Un bon ptit repas pour consolation

Dire qu'Ezel avait failli faire un infarctus lorsqu'il avait entendu la voix de Constance près de lui aurait été un euphémisme. Il s'y attendait tellement peu qu'il ne reprit conscience de ce qui lui arrivait que lorsque la femme le fit asseoir à une table. Ahuri, il leva les yeux vers Constance:

"Mais je... je ne savais pas que..."

Il s'interrompit pour s'obliger à se calmer et à analyser la situation. Alors seulement il se rendit compte que l'humaine ne lui voulait pas de mal - en tout cas pas dans l'immédiat. A cet instant, elle n'était pas la chef de l'implacable Cercle du Graal, mais Constance Wolf, simple gérante de restaurant.

*Ookami... Wolf... bravo, ça, ça s'appelle de la vivacité d'esprit...*

Ezel se frotta les bras avec embarras et remarqua qu'il était assis près du radiateur. La chaleur qui s'en dégageait s'infiltrait avec bienveillance dans ses membres gelés.

*Elle l'a fait exprès?*

Lorsqu'il releva son regard vers Constance, cette fois-ci, on y lisait bien davantage d'incompréhension et de curiosité que de peur.

"En fait, je... c'est tout de même un peu le hasard qui m'amène. Je ne savais pas du tout que vous... que vous travailliez ici. Désolé de vous avoir interrompue, j'ai cru voir que vous discutiez avec un client."

Il n'était pas assez stupide pour lui demander de but en blanc où était Sérénité: vu comme elle était jalouse de sa fille, poser la question risquait de s'avérer plus dangereux que productif.

Constance fronça les sourcils.
"N'essayez même pas de vous justifier pour le moment, avec votre cerveau sous forme de glaçon vous allez seulement pronnoncer des mots que nous regretterons tous les deux dans le futur. Asseyez vous, décongelez, vous parlerez plus tard. Et ne vous inquiétez pas pour mon autre client, personne ne se bat ici sans en subir les conséquences."

Elle s'arreta et considéra fixement Ezel pendant de longues secondes avant d'ajouter :
" Je vais apporter à cette personne la suite de son repas, voulez vous quelque aliment pour vous restaurer vous aussi ?"

Elle lui tendit la carte, en japonais bien sûr, mais les photos des plats permettaient d'avoir une idée générale de ce que le restaurant proposait.

"Je vous laisse choisir. Les soupes sont en dernière page, mais elles sont comprises dans les menus. Je vous conseille de prendre un appéritif. Je reviens dans 5 minutes." affirma-t-elle d'une voix ferme qui, si elle n'était pas particulièrement amicale, ne laissait pas non plus percer l'hostilité.

Elle s'éloigna d'un pas vif et disparut une fois de plus dans la cuisine, laissant Ezel assis contre le chauffage, le verre d'Umeshu que constance avait oublié devant lui. Un glaçon fondit et congna le bord du verre, libérant une note cristalline dans le silence soudain du restaurant.

Shendow resta attentif à la scene tout en savourant son repas.

*Il se passe de drôle de chose ici!* songa-t-il

Il fixa son assiete en prenant une bouchée de temps en temps mais surtout il garda une oreille vers la conversation de Constance et de cette personne qui vient d'entrer.

*Certaines Information me seront utile pour mon 'Travail', voyons voir*

Il garda cépendnant un sourire histoire de ne pas lever un doute sur lui.

Ezel accepta le menu que lui tendait Constance sans pouvoir produire plus qu'un hochement de tête. Le moins que l'on pût dire, c'était qu'elle avait de l'autorité... Sans compter qu'aux yeux d'inculte du combat qu'était le jeune homme, il était plutôt impressionnant que Constance se rendît compte à quel point il était gelé.

Il ôta son manteau humide pour le poser à côté de lui, près du radiateur. Il ne put retenir un soupir d'aise lorsque la chaleur se fit encore plus présente, maintenant qu'il n'avait plus que son pull et sa chemise sur le dos. Après tout, ce n'était peut-être pas une mauvaise idée de manger quelque chose de chaud, même dans le restaurant de la chef des Tueurs...

Ezel jeta un coup d'oeil sur sa droite, vers le seul autre client. Le regard froid et inquisiteur qu'il rencontra le fit vivement plonger dans son menu. Ce n'était pas le genre de regard auquel il aimait exposer ses yeux d'Hll. Les paroles de Constance lui revinrent en mémoire: pourquoi cet homme aurait-il eu une raison de se battre contre le jeune conservateur?

*A ton avis, Einstein? C'est un tueur, dans un restaurant de tueurs.*

Non, Constance avait dit qu'elle ne laisserait personne se battre dans son établissement et Ezel en savait assez sur elle pour penser qu'elle tiendrait sa parole. Destabilisé par le menu en japonais, il saisit le verre que la femme avait posé devant lui. C'était froid, mais c'était d'une belle couleur violette qui lui rappelait de la prune ou du raisin. Il porta le verre à son nez avant d'en avaler une gorgée. Alcool, mais pas trop fort. Pas mauvais. Par contre il n'identifiait aucune des soupes du menu - sa culture japonaise se limitait à quelques mots ésotériques en provenance des titres des peintures que possédait le musée.

En désespoir de cause, il décida de confier son choix à Constance. Restait à trouver le meilleur moyen de lui parler de Sérénité. L'idée que la jeune fille pouvait se trouver quelque part dans ce bâtiment réchauffait presque plus Ezel que le radiateur... si seulement cet inquiétant client arrêtait de le fixer dans son dos...

(Mise au point cruciale à lire sans faute sous peine de punition douloureuse : L'umeshu, liqueur de prune, est un liquide doré, il n'a rien de rosé en réalité. Impossible de confondre ^^)


Constance revint bientôt de la cuisine. Elle écarta le rideau et entra dans la salle du restaurant. Elle déposa ensuite un plat en bois couvert de fines tranches de saumon cru devant Shendow, le tout accompagné de Wasabi, de gingembre confit et d'une coupelle de sauce au soja salée. Elle ajouta un bol de riz à coté du plat.

"Et voila un Sashimi de saumon. Le riz est pour la maison. Régalez-vous. Et détendez-vous : Je ne veux pas que vous commenciez à agiter cette chose au milieu de mon établissement..."
Elle désigna le katana d'une main nonchalante.

Elle continua sans attendre vers Ezel et déposa devant lui un bol de soupe de miso ainsi qu'un petit verre ouvragé qu'elle s'empressa de remplir d'un liquide fumant incolore. C'est alors qu'elle s'aperçut du destin funeste de son verre d'Umeshu.
Mettant les mains sur les hanches elle s'exclama l'air indigné :
"Mais je vous en prie, servez-vous dans mon verre... vous auriez pu demander quand même..."
Elle soupira, contrariée.
"Avez-vous fait votre choix ?"
Elle enchaina directement en désignant le verre à présent largement entamé : "Vous savez, dans certaines civilisations, quand un homme boit dans le verre d'une femme, on considère qu'il l'a demandée en marriage...."

Shendow lui sourit au moment ou elle lui sert son plat.Il mit une main reposante sur son Katana.

"Soyez tranquiile, c'est juste mon outil de travail...Merci pour le repas."

Shendow savoura chaque morceau, mais tout en gardant un oreille discret sur ses alentours.

[Gomeneeeeee, je m'excuse bien bas Constance (j'ai cherché en plus, me suis fait eu parce que la bouteille sur la photo était opaque de couleur violette)... pas taper, je me repends... ^^"]


Ezel vit atterir devant lui un bol de soupe non identifiée, mais délicieusement fumante, ce qui était autrement plus important. Il posa avec un plaisir évident ses mains froides de part et d'autre du récipient de céramique. Si Constance avait voulu le tuer en y versant du poison (ce qui heureusement n'était pas le cas), elle y aurait parfaitement réussi: dans l'esprit d'Ezel, puisqu'elle lui avait assuré qu'il ne lui arriverait rien de néfaste dans ce restaurant, rien de néfaste ne lui arriverait. Il n'avait donc aucune raison de se méfier, même si l'autre client arborait un katana bien en évidence.

Belle logique qui se maintint jusqu'au cri que Constance poussa en constatant la fin tragique du verre d'alcool de prune. De son verre d'alcool de prune. Le regard d'Ezel resta un instant figé sur le verre pratiquement vide, puis il passa sur Constance, avant de revenir au verre. Le jeune conservateur sentit alors le sang lui monter brusquement au visage et il rentra la tête dans les épaules d'un air catastrophé.

"Oh je suis désolé, je... je n'avais pas compris que... que..."

Inutile d'insister, il ne parviendrait jamais à terminer sa phrase. Celle-ci s'acheva dans un bredouillement d'excuse.

"Je paierai, bien sûr. Je suis vraiment... vraiment désolé vous savez, je ne..."

Constance coupa court à ses agaçantes hésitations en lui demandant s'il avait choisi. Puis, avant même qu'Ezel ait compris la question:

"Vous savez, dans certaines civilisations, quand un homme boit dans le verre d'une femme, on considère qu'il l'a demandée en mariage...."

"QUOI?! Mais enfin ce... ce n'est pas du tout... enfin c'est... c'est..."

Le jeune conservateur en resta bouche-bée (au sens littéral du terme, une vraie carpe hors de l'eau). Il devait être en train de rêver: il parlait avec la chef du Cercle du Graal, l'organisation qui avait tué ses parents bien des années auparavant, il mangeait dans son restaurant en attendant de pouvoir revoir sa fille et maintenant elle venait de... de...

*De plaisanter avec moi?*

Ezel se rendit compte qu'il devait avoir l'air plutôt ridicule avec une expression de surprise pareille et il referma la bouche avant de se détourner de la haute silhouette de Constance. Il murmura en surveillant attentivement ses paroles:

"Je suis vraiment désolé, je ne voulais pas être impoli, pas plus que vous imposer ma présence. Je venais simplement pour... Euh, bref, c'est très aimable à vous. Je ne sais pas trop quoi choisir, par contre, je... je ne m'y connais pas beaucoup en cuisine japonaise. Mais je ne pense pas prendre un menu entier, je... je n'ai pas très faim."

Il avait attrapé sa cuillère et la faisait lentement tourner dans la soupe de miso, sa gorge rendue sèche par le froid et l'umeshu étant de plus en plus tentée par la fumée qui s'échappait du bol en longues volutes paresseuses. Il fixait la soupe, espérant que ses cheveux cachaient assez bien son teint rouge brique... et que sa maladroite diversion n'avait pas attiré l'attention de Constance sur le but qu'il avait en entrant dans l'Ookami no Uta.

Le temps s'était violemment dégradé et les quelques instants que Sérénité mis pour rejoindre le Ookami no Uta virent le ciel se foncer sous la menace des nuages. Un étrange vent s'était également mis à souffler, un vent qui donnait mal à la tête, un vent qui sentait le malaise et la souffrance...Sans doute parce qu'il parcourait les rues sales et puantes des bidonvilles, ou humains comme créatures expiraient leur dernier soupir dans un relent de pourriture. Ce fut donc avec soulagement que Sérénité franchit la porte du confortable restaurant, le terrible vent s'engouffrant avec elle. Elle s'arrêta sur le pas de la porte pour se recoiffer, tout en commentant son escapade.

"Eh bien, finalement je ne suis pas fâchée de rentrer...le temps est abominable, et puis il n'y avait rien de très intéressant à faire en ville..."

Tout en rajustant son kimono elle s'avança dans la salle. Elle n'avait absolument pas remarqué la présence des clients, habituée au vide récurrent des lieux. Elle continua donc son discours, en espérant que sa soudaine bonne humeur ne semblerait pas suspecte.

"Au fait, ta nouvelle recrue m'a suivie...il me paraît vraiment peu fréquentable, il faudra y réfléchir à deux fois avant de l'engager et puis je..."

Sérénité venait de lever la tête et la première chose qu'elle vit furent les yeux de Constance se posant sur le col largement ouvert du kimono de sa fille. Cette dernière le referma prestement en balbutiant des pretexte

"Oui..heu j'avais un peu chaud..."

Puis elle jeta un coupe d'oeil dehors et rajouta en vitesse

"avant que ça ne se dégrade bien sûr..."

C'est alors, que cherchant un moyen d'éviter les airs inquisiteurs de sa mère elle vit le gardien du musée. Son coeur fit un bond dans sa poitrine et elle sentit le rose lui monter aux joues. Entre le sourire béat et la gêne elle ne savait pas trop quoi choisir. Finalement elle parvint à articuler:

"Que...que fais-tu ici...ce n'est pas vraiment, comment dire...un endroit très recommandé..enfin tu vois.."

Une fois de plus la présence du jeune homme la rendait incapable de ressentir la moindre rage...D'autant plus que le regard de ce dernier se posait également d'une drôle de façon sur son décolleté. Elle opta alors pour le sourire gêné.

Pour couper court à son humiliation elle parcourut la salle en direction de la cuisine d'où elle ressortit avec un bol fumant. Elle s'assit sur la banquette en face du gardien et attendit les remontrances auquelles elles aurait sans doute droit.

Shendow remarqua la jeune fille qui vient d'entrer, c'était la même qui s'était fait bousculé au centre commércial.

*Tient, comme par hasard!* songa t il

Puis son regard se diriga sur le gardien du musée.Un oeil discret mais surtout observateur

*De quoi parlent ils, j'ai pas suivis!* pensa t il

Yanos finit son assiete après plusieur bouchée.il mit une main sur son ventre et fixa son assiete.

*jamais j'aurai cru que cela serai aussi bon! exellent!* se dit il

Yanos aimerai sortir de se restaurant, car sa présence pourrait déranger certain.Et puis il n'a pas fini de chercher le cercle du graal!D'ailleur, il resortit son bout de papier avec le symbole du cercle mais cette fois il le regarda .

"Eh bien, finalement je ne suis pas fâchée de rentrer...le temps est abominable, et puis il n'y avait rien de très intéressant à faire en ville..."

Ezel avait commencé à manger sa soupe avec tout le naturel qu'il pouvait rassembler, lorsque la voix féminine lui fit presque recracher la gorgée qu'il était en train d'avaler. Sidéré, il leva le nez pour découvrir une Sérénité plus ou moins débraillée qui s'avançait entre les tables. L'esprit d'Ezel coinça un instant sur l'étape "plus ou moins débraillée" et le jeune conservateur se rendit compte que ses yeux s'attardaient un peu plus que de raison sur le kimono trop largement ouvert de la jeune fille. Un regard brûlant culminant à près de deux mètres le fit sursauter et plonger dans sa soupe sans autre forme de procès: si Constance n'avait pas tout deviné, à présent...

Il n'osa pas relever la tête lorsque Sérénité s'adressa à lui. Il glissa un regard entre deux mèches de cheveux châtains pour lui sourire un court instant. En effet, ce n'était pas vraiment un endroit très recommendable pour lui, mais finalement il y était mieux traité que dans la plupart des établissements de la ville - du moins que dans ceux où le serveur avait remarqué la couleur anormale de ses yeux.

Mais Ezel était inquiet quant à la réaction de Constance, très inquiet même... voire franchement catastrophé lorsque Sérénité revint des cuisines avec un bol bien chaud pour s'asseoir à sa table.

*Non, non! Pas juste en face je t'en prie!*

Désespéré, Ezel essaya de détourner le regard. Il vit alors que l'autre client contemplait d'un air pensif un morceau de papier, et que sur ce morceau de papier était dessiné un sigle que le jeune conservateur ne connaissait que trop bien... Tout le sang qui lui était monté au visage reflua d'un coup vers son coeur, lui donnant le tournis.

*Oh non, mais qu'est-ce que je suis venu faire dans ce piège à rats?!...*

Remarquant le malaise notoire du jeune homme, Sérénité se rembrunit...Elle s'était assise sans lui en demander la permission.

"J'espère que ça ne te dérange pas que je me sois assise là? "

Puis elle rajouta plus bas:

"Tu n'as pas à craindre Constance, mes amis sont ses amis, même si ça paraît aberrant de considérer qu'elle en a!"

La jeune fille espérait détendre le jeune homme, mais déjà au musée elle avait noté qu'il était de nature anxieuse. Suivant son regard, elle remarqua alors un homme assis quelques bancs plus loin. Il avait à ses côtés un splendide katana. Sérénité remarqua alors le papier qu'il tenait entre ses mains. Elle fit un imperceptible signe de tête en direction de sa mère, pour désigner l'inconnu.

"Je crois que tu as un nouvel adhérant...et puis tu terrorise ce jeune homme, alors laisse le donc manger tranquillement!"

Elle espérait que sa mère ne lui en voulait pas pour son comportement récent et elle lui fit un beau sourire, qui à son propre étonnement, était réellement sincère. Sérénité reporta son attention sur le gardien de musée. Ses yeux étaient plus verts que jamais, et plus désarçonnants aussi. Elle les contempla un long instant lorsqu'elle remarqua que le jeune homme rougissait. En effet, la politesse ne permettait pas que l'on fixe ainsi quelqu'un, mais ce regard était si troublant....

"alors, que fais-tu ici....ce n'est pas l'endroit le plus proche du musée, il me semble. A moins que tu ne sois un fan de cuisine japonaise!"

(Rhaaa.... je sais bien que je vous gène, mes petits, mais ça vous dérange vraiment tant que ça que j'agisse de temps en temps sans trop être ignorée ? lol... tant pis pour vous, voila votre punition : Constance aime asticoter les gens...)

Constance vantait les mérites des différents menus au conservateur du musée en insistant particulièrement sur les sashimis variés tout en omettant habilement de mentionner les prix pratiqués par la maison. En tout cas, assurait-elle, ils étaient succulents... les meilleurs de tout Leidenstal, même....
C'est à ce moment que Sérénité réapparut, indemne, au grand soulagement de sa mère.

"Okaerinasai, ma chérie... Tiens c'est rare que tu t'intéresse à mon travail, toi, merci... Tu as raison, je vais le...."

Elle s'interompit au milieu de sa phrase, un sourcil soulevé, fixant la tenue ... ou plutôt le manque de tenue, de sa fille.... Puis jeta un regard noir à Ezel dont les yeux ne parvenaient pas à se détacher de Sérénité.

"Vous appréciez la vue ? Satisfait de votre inspection ? Vous pourriez au moins la saluer et lui demander son nom.... Non mais..."

Mais Sérénité avait déjà atteint la cuisine et Ezel avait eu la politesse (ou peut être l'instinct de survie) de se montrer correctement contrit, ce qui lui valut d'échapper au pire des remontrances de Constance. Elle se contenta en effet de lui planter un doigt sous les cotes en signe d'avertissement : toute conduite un brin moins que digne d'un parfait gentleman et La Tueuse en éprouverait une grande deception...
Sur ces entrefaits, Sérénité réapparut avec un bol dans les mains. Elle n'avait pas surpris l'échange (quoiqu'assez unilatéral) et Constance fit un clin d'oeil discret pour "inviter" Ezel à garder le silence.
Sérénité n'avait pas posé son séant sur la chaise, face à Ezel que déjà elle réussissait à sous-entendre que Constance aurait mieux fait de se trouver une autre occupation et de la laisser en tête à tête avec le jeune homme.
La Tueuse ne se départit pas de son sourire mi-commercial, mi-amusé, bien décidée à jouer le jeu : c'était trop tentant.

Elle s'assit sur la banquette juste à coté d'Ezel, face à sa fille, comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle au monde.
"Je sais je sais, il est là depuis un bon moment, dit-elle sans se retourner vers l'homme qui était devenu le sujet de conversation, Mais j'attends qu'il prenne l'initiative, c'est plus interessant ainsi, je ne vais pas leur mâcher le travail quand même..."

Elle ajouta, l'air faussement repentante, en posant une longue main fine sur l'avant bras d'Ezel :
"Oh, excusez moi, ne soyez pas effrayé, Il ne sera pas toléré de violence ici, bien entendu... Il faut aussi de la subtilité pour faire un bon adepte : la force est secondaire. Vous êtes en parfaite sécurité avec moi..."

Elle se rapprocha imperceptiblement en parlant tout en plongeant ses yeux dans ceux de l'humain, puis se retourna brusquement vers Sérénité, au point de provoquer des sursauts de stupeur, pour déclarer :
"Mais tu sais, j'ai de bons amis, Ce charmant jeune homme cultivé en fait parti, d'ailleurs ! Nous nous connaissons bien maintenant... Je ne devrais peut être pas te le dire tout de suite pour garder la bonne surprise pour plus tard, mais tu as le droit de savoir avant tout le monde... et puis tu vas être si heureuse..."
Elle prit un air outrancièrement candide et produisit un sourire étincellant de bonheur sans limite simulé.
"Mr Vérian ici présent vient juste de me demander en marriage ! N'est ce pas merveilleux ?"

Elle était toujours aussi proche du jeune conservateur et lui prit la main sans cérémonie. Elle ajouta sans tarder, dans le même souffle avec son dédain habituel pour les conversations structurées : "Oh mais tu devrais aller prendre un bain tout de suite ! Tu vas attraper froid si tu ne te dépèches pas ! Rassure toi, je te garde ton bol au chaud pour tout à l'heure... et je vais bien tenir compagnie à Ezel..... N'est-ce pas ?" ajouta-t-elle et retournant son regard vers l'objet des regards de sa fille.
Alors qu'elle pronnonçait ces derniers mots, le kimono de Constance glissa de son épaule droite et révèla la douce courbe de sa peau nacrée ainsi dénudée...

Sérénité observa sa mère jouer la comédie avec un petit sourire amusé. Elle avait toujours aimé se moquer des gens qui la craignaient. Elle adorait ça, user de sa puissance et de son charme, car elle savait que personne n'était en mesure de la contrarier. Pas parce qu'elle était à leur goût mais parce qu'ils avaient bien trop peur des éventuelles représailles. Seulement cette fois, bien qu'en sachant que tout ceci n'était destiné qu'à l'embêter, elle se prit à ressentir une profonde haine pour sa mère...Et puis, si c'était bien ça, une pointe...d'envie...

Sérénité ne savait pas trop comment Ezel s'était débrouillé pour que sa mère considère qu'il l'avait demandé en mariage, mais elle préféra entrer dans le jeu de sa mère....et puis si vraiment ça devenait trop gênant elle interviendrait.

La jeune fille se leva en gardant le sourire:

"Et bien, ça c'est une drôle de nouvelle! Mais pour quelqu'un de ton âge, tu aurais pu trouver un peu plus vieux quand même...je sais bien qu'en apparence, tu gardes tout ton charme, mais tout de même...Enfin, l'amour dépasse les générations...

Bon, tu as raison, je vais prendre un bain....non plutôt une douche parce que ça va plus vite et je meurs de faim...Mais ne faites pas de bêtises vous deux...."


Sérénité se dirigea vers les ecaliers et disparut dans les étages.

Après un long regard sur le papier, Shendow le ranga dans sa poche.Puis il regarda la scene.

*Un mariage?Oula! c'est pas mon rayon ça! de toute façon, je dois m'en aller*

Shednow se leva sans attendre la suite, il prit son arme et l'acrocha dans son dos.Il sortit de l'argent et le déposa près de l'assiete.Il y en avait plus qu'il en fallait.Il marcha vers Constance.

"Excusez moi de vous interrompre.je vais m'enaller maintnenant car j'ai quelqu'un a chercher et je ne peux plus me permettre d'attendre. Merci pour votre repas délicieux"


Shendow se retourna doucement après avoir salué tout le monde.il sortit du restaurant.et partit allieur.

[tu es quand même dûre là, Constance... T-T (j'adore^^)]


Les côtes d'Ezel l'élançaient douloureusement à l'endroit où Constance l'avait frappé, un simple impact en surface mais suffisamment fort pour faire naître sur son flanc ce qui allait être un splendide hématome. Mais le jeune conservateur n'était pas assez stupide pour se plaindre et il se força à garder le silence. Sérénité le fixait droit dans les yeux, bien que son regard ne cherchât pas la profondeur; ce n'était pas Ezel qu'elle observait, mais ses iris, il en était pratiquement convaincu. Une douce chaleur qui n'avait rien à voir avec celle du raditaeur lui réchauffa le ventre: l'héritage de sa mère ne lui était que trop rarement bénéfique...

Un peu moins embarrassé que précédemment, Ezel s'apprêtait à répondre à Sérénité qui le questionnait sur sa présence, lorsque Constance s'immisça dans la conversation avec la délicatesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ouvertement hypocrite, elle s'assit avec nonchalance sur la banquette et fit l'une des choses qu'Ezel détestait le plus au monde: elle commença à parler de lui à sa fille comme s'il était absent, ou transparent.

"Madame, s'il vous plaît..."

La main de la tueuse se referma sur son bras sans le moindre signe avant-coureur et Ezel referma la bouche si violemment que ses dents claquèrent. Constance le fixait à présent, toujours bien plus grande que lui, même assise. Son ton douceureux et la manière dont elle approchait son visage du sien tout en parlant aurait volontier fait reculer Ezel, s'il n'avait pas déjà été en train de se brûler le dos au troisième degré contre le radiateur. Puis, alors que les doigts de Constance glissaient le long du bras du jeune humain pour aller saisir sa main:

"Mr Vérian ici présent vient juste de me demander en mariage ! N'est ce pas merveilleux ?"

La phrase mit trèèèès très longtemps à être interprêtée par le cerveau d'Ezel, si longtemps que la suite du dialogue mère/fille se lança avant même qu'il trouvât quelque chose à répliquer:

"Et bien, ça c'est une drôle de nouvelle! Mais pour quelqu'un de ton âge, tu aurais pu trouver un peu plus vieux quand même...je sais bien qu'en apparence, tu gardes tout ton charme, mais tout de même...Enfin, l'amour dépasse les générations..."

"Oh mais tu devrais aller prendre un bain tout de suite ! Tu vas attraper froid si tu ne te dépèches pas ! Rassure toi, je te garde ton bol au chaud pour tout à l'heure... et je vais bien tenir compagnie à Ezel..... N'est-ce pas ?"

"Bon, tu as raison, je vais prendre un bain....non plutôt une douche parce que ça va plus vite et je meurs de faim...Mais ne faites pas de bêtises vous deux..."

Sérénité se leva et s'en fut, abandonnant le jeune conservateur avec Constance. En même temps, l'autre client paya et sortit du restaurant sans demander son reste.

S'en suivit donc pour Ezel ce que l'on appelle communément un "grand moment de solitude". Comme souvent ces derniers temps, son esprit calme et posé pédalait dans le vide en essayant de rattraper les évênements, et son cerveau se disputait avec lui-même pour déterminer si les deux femmes plaisantaient... si si, il avait un doute...

"M...madame Wolf, vous... vous me faites mal à la main..."

Il essaya de dégager son poignet de la poigne de fer de la tueuse, mais sans succès. Ses yeux verts glissèrent sur le côté avec désespoir, en espérant que Sérénité aurait renoncé à sa douche et serait redescendue pour venir le sortir de cette situation issue tout droit du cerveau cinglé d'un auteur sous acide.

"Et je... je crois que mon pull va finir par prendre feu si je reste contre le radiateur..."

Une fois que Sérénité eut monté les escaliers, Constance fixa Ezel, un vestige d'hypocrisie encore présent dans le regard. Elle remonta son kimono dans une position plus chaste et demanda :

"Ainsi je ne suis pas à votre goût, c'est ça ?"

Puis elle relâcha la main du jeune homme et s'écarta de lui... Puis elle poussa un long soupir désolé, regrettant déjà le tour pendable qu'elle venait de jouer.

"Excusez moi pour ce petit cinéma, je n'ai pas pu m'en empécher... je trouvais ça amusant, pas vous ?"
Elle sourit comme pour elle même en se remémorant la scène... Puis secoua la tête.
"J'aurais mieux fait de m'abstenir, je crois... Sérénité n'a jamais compris mon sens de l'humour, je crois bien qu'elle me déteste maintenant... Je suis trop bête... Mais vous avez entendu ce qu'elle m'a dit ? Elle me trouve trop vieille... C'est ridicule, si vous saviez..."

"Oh je vous embête avec ces histoires de famille qui ne vous interessent absolument pas... Vous n'êtes venu que pour elle après tout.... Sachez que ça ne me dérange pas vraiment... tant que vous ne lui mettez pas des histoires stupides de HLL dans la tête, elle a déjà suffisement de mal à réaliser qu'elle est bel et bien humaine... Avec vous je ne me fais pas trop de soucis, vous avez l'air raisonnable mais je préfère être claire. Je ne reprocherai jamais à personne le fait d'être un hybride : ce n'est pas la faute de l'enfant, le péché n'est pas sien. Cependant les hybrides sont fragiles et ils ont un choix à faire. Les purs humains n'ont qu'à se laisser porter par leur humanité, la tâche leur est facile, cependant les hybrides doivent choisir l'humanité de façon active, c'est injuste mais la vie l'est toujours..."
Elle se leva et réajusta sa tenue.
"Suis-je assez claire ?"

Elle souleva un sourcil : "Il y a quelque chose qui brûle ici ou c'est moi qui ai des hallucinations ?"

Sérénité venait de prendre la douche la plus rapide de toute la galaxie. Elle ne savait pas exactent pourquoi elle s'était tant préssée mais elle soupçonnait qu'il y avait un vague rapport avec la présence du jeune hybride, juste à l'étage en dessous...Elle avait revêtu un kimono propre et s'était lancée à toute vitesse dans les escaliers, s'arrêtant subitement sur la dernière volée de marche pour se fabriquer une contenance...Et là, plantée sur la dernière marche, elle entendit sans effort ce que sa mère racontait:

"Excusez moi pour ce petit cinéma, je n'ai pas pu m'en empécher... je trouvais ça amusant, pas vous ?"

*Ouf, c'était bien un plaisanterie...de mauvais goût, mais juste une plaisanterie...*

"J'aurais mieux fait de m'abstenir, je crois... Sérénité n'a jamais compris mon sens de l'humour, je crois bien qu'elle me déteste maintenant... Je suis trop bête... Mais vous avez entendu ce qu'elle m'a dit ? Elle me trouve trop vieille... C'est ridicule, si vous saviez..."

"Oh je vous embête avec ces histoires de famille qui ne vous interessent absolument pas...Vous n'êtes venu que pour elle après tout.... Sachez que ça ne me dérange pas vraiment... tant que vous ne lui mettez pas des histoires stupides de HLL dans la tête, elle a déjà suffisement de mal à réaliser qu'elle est bel et bien humaine... Avec vous je ne me fais pas trop de soucis, vous avez l'air raisonnable mais je préfère être claire. Je ne reprocherai jamais à personne le fait d'être un hybride : ce n'est pas la faute de l'enfant, le péché n'est pas sien. Cependant les hybrides sont fragiles et ils ont un choix à faire. Les purs humains n'ont qu'à se laisser porter par leur humanité, la tâche leur est facile, cependant les hybrides doivent choisir l'humanité de façon active, c'est injuste mais la vie l'est toujours..."

Sérénité resta bouche bée...sa mère la comprenait si bien? elle qui croyait qu'elle était incapable de ressentir le malaise de sa fille adoptive...Le coeur de la jeune fille se serra...elle avait été réellement dure avec Constance...Néanmoins, cette dernière ne semblait pas comprendre que Sérénité n'avait pas de choix à faire...Elle resterai à jamais une hybride, et son sang hll ne diparaîtrai pas sous pretexte qu'elle se conduirait telle une humaine...Mais le réconfort l'envahit quand même, comprenant que jamais sa mère adoptive, qui l'avait sauvée de la mort, ne la blamerai pour ce qu'elle était.

Absorbée par ses pensées, Sérénité tilta soudain sur une phrase...

"Vous n'êtes venu que pour elle"

Serait-il possible que le jeune homme ne soit venu se perdre dans les ruelles de Leidenstal, uniquement pour la retrouver..ou était-ce encore une blague vaseuse de Constance, destinée à la taquiner...Qu'allait répondre le jeune gardien, osera-t-il ou encore une fois restera-t-il pétrifier devant la Tueuse...

Sérénité s'assit sur les marches, sans un bruit...et attendit..

Ezel eut un petit sourire coincé lorsque Constance s'écarta de lui:

"Oh si, j'ai trouvé cela plutôt drôle, moi."

*Vu de l'extérieur, ça devait certainement l'être...*

"Et puis ne vous en faites pas pour Sérénité, je ne pense pas que... qu'elle ait pris ça au sérieux. Elle a pu marcher dans votre jeu et plaisanter, elle aussi."

Voilà quelque chose qu'Ezel avait du mal à concevoir. Il s'en était déjà fait la réflexion au musée: on aurait dit que Constance et Sérénité faisaient exprès de ne pas voir les choses qu'elles avaient en commun, de masquer leur complicité qui ne demandait pourtant qu'à s'étaler au grand jour. Aussi naïf qu'il fût, Ezel avait tout de suite entendu que Sérénité employait le même ton que sa mère (pour plaisanter ou non, c'était là qu'il avait trouvé le moyen de douter...). Le jeune conservateur trouvait étrange qu'une mère et une fille, même adoptive, mettent tant de soin à se distancier l'une de l'autre. Il fut à deux doigts d'en faire part à Constance, mais il se ravisa: il n'était pas le mieux placé pour critiquer la chef du Cercle du Graal.

C'est alors que la femme lui parla de la raison de sa venue à l'Ookami, et le regard d'Ezel effectua une retraite stratégique vers le bol de miso. Bien sûr qu'elle avait deviné, certainement au moment même où elle l'avait vu entrer dans le restaurant. Il avait été stupide de penser le contraire. Puis, lorsqu'il se rendit compte que Constance ne le critiquait pas, Ezel passa de la crainte à la surprise la plus complète. Il tourna la tête pour dévisager la Tueuse, pendant qu'elle lui exposait sereinement son point de vue sur les hybrides. Un frisson à peine perceptible remonta le long de la colonne vertébrale du jeune homme: il n'était pas certain d'être rassuré par la logique dont faisait preuve Constance dans sa vision fanatique. Il parla doucement, sans fixer vraiment son interlocutrice mais sans détourner totalement les yeux:

"Je vous répète que je suis entré ici par hasard, je ne savais pas du tout que c'était votre restaurant. Mais vu votre tenue et celle de Sérénité, c'est vrai que j'avais pensé qu'on pourrait m'aider à... Bref, je vous remercie de votre compréhension et je peux vous rassurer, je ne me considère pas vraiment comme à moitié Hll, je n'embêterai donc pas Sérénité avec ça."

Il serra et desserra les poings sur la table, observant sans s'en rendre compte ces mains dont aucune griffe ne jaillirait jamais.

"Je suis humain, c'est tout. Ce n'est pas une question de honte ou de fierté, je me sens simplement humain. Cependant..."

Il s'humecta les lèvres et osa capter le regard de Constance pour ajouter:

"J'aimerais que vous ne parliez pas de mes parents comme de pécheurs, s'il vous plaît. Je... je conçois que leur union ne vous plaise pas, mais je vous demanderais de ne pas les juger de manière aussi définitive. Surtout que, comme vous pouvez l'imaginer, votre organisation s'est largement chargée de... de leur sort."

Il avait baissé le ton au fur et à mesure qu'il parlait. Il savait que si les tueurs ne s'étaient pas attaqués à ses parents l'ADH l'aurait fait, mais cela ne lui restait pas moins en travers de la gorge.

"Au fait, pas d'inquiétude pour le brûlé, je crois que mon pull a légèrement roussi."

Constance hocha la tête en entendant Ezel nier la raison de sa venue, un sourire complice éclairant ses traits...

"Bien entendu, ce n'est que le hasard, je me doutais bien qu'après les émotions fortes de la soirée, vous alliez courir aussi vite que possible jusqu'à la lisière des ghettos, histoire de déguster des Sushis dans un restaurant inconnu du publique dans un quartier mal famé. J'aurais fait exactement la même chose. Comme quoi le hasard ait bien les choses : alors que vous ne pensiez absolument pas à ma fille et que vous vous souveniez à peine de l'avoir rencontrée, vous tombez en plein sur moi.... quelle charmante surprise. Fêtons donc le destin qui nous a tous réunis. Vous reprendrez bien un Umeshu ? Pour ma part, un incident m'a empéché d'en profiter, je me reservirai donc."

Ezel ne put en être parfaitement sûr, mais il crut presque voir la tueuse lui faire un clin d'oeil.

Le jeune homme, enchaîna pourtant sur la question de ses origines, montrant ainsi plus de témérité que Constance s'attendait à le voir manifester. Elle fut à la fois intéressée par la volonté qu'Ezel cachait en lui et quelque peu chagrinnée par l'importance qu'il donnait à ce passé révolu. Elle lui parla néanmoins d'une voix calme et neutre :
"Je n'aborderai donc plus ce sujet en votre présence dans l'avenir. Sachez seulement que j'ignore qui est à l'origine de la mort de vos parents : les Tueurs de l'époque n'étaient certainement pas la seule faction ayant des raisons de souhaiter leur mort. Si par hasard vos parents ont reçu l'absolution par la main du Cercle, soyez conscient que je considère tout péché ayant pu être commis comme lavé. Leurs âmes sont à présent libres... Je regrette juste de ne pas avoir pu leur parler avant, je suis sûre qu'ils devaient être des gens très intéressants..."

Elle sembla un instant perdue dans ses pensées, laissant son regard dériver .... C'est alors qu'elle vit une marque violacée sur le cou d'Ezel. Ses yeux regagnèrent instantanément leur lueur inquisitrice.

"Mais que vous est-il arrivé ? Vous n'aviez pas été blessé au cou au musée, à ma connaissance. A qui d'autre avez vous cherché querelle ? Vous attirez les ennuis aussi surement que moi..."

Un instant plus tard elle répondit elle même à sa propre question.
"Ne serait-ce pas cette HLL qui vous observait ? Votre supérieure si je ne m'abuse... Puis je faire quelque chose pour vous soulager ?"

Tapie dans l'ombre des marches, Sérénité venait d'écouter l'échange entre Constance et Ezel...

*par hasard, hein....*

Mi-déçue, mi-amusée, elle se leva prise de remords et de honte d'avoir ainsi espionné une conversation privée. Et puis, elle aurait préféré entendre que le jeune homme la cherchait effectivement. Elle passa donc le pas de porte et fit son entrée dans la salle à manger du restaurant.

"Me revoilà, j'espère ne pas avoir été trop longue...ou trop rapide!"

Elle prit soin de s'asseoir loin d'Ezel cette fois, sans trop savoir si c'était par rancune ou pour ne pas le gêner. Puis elle attira à elle le bol de soupe encore fumant. Elle avait vraiment été plus rapide qu'elle ne le pensait...

"Bon trêve de plaisanterie, car s'en était bien une, dit-elle en jetant un regard de coin à sa mère, que comptes-tu faire avec ses nouveaux adhérants au cercle du Graal? Leur faire passer un test d'aptitude, ou quelque chose comme ça?"

La jeune fille prenait soin d'ignorer le gardien du musée. Après tout s'il n'était là que par pur hasard, elle n'était pas obligée de lui faire la conversation. Mais voyant le faciès étonné de sa mère elle ajouta en souriant:

"Oui je sais que ce n'est pas dans mes habitudes de me mêler de tes affaires, mais les temps changent non? Mais peut-être que ça ne me regarde pas?"

Sérénité tentait tant bien que mal de se racheter une conduite en se comportant mieux avec sa mère, mais elle craignait que tout ça ne fasse pas très naturel et que Constance ne s'en formalise.

C'est alors qu'elle remarqua effectivement la blessure d'Ezel, dont sa mère venait de mentionner l'existence. Elle ne put s'empêcher d'adopter un ton sarcastique et moqueur:

"Oh, il est tellement maladroit qu'il s'est sans doute blesser lui-même..., Aussi maladroitement qu'il a débarqué dans ce restaurant..."

Elle regretta aussitôt ses paroles, car elle s'avait qu'Ezel en serait bléssé et que cela ne lui donnerait pas plus confiance en Sérénité...Mais que voulez-vous, la jeunesse est fougueuse et ne réfléchit pas toujours avant de parler..

Ezel renonça à protester lorsque Constance se moqua de sa conception du hasard. Il s'était mal exprimé, comme d'habitude. C'était pourtant vrai qu'il était entré ici sans savoir qui gérait ce restaurant, c'était absolument vrai. Une coïncidence qui avait fortement raccourci ses recherches sur Sérénité, mais une coïncidence tout de même. Il ne se voyait juste pas dire à Constance qu'il voulait retrouver sa fille pour lui parler un peu plus longuement, ce qui était assez compréhensible vu la relation en dents de scie qu'il avait avec la chef des Tueurs. Lorsqu'elle ferma la parenthèse sur ses parents (avec sans doute une façon bien à elle de le réconforter), Ezel sentit son coeur se serrer. Il murmura plus pour lui-même que pour la femme:

"C'est un péché d'aimer, alors? Un péché qui doit forcément se laver dans le sang?"

Puis, plus haut:

"Mais je vous assure qu'en entrant ici, je ne savais pas que vous étiez..."

"Me revoilà, j'espère ne pas avoir été trop longue...ou trop rapide!"

Ezel tourna la tête vers Sérénité avec l'intention de lui sourire, mais ses lèvres restèrent figées lorsqu'il croisa les yeux vairons de la jeune fille. Son regard avait changé de teinte, il paraissait plus terne... moins concerné. Une impression qu'Ezel retrouva dans le geste de l'hybride, qui s'assit bien plus loin de lui que précédemment. Le jeune conservateur ouvrit la bouche pour lui demander si tout allait bien, mais Sérénité ne lui en laissa pas le temps. Elle commença à parler avec sa mère d'un ton désintéressé, comme s'il n'y avait personne de l'autre côté de la table. Troublé, Ezel revint à sa soupe qui commençait à refroidir.

*Pourquoi ne me regarde-t-elle pas?*

Lorsqu'il tendit le bras pour saisir sa cuillère, le col de chemise qui dépassait de son pull s'abaissa légèrement du côté gauche et Constance lui fit une remarque sur les traces qu'il portait au cou. Ezel remonta précipitamment son col en bafouillant:

"Euh non, ce... c'est gentil mais je... ça ne me fait pas mal. C'était une méprise, je..."

"Oh, il est tellement maladroit qu'il s'est sans doute blesser lui-même... Aussi maladroitement qu'il a débarqué dans ce restaurant..."

Le jeune homme s'interrompit net. Il se tourna avec incrédulité vers Sérénité, refusant de lui attribuer ce ton volontairement blessant. Mais le visage moqueur qu'il rencontra lui prouva bien vite qu'il avait tort: c'était bien la jeune fille qui venait de lui parler, et ses paroles n'avaient rien d'une erreur. C'est seulement en prenant conscience de cela qu'Ezel sentit une légère douleur naître dans sa poitrine. Sa gorge se serra pendant qu'il baissait la tête, le regard soudain éteint. Pourquoi Sérénité avait-elle dit cela? A cause de son comportement de froussard au musée? Mais elle avait pourtant parue chaleureuse tout à l'heure.

*"Aussi maldroitement qu'il a débarqué"... Est-ce que... est-ce qu'elle aurait entendu ce que je disais?*

Le jeune homme sentit une vague de colère envers lui-même prendre forme dans son esprit. Cela lui apprendrait à ne pas oser expliquer sans détour ce qu'il faisait! Mais ce sentiment restait très intérieur, masqué par la tristesse qu'il ressentait face au rejet de Sérénité. Il aurait peut-être tenté de s'expliquer, si seulement il n'avait pas été si intimement convaincu que c'était (encore) de sa faute et que tenter de se racheter ne servait à rien. Il poussa son bol de soupe encore à moitié plein vers Constance et dit d'une voix blanche:

"Mademoiselle Zahara est bien ma supérieure, elle n'avait pas apprécié l'exposition du musée et s'est juste trompé de responsable... Combien vous dois-je? Je... je n'ai plus très faim, désolé."

Il s'était adressé à la table tout le long de sa phrase, sans oser redresser la tête de peur d'exposer aux deux femmes le profond dégoût de lui-même qui se lisait dans ses yeux.

Sérénité, comme déjà dit, regretta amèrement ses paroles blessantes. En particulier lorsque le regard d'Ezel croisa le sien et qu'elle put y lire de la tristesse. Ellese sentit soudain honteuse, honteuse d'avoir gratuitement et sans détour bléssé le jeune homme... Pourquoi fallait-il toujours faire du mal aux gens que l'on aimait le plus...Elle en avait fait l'expérience avec Constance et cela venait de se reproduire à l'instant avec Ezel. La jeune fille baissa les yeux à son tour, rongée par les remords et ne sachant plus quoi dire pour rattraper la situation. Sa mère, et elle l'en remerciait, n'était pas intervenue...Il faudrait qu'elle aient une discussion toutes les deux, Sérénité avait tellement de choses à lui avouer...mais pour l'instant ses inquiétudes se portait vers Ezel. Et s'il ne voulait plus jamais lui parler après cette offense, qu'importe qu'il soit entré ici par hasard ou non, il était là et c'était la seule chose qui aurait du compter. Sérénité avait tant besoin de...de lui!

Elle s'avoua tout ceci en silence, sans comprendre d'où venait cette soudaine nécéssité d'être en présence du jeune hybride. C'est alors qu'elle l'entendit:

Combien vous dois-je? Je... je n'ai plus très faim, désolé."

"NON!"

Elle avait crié sans s'en rendre compte et elle porta ses mains à sa bouche, confuse...

"Je veux dire...pas la peine de payer, je...je t'offre le repas..."

Encore une fois, elle était incapable de se maîtriser en la présence d'Ezel, elle qui était toujours si lointaine, si impassible, elle se retrouvait aussi fragile que le jeune homme le laissait paraître. Elle ne savait pas comme s'excuser de l'avoir bléssé, et paralysée par la timidité, elle fit un effort surhumain, pour prononcer maladroitement:

"Voudrais-tu aller te promener un moment avec moi...? Oh je ne te force pas, hein, mais je crois que le temps s'est calmé et ça nous aidera à digérer, non?"



[i]La jeune fille avait parlé en admirant ses ongles, comme s'ils cachaient des trésors, et elle ne savait plus ou se mettre, son coeur battait à tout rompre. Un refus l'aurait abattue sur place...Puis Sérénité se tourna vers Constance recherchant son approbation dans son regard.

Constance allait répondre à Ezel que l'amour n'avait rien à voir avec la mort de ses parents et que c'était l'expression de cet amour qui posait problème : selon elle, dans un pareil cas, l'humain se devait, par amour justement, de faire accepter l'absolution en toute connaissance de cause à son compagnon HLL. Cependant, Sérénité déboula de sa cachette avant le début de l'explication de la Tueuse, ce qui n'était au final pas forcément un mal....

Elle fut d'ailleurs un peu surprise par le changement d'attitude de sa fille mais l'attribua aux séquelles de sa propre plaisanterie. Elle agit donc avec naturel comme si rien ne s'était passé, ne se doutant pas une seule seconde que c'était les paroles d'Ezel qui déclanchait ce revirement : pour Constance, le manège du jeune homme était si évident qu'elle n'imaginait pas quon puisse y accorder de l'importane ; en cela, sa "nature" particulière l'empéchait de comprendre la réaction si humaine de sa fille.

Elle se borna donc à donner une réponse sincère aux interrogations de Sérénité :
"Et bien... Il conviendrait de les tester, bien entendu... Mais je ne pense pas que leurs compétences soient le plus important. Ils pourront toujours acquérir le savoir s'ils survivent assez longtemps... Ma préoccupation est plutôt de leur fair comprendre et accepter toute l'importance de notre mission sacrée : je ne peux accepter des Hommes sans foi... aussi bien pour notre grand oeuvre que pour leur sécurité."

A la remarque sur la maladresse d'Ezel, Constance s'étonna encore des paroles de Sérénité. Elle secoua la tête et déclara :
"Je ne crois pas qu'un accident puisse mener à ce genre de marques de strangulation à moins d'un concours de circonstances particulièrement étrange... Vous avez failli y rester, jeune homme. Mais tout devrait guérir en quelques jours tout au plus..."

Elle avait une nette tendance à surévaluer les capacités de guérison de son entourage, ce qui ne l'empécha pas d'ajouter un triste sourire aux lèvres :
"Ne trouvez vous pas ironique que vos doux alliés et camarades de l'EDEN passent à deux doigts de vous tuer sans sourcillier alors que les ignobles tortionnaires du Cercle vous offrent le repas ? Et l'umeshu aussi mais malgré eux...."

Ezel faisait à présent mine de s'en aller, plutôt dégrisé par l'attitude de Sérénité et la question de Constance mais l'étonnement de la Tueuse face à son abatement n'était rien comparé à celui qu'elle ressentit en entendant la réaction de sa fille. Pour un peu elle aurait pu sursauter.
Comprennant enfin ce que sa fille pensait en son for intérieur (ou pensant le comprendre), elle appuya ses demandes avec son tact habituel et sutant sur le premier prétexte venu (à vrai dire, le sujet lui tenait aussi à coeur, ce qui ne gâchait rien).
Appuyant sur l'épaule d'Ezel délicatement mais de façon ferme, elle lui indiqua poliment qu'elle aurait" beaucoup de peine" de le voir quitter sa table si vite. D'autant plus qu'il avait encore le ventre vide et qu'unsujet important devait encore être discuté. Ensuite il pourrait aller se promener ave Sérénité.
Elle demanda d'ailleurs à cette dernière d'aller chercher les sushis préparés en cuisine et lui fit un discret clin d'oeil. Puis elle s'adressa à nouveau à Ezel.
"Parlez moi de l'exposition temporaire du musée."
Son ton était neutre et ne laissait transparaitre ni émotion, ni jugement. Son visage n'indiquait rien non plus... Sauf son regard toujours aussi acéré et perçant qui semblait clouer le jeune homme à son siège.

Sérénité se serait doutée que sa mère ne les laisserait pas partir comme ça, alors s'efforçant de respecter ses nouvelles résolutions elle se dirigea vers la cuisine. Elle en ramena des plats garnis de diverses sortes de sushis qu'elle disposa sur la table. Puis elle partit à la recherche de baguettes et de serviettes propres, qu'elle posa à leurs tours. Enfin, elle se rassit, à peine un peu plus près que ne l'était sa position précédente. Et elle sourit à Ezel, espérant que cela suffirait pour le moment.

Sa mère, s'adressant au gardien du musée elle decida de garder le silence, pour une fois, et piqua un sushi dans le plat.

"Ne trouvez vous pas ironique que vos doux alliés et camarades de l'EDEN passent à deux doigts de vous tuer sans sourcillier alors que les ignobles tortionnaires du Cercle vous offrent le repas ? Et l'umeshu aussi mais malgré eux...."

Ezel ne trouva pas utile de protester, ce qui l'arrangeait fortement vu qu'il ne savait pas quoi répondre. Gaïa ne voulait pas le tuer, il le savait bien, mais que ce soit par excès de violence ou par désintérêt, la seconde de l'EDEN avait tout de même "oublié" que ce n'était pas un solide et franc cou de Hll qu'elle serrait entre ses doigts... et que pour un peu, elle avait effectivement bien failli tuer son subordonné.

Plus mal à l'aise que jamais, le jeune homme glissa vers le bord de sa banquette et sa main se posa sur son manteau, mais le cri de Sérénité l'arrêta. Il lui jeta un regard surpris, avant de l'entendre avec stupeur lui proposer d'aller faire un tour. Ezel fronça imperceptiblement les sourcils: pourquoi tenait-elle tant à le retenir après lui avoir fait si dûrement sentir sa médiocrité?

Peu enclin à imposer davantage sa présence aux deux femmes, il allait refuser avec autant de tact que possible lorsque la main de Constance se posa fermement sur son épaule. Elle ne lui fit pas mal, mais n'y alla pas doucement pour autant. Ezel relâcha son manteau sans broncher: il commençait à comprendre le mode de communication de Constance, et si elle ne voulait pas le voir partir il n'était pas assez hardi pour lui désobéir.

Alors que Sérénité allait chercher la suite du repas (des sushis, choses dont Ezel ne connaissait guère plus que le nom), la chef des Tueurs relâcha le jeune homme pour lui demander d'une voix ferme:

"Parlez moi de l'exposition temporaire du musée."

Ezel se mordit la lèvre d'un air embarassé, mais il n'avait pas spécialement le choix. Le regard vif de Constance pesait sur lui avec une telle intensité que même s'il avait voulu quitter la banquette, il ne l'aurait pas pu. Alors il commença à s'expliquer de sa voix la plus posée, les yeux toujours fixés sur la table.

"Cette exposition n'a rien à voir avec moi, ou pratiquement rien. Je n'ai que dix-neuf ans, vous savez, c'est un peu trop jeune pour un conservateur. Je tiens ce poste parce que c'était la dernière volonté de l'ancien conservateur, décédé il y a peu: je crois qu'il m'aimait bien, c'est lui qui m'a autorisé à habiter le grenier alors que je vivais dans un taudis sans chauffage ni eau courante."

Il secoua la tête pour faire cesser la digression sur sa vie et revenir au sujet principal:

"Bref, c'est un travail plutôt symbolique. Je m'occupe des anciennes oeuvres, je dirige leur restauration et je choisis leur galerie d'exposition. Comme nous sommes en manque de gardiens, j'assume aussi le gardiennage de nuit."

Nouvelle pause: Ezel ne pensait pas être utile à grand chose en cas de cambriolage (on ne lui avait même pas accordé le chien qu'il réclamait depuis des mois), mais bon, si sa simple présence pouvait être dissuasive...

"Le musée est géré au sens économique du terme par l'Hinra. Ce sont eux qui décident des crédits à attribuer à tel ou tel secteur, et donc ce sont eux qui décident de la manière adéquate pour faire rentrer ces crédits dans les caisses. Les expositions temporaires proviennent d'eux, moi je... je me contente de co-signer l'avis de lancement de l'expo."

Il ajouta précipitamment en levant les yeux:

"Mais je n'ai pas le choix, que ça me plaise ou non. Ils peuvent m'envoyer à la rue quand ils veulent, vous voyez, alors... je signe. Même quand il s'agit de quelque chose de particulièrement horrible comme cet étalage barbare d'Hll seulement à moitié morts... Gaïa Zahara n'a guère apprécié cette exposition, et c'est pourquoi elle s'en est prise à moi. Je vous avoue que je ne lui ai rien dit pour le contrat co-signé. Si je l'avais fait..."

Aucun besoin de préciser le sort qui l'attendait s'il avait commis cette folie. Ezel se rappela alors qu'il parlait à la dirigeante du Cercle du Graal, personne qui ne partageait sans doute pas son point de vue sur cette horrible exposition.

"Je m'excuse, je n'ai rien contre ceux qui apprécient ce genre de spectacle. Mais je trouve ça tellement monstrueux, tellement indigne des humains... Pendant les heures entières où j'ai dû surveiller cette salle, je... je crois que je me sentais davantage Hll qu'humain. Sinon la honte m'aurait empêché de rester à mon poste."

Si seulement il n'avait pas eu cette tendance suicidaire à oublier à qui il parlait...