu'un membre de son organisation ne meure sous ses yeux. Ce qui ne l'empêcha pas d'admirer ce sursaut de courage.
Au propos de sérénité elle glissa d'une voix emplie de sous entendus :

"Très chère il faut bien plus que des lentilles pour dissimuler sa nature ."

Aussi se mit-elle à applaudir lentement, délibérément un large sourire aux lèvres en jetant un regard gourmant aux blessures abondantes du vampire avant de lui envoyer d'un geste un baiser tout à fait déplacé.

Plus les choses avançaient, plus elles le faisaient vite, et Ezel commençait à perdre complètement pied. Il se trouvait soudain bien ridicule, avec son petit coutelas en main face à Constance. Les reproches de Sérénité, les moqueries de... Gaïa, elle s'appelait Gaïa, chef de l'EDEN.

*Mais quelle importance? De toute façon je n'arriverai pas à la convaincre de m'aider. Oh, je ne comprends plus rien...*

Est-ce que Ambroise se faisait vraiment attaquer par sa faute? Mais non, bien sûr que non. Et pourtant, si le vampire n'était pas tombé sur Ezel à cause de ce dossier, il ne serait jamais resté dans la salle, il n'aurait peut-être même pas croisé Constance... et puis ce que venait de dire Sérénité...

"Je me sens humain, mais je n'ai pas honte de mon sang Hll! Je... j'essaie juste de ne pas l'exposer pour... parce que je ne veux pas..."

*Me faire tuer comme mes parents.*

"Je ne veux pas d'ennuis. Mais il faut arrêter ta mère, Sérénité, elle n'a pas le droit de tuer les gens comme ça!"

Il essaya d'avancer, mais la jeune hybride lui bloquait le chemin. Alors Ezel fit quelque chose qu'il n'avait jamais fait: il repoussa brutalement la fille sur le côté pour passer. Le regard de la tueuse se fixa alors sur lui et il ne put contenir un mouvement de recul. Mais il fit tout de même un pas de côté pour se placer entre Constance et Ambroise. Il tremblait de tous ses membres, et il était si pâle qu'on l'aurait dit prêt à s'évanouir - ce qui n'était pas loin d'être le cas.

"Arrêtez... je vous en prie, arrêtez..."

Fille de Constance Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 30/08/2005

Sérénité entendit la remarque de Gaïa mais n'y répondit pas, bien qu'elle soit entièrement d'accord avec elle. La situation avait atteint le niveau des scènes de drames dignes des meilleurs romanciers. Et encore une fois Sérénité se sentait atrocement inutile face à tout ça. Ezel paraissait troublé par ce que la jeune fille lui avait dit.

*c'est bien ce que je pensais...lui-même ne sait pas réellement qui il est...*

Puis soudain le jeune homme la poussa violement pour faire face à la Tueuse. Se retrouvant une nouvelle fois à terre Sérénité ne put réprimer un sourire...

*et voilà...je suis certaine que c'est la première fois qu'il fait preuve d'autant de violence envers quelqu'un...ce que je ne comprend pas c'est pourquoi il tient temps à sauver la vie de ce vampire*

Sérénité se releva pour la énième fois de cette journée qui semblait ne plus finir...Elle resta dans l'ombre quelques instant puis s'avança, posa la main sur le coutelas que tenait en tremblant Ezel, elle regarda sa mère et dit.

"ça suffit....je suis épuisé, cette situation tourne en rond...je...je ne sais plus quoi faire...Const...je veux dire maman...Arrête maintenant, je.."

Sérénité ferma les yeux et serra sa main sur le couteau faisant couler son propre sang

" Quoi qu'il m'en coute je rentre...à la maison, avec toi...je n'aurais pas du et je m'en excuse..."

Sérénité ne pensait pas un mot de ce qu'elle disait mais elle ne voulais pas risquer de voir mourir le seul être qui lui ai apporté tant de..sérénité, justement...Toute sa vie elle s'était sentie traquée et surveillée mais un instant plongée dans ce regard si vert et elle se sentait enfin en paix.

Elle posa ses yeux sur Ezel. Elle s'efforcait de cacher ses sentiments mais elle espérait intimement que le jeune homme comprendrait à quel point elle avait besoin d'aide.

"maman je t'en prie, ne tue pas ces hommes, la seule responsable, la seule qui mériterait de mourir c'est moi..."

Commandante des Tueurs Nombre de messages : 360 Date d'inscription : 22/08/2005

(je n'avais pas répondu pour laisser à Ambroise le temps de poster mais bon, vu l'évolution, il faut que je remette ça... vous voulez pas aller moins vite ?)

Constance n'avait pas eu conscience des deux jeunes gens pendant les dernières secondes : ils ne représentaient pas une menace et n'étaient pas menacés, elle les avait donc rayés de sa perception.
Cependant dès l'instant où Ezel avait saisi le couteau, il avait cessé d'être considéré comme une "perception inutile" et s'était vu reclassifier en "menace négligeable". Cela aurait pu en rester là mais l'humain s'entêtait. Sans compter le fait que Sérénité s'était mise de la partie non sans lâcher une réplique blessante de plus. Décidément, ces dernières heures, elle semblait avoir acquis un goût tout à fait contestable en matière de piques. Ce n'était pas digne d'une jeune fille distinguée.
Jetant un coup d'oeil au vampire mal en point, elle s'assura qu'il était hors course pour quelques courtes minutes et elle relâcha l'état artificiel dans lequel elle était. Ce n'était pas facile de changer d'optique ainsi, très éprouvant pour les nerfs en réalité.
Elle voulait pourtant absolument règler la situation qui devenait insoutenable : tellement de douleur pour rien, et ce, à cause de l'intervention de ce vampire, cette... chose, indigne de respirer le même air que sa fille chérie et qui osait poser la main sur elle.
Constance se retourna mais dans l'intervalle, Ezel avait repoussé Sérénité brutalement sur le coté. La tueuse pâlit subitement en essayant de se contrôler. Ce jeune idiot cherchait visiblement à se faire tuer coute que coute.... Il fallut toute sa volonté et sa foi pour retenir son bras. Ce jeune homme était humain se rappela-t-elle pour se calmer....

Enfin elle soupira, dans cette expiration elle chassait les derniers vestiges de sa colère. Puis elle prit la parole d'une voix étonnement douce :
"Tu as raison, je n'en ai pas le droit. Protèger est mon devoir. Ne sois pas naïf ou hypocrite. Tu sais bien qu'un chien enragé doit être abattu. Ca te parait normal, triste mais normal. C'est exactement mon rôle, je mets fin aux souffrances de ce monde. Définitivement."
Son ton se durcit : "Tu n'es rien pour cette chose (elle indiqua de la tête le vampire) il ne voit en toi que du bétail. Tu ne peux pas forcer un chien enragé à faire partie de la socièté. C'est aussi simple que ça."
Son regard si troublant plongea dans le sien. Elle le fixa avec intensité et murmura bien que les paroles résonnèrent comme un coup de tonnerre dans les oreilles du jeune homme.
"Mais rappelle toi que si jamais tu fais encore mine de blesser ma fille, tu n'auras plus jamais l'occasion de philosopher avec tes amis de l'EDEN."

C'est ce moment que choisit Sérénité pour se relever et empoigner la lame que tendait encore devant lui le jeune concervateur du musée, dans son état d'hébétude.
La vue du sang si rouge qui coulait sur le sol fut comme un électrochoc pour Constance. Ses yeux s'agrandirent d'horreur.

C'est à ce moment précis que la jeune fille lui asséna le coup de grâce." Quoi qu'il m'en coute je rentre...à la maison, avec toi...je n'aurais pas du et je m'en excuse... maman je t'en prie, ne tue pas ces hommes, la seule responsable, la seule qui mériterait de mourir c'est moi."
Elle lui avait eu le coeur de la tueuse entre les mains et par ces quelques mots, par ce mensonge si évident pour sa mère, elle avait sans aucune pitié serré le poing.
Les épaules de Constance se voutèrent, elle cacha son visage dans ses mains, se détournant du regard qu'échangeaient les deux jeunes gens. Des trésaillements agitèrent ses épaules et se transformèrent bientôt en sanglots. Pour la première fois de sa vie, l'éxécutrice pleurait toutes les larmes de son corps.
Au travers de ses pleurs elle réussit tout de même à souffler une question: "Pourquoi ?"

(Désolé, mais je ne peux pas aller plus vite, je n'ai pas toujours accès à internet...enfin merci de m'avoir attendu, c'est très gentil.)

Ambroise ne pût éviter les coups, et ceux-ci étaient si bien placés que le vampire se retrouva agenouillé sur le sol en train de recracher du sang, se soutenant d'une main. Il fixa un instant le liquide vermeil tombé dans sa main droite, ou plutôt le contempla, pensif mais fut soudain tiré de sa fascination par Ezel qui s'était emparé du couteau lancé par Constance et qui menaçait la tueuse. Décidément, les apparences étaient trompeuses, et ce jeune homme avait bien du courage. Il était même étonné que le gardien intervienne alors qu'il le considérait comme une proie il y a peu...Tout à coup des claquements de mains résonnèrent dans la pièce. Ambroise tourna son regard vers la source du bruit et vit Gaïa en train d'applaudir, un grand sourire aux lèvres, et il ne pût s'empêcher de sourire à son tour, ayant un sens de l'humour que certains jugeaient un peu particuliers. Il fut étonné du baiser qu'elle lui envoya, ainsi que de son regard, mais surtout très flatté qu'une jeune femme aussi magnifique ait cette attitude envers lui. Il passa sa langue sur ses lèvres encore rougies, savourant le nectar délicieux qui s'en était échappé quelques instants plus tôt ainsi que le baiser imaginaire de la superbe créature, et reporta son attention sur Constance et Ezel, et, oh, surprise...sur Sérénité, venur les rejoindre. Décidément, cette petite était une véritable sangsue!Mais elle avait finalement son utilité, puisqu'elle réussit à déclencher une crise de larmes chez sa mère avec des paroles loin d'être méchantes pourtant... Le tableau avait quelque chose d'assez comique, voir cette espèce de géante repliée sur elle-même et en train de pleurnicher lamentablement à cause d'une adolescente en crise...Qui l'aurait cru de cette énergumène fanatique et idiote, le peu de cerveau qu'elle possédait bourré d'idées fausses et préconçues? La preuve, elle réussissait à le traiter de chose, lui, cette magnifique créature dont elle n'arrivait même pas à la cheville_sauf dans le combat, même s'il avait du mal à l'admettre.

Encore une fois, il ouvrit la bouche, mais ce ne fut pas pour boire du sang. Ce fut pour prendre de nouveau la parole et laisser sortir sa voix sublime_qui était à l'origine de son plus grand talent, c'est à dire le chant_ voulant captiver ses auditeurs grâce à son timbre rare, et surtout charmer un tant soit peu la créature de rêve arrivée il y a peu...Pour une fois qu'une femme réussissait à lui faire oublier Carmine pendant plus d'une seconde!

"En effet, on ne peut pas forcer un chien enragé à faire partie de la société...il n'y a qu'à voir le comportement de cette géante incapable d'autorité envers sa fille et emplie de brutalité et de bestialité!"

Il se releva tranquillement, ne tenant compte de ses douleurs, qui étaient plutôt des plaisirs pour lui, et réajusta ses vêtements à moitié défaits qui laissaient voir une partie de son torse, son épaule et son bras droit ainsi que ses mollets maigres, cachant dans le même temps ses blessures.Il lança ensuite un regard regorgeant de mépris à la chef des Tueurs, mais s'abstint de tout commentaire, bien que ce ne fut pas l'envie qui lui en manque. Il se doutait qu'elle ne l'écouterait pas et que seule sa fille avait un quelconque pouvoir sur elle. Cette gamine signifiait quelque chose au moins pour une personne visiblement... Pourtant il ne voulait pas s'éloigner, craignant qu'on l'accuse de fuir bien que le combat fut terminé et malgré son intérêt pour la seconde de l'EDEN, il voulait savoir comment se terminerait cette histoire. Il se contenta donc d'un regard mi-intrigué mi-charmé vers Gaïa avant de s'intéresser de nouveau aux protagonistes qui lui faisaient face.

(Au fait Ezel Gaïa est seconde dur l'échelle hiérarchique de l'Eden lol)

Nouveau coup de théâtre innatendu et ô combien interessant.
La sulpturale scientifique s'apprêtait à avancer vers les acteurs lorsqu'elle fut stoppée net en voyant Constance s'effondrer.
Pendant de brèves secondes elle se contenta immobile, de la fixer ainsi recroquevillée sur le sol, fauve impuissant en plein instant de vulnérabilité en se demandant quelle pouvait bien être la vraie raison d'un tel abattement.
A vrai dire elle était déçue par cette découverte.
Comme le lui avait dit autrefois un précepteur fort sage, les plus grand titans ont tous leur talon d'achille, qu'il soit interne ou non.
Et avec un soupçon d'intérêt elle reporta son attention sur Sérénité sans briser la solennité de l'instance. Constance tenait donc tant que ça à cette enfant ?

Elle ne comprenait pas.
De quel bourbier la géante avait-elle tiré la fillette pour se sentir aussi touchée par son comportement ?
Pour une personne aussi nonchalante et déshumanisée que Gaïa un tel revirement relevait du mystère absolu.
Sourcils haussés, elle parcourut la pièce du regard ne s'arrêtant alors que sur la silhouette accroupie du vampire, elle eut alors un mal infini à réfréner le sourire malicieux qui pointait déjà sur ses lèvres et se reprocha vivement de ne pas avoir eu la curiosité de parcourir un peu plus son dossier, dossier à la charge d'ailleurs d'Ezel qui prenait un mal fou à défendre les intérêts du concerné ce qui attisait aussi promptement sa curiosité... Pourquoi se montrait-il aussi bravache ? Il risquait une mort violente en s'interposant de la sorte et n'était lié que professionellement au vampire.
De plus, pour Gaïa malgré les apparences Ambroise n'avait pas réellement besoin d'aide. sans savoir à quoi il jouait exactement elle se doutait bien qu'il ne s'était pas battu sérieusement, ce qui risquait bien de lui coûter cher.

Elle se demandait ce qui l'empêchait de quitter du regard le buveur de sang, ce qui l'empêchait de ne porter son attention exclusivement que sur le drame familial en cours... Et vint la réponse, une voix magnifique qui occulta tout élément externe, un son cristallin exempt de toute impureté, une sonorité qu'elle ne connaissait que trop.Et elle sut alors pourquoi il l'intriguait. Tant de raffinement n'aurait pu lui échapper et elle se promit alors intérieurement d'approfondir un peu plus cette étrange sensation à l'avenir.
Sans aucune volonté d'intervenir entre la mère et la fille, elle s'approcha sans un bruit d'Ezel, lui prenant doucement le couteau des mains du côté tranchant.Comme le jeune homme visiblement choqué tenait bon, le contact provoqua une légère coupure sur ces doigts si fins et fragiles.
Sans broncher, elle posa l'arme sur une table à proximité avant de se baisser pour souffler d'une voix joyeuse à l'oreille du gardien :

"Tout ceci est en effet très interessant monsieur Verian mais je vous conseille de vous éloigner, éthiquement parlant je ne peux pas me permettre de perdre un membre de l'organisation et comme on dit le linge sale se règle en famille.
N'ayez pas peur pour Ambroise il est absolument capable de se défendre seul vous devriez plutôt vous soucier de votre dossier dispersé aux quatre coins de la pièce, il serait fort dommage de perdre des données aussi importantes n'est ce pas?

Phrase qui induisait implicitement que sans la réaction imprévue de Constance elle se serait lancée dans l'arène. Elle ne donnait pas dans le sentimentalisme mais elle ne pouvait décemment pas regarder un membre de l'Eden se faire tuer sans réagir même si l'interessait se montrait d'une inconscience folle.
De plus même si elle ne risquait pas de l'admettre son élan de courage lui avait fortement plu : si il avait regardé son "patient" se faire tuer par sa faute elle le lui aurait fait amèrement regretter...Par principe.
D'une généreuse tape dans le dos elle l'expédia un peu plus loin histoire de le mettre temporairement à l'abri.
Elle laissa un espace digne à la mère et à la fille pour régler leur différent avant de se pencher vers Ambroise un large sourire rieur éclairant son visage de madonne.
Une main tendue elle murmura:

"Je regrette vraiment que les circonstances ne nous aient pas offerte une meilleure rencontre...Les problèmes de famille ne font pas vraiment partie de mon éventail"

Elle appuya la remarque d'un regard curieux vers les deux femmes en haussant les épaules sa longue chevelure d'argent balayant soyeusement son visage aux traits si habilement dessinés.

(désolé Gaïa, je t'ai accordée une promo sans le faire exprès ^^)

Ezel avait eu un cri horrifié lorsque Sérénité avait saisi la lame du couteau pour la détourner de sa mère. La jeune fille avait serré les doigts sans la moindre grimace de douleur, un masque de détermination sur le visage. Les paroles qu'elle avait alors prononcées s'étaient frayées un chemin jusqu'à l'esprit d'Ezel et s'y étaient gravées profondément, de manière indélébile. Elle avait dit vouloir le sauver. Le sauver lui.

Depuis combien de temps n'avait-on pas daigné baisser les yeux vers lui pour lui sourire, depuis combien de temps avait-il la sensation d'être transparent ou insignifiant aux yeux de tous ceux qu'il croisait? Ezel sentit un liquide tiède et légèrement poisseux couler sur sa main gauche, celle qui tenait le couteau, et il mit deux bonnes secondes avant de réaliser que c'était le sang de la jeune hybride. Il voulut lâcher l'arme, mais ses doigts crispés à l'extrême refusèrent de lui obéir.

"Sérénité..."

Alors Contance, la tueuse implacable qui avait quelques secondes auparavant menacé Ezel de mort s'il touchait encore à sa fille, Constance s'effondra. Quelque chose se brisa dans son regard fixe, et des larmes se mirent à couler sur un visage qui n'était pas prévu pour les recevoir. Pourquoi cette rupture? Parce que Sérénité avait essayé de s'enfuir? Ou parce qu'elle s'était interposée?

La fille s'écarta, lâchant doucement le coutelas ensanglanté. Ezel resta planté au même endroit, incapable de bouger. Il avait l'étrange sensation que quelque chose avait fait coupe-circuit dans son cerveau à l'idée de se battre, et il n'arrivait plus à accéder à ses capacités de raisonnement.

Il fallut que Gaïa vînt lui retirer le couteau des mains pour qu'il reprît un peu conscience de la situation. Il n'y avait plus de combat, ou tout du moins plus pour l'instant. Constance semblait évacuer toute la détresse qu'elle avait dû accumuler sans broncher au cours des années, Sérénité la regardait avec un détachement qui fit de la peine à Ezel, lui qui avait toujours adoré sa propre mère... Il baissa les yeux sur sa main tachée de sang et hocha la tête aux paroles de sa supérieure Hll. La voix qui s'échappa de ses lèvres n'était qu'un murmure sans intonations.

"Vous... vous avez raison, je n'ai rien à voir là-dedans... pardonnez-moi."

Hagard, il fit quelques pas en arrière. Puis le coupe-circuit rétablit enfin le courant et Ezel fut submergé par une vague de nausée qui faillit le faire tomber à genoux. Il vacilla et appuya son front contre le mur tout proche, puis ferma les yeux en soufflant profondément pendant que son corps se demandait s'il allait rendre tripes et boyaux ou non. Mais le malaise du jeune conservateur reflua, et il put se redresser, le visage pâle et défait. Les poussées d'adrénaline ne lui faisaient vraiment aucun bien...

Il jeta un regard panoramique autour de lui - il n'allait quand même pas commencer à ramasser son dossier sans prêter plus d'attention à ce qui l'entourait. Mais une cruelle désillusion l'attendait: aussi brusquement qu'il était devenu important dans les évènements qui avaient précédé, il venait d'en sortir complètement. Constance était toujours coupée du monde, et Sérénité semblait pour l'instant bien plus absorbée par la réaction de sa mère que par Ezel. Elle se rappelerait peut-être du jeune homme dans un petit instant, mais certainement pas comme le personnage important pour le déroulement de la scène qu'aurait aimé être le gardien. Celui-ci chercha un regard du côté d'Ambroise, mais le vampire était en pleine discussion silencieuse avec Gaïa. Les deux êtres d'exception à l'égo surdimensionné semblaient se plaire, ce qui n'était nullement surprenant.

Mais Ezel était seul, avec le sang de Sérénité sur les doigts. Les quatre êtres qu'il avait en face de lui étaient des entités puissantes et étincelantes, des phares qui n'avaient pas besoin de la luciole qu'était le jeune homme. Il baissa les yeux avec un soupir:

*Il faut savoir se battre pour se rendre utile à Adhénor...*

Il était déçu, mais dans un sens il pensait que c'était prévu d'avance. Il avait été stupide de croire qu'il avait une quelconque importance dans ce monde. Ce qu'il faisait de mieux, c'était gérer le musée. Non, même cela il ne le faisait pas: il s'occupait des vieilles oeuvres, de leur conservation. Les comptes et les expositions, c'était l'Hinra qui s'en occupait. Alors de là à s'interposer dans un combat... Ce n'était pas lui qui l'avait interrompu, c'était Sérénité. Peut-être parce qu'elle avait une part plus importante de sang Hll.

*Ou peut-être parce que c'est toi qui est un trouillard.*

Sans mot dire, il se baissa et commença à rassembler les feuillets du dossier d'Ambroise, en essayant de ne pas trop les tâcher de sang. Et d'ignorer la nausée qui revenat à la charge.

Fille de Constance Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 30/08/2005

Sérénité fut d'abord interloquée de voir sa mère, qu'elle prenait pour un être au coeur intouchable voire même inexistant, s'effondrer en larme, perdant sa position d'attaque et du même coup, se rendant incroyablement vulnérable aux yeux du vampire. De plus, la jeune fille était loin d'imaginer qu'elle avait autant d'ascendant sur la Tueuse. Cette découverte lui redonna courage et malgré toutes les paroles blessantes qu'Ambroise lui avait adressé elle se sentait plus confiante que jamais. Fort heureusement le vampire semblait bien plus absorbé par Gaïa que par Constance. Sérénité prit alors la parole, s'adressant à la seconde de l'Eden.

"Gaïa...vous avez raison...toute cette violence est innapropriée dans un endroit pareil...et la mort de l'un ou l'autre d'entre nous ne ferait que compliquer les choses...puisque ce vampire semble vous respecter plus que moi...auriez-vous l'obligeance de l'emmener se soigner?"

Elle se tourna alors vers la Créature sans pour autant s'en approcher...

"Cher monsieur...Si cela ne vous dérange nous reportons ce combat. "

Sérénité allait s'oocuper de sa mère quand elle ne put s'empêcher d'ajouter, rancunière de ce que lui avait dit le vampire:

"Vous vivez pour la cruauté et la violence. Vous méprisez tous ceux que vous croisez, vous avez toujours ce sentiment inébranlable de supériorité...Et vous pouvez penser ce que vous voulez de moi...Mais contrairement à vous, je sais reconnaître les vrais ignorants quand j'en rencontre et c'est pour cette raison que vous ne m'intéressez pas!"

Elle baissa les yeux et vit une feuille blanche tachée de son sang...Elle repéra alors Ezel dans un coin de la salle en train de rammasser des feuillets.

"Attends! Je vais t'aider....Je suis un peu responsable de tout ce désordre, si ce n'est entièrement..."

Elle jeta un coup d'oeil à Constance mais détourna le regard...Elle n'avait pas l'intention de lui demander pourquoi elle pleurait ainsi...ou elle le ferait plus tard, lorsqu'elles se seraient calmées, l'une comme l'autre.
Sérénité s'agenouilla auprès du gardien, la feuille ensanglantée à la main et sourit à Ezel

"Désolée...je l'ai tachée à cause de ma main..."

Ambroise, une fois Gaïa en face de lui, fut tellement fasciné par cette créature hors du commun, qu'il en oubliat le reste de la salle et les peronnes présentes. Il prit la main que lui tendait la seconde de l'Eden, tout son respect et toute sa fascination se reflétant dans ses yeux gris. Il n'entendit même pas les paroles de Sérénité, absorbé par le chef-d'oeuvre vivant qui lui faisait face. Il lui sourit et répondit dans un murmure mélodieux et caressant destiné à n'être entendu que d'elle seule et montrant qu'il la séparait, l'élevait au-dessus des autres protagonistes, surtout de Constance et de Sérénité.

"Peu importe les circonstances, et bien que vous ne me voyiez pas sous mon meilleur jour, je ne regrette pas cette rencontre. Bien au contraire..."

Et c'était vrai. Comment aurait-il pu regretter la vision de Gaïa, si belle, superbe, impérieuse, majestueuse, puissante, fière et sûre d'elle. Sa seule présence changeait l'atmosphère d'une pièce et fascinait les personnes présentes, dont il faisait partie. Son visage, son corps aux formes sculpturales, la pâleur de sa peau, ses yeux d'un bleu électrisant ressortant d'autant plus dans ce magnifique visage qu'encadraient des cheveux de neige, ses mouvements félins, ceux d'une prédatrice, calme, tranquille, confiante en sa force et ses atouts, une femme qui sait quel effet elle a sur les autres et qui sait comment les subjuguer... du moins c'est ce qu'il lui semblait. Il répondit à sa deuxième phrase après un instant de silence pendant lequel il l'admira, la seule chose presque qu'il ait faîte en la voyant.

"Mais si nous délaissions les problèmes de famille pour d'autres activités qui soient plus..adaptées. Comme me faire soigner par exemple."

En effet, même s'il semblait avoir oublié ses blessures _ jouissives pour certaines_ il voulait tout de même ne risquer qu'elles s'agravent en s'infectant par exemple et voulait de plus se sentir propre et être un peu plus présentable en revêtant un magnifique kimono, bien que son apparence ne semblât pas repousser la magnifique créature qui le captivait depuis qu'il l'avait vue, au point même qu'il l'avait trouvé presque surnaturelle, ou plutôt irréelle lors de soin apparition.

Ezel accepta la feuille que lui tendait Sérénité sans un mot, tout juste avec un petit sourire. Il avait retrouvé son habituel regard fuyant, même si la jeune fille avait éventé depuis longtemps le secret de polichinelle de ses yeux verts. Son sang Hll ne lui servait à rien, alors il n'avait pas à le mettre en avant.

"Vous devriez vous occuper de votre mère."

Tiens, il était repassé en mode "vouvoiement". C'était instinctif chez lui, il avait toujours eu beaucoup de mal à tutoyer les gens, et il ne s'étonnait pas tant de dire à nouveau "vous" à Sérénité que d'avoir pu lui dire "tu".

Il acheva de rassembler les feuilles qui étaient à sa portée et se releva, son dossier malmené serré contre sa poitrine. Il fit de son mieux pour ne pas croiser le regard de Sérénité: il aurait tant aimé être plus courageux, ne serait-ce qu'un tout petit peu... Il entendit les dernières paroles de Ambroise et sauta sur l'occasion, au risque de froisser le vampire en interrompant son échange avec Gaïa:

"Je vais vous chercher de quoi vous soigner, si vous le permettez. Je... je ne serai pas long."

Et sans attendre une réponse, il tourna les talons pour quitter la salle, les épaules légèrement voûtées.

Fille de Constance Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 30/08/2005

Sérénité n'eut pas le temps de riposter que sa mère n'avait vraiment pas besoin d'elle qu'Ezel avait pris le premier pretexte venu pour quitter cette salle et cette atmosphère pesante...

*Bon, et bien j'imagine qu'il ne me reste pas 36 solutions vu que ce n'est pas ici que je trouverai l'aide dont j'ai besoin...*

Sérénité se releva et s'avança vers sa mère, toujours dans un état pitoyable.

"Maman, je t'en prie, ne te donne pas en spectacle...viens, lève-toi, on rentre maintenant"

Sérénité fut plutôt étonnée de réussir à soulever si aisément sa mère. Elle passa le bras de celle-ci sur ses épaules et se dirigea lentement vers la porte.

Commandante des Tueurs Nombre de messages : 360 Date d'inscription : 22/08/2005

Constance se calmait peu à peu à présent mais la douleur restait très vive. Elle luttait contre des émotions contraires qui la tiraillaient tour à tour. Une part d'elle même mourrait d'envie d'aller prendre Sérénité dans ses bras et de la caliner sans trève des heures durant en la couvrant de baisers.

Son autre impulsion la mènerait directement sur le vampire et sa comparse Hors la loi pour les réduire en lambeaux sanglants avec ses mains nues et ses dents si besoin était. Leur seule existence lui était insuportable. Le simple fait qu'ils puissent poser leur regard sur sa fille était à la limite de l'indescence.

Elle réussit pourtant à faire taire son instinct juste au moment où Sérénité s'approcha d'elle. Ses paroles ne lui apportèrent aucun réconfort mais elle se contenta tout de même du contact pour l'instant et eut la présence d'esprit d'aider sa fille pour ne pas lui laisser porter tout son poids. Elle s'éloigna lentement et sortit de la pièce mais aussitôt la porte franchie, elle attira la jeune fille dans l'étau de ses bras et susurra :

"Ma chérie, ne me laisse pas je t'en prie, je t'aime tellement. Pourquoi veux-tu fuir ? Crois-tu vraiment que j'accorderait de l'importance au vert de tes yeux ?"

Fille de Constance Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 30/08/2005

Sérénité se retrouva sans comprendre enlacée par les bras de sa mère. Elle n'avait pas envie de lui faire croire que tout rentrerai dans l'ordre après ce qu'elles venaient de vivre mais vu les réactions de sa mère elle préférait la laisser la serrer dans ses bras...

"Maman...tu ne comprends pas...peut-être que toi tu peux vivre en acceptant mes yeux et ce qu'ils impliquent mais moi j'ai désormais besoin de réponses...et de savoir qui je suis réellement..."

Sérénité parlait au creux de l'oreille de sa mère et elle chuchota encore

"j'avais tellement peur que tu me tues si tu l'apprenais.."

La jeune fille entraina sa mère dans le couloir en direction de la sortie...Elle aurait voulu s'enfuir mais sa compassion dépassait sa volonté et elle se résolut à rentrer avec sa mère en espérant avoir une occasion valable pour partir vivre sous de meilleures auspices.

[H.J : eh ben dis donc tout le monde fuit on dirait oO]

C'est avec une surprise fort bien dissimulée que la muse vit l'authentique théâtre de l'affrontement se déserter avec une facilité déconcertante.
Tout d'abord Ezel qui avait saisi le premier prétexte venu pour s'éclipser sans demander son reste-d'ailleurs elle se demandait si il allait vraiment revenir- puis, sans plus attendre, Sérénité s'était dépêchée d'emmener sa dépressive de mère dans un endroit plus approprié pour laver leur linge sale.

Dans quel panier à crabes était-elle tombée ? Ne s'agissait-il pas d'un traquenard ? The Hound, la titanide tueuse elle même s'était trouvée aussi pitoyable qu'un veau ayant perdu sa mère...Elle aurait payé cher pour savoir un jour si elle verrait une figure aussi emblématique dans un tel état....
Enfin passons...

Le regard dans la vague, lorsque l'Artiste baissa sa ravissante petite tête d'illuminée, voir sa délicate quenotte toujours emprisonnée dans la grande main du vampire élargit un peu plus son sourire...Sourire qu'elle maintint en notant d'ailleurs qu'il la dévorait des yeux.
Si la timidité et la pudeur étaient à touts égards absents de son palmarès d'émotions, elle se trouva tout de même flattée par tant d'attention. Ce qu'elle ne montra pas en se contentant de porter à ses lèvres vermeilles la main ensanglantée d'Ambroise, imperceptiblement un subtil coup de langue balaya d'ailleurs les traces résistantes.
Lorsqu'il avait parlé d'activités plus adaptées force était d'avouer qu'elle avait pensé à des choses bien moins terre à terre que des soins, mais seul un haussement de sourcil put indiquer que le cheminement des pensées de la Hll s'égarait quelque peu.
Et puis bon, blague à part elle se demandait si ces légers désagréments le dérangeaient tant que ça...Si elle ne s'était pas trompée sur sa première impression, il devait avoir un certain penchant plus ou moins malsain pour la douleur...Ce qui n'était pas un défaut en soi.

"avis réciproque vous pouvez me croire..."

D'un geste exercé, elle ôta soigneusement son manteau dévoilant dans ses replis un équipement des plus intimidants autant dans sa dangerosité que dans sa variété ainsi qu'une tenue qui ne laissait plus de doute sur une quelconque pruderie de sa part.
Vêtue visiblement d'un corset gainé de cuir sadiquement resseré, elle extirpa de son arsenal une minuscule seringue stérilisée dans laquelle elle inséra une fiole de couleur inquiétante avant de la tâter prudemment en s'adressant à son interlocuteur

"En attendant un possible retour de Monsieur Verian, si vous m'y autorisez bien sûr je vous injectirai une dose de cette substance dont l'action aura pour but dans l'immédiat de considérablement augmenter les capacités et la division de vos cellules régénératrices. Le problème d'hémorragies encombrantes sera alors réglé. Par contre je ne dispose pas de l'équipement nécessaire pour nettoyer vos blessures..."

Elle lui aurait bien proposé de réparer ses fractures mais à ce genre d'exercice elle se montrait en général beaucoup trop zélée accentuant le mal au lieu de l'extraire.
A vrai dire elle ne comprenait pas non plus le désarroi évident d'Ezel...Qu'est qui pouvait bien passer dans le crâne du gardien du musée pour agir de manière aussi impulsive ? Il se comportait comme si il faisait preuve d'un...
Avec mauvause humeur elle plongea son visage dans une main.
...Complexe d'infériorité...Se considérait-il comme un élément inutile et handicapant ?
Quelle stupidité, si c'était le cas il n'aurait pas été engagé à l'Eden, sachant que ses dirigeants n'avaient pas de temps à perdre avec des poids morts... Si c'était vraiment l'opinion qu'il avait de ses compétences, elle ferait mieux d'essayer au plus vite d'y remédier avant que ses incertitudes ne le poussent vers une mort certaine.

Qu'il revienne donc...

L'air absent, elle planta avec une dextérité consommée, l'aiguille dans le dos d'Ambroise visant un nerf particulier pour un effet généralisé.
Ce qu'elle avait oublié de préciser, c'est que dans les premières secondes la substance pouvait s'avérer très....douloureuse, aussi nocive qu'un acide actif.
Sans se soucier de tacher son aguichante tenue, elle revérifia une fois de plus histoire d'être sûre de ne pas avoir le matériel nécessaire.
Après tout lorsqu'elle sortait c'était en général plus pour tuer que pour guérir alors il ne fallait pas trop lui en demander.
Interessée elle guetta en scientifique accomplie la réaction du vampire au remède.

[nan nan, pars pas moi ^^]

Les doigts d'Ezel se crispèrent sur la poignée de la trousse à pharmacie lorsqu'il vit Sérénité sortir de la salle en entraînant Constance avec elle. Le jeune homme disparut derrière une colonne avec une vivacité toute Hll, mais ce ne fut pas utile: les deux tueuses prirent l'autre direction, pour sortir du musée. Ezel regarda la silhouette fine de Sérénité s'éloigner avec un pincement au coeur. Il ne pouvait pas en rester là. C'était la première fois de sa vie qu'il croisait un autre hybride, il ne pouvait la laisser partir aussi facilement. Il se promit de se renseigner sur la manière de contacter Constance, et donc sa fille. Il avait toutes les chances de se retrouver entre les pattes des tueurs, mais il se sentait plus ou moins prêt à courir le risque.

Ses convictions un peu raffermies, Ezel émergea de sa cachette pour retourner dans la salle. Il ralentit instinctivement en passant le seuil et s'arrêta tout net en voyant à quoi ressemblait Gaïa sans son lourd manteau. Splendide, tout simplement splendide. Elle était ahurissante de beauté, un vrai fantasme masculin en chair et en os, et vu son air supérieur elle le savait pertinemment. Ezel se rendit compte qu'il la détaillait de manière gênante et le sang lui monta au visage. Il se racla la gorge et s'approcha d'un pas hésitant, cherchant un moyen de poser ses yeux verts sur la Hll sans se montrer irrespectueux.

"Je m'excuse, je n'ai qu'une trousse de premiers secours. Je pense qu'il vous faudra un médecin si vous voulez des soins de meilleure qualité, monsieur... Ambroise."

Heureusement, dans un monde où les deux tiers des êtres vivants passaient leur temps à se battre avec férocité, "trousse de premiers secours" signifiait une véritable infirmerie portative. Ezel la déposa sur une chaise encore miraculeusement debout et l'ouvrit pour en examiner pensivement le contenu. Mais, alors qu'il tendait la main vers un rouleau de pansements, une brusque question lui fit relever la tête vers Gaïa:

"Dites-moi, ce... c'est vous qui cherchiez le gardien tout à l'heure. Vous aviez besoin de quelque chose?"

Ambroise ne pût s'empêcher d'être surpris par le léger coup de langue de Gaïa. Décidément, cette superbe femme devenait de plus en plus intriguante et intéressante... Il hocha la tête lorsque son interlocutrice lui proposa de le soigner via une piqure, donnant ainsi son assentiment. Il remarqua à peine le départ de la Tueuse et de sa fille, probablement parties résoudre leurs affaires de famille dans un endroit plus approprié, le laissant ainsi seul avec la divine créature. Malheureusement il ne pût la contempler tout à son aise, celle-ci étant en train de lui appliquer le remède dont elle lui avait indiqué les effets curatifs mais pas les sensations qu'il pouvait procurer. La douleur fut si vive qu'Ambroise tomba de nouveau au sol, prostré, replié sur lui-même, tremblant de toute part. Le liquide semblait vouloir le dévorer, le ronger de l'intérieur, s'immiscant en tous ses membres avec une rapidité et une force terrifiante, le brûlant de l'intérieur. Non c'était pire qu'une simple brûlure, c'était la plus atroce souffrance physique qu'il ait pu ressentir, le parcourant avec une fureur et une avidité impressionante, le faisant frissoner, le secouant tandis qu'il tentait de lutter pour se calmer, contrôler son corps.

Soudain, la sensation s'arrêta, tout aussi subitement qu'elle était apparue, laissant le vampire tremblant quelques instants encore avant qu'il se calme. Alors une émotion étrange l'envahit. Il était tout à la fois calme, comme après avoir subi une violente tempête, et tout encore dans le souvenir de ce qu'il avait vécu. Et il ne pouvait s'empêcher de ressentir un plaisir, une jouissance malsaine, savourant ce qu'il restait des instants précédents, comme drogué. Il se releva à moitié, hagard, semblant perdu, son regard étrange se posant sur chaque chose comme s'il la redécouvrait. Et enfin ses yeux rencontrèrent de nouveau la splendide Gaïa. Il la fixa dans les yeux, comme hypnotisé, tout le reste n'important plus, la divine hll occultant tout du champ de vision du vampire. Elle était telle une apparition surnaturelle, et Ambroise était dans un tel état qu'on aurait pu le prendre pour un fou en ce moment. Soudain, une voix le tira de ses pensées, et il se força à détourner les yeux et les posa sur le nouvel arrivant. Il sembla alors se réveiller, tout lui revenant subitement en mémoire, subite vague de souvenirs le laissant comme un pantin pendant un instant avant qu'il ne redevienne conscient et lucide. Il observa le jeune homme lui parler puis s'adresser à la hll avant de répondre toujours aussi délicatement.

"Merci, je pense que cela suffira pour le moment vu le traitement que m'a administré cette superbe hors-la-loi qui accélèrera le processus de guérison et qui me met hors de danger."

Il remit encore une fois ses vêtements en place avant d'observer les deux autres personnes présentes, attendant de voir la réponse de Gaïa et sa réaction.

Attentive, Gaïa observa patiemment les réactions que provoquait sa substance dans l'organisme du buveur de sang et elle haussa un sourcil en se disant qu'elle était légèrement plus violente que sur un organisme humain...
Peut être cela était-il dû à l'état "Post Mortem" d'Ambroise, ses cellules avaient plus de réticence à se laisser influencer par autre chose que du sang...Interessant.
Elle garda sa sage immobilité lorsque, revenu à ses esprits comme emporté, il se mit à la fixer avec une insistance fort impudique.

Perdant peu, à peu son sérieux pour sentir ses douces lèvres de tentatrice s'étirer légèrement de malice,elle s'apprêtait à encore à le gratifier d'une action étrange venant d'une jeune femme lorsque Ezel, qui s'avéra ne pas avoir pris la tangente, fit un glorieux retour sur la scène l'air assez troublé.
Troublé...Au début l'Artiste se dit qu'il devait s'agir de son implication dans les récents évenements mais un regard appuyé sur son dénuement insolent lui révéla qu'après tout c'était bien un homme.
Elle trouva cependant adorable qu'il détourne les yeux comme si il se souciait d'une quelconque réaction prude de la jeune femme, aussi préféra t'elle ignorer cette observation en ne le mettant pas plus mal à l'aise.

Elle haussa négligemment des épaules lorsqu'Ambroise détourna l'invitation du jeune, dissimulant dans son dos la seringue coupable.

"Les plus sots sont ceux qui savent bêtement détruire sans guérir ainsi que ceux qui savent naïvement guérir sans détruire.
Le secret de la puissance réside dans la maîtrise du processus de réversibilité.
Parole de Sage"

Reprenant un air un peu plus sérieux, elle jeta un oeil consterné au vampire qui se rhabillait pour son plus grand malheur avant de porter attention aux propos de son subordonné...
Peut être aurait-il mieux valu qu'il ne lui rapelle pas l'objet de sa venue...Même si tôt ou tard elle s'en serait souvenu...
Sans autre forme de proccès, elle aggripa le Gardien à la gorge et le plaqua violemment contre un mur baissant juste assez son bras pour pouvoir lui susurrer d'une voix inspiratrice à l'oreille :

"Vous n'avez pas tort Mr. Verian...Maintenant auriez vous l'amabilité de me dire qui est à l'origine de cette ridicule exposition dont vous faites si fièrement la publicité ?"

Le regard impliquant une menace sous jacente, elle laissa juste assez d'air filtrer les poumons d'Ezel pour lui laisser juste de quoi répondre.
Les apparences peuvent être si trompeuses...

Ezel s'attendait à tout sauf à la réaction de l'Hll. Sa vision ne lui permit pas de comprendre ce qu'il se passait, tout alla trop vite. La douleur qui envahit soudain sa gorge trouva un écho dans le choc de son corps contre le mur et il ouvrit la bouche pour crier. Mais la poigne de Gaïa se resserra sur sa trachée, coupant la respiration du jeune conservateur dans un hoquet convulsif. Les pieds d'Ezel effleuraient à peine le sol, ce qui ne l'aidait pas à respirer. Il ne comprenait pas. Qu'avait-il fait?

*Mais je... j'ai juste posé une question...*

Le jeune humain porta ses mains tremblantes à sa gorge, en une tentative instinctive et complètement inutile pour desserrer les doigts de la sculpturale créature. Et Ambroise qui ne semblait pas se décider à l'aider... Un gémissement étouffé s'échappa des lèvres d'Ezel et il serra les paupières. Il ne comprenait vraiment pas: alors que la période dangereuse lui semblait passée, alors que les tueuses étaient parties, c'était maintenant qu'on lui faisait du mal?

"Vous n'avez pas tort Mr. Verian...Maintenant auriez vous l'amabilité de me dire qui est à l'origine de cette ridicule exposition dont vous faites si fièrement la publicité ?"

Ezel ne parvint pas à interprêter la phrase, sans doute parce que le sang qui abreuvait son cerveau en précieux dioxygène commençait déjà à avoir du mal à passer l'étau de la main de Gaïa. Trente secondes. Trente secondes d'étranglement sanguin suffisaient pour couper le courant dans le système nerveux humain. Ezel ne savait pas d'où lui venait cette connaissance, mais elle clignotait en lettres de néon rouge dans son esprit. Il fallait qu'elle arrête de serrer, vite... Gaïa relâcha sa prise de manière infime, pas assez pour qu'il pût inspirer l'air que réclamaient ses poumons déjà brûlants. Mais assez pour lui permettre de répondre - du moins en théorie.

"Je... je ne sais... pas... de quoi vous..."

Il gémit à nouveau, plus faiblement, et ses doigts se crispèrent davantage sur le bras de Gaïa. C'était stupide, il n'allait même pas pouvoir se justifier comme sa supérieure le lui demandait...

"L... lâchez-moi, p... pitié..."

Ambroise s'attendait à tout sauf à la réaction de l'hll...qui lui paraissait disproportionnée. Pourquoi cette fureur? Le vampire n'avait pas vu l'exposition, et ne pouvait donc comprendre la colère de la divine Gaïa. Après quelques secondes passés à examiner la scène, il décida de s'approcher, prenant néanmoins son temps, parvenant à la hauteur de la seconde de l'Eden lorsqu'Ezel se mit à balbutier, faisant son possible pour tenter de s'expliquer... Ambroise intervint après les derniers mots du jeune humain.

"Voyons, modérez-vous madame... Quelle raison avez-vous de vous en prendre à un modeste gardien de musée à propos d'une exposition à ce que j'ai cru comprendre...alors qu'il ne doit avoir aucun lien direct avec celle-ci. Et puis Imaginez quelle jouissance pour les Tueurs s'ils étaient au courant de cette scène et qu'ils s'imaginaient que la discorde règne au sein de votre clan... Ils ne manqueraient sûrement pas de le faire savoir, ce qui nuirait à la réputation de l'Eden, chose que vous ne voulez pas je pense...Quel dommage ce serait, surtout si votre dirigeant vient à être au courant de cette petite altercation..."

Son ton était délicieusement suave mais avait quelque chose d'écoeurant lorsqu'il voulut faire envisager la possibilité d'une diffamation de l'Eden à Gaïa, quelque chose de malsain et sournois, comme si toute forme de malheur pouvait le réjouir, comme si après avoir tant souffert il voulait que les autres payent à leur tour. Néanmoins s'il pouvait se réjouir de la souffrance chez la plupart des gens, surtout s'il en était la cause, il voulait avant tout la perte des Tueurs. Or si Constance ou un quelconque autre fanatique lobotomisé de service traînait encore dans les parages, ils ne manqueraient pas de se réjouir et pourraient peut-être faire de la propagande avec ces informations, chose qui lui déplairait fortement. Le nombre de Tueurs existant était déjà de trop pour lui, et il était loin de vouloir voir leur rang grossir... quoique...parfois certains se révélaient des jouets intéressants, mais la plupart étaient trop animals pour pouvoir apprécier une torture toute en finesse...
Il insista sur sa demande en se rapprochant plus de la splendide hll et posant une main sur l'épaule de celle-ci avant de murmurer, d'un ton qui paraissait sincère, comme s'il implorait la grâce du gardien du musée, chose assez facile pour le grand hypocrite qu'il était.

"Je vous en prie..."