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La lucidité est un vaccin contre la vie
 
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 Douce nuit, âmes perdues

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Ezel Verian
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Ezel Verian


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MessageSujet: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyDim 2 Avr - 23:32

L'Opéra, un soir de printemps encore frais. Magnifique bâtiment qui s'éveillait doucement et s'illuminait de l'intérieur, tandis que les dernières lueurs du crépuscule s'estompaient et que le public affluait. Les gens se pressaient sur les vastes escaliers de l'entrée principale, dont le fronton portait les initiales de l'architecte audacieux qui avait osé transposer un Opéra terrien classique dans le décors post-moderne de Leidenstal, ce même homme qui avait dessiné les plans du musée. Un génie. Suicidé bien longtemps auparavant.

De l'autre côté de la rue, les mains profondément enfoncées dans ses poches, Ezel observait de ses yeux cernés la foule bigarrée qui s'amoncelait sous les affiches des "Contes d'Hoffman", par Offenbach. Un véritable succès apparemment. Tant de gens, riches à en perdre la raison, essentiellement humains et vampires, qui payaient une fortune pour un spectacle dont les gamins morts de faim des bas-fonds ignoraient la simple existence... Une telle débauche de luxe fascinait le jeune hybride, et si ce n'était pas la première fois, cela faisait un certain temps qu'il n'était pas venu contempler cette insolite part de la société. Lui-même ne passerait certainement jamais ce seuil en tant que spectateur, et il le savait pertinemment.

Lentement, Ezel se mit en marche et traversa la rue pour dépasser la masse grouillante du public. Il s'engagea sans y penser dans une rue qui jouxtait l'Opéra, dos courbé, tête basse, regard éteint. Sa vie n'était qu'une longue suite d'échecs, proportionnels aux buts qu'il cherchait à atteindre; depuis qu'il se mêlait d'affaires plus importantes, les claques qu'il prenait en retour étaient passées de douloureuses à meurtrières. Sérénité à elle seule constituait la pire dérouillée de toute sa vie. Certes il n'avait jamais eu la prétention d'être un être assez stable pour servir de fondement à la jeune fille, mais de là à se révéler si viscéralement maladroit et inutile... Ezel repensait sans arrêt aux paroles de ce Tueur, Lee. Il avait voulu se montrer blessant, le conservateur ne le savait que trop bien, mais il n'en avait pas moins raison: l'hybride n'avait jamais aidé qui que ce fût, bien au contraire. Il était un poids mort et apparemment il était condamné à le rester.

Ezel était sorti sans véritable excuse, il en avait à peine parlé à Sérénité. Il voulait aller se saoûler dans un bar, mais même de cela il s'était avéré incapable - le whisky l'avait fait tousser au-delà du supportable et il avait été contraint de fuir sous les rires gras des autres clients. Alors il errait aux alentours de l'Opéra, sans vraiment chercher à se repérer. Sans vraiment s'alarmer du fait qu'il était en train de se perdre dans des ruelles bien trop sombres pour un garçon fluet et seul. De toute façon, au point où il en était, il estimait que plus rien n'avait d'importance.



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Ambroise
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyLun 3 Avr - 0:17

Mais vraiment, quelle idée d'être en retard pour cette soirée tellement importante: Viviane remontait sur les planches! Sa cousine dont il était si fier reprenenait tout doucement une vie sociale et avait décidé de faire entendre sa voix à d'autres êtres que les spectres de son douloureux passé. Et lui, quel imbécile, il trouvait le moyen de partir pour l'Opéra sans avoir assouvi cette soif impérieuse que ressent tout vampire en début de soirée! Il allait devoir faire ça à la va-vite, faire d'un badaud un casse-croute ambulant ne demandant qu'à succomber sous ses crocs. Lui qui aimait tant la sensualité dans ce genre de moment... Enfin il n'avait pas à se plaindre, il pouvait partager ces instants de délices avec la plus merveilleuse des créatures: Gaïa.

Filant vers l'édifice splendide, symbole de luxe, de raffinement, d'une société dont les éclats de son vernis doré cachait l'étendue de ses vices, Ambroise avait décidé de faire un léger détour par des ruelles sombres, endroit idéal pour ce genre de "dîner". Malgré la répugnance qui le prenait à cette idée, il devrait sans doute se contenter d'un quelconque clochard, un être qui à ses yeux ne signifiait rien pour personne, un excrément d'une société qui ne pouvait se permettre de traîner des faibles. Opinion certainement conditionnée par ses lectures des ouvrages de Nietszche mais qui ne dérangeait nullement parmi la haute société dont il était issu.

Alors qu'il se perdait dans ce dédale, les rythmiques coups de son coeur affolé à l'idée de manquer le succès d'un être cher battant à ses oreilles, tous ses sens en éveil, il était devenu un prédateur à l'affût, une bête que le manque de sang torturait sous ses apparences sophistiquées. Quelle que soit la grâce dangereuse du vampire, la fatale attraction qu'il peut exercer, une fois à la merci de ses instincts dévorants, l'aristocrate ne peut que s'incliner face au monstre qui se réveille et le torture jusqu'à être contenté. C'est dans cet état quelque peu particulier qu'il découvrit une silhouette frêle jouant entre les rayons de l'astre nocturne, créature lunaire à sa manière.

S'approchant, doucement, lentement, Ambroise tentait de faire le moins de bruits possibles tout en réprimant ses pulsions sanguinaires. Inutile d'affoler celui ou celle qu'il avait désigné comme sa proie, heureux élu qui ne connaissait pas encore sa chance. Après tout, il aurait pu mourir sous les griffes d'un hll, race beaucoup plus violente de nature que les vampires. Mais rien n'aurait pu le préparer à la surprise que l'individu provoqua sur lui une fois ses traits visibles.


*Ezel?! Mais que fait-il là?*

Curieux hasard, ironique destin: Ambroise dès la première rencontre avec le gardien du musée avait décidé d'en faire son jouet, mais n'avait pu mener ses projets à bien à cause d'une hybride qu'il jugeait inintéressante au possible... ce qui n'était pas l'avis du jeune garçon, ayant entrepris une relation avec la jouvencelle en question. Quoiqu'il en soit, il avait l'opportunité de s'amuser et de goûter pour la première fois à ce mélange un peu spécial: du sang d'hll marrié à celui d'humain. Un début d'excitation le prit à cette promesse enthousiasmente et une fois révélé au charmant garçon, c'est d'une voix toujours aussi suave teintée de cette douceur malsaine qu'il prit la parole.

"Comme l'on se retrouve mon charmant ami..."
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Ezel Verian
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyLun 3 Avr - 21:38

A présent c'était évident, il s'était égaré. Mais après tout, n'était-ce pas justement ce qu'il cherchait? Goûter à nouveau à la terrible solitude de celui qui ne sait plus comment s'échapper d'un territoire hostile, retrouver ses sensations d'enfant trompé par un faux raccourci à la nuit tombante, alors qu'il rentre de l'école... Ezel s'arrêta de marcher et releva la tête pour enfin observer la minuscule rue dans laquelle il s'était aventuré. Peut-être trois mètres de large dans son tronçon le plus ouvert, fermée de toutes parts par de hauts murs de briques salies, sauf en quelques ouvertures béantes, des bouches noires qui conduisaient à des boyaux encore plus sombres et humides. De loin en loin, une lanterne anémique marquait l'entrée d'une maison de passe. L'éclairage le plus efficace restait encore le clair de lune, pour une fois épargné par les épais nuages de pollution qui s'amoncelaient au-dessus de Leidenstal. Et surtout le silence, un tel silence...

Ezel sentit un frisson remonter le long de son échine, et il ne put retenir le compréhensible réflexe de jeter un coup d'oeil par-dessus son épaule. Tout compte fait, l'aventure s'avérait moins exaltante que prévue. Mais que pouvait-il faire? Il ne détenait aucun téléphone cellulaire, et quand bien même... Il en avait assez de toujours appeler à l'aide au moindre petit problème, cette fois-ci il s'en sortirait seul - Ezel avait encore quelques difficultés à comprendre qu'être perdu dans les ruelles de Leidenstal n'avait rien d'un "petit problème"...

Il se remit en marche. Ses pas lui paraissaient produire un vacarme extraordinaire, qui s'amplifiait à chaque seconde. Mais bien vite, il lui apparut que pour une fois il avait de la chance: au fur et à mesure qu'il avançait, il commençait à distinguer les dômes illuminés de l'Opéra. Il n'avait fait que tourner en rond, tout compte fait. Ezel sourit fugitivement, avant que son soulagement ne laisse à nouveau la place aux problèmes qu'il s'efforçait de fuir. Sérénité, l'Eden, la fausse indulgence de Constance, le mépris de Lee, les remarques acerbes du docteur Valerian...

Et soudain une silhouette, une ombre qui se détacha du mur à quelques petits pas de lui. Complètement pris au dépourvu, Ezel ne put retenir un mouvement de recul qui tenait du bond en arrière, et il émit un cri étranglé prompt à signaler en lui un être égaré, apeuré, certainement pas de taille à se battre. Jusqu'à ce que ses synapses inondées d'adrénaline reconnaissent l'être maîgre qui lui faisait face, et que sa gorge contractée laisse échapper un stupéfait:


"Monsieur Ambroise?"

Impossible, il devait se tromper... Et pourtant... Ebahi, Ezel rajusta le col de son manteau tout en détaillant le vampire. Même corps à la limite du décharné, même léger yukata trop grand, même demi-sourire à la fois si doux et si... profondément dérangeant. Et puis évidemment, ces mêmes yeux gris qui étincelaient dans le noir, et qui donnaient toujours l'impression au jeune conservateur qu'on le déshabillait du regard. Malgré l'instinctif malaise que tout être sensé éprouve face à un prédateur, Ezel força un sourire amical à venir s'afficher sur ses traits tirés. Après tout c'était la créature qu'il suivait, Ambroise ne pouvait donc en aucun cas être un agresseur.

"Pour une coïncidence... Je désespérais de vous revoir un jour, vous ne m'avez laissé aucun moyen de vous contactez - même si j'ai bien lu votre mot, il y a quelques mois. Enfin, je me doutais que Mademoiselle Zahara se chargerait de votre cas."

Totalement inconscient du sens que l'on pouvait attribuer à ses paroles, Ezel détourna un instant la tête vers ces mirifiques dômes dorés. Lorsqu'il reprit, sa voix s'était faite plus lasse, son sourire plus fatigué:

"Je m'excuse pour ma réaction, vous m'avez fait peur. Je ne vous avais pas entendu arriver, et je ne m'attendais vraiment pas à vous voir ici. Il nous faudra organiser une rencontre un peu plus orthodoxe, j'ai toujours quelques questions à vous poser... Mais je suppose que vous avez autre chose de prévu ce soir."

A vrai dire, ce n'était pas pour contrarier Ezel: le jeune homme ne se sentait pas très bien, et il avait plus envie de rentrer chez lui après un dernier petit tour que de passer de longues heures à prendre en notes la vie mouvementée d'Ambroise.
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyMar 4 Avr - 16:05

Jouvenceau perdu, Ezel était resté la créature fragile mais pourtant non dénué de courage qui avait tenté de sauver le vampire des griffes d'une espèce d'horreur ambulante répondant au nom de Constance. Et Ambroise s'apprêtait à le remercier d'une bien curieuse façon... Mais il lui fallait abandonner l'idée d'un meurtre silencieux dans une ruelle sordide. Une morsure éphèmère était préférable dans la situation actuelle, mais pas sans un minimum de tendresse, de tact, de sensibilité...

On n'extirpe pas à un être frêle et sans défense ce qui constitue un élément essentiel à sa survie sans l'avoir doucement enlacé dans un baiser qui cette fois-ci ne serait pas fatal. La mort n'abattrait pas sa faux, impassible et impitoyable, sinistre squelette avide de cette vie qui bouillone en chaque homme et chaque femme... Le vampire se ferait fantôme, ses bras de longs voiles aux caresses froides et presque imperceptibles. Mais pas avant un semblant de dialogue, histoire de rester "courtois" -ou plutôt hypocrite.


"Comme je suis touché. Ainsi je vous ai manqué... Vraiment, je suis impardonnable de vous avoir délaissé de la sorte. Mais pour la rencontre, n'espérez pas qu'elle soit orthodoxe, je suis le seul dieu que je vénère."

Un rire caressant découla un instant des lèvres fines du vampire, laissant entrevoir une petite partie de ses canines démesurées avant qu'il ne redevienne soudainement sérieux.

"Malheureusement vous supposez bien, j'ai une soirée de prévu à l'opéra pour y voir un être qui m'est cher. Enfin ne vous inquiétez pas, je peux vous accorder quelques minutes..."

Un sourire étrange et une lueur dans le regard d'Ambroise vinrent donner à son visage un air vicieux tandis qu'il franchit le peu de distance qui le séparait encore du jeune conservateur, s'arrêtant à un mètre de l'hybride. Toujours aussi charmant, le garçon aurait tenté bien des dieux de l'Antiquité, dont certains des amours avec des garçons à peine pubères étaient célèbres. Remarquant soudain la mine soucieuse d'Ezel, la créature lui demanda gentiment:

"Quels malheurs assombrissent ce beau front? Qu'est-ce qui vous ronge et vous épuise mon jeune ami?"

Sinistre comédie destinée seulement à se rapprocher du gardien du musée et lui subtiliser ces goutellettes vermeilles désirées. En dehors de Gaïa, Ambroise ne se préoccupait que de lui-même, fidèle à ce qu'il avait toujours été. Et une fois sa proie mise en confiance, il abandonnerait ce rôle d'ami bienveillant pour endosser celui du prédateur qu'il était réellement. Comportement fourbe, mais au vu de la constitution du Poète Maudit, il valait mieux qu'il utilise la ruse, tel un serpent sournois qui hypnotise sa victime, s'enroule autour d'elle avant de goûter à la chair convoitée. Seuls les plus forts survivent dit-on, pourtant il existe des tueurs, masses de muscles, qui succombent sous les assauts de créature bien plus frêles... mais aussi bien plus sournoises. Comme les apparences sont trompeuses n'est-ce pas...?
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyMer 5 Avr - 13:07

Un petit coin reculé de l'esprit d'Ezel s'alarma lorsque le vampire lui fit part de son projet pour la soirée: s'il allait à l'Opéra, pourquoi un tel détour dans les ruelles les plus impénétrables du quartier culturel? Et ce signal d'alerte fut bientôt renforcé par la subtile approche d'Ambroise, que le jeune conservateur ne décela qu'en voyant son interlocuteur à portée de ses bras, debout sur cette frontière ténue et pourtant ô combien perceptible qui délimite l'espace intime des gens, ce cercle invisible à l'intérieur duquel seules les personnes de confiance sont admises. Si l'immortel aristocrate avait fait mine d'y pénétrer d'entrée de jeu, l'hybride aurait fait un pas en arrière. Au lieu de cela, il resta immobile, et son regard continua à glisser sur le visage d'Ambroise sans oser se fixer dans ses yeux.

Pourtant il aurait été peu dire que le jeune homme était mal à l'aise. Son léger trouble s'était accentué de manière perceptible, et ce n'était pas sans difficulté que sa conscience parvenait à faire taire les cris terrifiés de son instinct. Conscience complètement hypnotisée par la distinguée créature. Bien sûr que non Ezel n'avait aucune raison de fuir, ce n'était pas un vampire quelconque, c'était Ambroise, celui qu'il suivait dans l'espoir de mieux le protéger. Le souvenir de leur rencontre émergea un instant de la mémoire du jeune hybride, qui l'occulta en évitant habilement de s'attarder sur le dévorant appétit qui animait la créature ce jour-là. Créature qui venait d'ailleurs de lui adresser la parole d'un ton doux et attentif, ce qui étouffa encore un peu la peur viscérale qu'Ezel tentait de repousser: le vampire se montrait ouvertement amical, pourquoi continuer à l'offenser en le considérant comme un simple prédateur (hélas...)? Le conservateur répondit donc de bon coeur, mais aussi avec un certain embarras, en passant une main dans ses cheveux châtains:


"Rien, rien... Quelques problèmes qui s'accumulent et que je ne sais pas très bien comment résoudre, des bêtises qu'il ne tient qu'à moi de réparer. Rien de très exceptionnel."

Non, juste ce qu'il estimait être une lâcheté et une maladresse ataviques. Ce devait être cela qui le poussait à s'éloigner d'Ambroise, d'ailleurs, une simple couardise de plus, alors qu'il avait justement l'occasion de résoudre l'une de ses préoccupations en se posant comme digne de suivre le vampire - que dirait Gaïa s'il lui confessait avoir lâché la créature parce qu'il en avait peur? Non, Ezel était décidé à se comporter de manière un peu plus responsable, particulièrement ce soir-là. Sans évidemment se douter que sa plus grosse faiblesse n'était pas sa crainte, mais sa naïveté qui la transformait en une information négligeable...

"Mais vous allez être en retard à la représentation si je vous retiens plus longtemps. Si vous voulez parler un peu, je peux vous accompagner jusqu'à l'Opéra. Pour être honnête, je n'aime pas trop rester ici."

Le petit rire d'Ezel sonnait faux, et il s'en rendait parfaitement compte. Mais le fait était qu'il n'osait pas se plaindre, tellement Ambroise donnait l'impression d'être parfaitement à l'aise en ces lieux, dans les ombres et les voies sans issues... L'hybride croisa le regard gris, et il pensa très fugitivement que la fuite s'avérait en fin de compte tout à fait envisageable, avant de revenir à une conduite plus responsable. Ou plus suicidaire, rayer la mention inutile.
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyJeu 6 Avr - 21:45

Que de courage pour une si fragile créature ballotée par un destin impitoyable, inéluctable et parfois tellement cruel. Ambroise était presque impressioné. Presque. Un tel attachement à la vie, à ses saveurs, se battre jusqu'au dernier souffle pour sa survie dans ce monde sans pitié... Il l'avait presque perdu à une époque. Etait-ce ce qui rendait Ezel si méfiant à son égard, comme une souris qui sent intuitivement qu'elle a affaire à un chat, quel que soit le masque que celui-ci arbore? Quelle chose curieuse que l'instinct...

Quoiqu'il en soit, le vampire était bien résolu à passer les barrières de prudence que l'hybride érigeait entre eux, et pour cela il lui faudrait insidieusement les faire tomber une à une... ou si le temps le pressait, tout simplement ne prêter aucune attention à ces obstacles pour s'emparer avidement du charmant garçon. Semblable à un enfant capricieux, il voulait assouvir tout autant son désir que son besoin, se manifestant fortement et étendant leur tyrannique empire sur la créature de nuit.

Souriant d'un air compatissant -et donc faux, vous l'aurez bien compris- au conservateur, il semblait comprendre ce qui le tracassait, même s'il n'en avait cure. De toute façon le garçon n'avait apparemment nulle envie de s'épancher et le Poète Maudit était attendu et n'avait pas le temps de plonger l'acier de ses mots dans les entrailles de l'innocent enfant qui lui faisait face pour remuer la plaie béante qui s'y trouvait. Enchaînant sur la deuxième volée de paroles de son interlocuteur, il reprit de ce même ton doucereux qu'à l'accoutumée.


"Chaque univers est peuplé d'ombres qui inquiètent ou au contraire favorisent la solitude et la réflexion. N'aimez-vous pas vous sentir enveloppée de leurs volutes, laissez-vous aller dans leurs bras qui semblent si froids mais en vous éloignant du monde vous permettent de mieux l'appréhender, de ressortir plus perspicace, ou plus objectif du moins."

Illustrant ses paroles par des gestes fluides et gracieux, il vint passer son bras maigre autour de l'épaule du bel hybride et continua sur un ton intimiste.

"Chaque philosophe a besoin de recul, de même qu'un spectateur ne doit être trop proche de la scène s'il veut en admirer tout le spectacle, puis il en savoure chaque détail, chaque délice offert en revenant. Rien ne vaut d'apprendre la philosophie des ténèbres mon jeune ami..."

Faisant taire le plus possible ses instincts et tentant au maximum de cacher la lueur perverse qui animait son regard et de la faire passer pour un reflet de passion, comme un brasier qui animerait ses propos, le vampire avait néanmoins de plus en plus de difficultés à mentir. Un acteur poussé de plus en plus loin dans ses derniers retranchements a du mal à jouer la comédie, et Ambroise approchait dangereusement de la limite de self-control qu'il pouvait exercer sur sa personne, et deviendrait bien vite un piètre hypocrite s'il continuait de faire taire la bête qui hurlait en lui et était capable de ravages incroyables sur son corps et son esprit lorsqu'en état de manque...
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptySam 8 Avr - 20:02

La réponse d'Ambroise au souhait qu'Ezel émettait à mots couverts fut négative, comme l'hybride s'y attendait. En effet le vampire se sentait à l'aise en ces lieux, et il ne manifestait nullement le désir de les quitter. Le jeune conservateur se décida donc à prendre son mal en patience, et il enfonça ses mains dans les vastes poches de son manteau d'hiver. Totalement inconscient de ce que sa démarche avait de cruellement ironique, il se fit la réflexion que personne n'oserait l'attaquer tant qu'il resterait aux côtés de l'immortel. Comme le lièvre n'a plus rien à craindre du renard lorsqu'il se jette directement entre les pattes du loup.

Mais pour l'heure, le loup faisait bonne figure, et malgré la conduite prudente que lui dictait son instinct, Ezel ne pouvait s'empêcher de l'écouter, fasciné par la noire poésie qui s'écoulait tranquillement des lèvres pâles de son interlocuteur. Bien entendu, comme tous les habitants d'Adhénor, il savait pertinemment que cette attention aveugle que les vampires s'attiraient était tout sauf innocente. Mais plus la partie la moins évoluée de sa conscience s'alarmait de l'éclat brûlant des yeux d'Ambroise, plus le jeune hybride s'accrochait à son devoir de membre de l'Eden pour éclipser cette peur qui commençait lentement à lui nouer l'estomac. Le cultivé immortel ne pouvait par définition pas être hostile, sinon il aurait déjà attaqué depuis longtemps. Ainsi le naïf est-il toujours aisément berné par le rusé.


"Certes, les lieux déserts et un peu sombres prêtent à réfléchir, mais..."

Une seconde, il avait suffit d'une unique seconde pendant laquelle Ezel avait tourné la tête pour observer la ruelle et illustrer son propos. Une seconde qui avait largement suffit à Ambroise pour franchir la barrière du contact, avec une insidieuse douceur et une grâce hélas peu promptes à stimuler la méfiance. Néanmoins, le jeune homme ne put retenir un sursaut en sentant ce bras maigre se refermer autour de lui, et ces doigts translucides se poser sur son épaule avec une fermeté peu commune. Il lui était impossible de ressentir le froid de la chair vampirique à travers son pardessus et son pull, et pourtant Ezel le décelait parfaitement, comme si ce bras gelé l'enlaçait à même la peau. Un contact qui ne fut cependant pas désagréable à l'hybride, et ce d'une manière tout à fait détestable. Quelque chose n'allait pas, et cette fois-ci c'était la conscience-même du jeune homme qui s'en rendait compte. Un vampire qui s'est nourri n'a pas froid.

L'instinct de l'hybride prit alors fugitivement le dessus et le poussa à s'extraire de l'étreinte d'Ambroise d'un bond bien peu humain. Un geste qui pouvait presque passer pour la réaction un peu nerveuse de quelqu'un qui n'aime pas être touché par ses connaissances, presque. Impression qu'Ezel voulut accentuer d'un sourire, qui malheureusement ne fut guère convaincant sur son visage soudainement plus pâle. Et tandis que le jeune conservateur rétablissait cette illusoire limite d'un mètre entre l'immortel et lui-même, il se rendit pleinement compte de l'éclat monstrueux qu'avaient pris les yeux du sinistre poète. Le masque du loup se disloquait. Mais plutôt que de fuir, Ezel resta sur place, tétanisé, incapable de détacher son regard vert de ces étincelantes flammes grises. L'esprit tournant au ralenti, il se força à dire d'une voix creuse:


"Pardonnez-moi, je... je suis un peu nerveux... Je vous propose de remettre cette conversation à plus tard: vous allez être en retard, et pour ma part, je crois que pour l'instant je préfère encore continuer d'apprendre la philosophie de la lumière..."

Il ne put s'empêcher de noter que même Sérénité ignorait l'endroit où il se trouvait... Pour l'amour du ciel, d'où lui provenait cette étrange impatience dans l'attente de la réaction d'Ambroise?...
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyJeu 6 Juil - 20:14

Ezel se méfiait ouvertement de lui, il l'avait prouvé par le bond provoqué par le rapprochement d'Ambroise. La colère brilla dans les yeux métalliques de la créature sanguinaire, et un sourire mauvais vint étirer ses lèvres fines. C'était fini, il n'arriverait plus à se contrôler: la bête qui se déchaînait depuis un long moment en son sein avait réussi à prendre le dessus, tel un loup déchirant la peau blafarde de ses griffes acérées, tel un lycanthrope qui se métamorphose sous les rayons d'une lune pleine et laisse jaillir un cri gutural à vous glacer le sang. Sa voix semblait elle aussi transformée, comme profondément mauvaise, débordante de vice, et le sourire macabre qui ornait sa face blafarde ne faisait que renforcer cette impression d'avoir affaire à quelqu'un de dérangé.

"Vous êtes nerveux? Vraiment, comme c'est curieux...Mais vous avez raison."

Un éclat malsain enflamma son regard acier tandis qu'il se précipitait sur l'infortuné jeune homme, l'enfermant dans son étreinte, une main emprisonnant la nuque de l'hybride tandis que l'autre empoignait la taille fine du jouvenceau. Plus rien n'avait d'importance, tout s'effaçait devant les désirs impérieux de la créature. Il en oubliait la représentation et l'amour qu'il portait à sa cousine, il se fichait des conséquences que son acte pourrait engendrer... en un mot: il était intenable. Pris dans les engrenages d'une furie dévastatrice, comme enragé, le contraste avec l'image qu'il offrait quelques instants auparavant était saisissant. Sa bouche à quelques centimètres de la gorge du malchanceux damoiseau, il ajouta quelques mots d'un ton glacial et dur.

"Maintenant tu vas savoir pourquoi tu me crains."

Plantant ses crocs dans la chair tendre du gardien, Ambroise les sentit s'enfoncer jusqu'à la veine charriant le sang convoité, celui-ci giclant dans la bouche affamée du vampire, glissant, s'écoulant le long de sa langue, charmant son palais de cette saveur indéfinissable avant d'inonder le gourmand gosier. Poitrine contre poitrine, les coeurs des deux protagonistes battaient à une vitesse folle, chevaux de course lancés dans un galop éffréné, leurs pas martelant le sein de la victime et du bourreau, leur écho résonnant jusqu'aux oreilles du Poète Maudit, coups de tambour assourdissants. La créature de ténèbres se confondait avec le jouvenceau, violait ses souvenirs en une étreinte magnifiquement troublante, dangereuse, la symbiose de deux êtres si différents, réunion de volupté, de perversion, d'innocence, de décadence.
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyVen 7 Juil - 21:50

Au fond de lui, Ezel savait. L'anthique instinct qui siégeait encore dans son inconscient avait su tout de suite, dès le premier instant où le vampire était apparu dans la vacillante lueur des lanternes qui dispensaient leur lumière anémique le long de la ruelle. De petites lucioles qui avaient tenté de faire signe à l'hybride, de lui faire comprendre qu'elles seules étaient dignes de confiance, que les lueurs métalliques du regard d'Ambroise étaient de terribles flammes dans lesquelles le jeune conservateur ne pouvait que se consumer. Les lumières inconstantes s'étaient efforcées de hurler pour le prévenir, pour lui faire comprendre que l'Eden et son suivi des créatures n'avait plus la moindre valeur en ces lieux sombres et froids. Mais Ezel n'avait rien entendu. Rien.

Ambroise agit vite, incroyablement vite, avec l'implacable fluidité du serpent qui détend brusquement ses anneaux pour mordre. Bien que plus petit et plus maigre que l'hybride, le vampire n'eut aucun mal à l'emprisonner dans son étreinte, à le repousser contre le mur tout proche. La tête d'Ezel porta contre les briques noircies de pollution, et il laissa échapper un cri de douleur qui coupa court à toutes ses velléités de protestation. C'était impossible, complètement impossible! Ambroise ne pouvait pas faire une chose pareille! Agresser le membre de l'Eden qui le suivait, c'était... c'était tellement...

La terreur fit son apparition avec les paroles que le vampire souffla dans l'oreille du jeune homme. Une vraie, indomptable, atavique terreur. Plus de conservateur du musée, plus d'Eden, plus d'aristocrate amateur d'Art. Juste une proie et son prédateur. Le court-circuit anéantit toutes les pensées conscientes d'Ezel, qui poussa un véritable hurlement tout en se cambrant contre le mur pour repousser son agresseur. Et qui sait, il aurait peut-être réussi à se dégager - après tout il était à moitié Hll, et le désespoir peut conférer une force inimaginable. Sauf quand il intervient trop tard.

Le cri de détresse du jeune homme se mua en un violent gémissement de souffrance lorsqu'une intense brûlure tranperça sa gorge de part en part. Curieusement, il lui fallut quelques longues (et hélas précieuses) secondes avant de comprendre. Ambroise le mordait. Ce contact froid sur sa peau, c'était les lèvres avides du vampire. Ce filet tiède qui descendait à l'intérieur de son col et qu'il avait inconsciemment pris pour de la sueur, c'était du sang. Son sang. Ambroise le mordait.


*Oh oui, et tu n'attendais que ça, hein?*

La créature se rapprocha et confondit son corps avec celui qu'elle retenait dans son implacable étreinte. Glacé d'horreur, Ezel émit un hoquet de souffrance lorsque le vampire ne se contenta plus de laisser le sang gicler de lui-même et qu'il commença à contenter son monstrueux appétit par de lentes succions gourmandes. Les mains livides du jeune conservateur remontèrent dans le dos d'Ambroise et agrippèrent leur doigts tremblants au yukata du vampire, avec la bien triste illusion de l'écarter. Tête rejetée en arrière par la violente morsure, Ezel voyait la ruelle se tordre et se plisser, s'effondrer en un sinistre trou noir qui englobait tout Leidenstal, pour ne plus laisser que le vampire et sa proie seuls dans un monde fait de douleur et de traîtrise.

*Alors, est-ce que ton souhait est exaucé? Est-ce que ça te plaît de mourir ainsi?*

"Am... broise... je... v... vous en... su... pplie..."

Pour toute réponse, le vampire lui arracha une autre goulée de sang, et le jeune hybride au comble du désespoir ne put que crier à nouveau. Sa main gauche alla aggripper violemment les cheveux de la créature et tenta de tirer en arrière l'atroce bouche, avec une force et une violence qu'on aurait eu du mal à attribuer à Ezel. Mais il était trop tard, beaucoup trop tard. Le distingué aristocrate n'était plus, volatilisé sous la charge bestiale du monstre avide de sang qui vivait en lui. Le conservateur pensait avoir atteint le paroxysme de l'horreur et de la souffrance. Il se trompait.

Ambroise n'avait pas pris plus de trois ou quatre gorgées de sang lorsque la souffrance se fit autre. De glaciale et terrifiante, elle passa à brûlante, incandescente, affreusement suave. Soudain Ezel sentit davantage les lèvres du vampire que ses crocs, et un léger cri incrédule s'échappa de sa gorge mutilée.


*Je t'avais dit que tu aimerais, n'est-ce pas?...*

La créature ne le serrait plus dans ses bras. Elle... elle était... il la sentait en lui. Dans chacune de ses veines, sur chaque centimètre carré de sa peau. Il sentait le vampire fondre sa volonté dans la sienne, par-dessus la sienne. Avec une inconcevable violence, Ambroise s'infiltrait en lui pour piller ses sensations, rire de ses souffrances, violer ses souvenirs les plus intimes. Ezel le sentait déchirer ses rêves et ses fantasmes, y apposer son indélébile et sanglante marque. L'immortel se complaisait dans l'odieuse exploration de cette âme qui n'était pas la sienne, et il était tellement ivre de plaisir qu'il s'en fichait bien de tout démolir sur son passage. On ne peut toucher et jouer avec un papillon sans détruire ses ailes.

Les doigts d'Ezel se crispèrent encore plus dans les cheveux noirs. Il pleurait, depuis quand il n'aurait pas su le dire. Seule comptait cette communion non souhaitée, sublime d'atrocité. La plaisir du vampire se déversait par torrents nullement jugulés dans le corps meurtri de sa proie, et bafouait avec jubilation sa chair comme son esprit. Le jeune homme comprit qu'à l'écoute de ses gémissement, qu'au contact du brasier qui animait son bas-ventre, Ambroise devait parfaitement avoir conscience du plaisir écoeurant que sa jeune victime prenait dans une telle étreinte, et l'hybride sentit sa raison vaciller. Soudain, il espéra mourir. Vite. Pour ne plus jamais sentir la présence de cette autre âme dans la sienne.
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyDim 9 Juil - 0:33

Oui, ce plaisir dévastateur était inconcevable, contraire à tout semblant de morale: combien de vampires ne supportaient de voler le sang d'un humain ou d'une autre créature, se vautrant dans cette âme offerte comme dans des draps de soie, glissant délicieusement à travers le doux tissu de songes, vipère odieuse ondulant dans cet esprit impuissant. Lui-même avait au départ été torturé entre son envie de plonger ses crocs dans les chairs, entraînant son être dans un gouffre de désir insatiable, jouissance qui dépassait de bien loin le plus grandiose des orgasmes, et tout à la fois retenu par des lambeaux d'humanité qui s'accrochaient à sa carcasse décharnée, pathétiques voiles de son ancienne race qui luttait pour ne pas totalement mourir, de même que ce jeune et séduisant hybride qui sentait sa raison se consummer d'horreur.

Puis ils l'avaient tué. Ils avaient tué Carmine, le pire sacrilège qu'ils pouvaient commettre, hérésie qui les avait condamné à être sans cesse poursuivis par la haine viscérale du vampire, canines vengeuses et techniques de torture plus ou moins subtiles et immondes à l'appui. Plus une once de regret déplacé ne venait emmerder sa conscience, Madame la Morale était au placard, enfermée à double tour puis jetée dans un précipice sans fond. Certes, il avait trouvé de nouveau une nymphe magnifique pour partager quelques instants d'éternité et continuer ce passionant voyage qu'est la vie en sa compagnie. Mais cela n'effaçait ni le sang, ni les larmes, ni ce douloureux souvenir qui réclamait qu'Ambroise utilise l'acier des armes. Il n'avait pas oublié, ces images étaient gravées dans sa chair comme un symbole au fer rouge dans la peau d'un esclave. Oui, il était esclave de ses passions, oui il ne savait pas toujours se contrôler: mais il le voulait. Il adorait cette dépendance au trésor incomparable qu'est l'existence, d'autant plus après avoir expérimenté les affres de la souffrance et avoir failli succomber à la mort, charmé par le squelette qui l'enlaçait de ses griffes osseuses. Que de fois n'avait-il pensé au suicide comme à la plus douce des délivrances?

Mais là, plus rien ne comptait que poursuivre toujours ces sensations, s'abîmer à la recherche des extrêmes, d'une montée en puissance de ces émotions perverses, profiter de ce que leur corps leur faisait sentir. L'excitation était un euphémisme pour qualifier ce dont le vampire était en proie, il voulait pousser plus avant cette étreinte, s'entremêler si intimement avec le bel Ezel que celui-ci en resterait marqué pour le restant de ses jours. Curieusement, il ne voulait pas que sa victime se sente bafouée ou humiliée: il désirait que ce garçon devienne dépendant de cette étreinte, qu'il lui appartienne, que le même dilemne qui avait assailli la créature s'empare de lui. Le Poète Maudit se délectait des sentiments qui tourbillonaient chez cet être juvénile et naïf, et après avoir absorbé cette vague anihilante, s'être perdu, confondu avec l'éphèbe, il retira ses crocs de la gorge entachée et embrassa l'hybride, lui faisant goûter tout autant à la saveur de ses lèvres devenues chaudes qu'à celui de son sang. Cette intrusion transformerait l'être mi-humain mi-hll, il le savait, mais dans cette "union" puis ce baiser il se dévoilait et Ezel recueillerait en quelques minutes bien plus que des heures de témoignages. Cette rencontre se passait de mots, et le langage aurait été si ridicule face à cet ouragan qu'il eût été futile de l'utiliser. Peut-être plus tard, quand il serait calmé, pourrait-il laisser quelques sonorités s'échapper de sa bouche avide...
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MessageSujet: Re: Douce nuit, âmes perdues   Douce nuit, âmes perdues EmptyLun 10 Juil - 0:19

Tout être vivant expérimente la douleur. Physique, morale, rétrospective, aigüe, lancinante, immédiate, prolongée, évidente ou cachée... La vie ne peut s'écouler sans heurts et sans agressions du monde extérieur. Et plus on varie les déconvenues, plus on est apte à encaisser les suivantes. Mais il est des conditions dans lesquelles de telles considérations paraissent soudain bien hypocrites, des circonstances qui renvoient au placard toute souffrance précédente. Malgré son jeune âge, Ezel avait déjà connu cette sensation terrifiante, six ans auparavant - à peine six ans que ses parents avaient disparus? Et encore, la douleur physique ne s'était alors pas mêlée à l'atroce sentiment d'abandon qui avait ravagé son âme. Pas comme ce soir-là.

Ambroise lui faisait mal, très mal même. Les crocs du vampire semblaient s'enfoncer toujours davantage dans la gorge de sa proie, terrible signe de l'avidité avec laquelle le fantômatique poète se fondait dans la chair et l'esprit du jeune hybride. Et puis il y avait le contact indéfinissable de ces lèvres presque caressantes, de ces mains brûlantes qui glissaient sur la nuque et la taille qu'elles emprisonnaient. Abruti de douleur, Ezel laissa ses paupières soudain bien lourdes descendre sur ses yeux ternis. Il ne comprenait rien. Oh, pas concernant le comportement de son agresseur: les causes même de l'acte d'Ambroise n'avaient plus aucune importance. Mais le naïf jeune homme ne connaissait nulle sensation comparable à cette douleur extatique qui le paralysait, il ne savait ni la caractériser ni s'en défendre. Impuissant, il ne pouvait que subir. Il n'espérait même plus que cela se termine rapidement. Il n'était plus capable d'élaborer une pensée aussi complexe.

Ezel avait froid. Son corps s'engourdissait dans l'anémie, et les forces que la poussée d'adrénaline lui avait accordées s'estompaient à une allure démente. Hagard, le jeune conservateur ne pensa même pas à repousser l'esprit inquisiteur et gourmand qui achevait d'explorer son âme meurtrie. A mesure qu'Ambroise les frôlait, il voyait apparaître puis s'effacer dans un éclair de souffrance toutes les autres personnes qui avaient pris de l'importance dans sa vie - le docteur Valérian, Viviane, Constance, Lee, Nephalis... Sérénité... Tous s'effilochaient en de tristes lambeaux de fumée grisâtre, facilement dispersés par un souffle du vampire. Jusqu'à ce qu'Ezel se retrouve seul. Face à celui qu'il était en réalité, la simple image d'un garçon de treize ans aux baskets tâchées de sang. L'évolution du jeune gardien s'était arrêté à ce stade, au moment où il avait franchi le seuil de la chambre parentale souillée. Tous les démentis bravaches qu'il pouvait inventer n'y faisaient rien: Ezel était encore et resterait pour longtemps ce garçon, candide, doux, perdu.

Alors les dernières défenses du jeune hybride s'effondrèrent. Seul, il était seul. Seul dans les bras maigres de ce pâle émissaire de la Mort dont il avait malencontreusement croisé le chemin. Au lieu d'un énième gémissement, ce fut un sanglot qui s'échappa de ses lèvres, et son corps supplicié cessa de lutter contre l'étreinte d'Ambroise. Ses mains tremblantes abandonnèrent leur prise sur les vêtements et les cheveux du vampire pour aller mollement se poser sur ses épaules, en une manière de le repousser toute symbolique. Le découragement de sa proie n'échappa nullement à la créature, qui relâcha enfin sa sanglante prise sur la chair tendre de la gorge, pour mieux aller sceller d'un baiser les lèvres tremblantes d'Ezel.

La main gauche du jeune homme frémit et heurta légèrement l'épaule d'Ambroise, mais ce fut son seul geste de défense. Il ne fit même pas mine de se détourner: le pantin épuisé ne pouvait plus que se laisser aller dans les doigts manipulateurs de son marionettiste. Immobilisé davantage par son égarement que par la main qui maintenait son visage baigné de larmes, l'hybride subit sans se débattre cette bouche qui explorait la sienne avec un désir non dissimulé. Il sentait le goût d'Ambroise derrière la saveur cuivrée de son propre sang, et cette insoutenable intimité faisait redoubler les tremblements de son corps exsangue. Par quel sombre miracle tenait-il encore sur ses jambes? Pourquoi ne s'effondrait-il pas? Combien de temps devrait-il encore supporter la provocation de ce corps androgyne lascivement pressé contre le sien?

Paradoxalement, le baiser d'Ambroise était une brulûre presque plus intense que la morsure qui l'avait précédé. Ezel gémit lorsque la bouche expérimentée de l'immortel se mêla encore plus étroitement à la sienne, en une étreinte douloureuse et exaltante qui effaçait avec dédain les tendres et timides baisers que le jeune gardien avait pu échanger avec Sérénité. Le corps juvénile se cambrait d'horreur et de plaisir sous cet assaut du vampire, ne sachant plus s'il devait s'évanouir pour couper court à cette avalanche de désir empoisonné, ou au contraire répondre à la venimeuse invitation dans le simple espoir de la rendre plus supportable. L'esprit d'Ezel, lui, avait cessé depuis longtemps de se poser des questions. Le jeune garçon s'était recroquevillé dans un coin de son esprit chamboulé, les paupières serrées, subissant passivement les caresses passionnées de l'être qui s'était introduit chez lui de force pour réaménager les lieux à sa convenance. Le temps que prendrait cette sublime torture pour s'achever, si elle le laisserait vivant, mort, ou autre... Il ne s'en préoccupait plus. Il n'osait plus rien souhaiter. Cela, c'était devenu le rôle exclusif d'Ambroise.
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